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La section Union Halluinoise Haltérophilie - Culturisme

et le Comité Directeur, vers les années 1950 :

Assis au 1er rang de g. à d. : Jacques Delafosse, X, Bigan, Jean Nolf,

Roger Delet, Jules Dutilleul, Michel Desmarescaux.

Parmi les Athlètes : Albert Bourgeois, Gérard Debreuck, Michel Delafosse,

Gérard Gryson, Daniel Tiberghien, Ghislain Wittouck, André Richart,

Richard et Denis Delbecque, Raymond Verpoort, Gervais Subts.

2ème rang debout au centre : Jean Debuf et André Dochy.

(photo n° 4227)

 

L’Halluinois Roger Delet Médaillé d’Or

de la Jeunesse et des Sports. 

 

Roger Delet, 85 ans, a reçu vendredi  18 septembre 1998, à la mairie d’Halluin, la médaille d’or de la Jeunesse et des sports. Cette récompense lui a été décernée autant pour son parcours sportif que pour son action dans le club de musculation et de force athlétique d’Halluin où il fut secrétaire pendant quarante-cinq ans !

 

De nombreuses figures de la vie sportive halluinoise étaient présentes. Le maire d’Halluin Alexandre Faidherbe épingla la fameuse médaille sur la veste de M. Delet.

 

Le récipiendaire tint justement à remercier M. Nolf aujourd’hui décédé et M. Duthilleul,  qui ont fait également beaucoup pour le club et qui ont permis, pour l’anecdote, la venue de champions du monde américains d’haltérophilie, à l’époque où les jeunes citoyens américains faisaient encore leur service militaire en Allemagne.

 

Quelques jours avant de recevoir cette distinction, cet halluinois, modeste, né le 14 février 1913 à Lompret, recevait la presse locale et livrait au détour de la conversation des bribes de sa vie.

 

Des extenseurs accrochés à l’encadrement de la porte du salon, un banc de musculation, des massues en bois, des haltères dans une pièce attenante : vous êtes chez un octogénaire. Roger Delet, dans son appartement de la rue du Cardinal Liénart, meublé du minimum, conserve cependant ses appareils de musculation.

 

C’est un peu son secret de jouvence… « Quand j’avais seize ans, je mesurais déjà 1,88 m en 1929, ce n’était pas courant. Comme je ne pesais que soixante kilos, le médecin m’a dit que le meilleur moyen de me soigner ce n’était pas les médicaments, mais la pratique d’un sport. Le sport, à l’époque, c’était surtout la culture physique… ».

 

Le jeune homme fréquente alors le club de boxe d’Armentières. Ce ne sont pas les combats qui l’intéressent mais les entraînements. Il pratique la culture physique pour s’étoffer. En 1933 et 1934, Roger Delet est sociétaire et secrétaire du club armentiérois d’haltérophilie.

 

 Lorsqu’il arrive au service militaire, sa taille imposante et son poids (il approche maintenant les 90 kg) le conduisent à pratiquer la lutte. Le service terminé, Roger Delet se passionne pour ce sport et le pratique en compétition. Il entre au club de Bailleul,  Il devient même champion des Flandres, , il est 2ème au championnat  du Nord, catégorie poids lourds, derrière un polonais Stanis Drymala dont il retrouva le petit-fils beaucoup plus tard dans un commerce halluinois.

 

Sélectionné au tournoi triangulaire Nord-Alsace-Auvergne, le 16 février 1936 à Mulhouse, comptant comme éliminatoires aux championnats de France, il est battu sur blessure et ne peut malheureusement pas concourir au plus haut niveau.

 

Ayant fondé la même année un club de lutte à Armentières, il entre ensuite au club d’haltérophilie Decottignies à Comines, et  il est sélectionné pour les Jeux Olympiques. 

Parallèlement, il continue de pratiquer la lutte au gymnase Ovin rue de Wazemmes à Lille.

  

A l’âge de 17 ans, le bac en poche, le jeune homme envisage de devenir fonctionnaire. Mais les concours administratifs ne peuvent être tentés avant l’âge de 18 ans. Il travaille alors dans le privé pour les assurances sociales du comité interprofessionnel textile, ancêtres de la sécurité sociale, à Quesnoy-sur-Deûle, notamment. Le ministre des Finance Antoine Pinay supprime les concours pour un temps. Roger ne devient fonctionnaire qu’après son service national, le 16 juillet 1937, puis il est muté à Dunkerque en janvier 1939.

 

Le service militaire fut pour lui plus long que la normale : seize mois au lieu de douze. Nous sommes en 1936 et la menace d’Adof Hitler déjà se fait sentir. Roger Delet sert dans les transmissions. Radio-télégraphiste, il manie le morse avec dextérité et a même gagné des concours de « pianotage » durant la guerre.

