:

Guerre 39 – 45

03655

Le groupe des FFI - FTP d'Halluin. 

Le 16 septembre 1944, tous les Halluinois,

 ayant pris part aux combats de la Libération,

se rassemblent dans les jardins de l'Union Patronale,

 pour une unique photo.

 (photo n° 3655)BD11918

La libération d’Halluin - Septembre 1944 :

Témoignages de FFI ou de FTP,

 extraits d’articles ou de livres :

sur le film des évènements, du 2 au 5 septembre 1944.

Récit  intégral publié dans la presse locale en  septembre 1984 :

 

"Dans cette enquête, nous avons cherché à diversifier les sources au maximum, car il n’y a pas une grande Histoire toute simple mais plutôt de petites histoires parcellaires qui finissent par former un tout dans la mémoire collective.

 

Cette page n’a bien entendu pas la prétention de raconter ce tout, nous espérons simplement donner un coup d’éclairage sur cette période particulièrement chaude de l’histoire halluinoise, à l’intention de ceux qui l’ont vécue mais aussi bien sûr de ceux qui la découvriront.

 

Dans le courant de cette enquête, nous avons reçu l’aide ou le témoignage de nombreux habitants d’Halluin et de la Vallée de de la Lys, soit qu’ils aient accepté de témoigner, soit qu’ils aient voulu nous confier des documents ô combien précieux.

Qu’ils en soient ici vivement remerciés. Citons notamment pour Halluin : MM. Gérard Degavre, Albert Desmedt, Alfred Simono… ".

  

 « Les combats à Halluin, à la Libération, il y en a eu un peu partout : à la douane, au cimetière, au Labyrinthe. FTP, FFI, W.O se sont battus, souvent séparément, ont eu des tués. Cela a duré plusieurs jours. Et nous sommes nombreux à en avoir vécu… un petit morceau. Il est donc très difficile de se faire une idée globale de tout ce qui a pu se passer ».

 L’ homme qui parle s’appelle Alfred Simono. En septembre 1944, il était le chef des « Francs-Tireurs-Partisans » halluinois.

 

Son corps franc a participé directement à plusieurs actions de harcèlement sur les colonnes allemandes qui se repliaient via Halluin. Mais, comme beaucoup d’anciens résistants M. Simono ne parle de cette période agitée de sa vie qu’avec certaines réticences.

Non qu’il en ait gardé un mauvais souvenir, au contraire. Le sentiment de participer à quelque chose d’historique et d’exaltant contrebalance, quarante ans après, la peine ressentie à la pensée des camarades tombés au combat.

 

Et M. Simono en a vu quelques-uns disparaître sous les coups des nazis, lui dont le cousin Maurice a été froidement abattu au carrefour du Labyrinthe, en compagnie de Jean Fiévet et Jules Devos le 2 septembre 1044, lui qui a ramassé, dans le caniveau de la rue de Lille face à l’actuelle poste, le corps d’Arthur Dennetière otage halluinois « supprimé » par des SS à l’issue d’une escarmouche.

Lui  qui a connu personnellement Marthe Nollet, Polydore Delaere ou Michel Danset, autant d’Halluinois qui ont payé de leur vie la volonté populaire de ne pas laisser l’occupant se replier paisiblement sur des positions plus « confortables ».

 

Alors au moment de raconter, Alfred Simono préfère laisser la parole à un journal de l’époque, qu’il nous a sorti de ses archives personnelles et qu’il nous confie avec de bien compréhensibles recommandations.

On y lira ci-contre le récit très militaire de ces journées de septembre et le rôle des FTP, en gardant sans cesse en mémoire l’idée qu’il ne s’agit là que d’une vision fragmentaire, quoique précise, des évènements.

 

En revanche la mémoire d’Alfred Simono se fait accueillante le temps d’une anecdote fulgurante, à l’image de ces journées où le cours du temps a paru s’accélérer après les lourdes années de l’Occupation :

« Pour nous FTP, l’action de Libération d’Halluin a commencé le samedi 2 septembre avec la prise du commissariat de police, qui s’est passée sans problème car nous avions des gens dans la place… Même chose à la gendarmerie, puis nous nous installons au carrefour de la rue de Lille et de l’actuelle rue Marthe Nollet.

 

Le dimanche, une puissante colonne allemande motorisée s’amène en force. Nous n’étions guère nombreux, car divisés en quatre groupes aux quatre coins de la ville, et surtout nous étions encore à ce moment-là très insuffisamment armés. Inutile dans ces conditions d’engager un combat qui n’aurait servi qu’à nous faire massacrer. Mais nous n’avions pas le temps de finasser car ils nous avaient vus !

 

Ce sont des sœurs qui habitaient l’appartement situé au-dessus de chez Robert Degryse qui nous ont permis de nous enfuir. Elles nous ont fait passer par derrière et nous nous sommes retrouvés dans les jardins ».

 

« Nous continuons notre progression via l’arrière du commissariat de police, et nous nous retrouvons dans l’actuel bâtiment des Prud’hommes. Là, dans une salle une grande table était mise, assiettes et couverts. Et dans chaque assiette, un magnifique pigeon rôti !

Les Allemands qui occupaient l’endroit avaient dû s’enfuir sans demander leur reste, en laissant tout en plan.

 

 Nous sortions, faut-il le rappeler, de quatre années d’occupation qui n’avaient pas toujours été roses… Nous ne savions pas depuis combien de temps les pigeons étaient là, mais je peux vous dire que j’en ai piqué un au passage et que, tout en fuyant, je lui ai fait son affaire ! ». 

