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Evénements

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Cimetière d'Halluin. Gloire aux héros défenseurs d'Halluin Mai 1940.

7 anglais tués en 1940 et fleuris au cimetière par la population,

pendant toute la durée de la guerre.

(photo n° 3025)

 

Un avion anglais s’écrasait  à Halluin,

 le 5 octobre 1943. 

 

Claude Dalle est un halluinois qui construit des maquettes plastiques d’avion depuis l’âge de douze ans. Il est reconnu partout dans le monde du  modélisme et il est régulièrement mis à contribution par des fabricants pour donner vie à leurs kits. Il  collabore depuis de nombreuses années à plusieurs revues et dispose d’une documentation de près de 400 livres et d’une photothèque de plus de 4.000 diapositives.

 

Cette passion l’a conduite aussi à s’intéresser à un avion de guerre anglais abattu par les Allemands, et qui s’est écrasé à Halluin durant la Seconde guerre mondiale, selon certains témoignages, en 1944.

C’est  ainsi qu’il a recréé,  à partir d’une maquette classique,  cet évènement tragique survenu dans le ciel halluinois.

 

Aussi la reconstitution de l’évènement commence par Willems où Claude Dalle rencontre un autre passionné qui a mené des recherches sur l’équipage d’un Mosquito tombé en terre du Pévèle durant la guerre.

 

Cet alter ego lui parle de la chute du Typhoon sur Halluin. Claude Dalle entame alors des recherches. Il retrouve tout, d’abord la tombe du pilote abattu.

Il rencontre deux témoins de l’évènement (grâce notamment à un appel lancé dans la presse locale).

 

Finalement, c’est en 1997 que ces recherches aboutissent avec un historien belge M. Vanackère habitant Wevelghem (B), qui a étudié toute l’histoire du groupe de chasse allemand (le JG 26) basé dans la région.

 

Celui-ci a édité en flamand un livre sur l’activité du terrain d’aviation de sa commune, en particulier durant la guerre.

Ce terrain était occupé par le JG26, une escadre de chasse allemande basée également à Bondues, Vendeville et Moorsele.

 

Dans ce livre, « Van Flagplatz tot Airport », que M. Vanackere autorisa à reproduire, toute l’explication est donnée sur l’avion abattu au-dessus d’Halluin.

 

Contrairement à ce que pensait M. Dalle suite aux descriptions de témoins, il ne s’agissait pas d’un Spitfire mais d’un Typhoon, et l’évènement se déroula le 5 octobre 1943.

 

Voici donc comment, ce jour-là, les choses se sont passées :

 

« En fin de matinée, 2 Typhoons du troisième Squadron survolent la région de Courtrai.

 Les pilotes sont le Flight officier Foster et le Flight sergeant Feldman, un Américain volant sous les couleurs anglaises.

 

Dans un premier temps, ils mitraillent un avion allemand (un bombardier JU 88 du III/KG 6) posé près de Passendaele puis disparaissent dans les nuages.

Quelques instants plus tard, ils survolent la Lys à Halluin-Menin.

 

L’un des avions lance quelques bombes sur une péniche, mais les deux Typhoons sont interceptés par deux Focke-Wulf 190 du 4/JG 26 qui se sont envolés de Bondues.

 Le pilote d’un des FW, le Felwebel Wiegand  intercepte Foster et l’abat.

 

Le Typhoon, immatriculé JP 514, s’écrase entre Menin et Halluin près de la Rouge Porte.

 John Laurence Foster avait 20 ans. Il est enterré au cimetière de Wevelgem (B).

 

Feldman parvient à s’échapper dans les nuages. Wiegand terminera la guerre avec 143 victoires ; Feldman fera carrière dans l’U.S Air Force et sera décoré de la DFC, l’une des principales distinctions américaines.

 

Suite à des recherches, Feldman rencontrera Wiegand en 1981 à Munich.

 En 1991, Wiegand viendra fleurir la tombe de Foster

 

Malgré les différentes démarches faites par Etienne Vanackère auprès des administrations anglaises, il n’a pas été possible de déterminer les origines de Foster.

Wiegand est décédé en mai 1994 ».

 

Grâce à Internet, M. Claude Dalle noue un lien avec le Squadron 3 britannique qui existe toujours et auquel appartenait le Typhoon descendu. Notre halluinois a retrouvé des photos des aviateurs concernés dans les deux camps.

 

 16/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

 

  

 Photo du Poilu Halluinois Henri-France Delafosse :

Combattants français dans une tranchée en 1916.

 (Photo 22824  n° Img 294)

 

Henri-France Delafosse élu (1937-1945) Président actif

de l'Amicale Halluinoise des Anciens Combattants. 

 

En 1937, au cours d’une assemblée générale à laquelle assistaient plus de deux cents adhérents, l’Amicale Halluinoise des Anciens Combattants (U.N.C.) a procédé à la  nomination du successeur

du regretté M. Gaston Danset, président de l’Association, décédé dix mois auparavant.

 

La presse locale relatait les faits ainsi :

 

Le choix des anciens combattants s’est fixé sur celui d’entre eux qui était incontestablement le plus digne et le plus capable : M. Henri-France Delafosse, grand mutilé de la guerre, médaillé militaire

et vice-président du groupe local des Mutilés.

 

La réunion s’est tenue dans la grande salle des combattants au « Foyer de la Paix », sous la présidence de M. Pierre Tiberghien , président de la Fédération de l’U.N.C. de Tourcoing et ses cantons.

En ouvrant la réunion M. Paul Parent a salué en d’heureux termes, M. Pierre Tiberghien et l’a remercié. Puis il a fait l’éloge de M. Gaston Danset.

Le dévoué vice-président a entretenu  les adhérents des difficultés rencontrées par la commission, depuis quelque temps, dans l’accomplissement de sa mission et en particulier en ce qui concerne le choix d’un nouveau président.

 

« Toutefois M. Henri-France Delafosse a bien voulu, dit-il accepter de prendre la succession du regretté M. Danset ».

Cette déclaration a été soulignée par les applaudissements unanimes et chaleureux de l’assistance.

 

M. Parent a fait un éloge cordial de M. Delafosse, résumant son long parcours militaire, et  insistant en particulier sur l’activité et le dévouement déployés en faveur des groupements locaux auxquels il s’intéresse.

Il rappela  aussi qu’en 1922, il fut à l’origine de la création du groupe halluinois des Mutilés de guerre en collaboration avec son ami personnel M. Joseph Declercq, le président actuel, Henri-France

Delafosse exerçant les fonctions de vice-président.  Les paroles de M. Parent sont vivement applaudies.

 

Enfin le vice-président a annoncé que M. Adrien Demassiet a accepté de reprendre sa place de vice-président. Cette information a été accueillie avec faveur. M. Julien Verhulst a donné ensuite lecture du rapport

financier. Celui-ci accuse un avoir de 12.470 fr. 10. 