 

Champion de morse

 

Sous-officier de réserve, il enseigne le morse alors qu’il travaille à Dunkerque au service des impôts. Il continue à pratiquer la lutte, et en 1939 il devient sociétaire du club haltérophile de Rosendael. Sur sa lancée, Il découvre même la yole de mer ; on a justement besoin d’un grand gars costaud au Sporting club de Dunkerque. Roger est partant. Il donne ses premiers coups de rame au Sporting Club Dunkerquois.

 

La guerre arrive. Roger Delet est mobilisé de septembre 1939 à juillet 940, et se retrouve à Neufchâteau, puis à Angoulême où son régiment fusionne avec le 87e bataillon d’infanterie d’Afrique. Maréchal des Logis chargé des transmissions en morse, il participe à la bataille de France depuis les Vosges jusque dans l’Indre en passant par Fontainebleau . Démobilisé, il retrouve sa fonction à Dunkerque, et début 1944, est de nouveau muté, à Armentières et à Lille en 1945, où il retrouve le gymnase de la  rue de Wazemmes..

 

Un jour, un prêtre le demande ; il est très étonné. C’est l’abbé René Bonpain qui avait repéré ses qualités de radio-télégraphiste. Cette figure de la Résistance lui demande quelques coups de main pour transmettre des messages à Londres. Roger Delet qui ne sait pas dire non, accepte.

 

Mais il n’aime pas trop en parler aujourd’hui et préfère rester discret. Ce passé remue trop de souvenirs. Pourtant on connaît la place de l’Abbé Bonpain à Halluin, mais sait-on qu’elle porte le nom d’un héros de la Résistance qui fut fusillé au fort de Bondues sous le n° ‘…

 

Quarante-cinq au club d’Halluin

 

Après la guerre, Roger Delet est nommé sur le secteur de Tourcoing. Il trouve un appartement à Halluin et fréquente le club halluinois de musculation et de force athlétique. En 1949, on lui demande d’être secrétaire du club « Ce n’est pas trop prenant ? «  Rassuré, Roger accepte et en prend pour… quarante-cinq ans !

 

A l’époque où le club s’appelait l’Union halluinoise, section haltérophilie, il côtoie à ses débuts Jean Debuf, quatre fois sélectionné olympique et médaillé de bronze en 1956 à Melbourne, ainsi qu’André Dochy champion de France d’haltérophilie, catégorie moyens, en 1951 et 1955.

 

Des centaines de jeunes fréquentent la salle. Ils apprécient les conseils de Roger Delet qui est à la fois conseiller technique et entraîneur. Son expérience lui vient d’un médecin parisien, spécialiste du sport qui lui a donné le secret d’une alimentation  saine et équilibrée, et d’une bonne hygiène de vie.

 

Ce secret de jouvence lui permet, à l’âge de 85 ans, de recevoir la médaille d’or de la Jeunesse et des sports ; le bronze lui a été décerné en 1961 et l’argent en 1989.

 

M. Roger Delet est décédé à Comines (Nord) le 17 Février 2001.  

 

 Jean Nolf pharmacien

et président de l’Haltérophilie Halluinoise. 

 

En décembre 1983, Il y a vingt-huit ans, la population halluinoise était profondément peinée en apprenant le décès de M. Jean Nolf qui s’éteignait dans sa 63ème année, après avoir lutté courageusement contre une longue et pénible maladie.

 

Installé dans son officine à l’angle des rues G. Péri et de la Pannerie, depuis la Libération, M. Nolf se fit rapidement apprécier, comme pharmacien bien sûr, mais aussi pour ses qualités humaines. 

Ses services rendus, tant sur le plan professionnel que sportif sont incommensurables.

 

Simple et accueillant, il savait conseiller, mettre le malade à l’aise. Combien de fois fut-il dérangé la nuit par « les braves gens » comme il avait coutume de dire ? Jamais il ne se départit de son petit sourire en coin, et de sa gentillesse. 

Son plus grand désir était de satisfaire, de rassurer les personnes parfois inquiètes qui lui accordaient toute leur confiance, une qualité réciproque d’ailleurs.

 

Sa disparition fut vivement ressentie également dans le monde haltérophile. Il fut en effet l’heureux président actif de la florissante section de l’Union Halluinoise, qui connut dans ses rangs des champions comme Jean Debuf, André Dochy et autres.

 

Cheville ouvrière des grandes manifestations de 1950 à 1952 qui firent regorger la salle du Manège grâce à la présence des plus grands internationaux américains, M. Jean Nolf était depuis quelques années président d’honneur de la section culturiste.

 

Il laissera le souvenir impérissable d’un homme foncièrement bon.

  

20/5/2011.

Commentaire : Daniel Delafosse