 

Par la grâce d’une religieuse…

 

En 1992, M. Michel Demeyer qui, membre de la police nationale, a été un des acteurs de cette « affaire du couvent » et a reçu la médaille de la Ville, la même année, raconte :

« En tant  que responsable du commissariat, j’avais pris mon service à 13 h 30 au lieu de 14 h, afin d’être présent sur les lieux, ayant été informé que l’attaque contre les troupes allemandes se repliant sur la Belgique se déclencherait à l’heure H (13 h 30).

 

Effectivement, le commissariat composé de quelques éléments sous mon commandement a été envahi par les résistants, dont M. Vandekerckhove, faisant son entrée avec un landau d’ enfant chargé d’armes et mon personnel a été mis à sa disposition.

 

Après bris de vitre et coupure de téléphone, d’autres Allemands en déroute ont essayé en vain de pénétrer au commissariat. Avec mes collègues MM Seynave, Brochard et Geerlandt ainsi qu’un soldat allemand dont j’avais la garde, nous avons franchi plusieurs murs de séparation pour trouver refuge au couvent, actuellement le magasin « Lysgaine ».

La mère supérieure, interpellée quelques minutes plus tard par un solda allemand armé et casqué au sujet de la présence de terroristes, a répondu par la négative.

 Le soldat a alors quitté les lieux sans nous avoir aperçu.

 

 Je rends ici hommage à cette religieuse » conclut M. Demeyere, qui par son mensonge et son courage, a sauvé la vie des soldats sans uniforme ».

 Le 4 Juin 1949 était inauguré une plaque commémorative, sur la façade du couvent (qui deviendra par la suite la maison de M. Degryse).

 

A propos de cette plaque, M. Michel Demeyer demandait d’ailleurs au maire le 28 février 1992, « de donner une place d’honneur à ce souvenir qui fait partie de l’histoire de notre ville ».

Satisfaction lui sera rendue, puisque profitant des transformations du magasin « Lysgaine », les services municipaux ont retiré la plaque de la façade pour la nettoyer. Avant de la remettre en place, comme neuve.

 

 -----------------

 

Pour le reste, M. Simono admet que, si les résistants actifs n’étaient pas très nombreux pendant la guerre (« mon groupe franc comprenait exactement quinze gars »), les sympathisants eux, l’étaient beaucoup plus et furent souvent là pour donner un coup de main dans ces premières journées de septembre, certains le payant même de leur vie.

 

Tous ceux qui s’étaient battus furent d’ailleurs à la mi-septembre incorporés au 43e Régiment d’Infanterie, 4e corps 3e bataillon. Auparavant, tous ces Halluinois s’étaient rassemblés dans le jardin de l’actuelle Union Patronale, rue de Lille, pour une étonnante « photo de groupe ».

 

Quant à l’action du « corps Simono », on est prié de se reporter au récit de guerre publié dans cette même page. « ça, vous le raconterez bien mieux que moi,  conclut M. Simono. Vous savez, tout ce que je viens de vous dire, j’en parle très rarement, je ne sais même pas si ma propre femme est au courant… ».  

 

Voici le film des évènements du 2 au 5 septembre côté « FTP » tel que le retraçait le journal « Liberté » dans ses éditions de septembre 1945. 

 

Samedi 2 septembre (suite)

Les Allemands partis avec les otages ne relâcheront ces derniers qu’à Wevelghem.

 

L’accalmie qui suit est mise à profit pour installer provisoirement le poste de commandement du café du « Lion d’Or » place de l’Eglise et pour s’organiser pour la nuit. Quatre groupes sont formés. L’un prendra position au monument aux Morts, un second à l’usine Lemaitre, un troisième au Consortium, enfin le dernier au carrefour de l’Eglise. La nuit est assez calme.

 

Le dimanche 3 septembre

Est une journée relativement calme. une colonne d’infanterie allemande, interceptée à son passage, enregistre 4 morts dont un officier. Deux fusils sont capturés.

Un peu plus tard, une voiture de passage essuie également les coups de feu des F.F.I., les occupants sont blessés ou tués.

A Menin (B), les Allemands s’étant retirés, les A.B. emprisonnent toutes les chemises noires, au beffroi de la ville. Vers 21 h. des Allemands étant signalés dans le bois Gratry un détachement est envoyé garder le pont de chemin de fer sous la direction du sous-lieutenant F.T.P. Alfred Simono. Quelques engagements ont lieu.

 

Le lundi 4 septembre 

Vers minuit, quatre Allemands sont faits prisonniers au mont d’Halluin.

 Vers 17 h 39 une colonne de 60 SS avec voitures hippomobiles venant de Bousbecque se dirige vers Halluin appuyée par un char « Tigre ». Afin d’éviter que les F.F.I. placés en 1ère ligne aux Baraques soient pris par derrière, ordre est donné de se replier sur la France.

 

Quand les boches arrivent à Halluin nous constatons qu’ils ont placé devant eux quatre F.F.I., qui marchent les bras en l’air.

 Au moment où la colonne va entrer en Belgique, le groupe Le Dily attaque. Trois F.F.I. sont délivrés dont un blessé à l’épaule, le 4e est malheureusement fusillé à bout portant par un officier teuton. Les Allemands enregistrent trois morts dont un officier. Deux fusils deux chevaux et deux voitures sont saisis, la colonne s’égaille dans le bois Gratry. Le groupe Simono et de Dily combat dans la rue d’Ypres et au passage à niveau. Résultat : un camion est mis hors d’usage du côté ennemi, plusieurs blessés de notre côté. Prise de quelques armes et minuit arrive sans nouveaux incidents.

 

Le mardi 5 septembre 1944

Les Allemands conte attaquent à Menin (B). Avec trois chars « Tigre », ils reprennent la ville, libèrent toutes les chemises noires, puis descendent vers Halluin. Ils passent le pont de la Lys, mais doivent s’arrêter à 50 mètres de la rivière devant le feu des A.B. et des F.F.I.

 

Le corps franc Simono est aussitôt envoyé en renfort. L’infanterie allemande tente d’avancer par les toits mais vainement. Une contre attaque F.F.I. porte les nôtres jusqu’à hauteur de la rue de Mouscron.

 

Le feu cesse. Simono chef du corps franc se découvre et se met au milieu de la route. En langue allemande il invite les Boches à se rendre, un char Tigre stationne à 150 mètres, le danger est grand. Un Allemand s’avance à 100 mètres, armé d’un fusil, une dizaine d’autres se joignent à lui.

Le chef de groupe F.F.I. invite le chef allemand de se rendre, celui-ci se récrie. Il prend les F.F.I. pour des bandits qui exécutent les prisonniers. Le Tigre, soudain s’avance, mais ne peut rien faire pour l’instant, Allemands et Français sont mêlés. 

 

Les F.F.I. dans l’Eglise.

C’est une étonnante histoire que nous a racontée M. Gérard Degavre, qui demeurait rue Léon Blum et faisait partie en septembre 1944 des FFI halluinois, groupe Simono (il s’agit cette fois-ci de Maurice). Il a vécu lui aussi la fameuse journée du lundi 4 septembre…

 

« Nous avions reçu comme instruction de nous installer à l’église Saint-Hilaire, et de tenir la place sous le feu de notre fusil-mitrailleur. Déjà, en m’y rendant, je suis tombé rue Arthur Houte sur une automitrailleuse allemande qui a essayé de m’aligner mais m’a loupé…

A l’église on était quatre, avec Bogaert, Tomme, Jean Louf et moi. C’est Bogaert qui avait le FM. On était monté au premier, et on avait cassé un carreau de la rosace pour pouvoir tirer.

 

On a d’abord abattu un soldat allemand isolé, mais il n’était pas mort car il s’est caché et on ne l’a pas retrouvé ensuite. Et puis juste après, voilà un char Tigre qui se pointe ! Bogaert veut tirer dessus, mais je lui dis qu’avec un « FM » ce n’est vraiment pas la peine…

Lui nous avait repéré et il commence à tirer en direction du clocher. Alors on est descendu en vitesse avec le FM et on s’est sauvé par la petite porte, à gauche du perron. Le char est reparti en direction de la frontière ».

 

Via la rue Gustave Desmettre et la ruelle Gontier, un véritable périple conduira alors Gérard Degavre et ses camarades jusqu’à la douane, rue de la Lys.

 

« Là, on a vu les corps d’Albert Desmedt et de Léon Six qui venaient juste d’être abattus. Avec Louis Hermann, Nolf et d’autres FFI qu’on avait retrouvés là, on s’est lancé à la poursuite des Allemands de la colonne qui se sont réfugiés dans le Bois Gratry. Ils ont trouvé un petit sentier qui les a menés jusqu’au pont de Menin où ceux qui restaient ont pu franchir la Lys.

 

Je me souviens très bien que leur lieutenant, un jeune « SS » de 25-26 ans, s’est retrouvé vers nous et a crié : « On reviendra avec des armes nouvelles ! ».

Gérard Degavre reste un instant pensif et conclut : « On ne l’a jamais revu… ». 

 

Quelques livres parlent de la Libération d’Halluin.

 

Cela paraîtra sans doute étonnant aux nombreux férus d’histoire que compte la commune, mais il existe en fin de compte peu d’ouvrages consacrés directement à la Libération d’Halluin et de la Vallée de la Lys.

 Nous avons cependant retrouvé deux livres où l’on évoque dans de brefs passages les évènements survenus à Halluin les 2 et 3 septembre 1944. On verra d’ailleurs que l’un d’en eux concerne directement… le journal de Roubaix.

 

Voici d’abord un extrait de « Tragédies en Flandres : 1940-1944 », ouvrage de Mgr L. Detrez et Albert Chatelle paru en 1953 :

 

Mai 1940

Dans la région lilloise comme ailleurs, règnent la méfiance et la suspicion ; elles deviennent une sorte de fléau : l’espionnisme ; « En tout individu plus ou moins étrange on croit découvrir un traître ou un espion ».

 

Les Britanniques eux-mêmes subissent la contagion. A Roncq, le 24 mai, en vue de détruire le pont sur la Lys, ils ont fait évacué les maisons du voisinage et dressé dans la rue de Lille, des barricades destinées à couvrir leur retraite en retardant la marche de l’ennemi.

 

Ils ont à cet effet, réquisitionné dans les quartiers de Roncq et de Menin, quantité de meubles ; ils se sont présentés au café tenu par le coureur cycliste Julien Vervacke lequel a refusé de livrer son mobilier.

 

Mis en défiance par l’attitude du tenancier, les soldats l’arrêtent malgré ses vives protestations, le hissent sur un camion et le conduisent vers Halluin au château de M. et Mme Torris, où se tient un conseil de guerre.

 

Dans le parc, ils lui font mettre pied à terre, lui bandent les yeux et le fusillent sans autre forme de procès.

 

Février 1941

Halluin, Toufflers, Croix, Mouvaux, Bondues, Lannoy, Wattrelos, inaugurent leurs soupes populaires, des services du vestiaire pour distribution de lainages aux nécessiteux, de linge et de draps aux malades.

 

Mai 1944

Dans la nuit du 10 au 11 mai, entre 23 h 30 et minuit 20, les raids anglais recommencent, ravagent à nouveau les agglomérations de Lille, Halluin, Faches-Thumesnil, Fives, Tourcoing, Marcq-en-Baroeul et Ronchin.

  

4 Septembre 1944

Dans les rues d’Halluin, des Allemands exaspérés par les harcèlements des patriotes, lancent contre certains immeubles des grandes explosives et incendiaires ; ils s’emparent de vieillard, de femmes, de jeunes filles, voire d’un prêtre septuagénaire, l’abbé Louis Lemaitre, et les ligotent sur les garde-boue de leurs camions, en guise d’otages de protection, pour ne les délivrer qu’à Wevelghem.

 

A Tourcoing, tandis que les couleurs nationales sont arborées à l’hôtel de ville occupé par les policiers du commandant Denis, les rues Nationale et Winoc-Choquel voient, à la nuit tombante,, s’enfuir les derniers occupants ».

 

Autre extrait, celui-là, de « 1940-1945, même combat dans l’ombre de la lumière » de Henri Duprez, paru en 1979 :

 

« Ce matin du 2 septembre, rencontre avec Jean Catrice qui nous remit des ordres de mission de la part du « commissaire régional de la République ». L’un de ces ordres était ainsi libellé : il es enjoint à « HD » et à 20 hommes de réquisitionner et de protéger les bâtiments et le matériel du « journal de Roubaix » (…) Un groupe de FTP venant de Maubeuge via Halluin voulait également « protéger » le journal de Roubaix ».

 

(NDLR : on voit à travers ce bref extrait que si Halluin fut un lieu de passage pour l’occupant en fuite, il le fut également pour les résistants remontant du bas du département).

 

Rappelons que ce récit intégral a été publié dans la presse locale en septembre 1984.

4/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 Commémoration des 50 ans de Mariage, ayant eu lieu à la frontière,

 de M. Roger Destoop et Marie-Louise Velghe.

 Derrière à gauche, le bourgmestre de Menin (Belgique) 

et à droite, Alexandre Faidherbe, Maire d'Halluin.

(Photo mairie n° 227)

  

Les Noces d'Or

de Roger Destoop et Marie-Louise Velghe.  

 

Célébrées le 4 novembre 1989 en présence des Maires de Menin et d'Halluin, à la frontière, au même endroit 50 ans après !

Fallait-il qu’ils s’aiment cet Halluinois et cette Meninoise qui se sont mariés par-delà les barbelés de la « drôle de guerre » ? Cinquante ans plus tard, M. et Mme Destoop Velghe sont revenus sur la frontière pour renouveler leurs vœux d’amour et de fidélité !

Le fil de deux vies.

M. Roger Destoop est né le 25 mai 1916 à Halluin, et son épouse née Marie-Louis Velghe a vu le jour le 27 août 1919 à Menin (B).

M. Destoop a commencé sa carrière professionnelle en 1928 comme papetier aux Ets Hamel-Van Gorp à Halluin, avant de partir comme teinturier à la Filature-Filterie de France à Comines, en 1938. A partir de 1947 et jusqu’à sa retraite en 1981, il fut ensuite employé comme vernisseur aux Ets Vanhoutte, Desimpelaere, puis Dehondt à Halluin.

Quant à son épouse, elle fut successivement épeuleuse, ourleuse, puis piqueuse aux Ets Demeestere-Demeestere d’Halluin de 1933 à 1977. Elle est titulaire de la médaille d’Or du Travail.

De leur union est né un enfant, qui leur a donné un petit-enfant.

Les noces d’or ne sont plus ce qu’elles étaient, mon bon monsieur : aujourd’hui, on vit bien plus longtemps que jadis, et les couples quinquagénaires sont presque aussi nombreux que les Halluinois qui vont faire le plein en Belgique. Et pourtant les noces d’or célébrées ce samedi 4 novembre 1989, sur le coup de 11 heures étaient insolites à plus d’un titre…

Insolite d’abord parce qu’elles avaient lieu en plein air et à un endroit bien particulier : le « no man’s land », entre le café Bauduin et celui des Deux Nations, qui marque la frontière entre Menin et Halluin, entre la France et la Belgique.

Insolite ensuite, parce qu’elles furent célébrées conjointement par les premiers magistrats des deux villes, M. Alexandre Faidherbe pour Halluin et M. Bossuyt pour Menin.

Insolite enfin pace que ce n’est pas tous les jours que TF1 et FR3 dépêchent une équipe pour filmer l’évènement, somme tout banal, que constituent des noces d’or.


Et si la cérémonie était insolite, c’est tout simplement parce que les circonstances étaient exceptionnelles , jugez-en plutôt… Ce 4 novembre 1989, les noces d’or du couple Destoop-Velghe ont été célébrées à l’endroit exact où ils avaient été unis cinquante ans plus tôt.

Avec les barbelés en moins, et avec en plus une volonté commune des « politiques » de souligner le caractère symbolique de la manifestation, et d’affirmer les liens toujours plus étroits qui unissent Halluin et Menin :

« La cérémonie d’aujourd’hui n’a pas un caractère folklorique, a souligné M. Faidherbe : elle marque notre refus d’oublier ce qui appartient à la mémoire collective d’Halluin et de Menin, dans un lieu qui symbolisait hier la séparation, mais constitue aujourd’hui le trait d’union entre nos deux villes-sœurs ».

S’adressant ensuite au couple jubilaire, « héros d’un jour presque malgré vous ». Le Maire leur souhaita de couler encore de très longs jours heureux dans leur maison de la rue du cardinal Liénart.

M. Bossuyt, bourgmestre de Menin, prit ensuite le relais pour relire, en flamand, l’acte du mariage célébré il y a cinquante ans.