 

Au 1er plan, tenant son chapeau : Henri-France Delafosse élu président actif de l'UNC Halluin en 1937,

à sa droite : Pierre Tiberghein président de l'UNC Tourcoing et ses environs.

(Photo DD 22869  n° Img 196)

 

M. Pierre Tiberghien a clôt les discours par une chaleureuse allocution. Il s’est déclaré heureux d’assister à cette belle réunion et après avoir transmis aux anciens combattants halluinois le salut cordial de la

Fédération toute entière, il les a félicités chaleureusement d’entretenir parmi eux de tels sentiments de camaraderie.

 

Puis M. Tiberghien a entretenu l’auditoire de l’association des « Jeunes de l’U.N.C. », dont il a dit le but et a engagé vivement les anciens combattants halluinois à créer  une section dans leur ville.

Il a été procédé au scrutin pour l’élection du nouveau président, pure formalité, qui confirma le choix de la commission. En effet, M. Delafosse a été élu à l’unanimité moins une voix.

 

Visiblement ému, M. Delafosse a remercié ses anciens compagnons d’armes.

Il a promis de suivre l’exemple de M. Danset, et a assuré les anciens combattants de son dévouement le plus entier et le plus cordial.

La nomination de cette nomination a été accueillie en ville, où le nouveau président jouit de l’estime et de la cordiale sympathie de tous, avec une vive satisfaction.

 

Père de douze enfants, la mort de son épouse, dans sa 46ème année, fut une rude épreuve. Elle survient le 13 janvier 1942, pendant l’évacuation.  

H.F. Delafosse, souffrant lui-même des séquelles de la guerre, doit ralentir son activité ; en 1945, il abandonne la présidence active de l’UNC et fut nommé Président d’honneur de l’Amicale Halluinoise.

 

 

 En 1945, cérémonie au Monument aux Morts, rue de Lille,

Quelques mois après la Libération d’Halluin du 6 septembre 1944.

On reconnaît, au 1er plan à partir de la gauche : Etienne Bauwens (brassard),

Albert Louf, Maurice Schumann et derrière lui Henri-France Delafosse.

 Le 1er à droite : Jérôme Somers.

(Photo n° 3037) 

 

Dix ans plus tard, en remplacement du Président actif sortant M. Maurice Toulemonde, décédé en janvier 1955,

et à la demande des anciens combattants halluinois, H.F. Delafosse reprend la charge

de Président de l’Amicale des combattants des deux guerres 14-18 et 39-45.

 

 14/9/2010 - 15/12/2014

Commentaire et Photos : Daniel Delafosse

 

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La maternelle de l'école Jeanne d'Arc en 1919 :

 en hommage du Roi des Belges

 qui avait accueilli des halluinois évacués durant la guerre 14/18.

 

On reconnaît (entr'autres) en haut : Lucien Descamps, Louis Cousinne, Marcel Bekaert, Léon Saint Venant, Albert Loosveldt, Jules Michiels, Jules Decottignies, Joseph Delattre, Jean Demeulenaere, Léon Grimonpont, Jacques Devernay, Jules Delannoy, Isidore Descamps.

Marie Madeleine Devroe, Bernadette Duthoit, Marie Louise Grimonpont, Marie Trachet, Hortense Vandepitte, Marie Madeleine Hoorelbecke, Germaine Descamps, Yvonne Witdouck, Elisabeth Vervaecke, Simone Cambier (?), Jeanne Nollet, Blanche Degetter, Marie Madeleine Denturck ,Noel Bisbrouck, Rosa Verraes, Florida Spanhove, Marie Louise Loosveldt, Brigitte Vast, Jeanne Delattre (?)........

(photo n° 4882)

 

 La rencontre de l’halluinois Joseph Delattre

et François Mitterrand, en 1941 ! 

 

M.  l’Abbé Joseph Delattre, ancien professeur à l’institution Jean XXIII à Roubaix et ancien combattant et prisonnier de guerre, est décédé le mardi 9 avril 1996 à la Maison de Retraite Notre-Dame de la Treille. Le prêtre âgé de 82 ans rentrait dans la 57ème année de son sacerdoce.

 

Natif d’Halluin, cet aîné d’une famille de cinq enfants enseigna l’art et la religion durant de très longues années.

 

Quelques années avant son décès, Joseph Delattre avait apporté un témoignage émouvant sur une période marquante de sa vie : celle de la captivité, celle d’une rencontre avec un homme qui a marqué l’histoire du pays, François Mitterrand.

 

Le prêtre roubaisien qui dirigeait le journal du stalag IX A, à Ziegenhein près de Kassel en Allemagne, rencontre un jour de printemps 1941 un autre prisonnier du nom de François Mitterrand.

Comme lui, il fait partie des « intellectuels » de la baraque 7, un compagnon de captivité intéressant pour aider à la rédaction de son bi-mensuel « L’éphémère ».

 

Aussitôt l’abbé Delattre l’engage. « François Mitterrand était mon rédacteur en chef » raconte-il.

 

Les deux captifs se retrouvent chaque soir pour discuter ou échanger des réflexions sur la philosophie, la religion, la littérature.

Evoquant une anecdote, le prêtre cite cette phrase du futur président de la République, au moment de son évasion : 

« Tu verras, Joseph, un jour,  je serai Premier ministre ».

 

En janvier 1996, à l’occasion de la mort de François Mitterrand, c’est avec beaucoup d’émotion que tous ceux qui l’ont connu et apprécié l’avaient retrouvé à la télé et dans les journaux.

L’ancien halluinois avait témoigné, avec sa faconde habituelle, de sa rencontre, et de son amitié, avec celui qui fut son compagnon de captivité.

 

Les funérailles de l’abbé Joseph Delattre ont été célébrées le 13 avril 1996 à l’église Saint Vincent de Marcq-en-Baroeul. Et il fut inhumé au cimetière d’Halluin.

 

15/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

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En 1945, Maurice Schumann en visite à Halluin, 

 après la Libération de Septembre 1944. 

1ère photo : Albert Louf (chapeau clair),

 Maurice Schumann et Gérard Verkindère (1er plan).
 

2ème photo : Devant l'ancienne mairie rue abbé bonpain,

quelques jours après la Libération de la ville,

de gauche à droite : Etienne Bauwens,

 Henri-France Delafosse derrière Albert Louf (1er plan),

 Gérard Verkindère (béret), Maurice Schumann (chapeau). 

(photos n° 3032  et 3034)

 

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

 

Le 50ème anniversaire de la Libération d'Halluin,

célébré les 9, 10 et 11 Septembre 1994. 

 

Les cérémonies du 50ème anniversaire de la Libération d’Halluin ont débuté le vendredi 9 septembre 1994. Pas seulement un évènement, mais le point final d’une série de sacrifices qui ont jalonné toute la période noire de l’occupation.

