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M. Albert Desmedt, Maire d'Halluin remettant un prix à M. Maurice Mahieu.

(photo n° 112)

 

La Lys libérée en Septembre 1944

Des F.F.I. au Hameau des Bois,

 ou la Résistance Bousbecquoise. 

 

Récit, dans la presse locale, des opérations menées en septembre 1944 par les résistants bousbecquois, racontés par l’un des leurs : René Gryspeerdt, en septembre 1984 soit quarante ans après.

  

Comme la plupart des autres communes de la vallée de la Lys, Bousbecque a connu des journées agitées au début de septembre 1944. Si l’histoire avec un grand « H » ne s’est évidemment pas dénouée de façon déterminante dans la commune, ses habitants y ont cependant pris part, et certains l’ont même payé de leur vie, à l’image de Léon Six.

 

Voici le récit de l’un des témoins directs de ces opérations : René Gryspeerdt, disparu en 1983,  qui fut l’adjoint direct de M. Albert Desmedt chef des F.F.I. bousbecquois. Après une grave blessure de celui-ci, ce fut en effet à René Gryspeerdt que revint la tâche de rédiger le compte rendu officiel des engagements menés dans la commune.

 

Ce document étonnant fut adressé par le commandant Arthur Malfait, chef de mission et liquidateur national du réseau Sylvestre ex-WO. Ce texte est livré à l’état brut, tel qu’il a été rédigé juste après la libération. 

 

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Sur le toit d'un char allemand capturé,

des FFI bousbecquois défilent dans les rues de la commune.

(Photo NE DD 13460  n° Img 389)

 

Compte rendu des opérations du Dimanche 3 septembre 1944, 11 h :

 

Quelques groupes de soldats allemands en armes sont signalés dans la campagne. Nous décidons une expédition dans le but de se saisir d’armes. Six hommes : Albert Desmedt, René Gryspeerdt, Albert Ostyn, Constant Vandamme, Georges Huyghe et Jean Hollebecque armés de trois revolvers tentent l’opération.

 

Un groupe de cinq Allemands est aperçu au hameau des Bois, après deux kilomètres de poursuite, trois des nôtres les doublent en bicyclette et s’aperçoivent qu’ils sont bien armés : une mitraillette et trois pistolets.

 

Les Allemands voyant la manœuvre bifurquent dans les champs. Nous regroupons les forces et décidons d’essayer de parlementer, arrivés à 60 mètres d’eux ; nous nous efforçons de les convaincre que la guerre est finie et de l’inutilité de résister, ils semblent acquiescer et viennent vers nous sans cependant se rendre, nous sommes près d’eux et d’un geste bref nous les désarmons.

Emmenés prisonniers au village, dans une salle des écoles libres, ils sont gardés la nuit par un groupe de F.F.I. qui fait bonne garde. 

 

Compte rendu des opérations du lundi 4 septembre 1944 :

 

Durant la journée, surveillance permanente du secteur. A 18 heures, on signale l’arrivée d’un groupe de 60 S.S. bien armés venant de Comines et Wervicq. Les forces sont groupées et les hommes disponibles et armés sont disposés aux points névralgiques. Les ordres sont formels de ne pas tirer vu l’importance de l’ennemi.

 

Arrivés à l’usine Leurent lieu de retranchement des F.F.I., le chef Albert Desmedt sans armes apparentes agita un mouchoir et fit signe au chef allemand qu’il désirait parlementer. Celui-ci un lieutenant S.S. fit lever les bras aux premiers rangs de sa troupe en signe d’acquiescement.

 

Albert Desmedt s’avança vers les ennemis, suivi de 2 F.F.I. Robert Debuf et Henri Leuridan. Aussitôt les Allemands baissèrent les bras et mirent les Français en joue, les traitant de terroristes et les menaçant de mort immédiate.

Ils en décidèrent autrement et mirent les patriotes devant la colonne en ajoutant un autre membre Léon Six.

 

Précédés des quatre prisonniers et sous la menace de leurs armes, les Allemands reprirent leur route vers Halluin, non sans avoir ramassé encore un civil Auguste Claeis qui, grâce à un papier signe de l’O.K., est relâché.

 

Arrivés au poste d’Halluin frontière, les F.F.I. d’Halluin alertés auparavant ont organisé l’opération de sauvetage des nôtres. Ils leur font signe de se coucher, deux des nôtres se couchent immédiatement, mais les deux autres Albert Desmedt et Léon Six sont lâchement abattus dans le dos par les Allemands.

 

A ce moment un groupe de F.F.I. de Bousbecque qui a suivi la colonne entre en action derrière les Allemands, pendant que les forces d’Halluin et Menin font face à la colonne.

Mais un tank allemand intervient et oblige les F.F.I. de se retirer.

Les Allemands profitant de cet appui puissant, se dispersèrent vers la Belgique en emportant leurs victimes.

Grâce à l’intervention en pleine bataille de notre aumônier l’abbé Wulstecke, les deux blessés sont immédiatement emportés au poste de secours, où le Docteur Dereu apporte les premiers soins.

 

L’arrivée rapide du docteur Devriendt de Bousbecque et de notre camarade André Lepoutre avec leurs voitures permettent une évacuation rapide des blessés vers Tourcoing.

 Avec le concours du Docteur Devriendt, le docteur Lengrand et l’hôpital de Tourcoing l’impossible est tenté pour sauver nos grands blessés.

 

Léon Six succombe dans la nuit et Albert Desmedt, moins gravement atteint, semble hors de danger.

  

Compte rendu des opération du mercredi 6 septembre  1944 : 

 

De fortes colonnes allemandes sont signalées en Belgique, sur la route de Menin à Wervicq face à Bousbecque.

Vers 19 heures nous entrons en rapport avec les F.F.I. de Wervicq (Belgique) qui craignent ne pouvoir conser ver sept prisonniers capturés par eux.

 

A 20 heures, nous aidons au passage au travers de la Lys, par des moyens de fortune, nous prenons possession des prisonniers et les dirigeons dans la voiture d’un de nos camarades au P.C. de Tourcoing. 

 

8/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse