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Cérémonie d'ordination le 17 Juillet 1955 en l'église Saint-Hilaire Halluin.

Au 1er plan, de gauche à droite : le Vicaire Vandenberghe, Monseigneur Clabaud,

L'Abbé Decourtray au centre(futur cardinal) et le chanoine Dewaele Doyen d'Halluin à droite

(Photo x DD 18439  n° Img 207) 

 

Le Frère Gérard et Le Père Ignace Vermeersch…

ou 129 années de Profession Religieuse.

 

Halluinois d’origine, les deux frères de M. Pierre Vermeersch (bien connu dans le milieu associatif halluinois), le Frère Mariste Gérard Vermeersch et le Père Ignace Vermeersch missionnaire oblat nous ont quittés (2009-2010) à quelques mois d’intervalle .

Né à Halluin le 6 Novembre 1923, Frère Gérard Vermeersch est décédé le 24 Avril 2009 à Lomme (Nord) à l’âge de 85 ans et dans la 69ème année de sa profession religieuse.

Ses Funérailles se déroulèrent le 29 Avril 2009 en l’église St Pierre de Beaucamps-Ligny (Nord), suivies de l’inhumation au cimetière de Beaucamps-Ligny.

Né à Halluin le 13 Juillet 1929, Père Ignace Vermeersch est décédé le 18 Janvier 2010 à Lomme (Nord) à l’âge de 80 ans et après 60 années de profession religieuse dont 50 années de mission en Afrique notamment au Cameroun. 

Retiré depuis quelques années à la Communauté Champagnat de Beaucamps-Ligny où s’est déroulée la Messe de Funérailles le 21 Janvier 2010, il est inhumé au cimetière de Mons-en-Baroeul (Nord). 

 

Pierre Vermeersch 5 9284

De gauche à droite : Pierre Demeestère,Pierre Vermeersch,

André Parmentier et André Demuynck, 

lors d'une foire aux plaisirs à l'école du Sacré-Coeur.

(Photo n° 9284)

   

L’Halluinois Pierre Vermeersch a bien voulu nous détailler

 le parcours de ses deux frères... 

Ignace, missionnaire en Afrique

et Gérard, frère mariste et enseignant :

 

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 Gérard Vermeersch (1923 - 2009).

(Photo X DD 32600  n° verm) 

 

Frère Gérard est né le 6 novembre 1923 à Halluin. Il est l’aîné d’une famille de 6 enfants. A l’exception d’une sœur, décédée il y a un peu plus d’un an, tous sont présents aujourd’hui. Nous-mêmes, par notre présence, nos prières et nos chants, nous voulons leur apporter soutien et réconfort.

Enfant il a fréquenté l’école des frères d’Halluin, école dont tant de frères maristes étaient autrefois originaires. Aujourd’hui encore trois frères résidant à Beaucamps sont originaires d’Halluin. Très vite il a quitté ses parents, sa famille, bref tout ce qu’il avait, pour suivre l’appel du Seigneur : « Si tu le veux, suis-moi ».

A l’âge de 16 ans, en août 1939, il revêt l’habit religieux, et c’est en pleine guerre, exactement le jour de Noël 1940, qu’il prononce ses premiers vœux religieux : pauvreté, chasteté et obéissance. Il avait alors 17 ans accompli. De nos jours, cela nous semble inconcevable : s’engager dans la vie religieuse à 17 ans, en pleine période de guerre, d’incertitude la plus totale quant au lendemain ! Oui, en 70 ans le monde a bien changé, et les mentalités peut-être davantage encore.

Frère Gérard avait vécu en direct l’attaque allemande sur Cassel. Nous l’aimions entendre raconter, avec bien des détails, l’irruption brutale des allemands dans ce qui est actuellement l’Institution Sainte Marie. Un soldat allemand a été tué au moment de l’assaut. Frère Gérard se trouvait à Beaucamps au moment des bombardements de la gare de Lille-délivrance. Il aurait pu écrire tous ces événements. Cela aurait fait un excellent récit. Un proverbe africain ne dit-il pas : « un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque que l’on ferme ».