 

« Si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie ! »  C’est sur cette pensée d’André Malraux qu’a été ouverte l’exposition proposée les 9, 10 et 11 septembre 1994.

 

Ce vendredi soir 9 septembre, un sentiment de recueillement et le souvenir des hommes morts pour la liberté prédominaient dans la salle du centre culturel « Albert Desmedt », où un nombre impressionnant de documents ont été réunis par Daniel Delafosse de la Ville, une des chevilles ouvrières de l’exposition, avec l’association « A la Recherche du Passé d’Halluin » et les associations patriotiques.

 

Que de souvenirs réunis dans une même salle. Certains ressortis des greniers et albums de famille. D’autres souvenirs douloureux souvent rassemblés pour que les gens se souviennent des heures noires de l’occupation, des drames et des joies de la libération tant attendue. Du sacrifice des enfants d’Halluin qui ont donné leur vie pour elle et leur nom à nos rues

 

Tout cela a représenté un laborieux travail de recherche et de collaboration étroite entre la ville, les associations et les Halluinois qui ont fouillé leurs tiroirs. 

 

Voici le texte lu, avant l’ouverture officielle de l’exposition, par Madame Danièle Mullier :

« Daniel Delafosse, une des chevilles ouvrières de cette exposition a rédigé ce préambule.

Il devait le lire ce soir, mais a été retenu par un déplacement urgent à Annecy (Haute-Savoie) :

 

Le cinquantenaire de la libération a suscité de nombreuses expositions dans tout le pays, et cette commémoration doit éveiller l’intérêt des jeunes et réveiller la mémoire des Aînés.

Si dans les grandes villes, les souvenirs sont mémorables, ceux-ci sont souvent plus modestes dans les petites ou moyennes communes, et les documents rattachés à cette période ne sont pas légion.

 

Pour sa part, la Mairie d’Halluin, organisatrice de ce projet avec l’Association « A la Recherche du Passé d’Halluin » et les Associations Patriotiques, a eu quelques difficultés pour rassembler les souvenirs et fixer les témoignages.

De ce fait, pour étoffer davantage cette exposition, les responsables ont décidé d’élargir les évènements de 1944 à l’ensemble du conflit de 39-45, en mentionnant ses répercussions sur la vie halluinoise.

 

Les faits relatés dans la presse locale et régionale nous ont été d’un grand secours pour monter ce projet, ainsi que les archives de quelques Halluinois, dont vous trouverez les noms répertoriés sur les différents documents ainsi que sur la liste à l’entrée de la salle.

Si la Libération de 1944 fait partie d’une des plus belles pages de l’Histoire de France, ces cinq années de guerre furent aussi cinq années de cauchemar. Que d’épreuves, de souffrances, de prisonniers, de déportés, de morts, sans oublier les suspicions, les dissensions, les erreurs, les trahisons et autres zones d’ombre.

 

Quant à la population halluinoise, celle-ci a payé un lourd tribut à sa propre libération.

Le personnel municipal chargé de confectionner les différents tableaux, et qui n’a pas connu cette troublante période, ne prétendait pas reconstituer l’histoire locale avec ses erreurs et ses vérités.

Sa tâche essentielle fut d’honorer la mémoire des personnes ayant, à des titres divers, l’infinie reconnaissance des habitants de notre cité.

 

La seconde priorité était de permettre aux jeunes et aux scolaires surtout, de comprendre, après cette visite, qu’il y a toujours des valeurs indispensables à défendre : la liberté, la dignité et le respect d’autrui.

La jeunesse actuelle est confrontée à d’autres fléaux, pour ne citer que les principaux : chômage, drogue, sida, et souvent cette jeunesse remet, légitimement, tout en cause.

 

Pour ma part, je méditerai sur cette pensée d’André Malraux :

« Si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie ! »

Et j’ajouterai, nous l’espérons tous pour toujours, la liberté retrouvée.

 

Je vous remercie de votre attention, et je passe la parole à Monsieur le Maire. 

 

                                                                                                                                             Daniel DELAFOSSE

 

Beaucoup d’émotion dans la salle à la lecture de ce préambule suivi avec attention par élus, Alexandre Faidherbe maire, Christian Vanneste député, Henri Desmettre conseiller général, les adjoints de la ville, les présidents des associations patriotiques, comme M. Desreveaux, des UNC 39-45, M Danset, des Anciens Sous-Officiers d’Halluin M. Machu, des Prisonniers de Guerre, M. Mestdagh, vice-président de la FNACA, M. Vangaeveren, de l’UNC-AFN, M. Verpraet, des Anciens Marins, M. Alfred Simono, président d’honneur de l’ARAC, et tous ces visages plus « anonymes », portant la marque de cette parenthèse noire de l’histoire ou (et) la perte d’un proche disparu.

 

On se pressait devant la vitrine protégeant les objets d’époque, devant les affiches, les articles des journaux, les photos, autant de documents faisant ressurgir des souvenirs toujours vivaces dans les mémoires.

Bien des archives personnelles des Halluinois se sont ouvertes à cette occasion.

Depuis quelques mois, la Ville n’a pas ménagé sa peine pour réunir les souvenirs et fixer les témoignages sur les jours précédant la libération.

Avec les associations patriotiques et « A la recherche du passé… », elle a bien dû se rendre à l’évidence : il fallait, pour étoffer davantage l’expo, élargir les évènements de 44 à l’ensemble du conflit, en mentionnant ses répercussions sur la vie halluinoise.

 

La confection des tableaux par le personnel municipal « ne prétend pas reconstituer l’histoire locale avec ses erreurs et ses vérités », précisa Daniel Delafosse (représenté)… »Mais la tâche essentielle fut d’honorer la mémoire des personnes ayant l’infini reconnaissance des habitants de la cité ».

L’autre priorité était de permettre aux jeunes de comprendre mieux cette période, à travers des visites organisées ces jeudi 8 et Vendredi 9. 

 

Au fil de l’exposition, au fil des années

C’est Gaston Danset qui présenta en quelques mots cette expo qui, chronologiquement, évoque le « pourquoi » puis le « comment » de la guerre, présente le phénomène de solidarité halluinois avec la création du Comité d’Entraide aux combattants et prisonniers, puis la période trouble sans armée ni gouvernement, « l’année 1940, une période très difficile pour tout le monde, même pour l’armée ».  la période trouble de privations, de nourriture, de liberté… Jusqu’à ces jours d’ultimes combats.

 

« Il s’agit d’un sujet délicat à aborder, il faut ménager les susceptibilités encore vives. Mais nos morts sont là, on demande qu’ils soient honorés, c’est tout », acheva son message. 

 

« Les sanglots longs de l’automne… »

Alexandre Faidherbe remercia à son tour les organisateurs pour la qualité du travail réalisé, et tous les Halluinois qui ont bien voulu apporté leur pierre à cette réalisation, « malgré le risque que cela peut avoir de mettre ces souvenirs au grand jour «, des amis belges qui ont apporté un concours tangible « Grâce à ces participations on ne s’est pas confiné au jour de la libération d’Halluin mais on a vu cela d’une façon plus large et profonde. Une libération ce ne peut-être qu’un jour mais toute une série de sacrifices par les uns et les autres, depuis le début des hostilités ».

 

Alexandre Faidherbe ouvrit une parenthèse sur les propos d’approche de Gaston Danset :

« Dans ces périodes un peu troubles où l’enthousiasme a engendré quelques débordements, n’oublions jamais, même si 50 années ont passé depuis, qu’il y a pour certains de nos compatriote des plaies qui ne sont pas encore refermées aujourd’hui.

Si c’est vrai que des gens ont payé la libération de leur vie, il y a aussi certains membres de leur famille qui ont vu leur existence s’arrêter ce jour là. Il faut que l’on s’en souvienne ; que nul n’est tout noir ni tout blanc.

 

Président de l’U.N.C., Guy Desreveaux fit alors entendre sa voix, par K7 interposée réalisée en association avec toutes les sociétés patriotiques halluinoises. Une écoute de la B.B.C. avec ses messages « Jules fait de la bicyclette », « Le petit chat boit du lait »…  qui avaient une signification certaine.

 

Et pui cet auditeur halluinois qui suivait la progression de la guerre l’oreille collée sur la T.S.F. entendit un jour «  Les sanglots longs de l’automne », suivi le lendemain de «     Bercent mon cœur d’une langueur monotone ».

 C’était la joie du délire « Nous allions bouffer du boche. Mais pour nous, Halluinois, ça n’allait pas être facile, les Allemands étaient partout ! La mort était au rendez-vous… ».

Une évocation qui résonna dans les esprits sur l’air du Partisan, écouté dans le plus grand recueillement, jusqu’à la dernière note.

 

Les cérémonies du Dimanche 11 septembre allaient rappeler au monument aux morts de la ville, aux tombes des résistants et au carré des Anglais, que le souvenir est encore bien vivant. 

 

« Ces plaies non refermées… » 

 

Au fil des jours, la presse locale avait accordé au 50e anniversaire de la Libération la place qu’il méritait. Témoignages des uns et des autres, les colonnes étaient ouvertes à ceux qui pouvaient apporter des précisions sur ces moments difficiles avant que la joie n’éclate.

 

Des témoignages douloureux aussi qui remettent parfois « les choses à leur place ».

Pas toujours facile de les écouter, encore moins de les écrire lorsqu’ils relèvent de ces « zones d’ombre » de « ces plaies non refermées » Cinquante années après !

 

Dans les différents discours, on a senti cette approche de la tragédie de la rue de Lille, lorsqu’une colonne allemande harcelée par les résistants à la hauteur du jardin du public a pris une vingtaine de personnes en otages. Une vingtaine de personnes placées sur l’avant des camions.

Parmi elles, Arthur Dennetière. De cette tragédie, en 1994, il reste douze personnes encore en vie : Mme Geneviève Dalle-Lemaitre et ses cinq enfants, Mme Jeanne Verhaeghe-Desmet, Mme Geneviève Dennetière-Delberghe, Mme Denise Grimonpont, Mme Agnès Vanseveren, Mme Berthe Delmotte-Serruys, Mme Dassonville-Carton (qui avait réussi à s’enfuir ainsi que Mme Berthe Delmotte qui a sauté au-dessus du pont de la Lys à Menin).

 

Le récit de l’une d’elles vient nous rappeler sinon une tragique méprise, du moins un épisode dramatique de cette retraite alors que le convoi était arrêté à la hauteur de la rue Pasteur (là où était posté un mitrailleur). Un tir « regrettable » qui foudroya Arthur Dennetière, blessa à la jambe l’une des filles de Mme Dalle-Lemaitre, Mlle Marie-Antoinette Bartholémeus (aujourd’hui décédée) ainsi que la cousine (laquelle dut être amputée) de Mme Cinqualbre.

 

C’était pour mémoire, le 2 septembre 1944 vers 17 h. 

 

Marthe Nollet et les autres…

Au fil de l’exposition, on pouvait découvrir les visages des résistants qui ont perdu la vie lors des combats, et dont les noms sont demeurés familiers comme ceux de Marthe Nollet, Georges Vanlaere, Michel Danset …

 

On retrouve dans cette exposition, les témoignages (parus dans la presse locale) de Mme Vanackere, hélas hospitalisée et représenté à l’inauguration par son fil, les affiches annonçant les condamnations à mort ou aux travaux forcés de « communistes et de terroristes » ;  les affiches de propagande allemande ; les listes de prisonniers halluinois parus le 28 octobre 1941, sur lesquelles des doigts pointent, émus, les noms de proches .

 

 La plaque de prisonnier de Edouard Lemaitre confiée par son épouse aux archives de la bibliothèque municipale ; les preuves du soutien financier d’entreprises halluinoises (Stock, …) à leurs employés prisonniers de guerre, par le biais du comité d’entraide, créé dès le 12 septembre 1939.

 

 L’organigramme des FFI, et les cartes de certains d’entre eux, comme Michel Demeyere , de nombreuses coupures de presse de l’époque, dont des extraits du « journal de Roubaix » ancêtre de Nord-Eclair… Et bien d’autres choses encore.

 

Journée du samedi 10 septembre 1994

Vivante mémoire d’un résistant

 

Samedi 10 septembre, le centre culturel « Albert Desmedt » a accueilli Jean-Marie Fossier ancien résistant et déporté, auteur du livre « Zone Interdite », pour une conférence sur la seconde guerre mondiale.

 

Dans la salle, un public ayant en général connu la période de l’occupation, mais aussi quelques jeunes.

Au travers des panneaux d’exposition, ils ont pu découvrir une page de l’histoire de leur commune, ainsi que la vie quotidienne des Halluinois par temps de guerre.

 

La conférence de Jean-Marie Fossier leur a en outre renvoyé l’écho d’une période sombre, déjà en gestation au cours des années trente.

Militant anti-faciste dès 1933, M. Fossier est un ancien volontaire des Brigades Internationales en Espagne. Après avoir exercé des responsabilités en « zone rouge », sur le littoral dunkerquois, il a été arrêté en mai 1942 et condamné à 15 ans de travaux forcés.

 

Il connaîtra ainsi les prisons de Cuincy et Loos, puis sera déporté à la forteresse de Huy, avant d’être envoyé dans les camps de concentration de Sachsenhausen et Buchenwald.

En 1994, membre de la Direction de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes, il a insisté, lors de sa conférence, sur le fait que le nazisme et ses sinistres méthodes étaient déjà bien connus avant-guerre.

 

« Nous savions ce qu’étaient les camps de concentration » expliqua-t-il.

« Il y avait seulement des gens qui ne voulaient pas le savoir et regardaient le nazisme d’un œil complaisant ».

 

De même, il refuse de laisser croire que la résistance trouve son origine dans l’appel du Général de Gaulle. Si le18 juin demeure une date charnière dans l’histoire du pays, les mentalités étaient préparées depuis longtemps.

 

« On remarque que les parents et les grands-parents de nombreux résistants étaient souvent de grands patriotes, fit en effet remarquer Jean-Marie Fossier. « Ils n’ont donc pas répondu à un ordre, mais plutôt à leur conscience ».

 

Selon lui, la classe ouvrière a été la première à braver l’occupant, par le biais, notamment, de  

« Son rôle n’a pas été suffisamment reconnu », souligna le conférencier en ajoutant que « les gens du Nord avaient une raison supplémentaire de se battre car, pour Hitler, le Nord – Pas-de-Calais était germanique et l’avait rattachée à Bruxelles, en attendant de pouvoir l’annexer complètement ».

 

Un des aspects méconnus de la seconde guerre mondiale, qui a poussé les habitants de la région à se battre « pour rester français ». 

  

Journée du dimanche 11 septembre 1994

 

C’est une cérémonie sobre et digne qui a marqué le cinquantième anniversaire de la libération d’Halluin, ce dimanche 11 septembre.

 

Aux côtés du maire, Alexandre Faidherbe, et d’une importante délégation municipale, on notait la présence des bourgmestres de Menin et Zulte-Machelen. Le consul de France à Courtrai (Belgique) – Halluinois de naissance – a également participé à la commémoration, tout comme le député Christian Vanneste, les représentants des associations patriotiques et les sapeurs-pompiers.

 

John Webster, premier Britannique à être entré à Halluin en 1944, et Reginald Smith, venu de la ville jumelle de North-Tyneside, avaient eux aussi fait le déplacement.

 

A l’issue de l’office religieux célébré dimanche matin à l’église Saint-Hilaire à l’initiative des sociétés patriotiques, les participants à la cérémonie se rassemblèrent sur la place de l’Abbé Bonpain.

Après un lâcher de pigeons qui s’envolèrent dans un ciel menaçant, le cortège se dirigea vers le Monument aux Morts de la rue de Lille. Un cortège qui ne passa pas innaperçu , en raison de la présence de voitures et camions d’époque, conduits par des collectionneurs passionnés habillés de tenues kaki évoquant les uniformes anglais.

 

De très nombreuses gerbes furent déposées au Monument aux Morts. Tour à tour, MM Régis Vanhalst et Alexandre Faidherbe, M. Christian Vanneste, M. Piers, bourgmestre de Zulte-Machelen, Bertrand Vangaeveren et Guy Desreveaux de l’U.N.C.. A.F.N., Christian Verpraet de l’association des anciens marins d’Halluin et John Webster fleurirent le square de la rue de Lille.

 

Vint ensuite la traditionnelle minute de silence, la sonnerie aux Morts, puis les hymnes belges et français. Le cortège prit alors la direction du cimetière, où se trouve le Mémorial des Victimes de la Libération et de la Déportation. Là aussi, le recueillement était de mise, recueillement partagé par les représentants du conseil municipal des Jeunes, qui fleurirent aussi les tombes.

 

Un dernier arrêt devant l’emplacement réservé aux tombes anglaises, avec l’interprétation de l’hymne britannique par l’Harmonie municipale et les participants se retrouvèrent à la salle du Manège.

 

Premier à prendre la parole, Alfred Simono Président d’honneur de l’A..R.A.C. évoqua le 2 septembre 1944, journée qui aura marqué sa mémoire à tout jamais :  

 

« Vers 14 h, les membres des corps francs   armés, mais si peu, occupent le commissariat de police et la gendarmerie. Les premiers coups de feu retentissent mais les armes que Maurice Simono, Jules Devos et Jean Fiévet doivent nous amener de Tourcoing ne nous parviennent jamais.

Ces trois malheureux résistants ont été tués à Neuville-en-Ferrain ». « Ensuite, poursuivit-il, de nombreux Halluinois nous rejoignent, étoffant nos rangs. Grâce aux armes récupérées, grâce au courage et à la témérité, les combats des jours suivants permettront de nettoyer notre ville des soldats allemands s’y trouvant encore, et ainsi de faciliter l’arrivée des Anglais ».

 

Au salut des résistants qui ont trompé l’ennemi sur la réalité de leurs effectifs, au rappel de ce que représenta la libération dans les familles et des conséquences cruelles du conflit, Alfred Simono étendit la notion de résistance à ceux qui, ici et là ont aidé à la libération : passeurs, ravitailleurs, hotes, distributeurs de journaux et de tracts et même « semeurs de clous »…

 

Si le président d’honneur de l’A.R.A.C. parla aussi de l’euphorie qui régna après ces quatre années d’occupation, il n’omit pas de saluer ses hommes de la 10e compagnie de la caserne kléber alors formée de volontaires halluinois. Et de conclure :

« En ce jour mes pensées vont aux victimes et à leurs familles en espérant que la dernière guerre mondiale soit vraiment la « der des der ».

 

Quant au maire Alexandre Faidherbe, il remercia l’association « A la recherche du passé » et Daniel Delafosse pour leur contribution à l’exposition sur « Halluin en temps de guerre », présentée tout le week-end au centre culturel « Albert Desmedt ».

 

Le maire se félicita de la présence des deux Britanniques, Réginald Smith et John Webster puis excusa l’absence de celui qui fut la voix de la France libre mais aussi député du Nord Maurice Schumann.

 

La volonté de rappeler le sacrifice des uns et la douleur de ceux qui ont perdu un être cher trouva son expression dans la manifestation qui suivit : la remise de la médaille d’honneur de la ville : « au travers de ces hommes et femmes qui vont se la voir décerner et au-delà de leur personne, il faut voir un hommage à tous ceux qui ont participé à cette libération, la reconnaissance due à la population » dit le maire.

 

La médaille fut donc remise symboliquement à Mme Yvonne Vanackère, à M. Pierre Desmedt, à M. Gaston Danset, et à M. Alfred Simono. 

 

Le dernier anglais…

 

Le mot de la fin revint à Réginald Smith. 

 Coiffé du béret vert qu’il portait en 1940, il arrivait tout droit de North-Tyneside, pour apporter, avec un savoureux accent anglais, le témoignage de son passage dans notre ville :

 

« Ma connaissance des alentours commençait le 29 avril 1940, quand mon détachement de l’armée britannique était établi au château Lagache, à Roncq.

 Notre séjour dura 16 jours avec quelques petites visites agréables à Halluin…

 

Le 10 mai votre monde était bouleversé, le mien aussi. Nous étions réveillé au son des bombes et du bourdonnement de beaucoup d’avions.