Et tant M. Destoop que Madame renouvelèrent leur engagement d’il y a un demi-siècle : le premier avec un « oui avec plaisir ! » retentissant ; la seconde en déclarant, avec un zeste d’humour
« Je veux bien s’il ne rouspète pas trop ! ».

Après la remise des traditionnels fleurs et cadeaux, la rue de Lille et la Rijselstraat furent rendues à la circulation, et c’est par un vin d’honneur servi à la mairie d’Halluin que prit fin la manifestation.

4/3/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

 Mariage sur la ligne de la frontière franco-belge en 1939.

La Belgique, s'étant déclaré neutre, avait aussitôt fermé ses frontières.

 Des barbelés furent installés pour séparer Halluin de la zone des Baraques.

 Le mariage a lieu " à cheval" sur la frontière.

 Après le mariage l'épouse, belge, put rejoindre son mari, M.Destoop,  en France.

(photo mairie 0226)

 

Historique de ce mariage à la frontière

 Halluin-Menin (B),le 3 Novembre 1939.


 

1939 : La France a déclaré la guerre à l’Allemagne fasciste. En cette période de troubles et de tourments, Roger, 23 ans et Marie-Louise, 20 ans s’aiment d’un amour tendre.

Lui est Français, elle est Belge. La France est en guerre, la Belgique est neutre. Et pour mieux marquer la frontière qui sépare les deux pays, une ligne de barbelés se dresse des deux côtés, à Menin et Halluin.


Chaque jour des dizaines de personnes se parlent des deux côtés des barbelés : des familles séparées mais aussi des amoureux qui se languissent de ne plus se voir. Comme Marie-Louise Velghe, jolie brunette au sourire franc et Roger Destoop, grand et beau jeune homme sérieux.

Roger et Marie-Louise sont fiancés depuis trois ans. L’attente est longue, la fin de la guerre n’est encore pas pour tout de suite, ils décident de se marier envers et contre tout et de briser les barbelés, à leur manière..

Il s’agit d’obtenir des autorisations ce qui n’est pas très facile. Roger et Marie-Louise se démènent, chacun dans leur pays respectif. L’amour est plus fort que tout, ils parviennent à leurs fins :
la date du mariage est fixée pour le 3 novembre 1939.

Mais il s’agit aussi de préserver la neutralité de la Belgique. Ce jeune couple ne peut se marier ni à Menin, ni à Halluin. Qu’à cela ne tienne, l’union sera célébrée entre les deux villes, entre les deux frontières de barbelés.

« Nous en avions assez de ne pas pouvoir nous parler, explique 50 ans plus tard en 1989 M. Destoop. Ce mariage entre les deux pays était la seule solution ».

Le 3 novembre, une petite pluie fine tombe sur les deux villes. « Un vrai temps de Toussaint ! » renchérit M. Destoop.

La noce est bien couverte. Chapeaux, manteaux de fourrure et cols douillets. Marie-Louise porte un joli tailleur, Roger une redingote et un nœud papillon. Le temps est gris mais les fleurs ne manquent pas, portées par brassées par les demoiselles d’honneur.

Amis, famille et curieux se retrouvent dans ce « no man’s land ». Assis à une table en plein air, le bourgmestre de Menin rédige l’acte de mariage. Et sur les photos, tous sourient, heureux en ce jour de fête mais aussi étonnés de la situation. Car Roger et Marie-Louise sont les premiers à se marier ainsi.

« Il y en a eu d’autres ensuite, raconte Roger Destoop.
La mode était lancée, mais comme la Belgique renonçait à sa neutralité au mois de mai, nous ne sommes pas nombreux à nous être mariés ainsi. Mais je me souviens qu’il y a un couple qui s’est marié à la frontière peu de temps après nous. Le lendemain de son mariage, le jeune homme repartait à la guerre et il n’est revenu que 7 ans après ! Il avait été fait prisonnier par les Allemands ».

M. et Mme Destoop ne subiront malheureusement pas une telle séparation. Mais le jour de son mariage, Marie-Louise doit accepter d’être séparée de sa famille. Les autorités ont accepté de laisser passer la frontière à la famille belge de Marie-Louise, mais uniquement pour une heure, pour la messe célébrée à Halluin.

« A croire qu’ils avaient peur des espions ! ».
Marie-Louise en rit encore cinquante ans après.

Puis chacun retourne de son côté. Une partie de la noce fête l’évènement à Halluin, tandis que l’autre banquette à Menin. Marie-Louise est restée avec son époux.

Le lundi chacun reprend son travail. Ce n’était pas le moment de partir en voyage de noces. Roger fait un an de guerre puis est affecté dans une filature. Marie-Louise travaille en France aux Etablissements Demeestere.

50 ans plus tard, ce samedi 4 novembre 1989, leurs noces d’or seront célébrées en bonne et due forme. Tout d’abord en Mairie d’Halluin puis, comme il y a 50 ans, à la frontière en plein air. Le bourgmestre de Menin viendra y faire un discours.

« Si j’avais su tout ça, je ne serais pas allée à la mairie signaler notre anniversaire de mariage…, soupire Mme Destoop. Cette agitation l’effraye un peu. M. Destoop semble en avoir pris son parti.

Après la fête, tous partiront faire la fête à Reckem, Fraçais et Belges réunis cette fois-ci Mais avant de partir M. Destoop s’étonne :

" 50 ans ! On se demande comment c’est passé, tellement ça va vite ! ".
En voilà une belle déclaration d’amour.

25/4/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

 

 

Beddelem Boeschepe 1942 03388

Beddelem Boeschepe 2 1942 03389

En colonie à Boeschèpe (Nord) en 1942/43,

 avec l'Abbé Michel Beddelem.

 (photos n° 3388 et n° 3389)

Les Colonies de l'Abbé Michel Beddelem,

durant la Guerre 1939-1945.

L’abbé Michel Beddelem originaire de Boeschèpe (Nord) où il est né le 2 0ctobre 1908, fut ordonné prêtre en 1935. Nommé vicaire à Halluin, il y resta jusqu’en 1945.

 

Les halluinois se souviennent bien de ce prêtre dynamique et populaire, c’était un fonceur, et il en donna la preuve particulièrement devant l’occupation allemande.

 Il fut tout naturellement résistant et s’évertua à fournir du ravitaillement à de nombreuses familles.

Aussi, envers et contre tout, l’abbé Beddelem organisa durant l’été 1942, 1943 et 1945 les colonies de vacances au Mont-Noir, dans une habitation qui appartenait à un halluinois Raymond Defretin et où, pour l’anecdote, l’Académicienne Marguerite Yourcenar a passé sa jeunesse, juste à côté.

 

La renommée de l’abbé était telle, que près de trois cents jeunes halluinois se répartissaient de juillet à septembre, dans ce cadre régional devenu, depuis célèbre. Le prêtre halluinois était responsable non seulement de la bonne marche des séjours, mais aussi de l’intendance. Il n’hésitait pas à parcourir les fermes environnantes pour nourrir le mieux possible les jeunes colons.

Ennemi du conformisme, on le voyait partout fumant sa pipe légendaire. Mais encore, le Cercle Saint-Joseph bénéficia particulièrement de son dévouement, et les anciens se plaisent à rappeler, comme pour les colonies, le succès exceptionnel que connut le cercle durant son séjour à Halluin.

 

En 1946, l’abbé Beddelem fut nommé vicaire à Hondschoote et en 1952, il devint curé du Mont-des-Cats. Cet homme d’exception qui marqua à jamais de son empreinte la vie halluinoise, devait décéder dans sa paroisse Sainte-Constance au Mont-des-Cats, où ses funérailles ont été célébrées le 4 mars 1971 en la chapelle de l’Abbaye.

 

2/8/2010

Commentaire et Photos : ARPHalluin - Presse - Daniel Delafosse

01897019000190101902
Novembre 1943. Fête au profit des prisonniers de guerre, au cercle catholique du sacré-coeur - Halluin.

(photos n° 1897-1900-1901-1902)

02437
Mercredi 6 septembre 1944.

 Le cortège de la victoire remonte la rue de Lille.

(photo n° 2437)

01647

nous sommes rue de Lille,  un officier allemand passe devant la maison  Demeestère;      ( photo n° 1647)

 

03044

Les résistants FFI et FTP de la Libération d'Halluin,

le 16 Septembre 1944.

(photo n° 3044)

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

Tous les acteurs de la Libération :

un cliché historique ! 

Le 16 septembre 1944, tous les Halluinois ayant pris part aux combats de la Libération se rassemblent dans les jardins de l’actuelle Union Patronale, pour une unique photo.

Cinquante ans  (1994)  après beaucoup ont aujourd’hui disparu, mais d’autres sont encore en vie.

 

En septembre 1994, lors de la célèbration de la Libération de la ville, M. Alfred Simono ancien résistant dans les FTP  a réussi à mettre de nombreux noms sur ces visages. C’est cette liste  (avec les erreurs éventuelles d’orthographe) que je publie ci-dessous :

 

Roger Prevot, Marcel Vanlerberghe, Roger Vanwygene, Denis Gryson, Hoedt, Vervacke, Gustave Gourland, Camille Soen, Léon Aspeslach, Albert Verbecke, André Dewasme, Louis Marincourt, Maurice Vanhalst, Pierre Bogaert, Gilbert Dillies, Augustin Vandorme, Edouard Penasse, Julien Vandekerkove, Alfred Simono, Arthur Coopman, Henri Supply, Rémy Baert, Floris Castro, Julien Buttenaere, Abel Bataillie, Auguste Bouba, Georges Devriese, Emile Holvoet, Pype, Hervé Vandorme, Albert Verhellen, Albert Bolle, Paul Hus, Albert Verhelst, Adrien Subts, Hollebecque, Augsute Dekiert, René Ampe, Roger Provost, Léon Cnockaert, Raymond Casier, Joseph Raes, Holvoet, Cyrille Provost, Roland Vandendriessche, Les Frères Zinzen, Poppe, Dekimpe, Deneweth, Roger Vanneste. 

 

img074 

Croix de Chevalier du Mérite National

(Photo DD 13494  n° Img 074) 

Un héros de la Résistance, M. Alfred Simono

fait Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

 Récit paru dans la presse locale.

 

En mars 1989, , l'halluinois Alfred Simono, Ancien lieutenant du Mouvement national des francs tireurs et partisans français, capitaine honoraire des troupes de marine, est décoré de la médaille de chevalier dans l’Ordre national du Mérite, sur proposition de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre.

 

img057

Beaucoup de monde dans la salle d'honneur de la Mairie d'Halluin.

1er à gauche de la photo : M. Alfred Simono.

(Photo VdN DD 13493  n° Img 057)

Devant une très nombreuse assistance, dans la salle d'honneur de la mairie, M. Didier Desprez, maire d'Halluin, s'adressa à M. Simono qu'il appela Alfred :

"C'est un moment délicat que celui de recevoir de la pommade, cela nous met parfois dans l'embarras. Mais cette remise de croix doit être l'occasion de rappeler des moments difficiles. Il faut avoir en mémoire tout ce qui a été fait, et comment cela s'est passé. Ceux qui reçoivent une décoration pensent aux autres qui les ont aidés dans leur action. En tout cas, je vous félicite, et j'espère que vous partagerez mon analyse".