Il prononce ses vœux définitifs le 15 août 1945 à l’âge de 22 ans. Au lendemain de la guerre l’effort de tous était demandé pour relever le pays de ses ruines. Voilà pourquoi, après une courte période de service militaire en Allemagne, nous retrouvons frère Gérard dès 1946 au pensionnat de Péruwelz, en Belgique. Il y restera 16 ans, jusqu’en 1962. Ce fut pour lui des années heureuses. Disponible il était l’homme polyvalent et enseignait les mathématiques, le français, l’histoire géographie, et aussi la musique.

Initié au chant grégorien, doué d’une oreille musicale, il excellait dans l’art de diriger la chorale de l’Institution. Il était fier de dire avoir fait exécuter l’Alléluia du Messie de Haendel, un de ses musiciens favoris. Partout où il ira par la suite il trouvera du temps pour animer, dans les paroisses, les offices du dimanche, que ce soit à Cassel, à Arnèke, ou ailleurs. A Péruwelz il s’occupera aussi de sports. D’ailleurs toute sa vie il s’est intéressé au sport, il aimait suivre les matchs de football à la télévision.

1967… à l’âge de 44 ans, alors qu’il est directeur depuis 4 années déjà de l’école de Quesnoy-sur-Deûle, son frère provincial fait appel à lui pour diriger l’Institution Sainte Marie de Cassel. Il y restera 17 années : jusqu’en 1984. C’est durant ce temps surtout qu’il a pu et qu’il a dû donner le meilleur de lui-même.

1984… Agé de 61 ans, il est soulagé de pouvoir prendre un peu de recul. Il ira à Tarare, dans le Rhône, où jusqu’à l’âge de la retraite, à 65 ans, il assurera encore un demi-poste d’enseignement. Il restera à Tarare jusqu’en 1992 et y rendra encore de nombreux services. Il rejoindra Beaucamps à l’âge de 69 ans, et durant 7 années sera responsable de la communauté Champagnat. C’est là que finalement la maladie l’a rejoint pour ne plus le lâcher.

Frère Gérard était très respectueux de son prochain, respect qu’il manifestait envers ses élèves, ses professeurs, le personnel du collège, les membres de l’OGEC, envers le clergé local, les autorités municipales et académiques, et envers ses autres collègues, directeurs comme lui de collèges. Il tenait à honorer de sa présence les invitations officielles à l’occasion du 8 mai, du 11 novembre, de la cérémonie des vœux pour le nouvel an. C’était pour lui autant d’occasions de rencontres. Toujours il savait écouter et valoriser ses interlocuteurs sans jamais se valoriser lui-même.

Ceci se passait à Cassel, mais je sais qu’il en a été de même à Tarare, à Beaucamps… Vous qui êtes ici vous pourriez en témoigner. Il était toujours prêt à rendre service quand il fallait chercher un frère à la gare de Lille ou le conduire chez un spécialiste pour une visite médicale.

Ainsi, partout où il est passé il a su gagner la confiance des frères et de ses collaborateurs. Oui, par son esprit de serviabilité frère Gérard est hautement imitable. Sa vie est un démenti formel à cette formule lapidaire de Voltaire : « les religieux vivent sans s’aimer, et meurent sans se connaître ».

Directeur, lui ? Supérieur de communauté, lui ? Non, le titre de « serviteur des serviteurs » lui conviendrait mieux. En 17 ans il a fait prendre au collège de Cassel un essor remarquable et cela avec bien peu de moyens matériels et financiers. Il avait la confiance de la population du canton.

Lui-même, dans sa vie privée, a vécu pauvrement, très pauvrement. Il n’appartenait pas à ce monde actuel qui veut que trop souvent le gaspillage soit le moteur de l’économie moderne. Il avait connu la guerre, les privations, et n’avait jamais oublié les leçons à en retenir.

Il n’a jamais été décoré de la légion d’honneur ni des palmes académique, pourtant il les aurait largement méritées. Il ne se serait pas permis de mépriser ses médailles de la République. Mais il savait, pour l’avoir enseigné à ses élèves de troisième durant 17 ans – et ici je cite sept vers de Victor Hugo qu’il avait lui-même tapé à la machine pour ses élèves (format ancien 21x31) – oui il savait que

" toutes choses de la terre
gloire, fortune militaire,
couronne éclatante des rois,
victoire aux ailes embrasées
ambitions réalisées,
ne sont sur nous posées
que comme l’oiseau sur nos toits".

Sa bonté, sa sollicitude allait aussi aux animaux. Tout le monde connaît son amour pour les pigeons. Il était membre d’une société colombophile. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il aurait pu faire un excellent maître chien.

Frère Gérard était aussi religieux, fidèle à ses vœux, fidèle à Dieu. Alors qu’il était surchargé de travail, souvent je l’ai vu, assis au bureau, prendre quelques instants de répit et réciter une partie de l’office divin, c’est à dire de son bréviaire. Je l’ai vu et je l’atteste, sa modestie ne m’en voudra pas.

Ce n’était ni un théologien, ni un théoricien de la vie relieuse, mais il s’efforçait de mettre en pratique tel ou tel précepte de l’Evangile : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous l’avez fait ». Sans nul doute son esprit de foi et sa piété discrète lui ont permis de tenir debout dans les durs combats qu’il a eu à mener jusqu’à l’épreuve finale, face à la maladie.

Nous tous ici présents, qui t’avons connu et avons largement bénéficié de ton écoute, de ta bonté, de ta patience, nous avons une dette de reconnaissance envers toi. Nous te disons merci du fond de nos cœurs.

Oui, que Marie et le Père Champagnat t’introduisent au ciel près du Père. Puisses tu reconnaître la voix qui te dit : « c’est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître ». Que les anges du ciel te fassent une apothéose triomphale, tu l’as bien méritée puisque tu as mérité notre sympathie, notre confiance, notre estime et notre amitié. Qu’avec eux tu chantes à jamais les louanges du Seigneur.

 

                                                                                      Beaucamps le 29 avril 2009

                                                                                       Frère Jacques DECLERCK

 

 

A gauche, Ignace Vermeersch (1929 - 2010)

en compagnie de Jean Verkindère, André Degryse

et Raymond Verkindère (partiellement visible) - Patronage au Colbras vers 1954/56.

(Photo n° 9275 )

 

Ignace est né à HALLUIN dans le Nord le 13 juillet 1929, dans une famille très chrétienne.

Il a fait ses études au petit séminaire d’HAZEBROUCK (Nord). C’est sa rencontre avec Mgr CLABAUD, missionnaire oblat au grand nord canadien, qui le décide à devenir oblat, comme lui.

Il entre au noviciat, à LA BROSSE MONTCEAUX, en Seine et Marne. Il y sera de septembre 1948 à septembre 1949. C’est là qu’il prononce ses premiers vœux, le 8 septembre 1949. Il a alors 20 ans.

C’est à Solignac, en Haute Vienne, qu’il fait son grand séminaire de 1949 à 1956. Il s’engage définitivement dans la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, le 25 mars 1954. Et il est ordonné prêtre à HALLUIN (St Hilaire) le 17 juillet 1955 par Mgr CLABAUD. Comme c’est écrit sur son image d’ordination, il est prêtre « pour aimer et sauver les plus pauvres de Jésus Christ ».

 Vermeersch Famille 10612

Ordination d'Ignace Vermeersch le 17 Juillet 1955 à Halluin,

par Monseigneur Clabaud (oblat Marie Immaculée), 

à sa gauche, le vicaire Joseph Vandenberghe,

et à droite de la photo : le séminariste Dominique Desplanque.

(X DD 32601  n° verm)

 

Arrive alors le temps de son envoi en mission. Il est envoyé dans la Province oblate du Cameroun. A cette époque, la province n’était encore présente que dans deux pays : le Cameroun et le Tchad. Maintenant elle englobe aussi le Nigeria et les deux Congo.

De 1956 à 1968 il est au Tchad, à LERE. La mission n’en est encore qu’à ses débuts. Les oblats ne sont arrivés dans cette partie de l’Afrique que depuis 10 ans. Nous sommes à la veille des indépendances : 17 pays deviendront indépendants en cette année 1960 : le Cameroun le premier, le 1ier janvier 1960. Le Tchad, le 11 août de la même année.