Nous ouvrions la radio pour apprendre que les Allemands avaient envahi la Hollande et la Belgique. De notre bureau nous popuvions voir une rougeur et des grandes vagues de fumée noire.

C’était l’aérodrome de Wevelghem en feu. Quatre jours après nous quittions le château pour la Belgique, mais pas pour longtmeps. Trois jours après nous étions à Orchies et sur la défensive…

 

En quittant Roncq, il ne se doutait pas que la guerre serait aussi longue et aussi terrible…

Ni que plus d’un demi-siècle plus tard, il appellerait avec humour, les jeunes Halluinois à ne pas oublier :

 

 « Que les générations, pour lesquelles ces mémoires ne sont que des contes de grand-père, auront le bon sens à bien écouter et en déduire la moral ».

 

Réginald Smith qui faisait partie de l’Intelligence Service est aujourd’hui (1994) âgé de 80 ans. Journaliste retraité, il fut le dernier anglais à quitter Halluin et Roncq.

  

Et c’est sur l’air célèbre du « Pont de la rivière kwaï » interprété par l’Harmonie municipale que l’assistance fut invitée au vin d’honneur.

 

12/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

03033

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Visite quelquesmois après après la libération du 6 septembre 1944 :

 en présence de Maurice Schumann (chapeau noir),

avec à sa droite, le Docteur Albert Louf (chapeau clair)

 et à sa gauche, Gérard Verkindère (manteau sur le bras).

(photos n° 3033 et 3035) 

 

L' Halluinois Gérard Verkindère... et le M.R.P. 

 

Dans les années quarante, Gérard Verkindère ouvre un magasin d'électricité, de lustres et de luminaires.

Pendant la seconde guerre mondiale, il change d'orientation et vend des appareils photo et pellicules.

Après la seconde guerre mondiale, il part deux ans à Paris pour participer à la fondation du MRP avec Maurice Schumann et Jean Lecanuet.

Son épouse s'occupa alors du magasin. Tous les ans, il accompagnait pendant une dizaine de jours les colonies de vacances organisées par Soeur Ange et il réalisait un film en 9 mmm que l'on projetait lors de la fête, au retour.
 

 

Maurice Schumann... l'Elu du Nord.

 

Né le 10 avril 1911 à Paris, Maurice Schumann rencontre le Nord au lendemain de la Libération. Il en devient l’élu et lui sera toujours fidèle. Député de 1945 à 1973, il mène une action marquée par le christianisme social et le gaullisme dans l’industrieuse vallée de la Lys, vers Armentières et Comines, dont il sera aussi l’élu local.

 

C’est sans doute de ce premier ancrage qu’il garde une attention particulière aux problèmes du textile. Il sera à l’Assemblée nationale puis au Sénat, l’avocat de cette industrie, avec la volonté déterminée de garder à la France une grande activité textile et de défendre les emplois qu’elle procure. 

Dans les dernières années encore, il aura contribué à la préparation des mesures Borotra et il suivait avec vigilance, et inquiétude, les prises de position de la Commission  de Bruxelles.

 

Le député de la vallée de la Lys avait multiplié depuis longtemps les contacts avec les élus de la Flandre intérieure qui, de Bergues à Hazebrouck,  le considéraient comme l’un des leurs. 

Devenu sénateur, Maurice Schumann était tout naturellement à leur écoute. 

De même, il est resté fidèle jusqu’au bout au conseil d’administration du port autonome de Dunkerque dont il défendait les dossiers avec âpreté et où il a toujours siégé avec assiduité.

 

Assidu, le qualificatif revient aussi pour définir sa présence au conseil régional du Nord Pas-de-Calais. Personne n’a oublié avec quelle patience et quelle courtoisie il présida en qualité de doyen d’âge la longue nuit au cours de laquelle fut élue présidente une écologiste en 1992. 

Il était ensuite devenu président de la commission des Finances, remplissant cette tâche avec le plus grand sérieux. Présent à toutes les séances plénières, intervenant souvent, avec précision et pertinence, il était écouté et respecté de tous. 

Il avait depuis longtemps acquis un appartement à Tourcoing et il était presque chaque semaine dans le Nord.

 

Dans ce très grand département de 2 500 000 habitants divisé en 24 circonscriptions et plus de 600 communes, il a toujours répondu aux invitations, même dans les plus petits villages. On le revoit dans une petite commune, inaugurant une rue du Général de Gaulle et masquant derrière un demi-sourire le léger agacement que devait lui causer un élu troublé qui l’avait prénommé Robert !

 

Il savait capter l’attention d’auditoire très divers. 

Chaque année, il donnait à Lille, une conférence à l’Université populaire. Son amour de la musique a aussi marqué son action. Il fut un des premiers à soutenir la création de l’orchestre de Lille, sous la direction de Jean-Claude Casadesus.

 

C’était un homme politique courageux. En 1974, son élection au Palais du Luxembourg était loin d’être acquise. Il fut combatif, pugnace, omniprésent et très bien élu. 

Nous étions tellement habitués à le voir partager nos attentes, nos colères et nos espoirs que nous ne mesurions plus le privilège de sa présence.

 

Nous nous souviendrons toujours d’un homme qui aimait la France et qui la voyait à travers les figures et les paysages du Nord. 

 

                                                                                                                           Jacques Legendre Sénateur du Nord.

 

13/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

Prince philips Halluin 1944 744998267342980304 n

Entrée des Anglais, le jour de la libération,

le  6 septembre 1944, au carrefour de la rue de Lille (Banque Scalbert).

On remarquera l'habitation d' Abel Vamiene (cordonnier)-

(celle à côté de la maison Leduc).

(photos n° 2435 et 3017)

 

03017

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

 

En 1994, ils sont venus du Royaume-Uni,

 pour le 50ème anniversaire de la Libération :

 

Ils sont de passage à Halluin, à l’occasion du cinquantenaire « Ils », ce sont deux Anglais venus à Halluin en deux occasions différentes.

 

Le « premier » se nomme Réginal James Smith de la 42ème division, sergent d’intelligence, et il est le dernier anglais à avoir quitté la base de Roncq le 14 mai 1940. Il venait de North-Tyneside, en passe d’être jumelée en 94 avec Halluin.

 

Le « second » Allié et Ecossais se nomme John Webster, âgé de 71 ans et vient de Gillingham, au sud de l’Angleterre, malgré le sang écossais qui coule dans ses veines. Directeur de collège secondaire en retraite, il garde en mémoire cette avancée qui le fit déboucher à Halluin.

 

C’était Le 6 septembre 1944 et il était agent de transmission dans une unité écossaise. Son épouse travaillait aussi dans les transmissions, dans la Navy…

 

Une résistance très enthousiaste

 

"Nous remontions de Bretagne, Montgomery avait fait une sorte de poche et les journalistes anglais se demandaient pourquoi il ne foutait pas tout de suite les Allemands à la porte.