Et de poursuivre : "Ce jour de septembre, vous étiez un "voleur" qui a détalé comme un lapin pour échapper à la Gestapo, qu'il s'est retrouvé dans la salle des... prud'hommes. Une journée qui a tourné au drame. Ce qu'il faut souhaiter, c'est que plus jamais, il n'y ait de guerre".

 

Ce fut à M. Raymond Charniaux, secrétaire général de la fédération du Nord, membre du Conseil et du Bureau national de l’A.R.A.C., qu'il appartint de prononcer le discours. (...) «  Mais le prestige qui s’attache à cette haute distinction ne peut être rehaussé par la prise de rang dans l’Ordre du Mérite., d’une personnalité marquante de la ville d’Halluin, dont le patriotisme exemplaire s’est enrichi du meilleur civisme, au fil d’une existence consacrée au travail et couronnée par un dévouement inépuisable au service d’autrui.

 

Né le 23 janvier 1923, Alfred Simono avait dix-sept ans quand l’armée nazie déferla sur le sol national, accumulant les deuils et les ruines dans une région frontalière qui avait déjà subi les ravages de quatre années d’occupation allemande en 1914 – 1918. 

Profondément marqué par les témoignages vécus des citoyens rescapés de cette tragédie, et par le rappel lancinant des monuments aux morts, devant lesquels les maîtres d’école conduisaient leurs élèves à chaque cérémonie du 11 novembre, notre ami aspirait à la liberté, la fraternité et la paix.

 

Pour lui, l’occupation étrangère, la dictature fasciste étaient une humiliation insupportable, une plaie ouverte dans son cœur de jeune étudiant, imprégné d’idéaux républicains, d’aspirations à la démocratie, à la justice et au progrès social…

Mais le désespoir n’avait pas de prise sur des hommes comme Alfred Simono dont le patriotisme inné répondait présent aux appels à la résistance du 18 juin à Londres et du 10 juillet à Paris…

 

" A 20 ans"…

 

« Dans ces moments décisifs pour le destin national, poursuivit M. Charniaux, il fallait pourtant un courage sans limites pour faire le choix de la France, un dévouement inégalable pour affronter un ennemi sanguinaire au sommet de sa puissance policière et militaire, car les bourreaux nazis avaient décidés l’extermination des élites ouvrières et intellectuelles dont ils redoutaient le clairvoyant patriotisme, et leur rôle essentiel dans la naissance et le développement de la résistance française.

 

A vingt ans, en janvier 1943, au contact du résistant Edouard Penasse, receveur municipal d’Halluin, Alfred devient l’un des meilleurs combattants des Francs tireurs et partisans français de la ville, accomplissant de multiples actions directes contre l’ennemi, ses installations et ses moyens de communication, jusqu’à son passage dans la clandestinité pour échapper aux recherches de la gestapo ».

Croix de guerre, médaille de la résistance et croix du combattant

 

 Et d’évoquer les risques mortels encourus par de courageux citoyens : à Halluin, Tourcoing et Lille, dont le domicile a servi de refuge au lieutenant Simono jusqu’aux combats de la Libération. Il se plut alors lire un extrait de l’ordre particulier n° 66 du 4 décembre 1044 :

 

« Le Général Deligne commandant la 1ère région militaire sur proposition du Colonel Lejeune, chef régional des Forces Françaises de l’Intérieur, cite à l’ordre de la Division le lieutenant Alfred Charles Simono, chef de groupe de résistance : a effectué de nombreux sabotages dangereux. A saboté 130 wagons en gare d’Halluin. A montré constamment un dévouement absolu et un parfait mépris du danger ».

 

Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent.

Le ministre de la Défense nationale et des forces armées, par décret du 14 juin 1946, décernait la médaille de la Résistance, l’une des plus belles distinctions concernant la guerre d’indépendance et de Libération nationale au lieutenant Simono, dont le grade avait été validé le 18 octobre 1944 et qui s’était engagé pour cinq ans le 16 septembre 1944, au titre de l’infanterie de marine et porté volontaire pour la libération de Dunkerque.

 

La Croix du combattant et la Médaille commémorative de la guerre 1939 – 1945 ont également souligné sa belle attitude patriotique, qui appelle l’attribution de la Médaille des combattants volontaires de la guerre 1939 – 1945.

 

M. Charniaux évoque alors sa vie civile et souligna la précieuse collaboration de son épouse.

« Ancien président du Syndicat des lavoirs automatiques familiaux, ancien délégué consulaire à la Chambre de commerce et de l’Industrie de Lille, ancien responsable de la Fondation Raoul Follereau, toujours président de l’Action commerciale halluinoise, Alfred a su déployer une énergie militante humanitaire, tout en animant une activité socioprofessionnelle.

 

Président d’honneur de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre depuis 39 ans, notre camarade est l’un de ces citoyens valeureux dont l’idéal républicain est une composante essentielle du patriotisme.

 En cette année du bicentenaire de la révolution française et du 45ème anniversaire de la Libération, quelle joie pour notre A.R.A.C. qui s’identifie si  pleinement à la République, de distinguer un patriote irréprochable qui fait honneur à son association à sa famille, à sa ville, à son pays ! ».

 

Après le « Ouvrez le ban ! »  des Cavaliers halluinois, M. Charniaux,  délégué par le Grand chancelier de la Légion d’honneur, chancelier de l’Ordre national du mérite, et au nom du président national de l’A.R.A.C. remit la haute distinction.

img056

La remise de la décoration par M. Charniaux.

