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Soeur de la Sagesse et Aumonier des colonies "Ames Vaillantes" d'Halluin.

(photo n° 3103)

 Dans l'autobus, l'équipe des monitrices de la colonie de vacances  "à la verte famille" à Tournai,

de G à D : Elisabeth Joncquiert, Agnés Alard, Francine Catteau, Monique Gontier,

 Flore Demeestère, Jeanne Buyl, Yvette Vanhoutte, Christiane Schout.

(photo n° 3105)

 

Mademoiselle Yvette Vanhoutte... l'Institutrice

et "la canne blanche" Halluinoise.

 

Le mois de juin est la période traditionnelle, où les parents accompagnent leurs enfants pour assister aux fêtes de fin d’année scolaire. Pour la famille, c’est l’occasion de revenir sur les souvenirs d’enfance, et particulièrement ceux rattachés aux premières années de classe maternelle et primaire.

L’occasion m’est donnée de revenir sur le parcours d’une institutrice « modèle », Mademoiselle Vanhoutte, qui laissera longtemps son empreinte dans la mémoire de l’enseignement halluinois et dans les cœurs de sa population.

 

En effet, Yvette Vanhoutte c’était l’image du dévouement et de l’abnégation, de la modestie et de la gentillesse aussi.

Tous les halluinois ont le souvenir de cette demoiselle, descendant de sa vieille lada, une toque sur la tête, et son bonjour révérencieux pour ceux qui la croisaient à ce moment.

 

En 1948, entrée en qualité d’enseignante en CE 1 à l’école Sainte-Marie, alors qu’elle n’avait que 16 ans, mademoiselle Vanhoutte s’était alors consacrée entièrement à dispenser l’enseignement catholique, une passion qu’elle partagea plus tard pour la maison des aveugles.

En effet, pendant de très longues années, véritable cheville ouvrière de la section halluinoise de la Maison des Aveugles, elle a animé cet établissement avec constance, discrétion et un véritable don de soi.

 

Les mérites de Mlle Vanhoutte n’ont cessé d’être relevés durant toute sa carrière. Déjà en 1968, le maire d’alors M. Charles Vanoverschelde lui avait remis la médaille de l’encouragement et du dévouement pour « La croisade des aveugles ».

 En 1975, c’est Monseigneur Gand, évêque de Lille, qui lui décernait la Croix de l’enseignement chrétien.

 En 1976, le maire Albert Houte lui remettait la médaille de la ville à l’occasion du repas de Noël des aveugles.

Et en juin 1989, le maire Alexandre Faidherbe, qui accomplissait l’un de ses premiers gestes honorifiques, remettait à nouveau la médaille de la ville, lors de la fête de l’école.

 

Lors de cette dernière cérémonie, Yvette Vanhoutte, déjà très affaiblie par un mal implacable, avait décidé de prendre une retraite bien méritée après tant d’années d’enseignement. Elle quittait avec bien des regrets cet établissement de l’école Saint-Marie.

Les éloges si sensibles, d’Alain Maitrepierre, président du comité urbain, et du maire et conseiller général Alexandre Faidherbe, avaient noué la gorge de toute l’assistance.

 

« 40 années d’exercice qui vous valent le respect de tous » avait dit notamment  le maire de la ville. Avec de l’émotion plein la voix,  Yvette Vanhoutte lui répondit ceci : « Je termine un peu ma carrière en queue de poisson. J’aurais voulu encore cette année, malgré le travail que cela représente, organiser une petite danse mais cela n’a pas été possible… J’ai essayé de faire de mon mieux, pendant un an mes élèves étaient mes enfants.

Si je n’ai pas d’enfant personnellement, j’ai néanmoins élevé une grande famille de près de 1200 élèves, au cours de ma carrière, que j’ai essayé d’instruire, d’éduquer, de faire connaître Dieu ».

 

Etre et se mettre au service des autres amena également notre dévouée halluinoise à répondre à la sollicitation de M. Albert Desmedt et entrer dans la liste « Sécurité-Gestion » aux municipales de mars 1983. Après le décès du maire Albert Desmedt en 1987, elle siègea en qualité de conseillère municipale jusqu’aux municipales de 1989.

 

A son départ à la retraite, Yvette Vanhoutte avait conscience de sa maladie, mais sa foi inébranlable lui permettait d’espérer encore se dévouer à une noble cause : sa maison des aveugles.

Hélas le mal faisait son chemin et a réussi à la vaincre le dimanche 14 janvier 1990, au Centre Gustave Dron de Tourcoing, où elle était hospitalisée. En novembre 89, elle avait fêté ses 57 ans.

 

Au moment de sa disparition, un groupe de parents d’anciens élèves lui ont rendu le dernier hommage suivant :

 

« Elle était l’institutrice de nos enfants, et nous avons gardé d’elle un souvenir tel que nous tenons à apporter le témoignage de notre reconnaissance et de toute notre amitié, aujourd’hui qu’elle est retournée à Dieu.

Mlle Vanhoutte a quitté l’école Sainte-Marie, l’année passée, presque sur la pointe des pieds. Certes, elle était la discrétion même, ne cherchant pas à paraître. Sa gentillesse, sa patience, nous en avons usé comme beaucoup de ceux qu’elle a connus dans ces murs d’école.

Elle en a fait profiter d’autres, que la vie avait tendance à laisser sur le bord du chemin. Les aveugles étaient ses compagnons. Elle était d’une grande tendresse à leur égard. Elle leur apportait cette clarté qui était la sienne, ce rayonnement dont on sentait bien qu’il était une force.

Elle a connu aussi la dure réalité de la maladie. Elle a connu aussi la solitude. Gardons d’elle le souvenir et le message qu’elle nous a transmis ».

 

Les obsèques de Yvette Vanhoutte se sont déroulées en l’église Saint-Hilaire le samedi 20 janvier 1990. Elle repose désormais avec ses parents au cimetière d’Halluin, allée centrale par l’entrée rue des Frères Martel.

 Yvette Vanhoutte nous laissera le souvenir d’une femme engagée, dévouée, et d’un extrême courage. Oui, Mademoiselle, tout le monde vous aimait bien !

  

Voici le poème qu’elle a écrit après sa première opération en 1989.

L’humour est parfois la plus belle forme du courage.

 

« Cyrano de Bergerac parle de son nez, moi je parle de ma Colostomie :

Si j’étais prosaïque, je dirais : c’est un trou.

Si j’étais pratique, je dirais : c’est une issue de secours.

Si j’étais romantique, je dirais : Quel est ce bouton de rose à ma ceinture ?

Si j’étais paysan, je dirais : C’est une fosse à purin.

Si j’étais dramatique, je dirais : c’est une souffrance.

Si j’étais chrétien, je dirais : c’est une croix.

Si j’étais officier de la légion d’honneur, je dirais :Que fait ma rosace si bas ?

Si j’étais musicien, ce serait une ouverture.

Et si j’étais couturière, ce serait une boutonnière ».

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Merci pour la compétence du chirurgien et de son équipe alliée aux progrès de la science qui nous permettent de vivre en attendant peut-être une remise en état du circuit normal.

 

                                                        Yvette Vanhoutte

 

24/6/2010.

 Commentaire :  Daniel Delafosse