 Mais Montgomery plutôt que d’amener les Allemands dans une situation féroce leur a laissé la possibilité de s’échapper et d’épargner les populations civiles.

 

Les grandes routes de Falaises et d’Argentan jusqu’à la Belgique étaient pleines de ruines allemandes. Notre brigade était en avance sur la division écossaise mais en une journée nous n’avions parcouru que 25 km.

 La résistance était très enthousiaste et cela créait un bouchon énorme de camions allemands incendiés ".

 

Une promenade de santé

"Pour progresser plus vite mon chef de brigade envoya une équipe qui parlait le français pour dénicher les routes secondaires. J’ai trouvé que c’était très dangereux et en fait c’était remarquable, une promenade en auto pour le chauffeur et moi !

 

Nous avons passé la Seine et atteint Saint-Pol en un jour. J’ai passé les champs de bataille de la première guerre à toute vitesse. Jamais je n’ai osé le dire à mon père, lui qui a progressé au même endroit de 200 m en quatre ans !  Les oiseaux chantaient. Nous devions rejoindre Courtrai et avons passé Lille par l’ouest".

 

La ville attendait un régiment, on était deux

"A un moment j’ai vu une barrière, j’ai pensé que c’était le chemin de fer. J’ai dit à « Joc » étrange il n’y en a qu’une. En fait nous étions à la frontière d’Halluin.

C’était le 6 septembre 1944 à 3 h du matin et en trois minutes, la rue était remplie de monde dans le centre ville. Je me suis retrouvé comme un joueur de rugby dans la mêlée. Ils criaient « vive les Anglais », alors qu’on aurait voulu qu’ils n’oublient pas les Ecossais…

 

Mon passage à Halluin était émouvant, on a ri beaucoup. Les Halluinois s’attendaient à plein d’infanterie et de chars et ont vu arriver un petit moi, dit-il dans un français improvisé, charmant, et le conducteur de la jeep en reconnaissance dans le secteur.

 

Nous voulions traverser la Lys, mais le pont étant détruit, nous avons rejoint Courtrai (B) par le chemin du halage le long de la rivière.

Sur la place de Courtrai, il y avait les résistants français, et  les Chemises Blanches célébraient la libération de la ville, que j’ai pu annoncer à la radio. Alors nous sommes repartis discrètement à Halluin.

 

Le lendemain nous étions à Bruxelles, mais un autre bataillon, plus prestigieux, était attendu avant nous… »  raconte cet écossais qui passa à Halluin voici 50 ans, l’espace d’une heure et demie… mémorable.

 

Ils seront tous les deux présents ce Dimanche 11 septembre 1994 lors des manifestations officielles de ce 50ème anniversaire.

 John Webster, premier Britannique à être entré à Halluin en 1944, et Reginald Smith, venu de la ville jumelle de North-Tyneside, avaient eux aussi fait le déplacement.

 

Le dernier anglais

 

Le mot de la fin revint à Réginald Smith. Coiffé du béret vert qu’il portait en 1940, il arrivait tout droit de North-Tyneside, pour apporter, avec un savoureux accent anglais, le témoignage de son passage dans notre ville :

 

"Ma connaissance des alentours commençait le 29 avril 1940, quand mon détachement de l’armée britannique était établi au château Lagache, à Roncq.

Notre séjour dura 16 jours avec quelques petites visites agréables à Halluin…

 

Le 10 mai votre monde était bouleversé, le mien aussi. Nous étions réveillé au son des bombes et du bourdonnement de beaucoup d’avions.

 Nous ouvrions la radio pour apprendre que les Allemands avaient envahi la Hollande et la Belgique. De notre bureau nous popuvions voir une rougeur et des grandes vagues de fumée noire.

 

C’était l’aérodrome de Wevelghem en feu. Quatre jours après nous quittions le château pour la Belgique, mais pas pour longtmeps. Trois jours après nous étions à Orchies et sur la défensive..."

 

En quittant Roncq, il ne se doutait pas que la guerre serait aussi longue et aussi terrible…

Ni que plus d’un demi-siècle plus tard, il appellerait avec humour, les jeunes Halluinois à ne pas oublier :

 

" Que les générations, pour lesquelles ces mémoires ne sont que des contes de grand-père, auront le bon sens à bien écouter et en déduire la moral ".

 

Réginald Smith qui faisait partie de l’Intelligence Service est, aujourd’hui 11/9/1994, âgé de 80 ans. Journaliste retraité, il fut le dernier anglais à quitter Halluin et Roncq.

  

Et, ce Dimanche 11 Septembre 1994, 50 ans après, c’est sur l’air célèbre du « Pont de la rivière kwaï » interprété par l’Harmonie municipale que l’assistance fut invitée au vin d’honneur.

 10/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

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Les libérateurs anglais, rue de Lille, en septembre 1944.

(photos n° 3022 et 5760)

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

En 2010 : se souvenir n'est pas vain...

 par l'historien local Roland Verkindère.

Comme chaque année, la ville célèbre la libération d'Halluin. Comment s'est déroulé ce moment historique rue du Forage, rue de la Lys ou au balcon de l'ancienne mairie ? Lieu par lieu retour sur quatre jours souvent douloureux avant la Libération officielle.

 

À qui s'interroge sur les endroits où les combats de la Libération de la ville se sont déroulés, il faut d'abord rappeler que ces faits de guérillas urbaines avaient un double but. D'une part sur l'axe Lille-Bruges-Anvers empêcher les troupes allemandes d'occuper durablement ce port essentiel pour le débarquement des troupes et du matériel alliés (Dunkerque tient jusqu'en mai 1945).
D'autre part « faire le ménage » sur les marges de cet axe pour permettre aux troupes anglaises et canadiennes de foncer sans retard vers Anvers afin d'investir cette place stratégique.

C'est la mission, la feuille de route laissée aux hommes et femmes des forces françaises de l'intérieur, des FFI qui fédèrent les diverses composantes de la Résistance.


« Help » dessiné pour attirer les aviateurs anglais 

À Halluin, au bord de la rue du Forage, au niveau du centre Trieste, un camion allemand est en partie incendié. De l'actuelle rue Dennetière à la cité Windels (deux noms de victimes innocentes de ces combats) des véhicules ennemis circulent protégés par des otages civils, arrachés de leurs demeures.

 

Dans la rue de Lille même, aux baraques à Menin où Alfred Simono parlemente sans armes avec un officier SS pour empêcher des représailles plus sanglantes encore de la part des troupes en désarroi.

Au carrefour de la rue de Lille et de la rue de l'Église, où est dessiné en toute hâte un grand « Help » pour supplier les aviateurs anglais d'intervenir dans ces situations difficiles. De même le long de la Lys, au cercle catholique et au balcon de l'ancienne mairie place de l'Église où la Libération d'Halluin est proclamée par les représentants du Comité local de la Libération.