 

De 1969 à 2006, Ignace sera au CAMEROUN :

 

D’abord à YAGOUA (1969-1984). Yagoua n’est préfecture apostolique que depuis 1968 et ne sera érigé en diocèse que le 29 janvier 1978. C’est donc à Ignace qu’il appartiendra de construire le nouvel évêché. Dès le jour de son arrivée à Yagoua, Ignace sait ce qui l’attend. Ses confrères le conduisent directement sur le lieu du futur évêché et de la future église. Il n’y a encore rien : c’est la brousse et Ignace entend ses confrères lui dire : « voilà le territoire dont tu as la charge ». C’est clair : il sera fondateur, il aura tout à faire. Et c’est ainsi qu’à Yagoua, il sera tout à la fois constructeur, curé, responsable de l’accueil, économe diocésain et directeur diocésain des écoles.

Puis de 1984 à 1992, il sera affecté à DOUKOULA … puis à MOULVOUDAY de 1992 à 1997. Il lui faut changer de langue. Ce ne sont plus des Massas comme à Yagoua mais des Toupouris. Dans chacun de ces deux lieux, Ignace a la charge des jeunes scolaires pour lesquels il construit des camps scolaires.

Il terminera son service au Cameroun au diocèse de NGAOUNDERE de 2003 à 2006. Là encore c’est auprès des jeunes qu’il consacre ses dernières forces. Heureusement qu’il peut faire ce ministère en français car il lui aurait fallu, à nouveau changer de langue : à Djohong nous sommes chez les M’bayas et à Ngaoundéré chez les Dourous…

Cinquante ans de mission. Ignace a 76 ans. La fatigue se fait sentir. A cause de douleurs au dos, Ignace a de plus en plus de difficultés à se déplacer. Déjà depuis Djohong il ne pouvait plus courir la brousse. Et à Ngaoundéré, il ne peut plus rejoindre les jeunes dans les collèges et lycée : il ne peut que les accueillir à l’aumônerie où il réside.

En 2006, c’est le retour en France. Le temps de passer la main est arrivé. Même si les vocations ne sont pas encore assez nombreuses, elles sont là. Partout où il est passé, il y a maintenant des prêtres africains, oblats ou diocésains.

Nous sommes arrivés à une nouvelle étape de l’évangélisation, comme l’a comme l’a si bien exprimé le cardinal MALULA, archevêque de Kinshasa (République démocratique du Congo) : « Hier, les missionnaires ont apportés l’Evangile aux africains, il appartient aujourd’hui aux africains d’africaniser l’Evangile ». Et les africains sont les seuls capables de faire ce travail. 

En France, il rejoint alors son frère Gérard, mariste, ici à BEAUCAMPS LIGNY. Il est accueilli dans cette communauté avec beaucoup de fraternité.

Permettez-moi de dire aux Frères, publiquement, un très grand merci. Si Ignace leur a assuré l’eucharistie quotidienne, les frères lui auront été d’un grand secours tout au long de ces presque quatre ans passés au milieu d’eux.

 

Ses derniers moments...

 

Le samedi 17 janvier 2010, j’ai été averti par les frères que l’état de santé de notre frère Ignace posait quelques problèmes. Dès le lendemain, le dimanche 18 janvier, je suis venu le rencontrer. Après la visite du médecin, il a été hospitalisé dans la soirée. Dans la nuit il a été opéré d’une péritonite. L’opération s’est bien passée, mais c’est le cœur qui a flanché aux premières heures du lundi 19 janvier. C’est à 5h45 du matin qu’il nous a quittés.

En arrivant le mardi soir, j’ai trouvé dans son courrier une lettre de Garoua, écrite au lendemain de l’assemblée des oblats de la province du Cameroun : « Toute la province est réunie, plus de 100 oblats … mais la couleur a changé. Une nouvelle province est née »

Ignace pouvait partir en paix. La relève était là. La mission pouvait continuer son chemin. Le même confrère écrivait encore : « Mes meilleurs vœux pour une nouvelle année … dans une nouvelle résidence, un nouveau cadre. Le Seigneur est là »

Ignace se préparait, en effet, à rejoindre l’EHPAD St François d’Assise, à Lyon, qui allait ouvrir ses portes à nos confrères oblats le 18 février de cette année. Il n’aura pas eu à faire une escale nouvelle pour atteindre notre dernière demeure : il l’aura rejointe directement.

A DIEU, Ignace. A nous revoir.

                                                          

Père Bernard NOYER

Vice-provincial des Oblats de Marie Immaculée

 

2/9/2013 

Commentaire et Photos  : ARPHalluin - Daniel Delafosse