(Photo VdN DD 13492  n° Img 056)

 

Après « Fermez le ban ! », M. Alfred Simono se dit : « Heureux de n’avoir pas atteint la zone rouge de l’émotion », et remercia les responsables qui avaient œuvré pour l’obtention de cette distinction, MM. Coopman, président de la section locale de l’A.R.A.C. et M. Charniaux « homme de terrain, battant, résistant et victime de guerre ».

 

Il rendit également hommage à Mme Charniaux et n’oublia pas dans ses remerciements les membres du bureau, les personnalités présentes, les membres de l’Ordre, et ses amis qui avaient répondu à l’invitation.

Ses mots suivants furent pour regretter que la Résistance avait été souvent mal comprise et flétrie, et que la télévision parfois en donnait une fausse image :

 

" Toutefois restons modestes, la Résistance à Halluin n’était pas celle du Vercors, ni celle de la région minière et la population de l’époque n’a pas eu à subir de représailles.

 Si certaines personnes cherchaient leur voie, il n’y eut cependant pas de collaborateurs. Ce fut une chance pour les résistants. Hélas, une place et des rues portent néanmoins les noms d’Halluinois morts pour leur idéal ".

 

M. Simono tint alors à adresser toute sa reconnaissance aux familles des disparus et ses profonds remerciements à M. André Deprétère, à M. et Mme Dubled, qui l’avaient recueilli à leur domicile ; il eut une attention toute particulière pour son grand camarade décédé le Docteur Stéphane Dubled, dont il fit l’éloge.

 

Et de citer ensuite une grande résistante, Mme Yolande Vanackère, qui fournissait les tickets d’alimentation ; et M. André Dewasme « Un dur, dont les mérites devraient être reconnus officiellement ».

M. Alfred Simono avait de nombreuses raisons d’être heureux et ému. Que de souvenirs à la fois exaltants et douloureux, lui revinrent à la mémoire en croisant l’un ou l’autre regard.

 

Et on imagine le coup au cœur qu’il dut maîtriser en découvrant, le matin même, le visage d’une dame qui, en quelque sorte, lui avait sauvé la vie. Jamais en effet, jusqu’à il y a quelques semaines, il n’avait réussi à savoir comment on avait pu le prévenir, le 28 juillet 1944, que la Gestapo était à ses trousses.

 

Voilà l’histoire : « Trois résistants avaient monté un coup sur Tourcoing. Ce coup tourna mal. Deux d’entr’eux furent arrêtés. Le troisième trouva refuge chez une tante au Blanc-Seau, qui s’arrangea pour prévenir les résistants halluinois de l’imminence d’une rafle.

 

Cette dame s’appelle Mme Verpraet, ici présente ». M. Simono la serra très fort dans ses bras et conclut :

« Mon vœu le plus cher, c’est que les faits de guerre et de résistance n’aient jamais plu lieu ». 

 

La médaille d’honneur de l’A.R.A.C. 

 

Chant des partisans et Marseillaise furent interprétés par les Cavaliers halluinois, mais la cérémonie n’était pas terminée. Une surprise attendait le récipiendaire qui allait recevoir des mains de M. Guy Allouche, la médaille d’honneur de l’A.R.A.C.

 

« Nous n’avons pas voulu mélanger les deux cérémonies : ce n’est pas le sénateur, mais le vice-président national de l’A.R.A.C. qui vous parle, celui né quand M. Simono partait pour défendre les libertés.  

On a voulu glorifier un acte qu’en temps ordinaire on déplore, mais pas dans ces conditions. Vous avez été un exemple pour les jeunes de courage et de désobéissance (une vertu à l’époque). Souhaitons que jamais plus il n’y ait de conflagration internationale.  

Mais de la résistance nous devons tous en faire afin que les Droits de l’homme dont vous êtes le défenseur ne soient pas bafoués ». 

  

img058

Sur le perron de l'Hôtel de Ville d'Halluin,

les dames fleuries en compagnie du maire Didier Desprez, 

du récipiendaire Alfred Simono et des dirigeants de l'A.R.A.C.

(Photo VdN DD 13491  n° Img 058)

 9/9/2010 et 4/9/2012.

Commentaire : Daniel Delafosse

 


02357

Le Résistant  Halluinois,

Walter Dumoulin.

 (photo n° 2357)

L'Halluinois de 17 ans... Walter Dumoulin,

"Mort pour la France".

 

Durant les combats de la Libération, un jeune halluinois Walter Dumoulin, engagé volontaire des FFI comme agent de liaison, membre du groupe de Résistance de Tourcoing "Front National", fut grièvement blessé le 2 septembre 1944 à Tourcoing.

Il se trouvait dans les Gardes Publics, rue Nationale à Tourcoing ; ce 2 septembre il aperçut un soldat allemand et voulut le rejoindre. Il n'avait pas aperçu un autre soldat qui lui tira une balle explosive dans le dos. Très gravement blessé, il fut transporté à l'Hôpital de Tourcoing.

Il est mort des suites de ses blessures le 12 septembre parmi les siens à son domicile, rue de la Liberté. Son nom fut donné à cette rue halluinoise. Né à Halluin, le 3 février 1927, Walter Dumoulin n' avait que 17 ans.

 

Sur sa pierre tombale, au Cimetière d'Halluin, est gravée ces mots :

 

"A la Mémoire de Walter Dumoulin, Franc Tireur et Partisan Français. Soldat à la 2ème Compagnie du 4ème Bataillon. A combattu depuis le 2 septembre 1944 "Mort pour la France" le 12 septembre 1944 à l'âge de 17 ans".

Le 20 Décembre 1944, le Conseil Municipal d'Halluin donne le nom de Walter Dumoulin à la rue de la Liberté.

5/9/ 2011.

Commentaire : Daniel Delafosse