 

Dernière image : ce camion de soldats britanniques stationné et ovationné au pied du monument aux Morts, à l'endroit même où quelques jours auparavant la statue avait été enveloppée d'un drapeau tricolore à la grande colère des ennemis bientôt en retraite sinon en déroute.

 

Autre temps. Mais ces jours de septembre 1944 mettaient fin à une chape de plomb de plus de quatre ans et laissaient espérer enfin une nouvelle ère de vie plus pacifique après la capitulation, le retour des prisonniers, la reprise progressive mais lente d'une vie plus normale.

Heureusement, ces temps sont révolus. La réflexion sur ce passé tumultueux (1870-1944) a enfin abouti à une Europe plus pacifiée. S'en souvenir n'est pas vain.

8/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

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M. Albert Desmedt, Maire d'Halluin remettant un prix à M. Maurice Mahieu.

(photo n° 112)

 

La Lys libérée en Septembre 1944

Des F.F.I. au Hameau des Bois,

 ou la Résistance Bousbecquoise. 

 

Récit, dans la presse locale, des opérations menées en septembre 1944 par les résistants bousbecquois, racontés par l’un des leurs : René Gryspeerdt, en septembre 1984 soit quarante ans après.

  

Comme la plupart des autres communes de la vallée de la Lys, Bousbecque a connu des journées agitées au début de septembre 1944. Si l’histoire avec un grand « H » ne s’est évidemment pas dénouée de façon déterminante dans la commune, ses habitants y ont cependant pris part, et certains l’ont même payé de leur vie, à l’image de Léon Six.

 

Voici le récit de l’un des témoins directs de ces opérations : René Gryspeerdt, disparu en 1983,  qui fut l’adjoint direct de M. Albert Desmedt chef des F.F.I. bousbecquois. Après une grave blessure de celui-ci, ce fut en effet à René Gryspeerdt que revint la tâche de rédiger le compte rendu officiel des engagements menés dans la commune.

 

Ce document étonnant fut adressé par le commandant Arthur Malfait, chef de mission et liquidateur national du réseau Sylvestre ex-WO. Ce texte est livré à l’état brut, tel qu’il a été rédigé juste après la libération. 

 

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Sur le toit d'un char allemand capturé,

des FFI bousbecquois défilent dans les rues de la commune.

(Photo NE DD 13460  n° Img 389)

 

Compte rendu des opérations du Dimanche 3 septembre 1944, 11 h :

 

Quelques groupes de soldats allemands en armes sont signalés dans la campagne. Nous décidons une expédition dans le but de se saisir d’armes. Six hommes : Albert Desmedt, René Gryspeerdt, Albert Ostyn, Constant Vandamme, Georges Huyghe et Jean Hollebecque armés de trois revolvers tentent l’opération.

 

Un groupe de cinq Allemands est aperçu au hameau des Bois, après deux kilomètres de poursuite, trois des nôtres les doublent en bicyclette et s’aperçoivent qu’ils sont bien armés : une mitraillette et trois pistolets.

 

Les Allemands voyant la manœuvre bifurquent dans les champs. Nous regroupons les forces et décidons d’essayer de parlementer, arrivés à 60 mètres d’eux ; nous nous efforçons de les convaincre que la guerre est finie et de l’inutilité de résister, ils semblent acquiescer et viennent vers nous sans cependant se rendre, nous sommes près d’eux et d’un geste bref nous les désarmons.

Emmenés prisonniers au village, dans une salle des écoles libres, ils sont gardés la nuit par un groupe de F.F.I. qui fait bonne garde. 

 

Compte rendu des opérations du lundi 4 septembre 1944 :

 

Durant la journée, surveillance permanente du secteur. A 18 heures, on signale l’arrivée d’un groupe de 60 S.S. bien armés venant de Comines et Wervicq. Les forces sont groupées et les hommes disponibles et armés sont disposés aux points névralgiques. Les ordres sont formels de ne pas tirer vu l’importance de l’ennemi.

 

Arrivés à l’usine Leurent lieu de retranchement des F.F.I., le chef Albert Desmedt sans armes apparentes agita un mouchoir et fit signe au chef allemand qu’il désirait parlementer. Celui-ci un lieutenant S.S. fit lever les bras aux premiers rangs de sa troupe en signe d’acquiescement.

 

Albert Desmedt s’avança vers les ennemis, suivi de 2 F.F.I. Robert Debuf et Henri Leuridan. Aussitôt les Allemands baissèrent les bras et mirent les Français en joue, les traitant de terroristes et les menaçant de mort immédiate.

Ils en décidèrent autrement et mirent les patriotes devant la colonne en ajoutant un autre membre Léon Six.

 

Précédés des quatre prisonniers et sous la menace de leurs armes, les Allemands reprirent leur route vers Halluin, non sans avoir ramassé encore un civil Auguste Claeis qui, grâce à un papier signe de l’O.K., est relâché.

 

Arrivés au poste d’Halluin frontière, les F.F.I. d’Halluin alertés auparavant ont organisé l’opération de sauvetage des nôtres. Ils leur font signe de se coucher, deux des nôtres se couchent immédiatement, mais les deux autres Albert Desmedt et Léon Six sont lâchement abattus dans le dos par les Allemands.

 

A ce moment un groupe de F.F.I. de Bousbecque qui a suivi la colonne entre en action derrière les Allemands, pendant que les forces d’Halluin et Menin font face à la colonne.

Mais un tank allemand intervient et oblige les F.F.I. de se retirer.

Les Allemands profitant de cet appui puissant, se dispersèrent vers la Belgique en emportant leurs victimes.

Grâce à l’intervention en pleine bataille de notre aumônier l’abbé Wulstecke, les deux blessés sont immédiatement emportés au poste de secours, où le Docteur Dereu apporte les premiers soins.

 

L’arrivée rapide du docteur Devriendt de Bousbecque et de notre camarade André Lepoutre avec leurs voitures permettent une évacuation rapide des blessés vers Tourcoing.

 Avec le concours du Docteur Devriendt, le docteur Lengrand et l’hôpital de Tourcoing l’impossible est tenté pour sauver nos grands blessés.

 

Léon Six succombe dans la nuit et Albert Desmedt, moins gravement atteint, semble hors de danger.

  

Compte rendu des opération du mercredi 6 septembre  1944 : 

 

De fortes colonnes allemandes sont signalées en Belgique, sur la route de Menin à Wervicq face à Bousbecque.

Vers 19 heures nous entrons en rapport avec les F.F.I. de Wervicq (Belgique) qui craignent ne pouvoir conser ver sept prisonniers capturés par eux.

 

A 20 heures, nous aidons au passage au travers de la Lys, par des moyens de fortune, nous prenons possession des prisonniers et les dirigeons dans la voiture d’un de nos camarades au P.C. de Tourcoing. 

 

8/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

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