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Evénements

 

Grimonpont 00757

Ets Sion, rue Pasteur, en 1930.

 Une nouvelle machine  allemande  de teinturerie

 avec M. Achille Grimonpont à droite.
(ARPH DD 33150  n° gri)
 
La Libération d'Halluin - Septembre 1944 :
 
 

Un samedi tragique : le 2 septembre 1944,

raconté par un otage, M. Achille Grimonpont. 

 

Comme toutes les villes du Nord de la France, Halluin a connu son occupation et bien entendu sa Libération, au matin du 6 septembre 1944. Les quatre jours qui précédèrent cet évènement furent eux aussi exceptionnels dans l’histoire de la ville.

 

Le retour, sur ces évènements inoubliables, nous permet de se remémorer ou découvrir le visage de la ville à cette époque.  C’est pourquoi, il me semblait essentiel de retranscrire l’histoire de la Libération d’Halluin, grâce aux différents témoignages de plusieurs Halluinois qui ont vécu cette période douloureuse.

Voici le récit (presse locale) très détaillé de  M. Achille Grimonpont qui habitait alors au 193, rue de Lille, et qui fut pris comme otage avec son épouse et ses deux filles Marie-Louise et Denise.

M. et Mme Achille Gimonpont  sont aussi  les parents des trois frères  : Achille, Augustin et Paul.

 

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 De gauche à droite : Paul et Augustin Grimonpont

accompagnent leur frère Achille (chapeau)

dit "Chilot" le peintre halluinois invité de l'émission

de Patrick Sabatier sur TF1, en novembre 1991.

(Photo DD 13467  n° Img 135)

 

Faits décrits dans le carnet personnel

de M. Achille Grimonpont :

 

 

«Halluin les 29, 30, 31 août et le 1er septembre 1944. L’armée allemande fuit à toute vitesse sur les grandes routes du Nord pour fuir vers la Belgique. Les Allemands sont pressés et ne demandent qu’à regagner l’Allemagne quoique trop tard.

Ils étaient déjà cernés de partout à la grande joie de toute la population du Nord, joie qui ne faisait qu’augmenter à la vue du nombre de voitures, et de différentes troupes qui fuyaient par nos routes.

Malheureusement, le 2 septembre fut pour nous un samedi tragique. Vers 10 heures, deux camions allemands sont en panne, l’un face à la rue Pasteur, l’autre au coin de la rue du Forage. Ils ne pouvaient plus être réparés, les Allemands ayant fait sauter les moteurs à la grenade, ce qui a mis le feu aux deux véhicules.

Celui qui faisait face à la rue Pasteur devient la proie des flammes, vision assez lugubre à observer, mais ce n’était rien à côté de ce qui devait se passer quelques heures après.

Vers 13 h30, les FFI commencèrent à tirer dans toutes les directions, de quoi paniquer tous les habitants du quartier. Les Allemands devinrent plus menaçants. Des coups de feu furent tirés alors que ni Allemands, ni voitures ne passaient sur la route. Quelques balles sifflèrent à mon oreille, preuve que l’on tire à la bonne franquette.

Vers 16 h 30, un convoi arrive, formé d’autos et canons antichars. Entendant des coups de feu, les Allemands stoppent, prennent leurs armes, braquent leur petit canon et ce fut la bataille.

Deux morts du côté allemand. Fous de rage, ils firent sortir tous les habitants de la rangée, nous menacent de leurs armes papa, maman, Marie-Louise, Denise, placés devant voitures et canon pour empêcher que les FFI tirent sur eux.

Nous, nous étions devant, et, servant de cible, bien des balles sifflèrent à nos oreilles, grâce à Dieu, nous avons été privilégiés, malheureusement une victime, Arthur Dennetière fut tué.

Après 20 minutes, les tirs ont cessé. Le convoi allemand reprend sa route, tous les civils assis sur le devant du camion. Arrivé au grand bureau des douanes, le convoi stoppe à nouveau et c’est là que Jean Parent, regardant du haut, persiennes basses, nous a vu assis sur le camion.

C’est à ce moment-là que Charles Windels fut tué, sans doute après avoir esquissé un geste de fuite, un soldat allemand l’a abattu dans sa cuisine. Quelques minutes après, le convoi s’est remis en route jusqu’à la place de Menin (B). Nous avons reçu quelques coups de revolver, mais le convoi ne s’est pas arrêté.

 

Nous avons été conduits jusqu’à mi- route de Dadizeele, là, le convoi s’est arrêté, les soldats blessés furent soignés et quelques minutes après, Denise est allé supplier l’officier de bien vouloir nous laisser partir. L’officier répondit que deux voitures devaient arriver et qu’après nous serions libres.

Grâce à Dieu, quelques minutes après, minutes qui nous parurent insupportables, les deux voitures s’arrêtèrent et de suit l’officier donna l’ordre de nous laisser partir.

Transis de froid, moitiés vêtus, nous sommes revenus à pied et nous avons passé la nuit au café de la Carpe à Menin. Très bien reçus, nous avons soupé et passé la nuit dans un bon lit où bien sûr il nous fut impossible de dormir une seconde.

Dès le petit jour, nous étions debout, nous avions hâte de revoir la maison sachant que toutes les portes étaient ouvertes, et que nous étions sortis la veille, laissant le gaz allumé.

Là encore Dieu nous a protégé, le feu que les Allemands avaient allumé à la maison ne s’est pas propagé. La maison à côté de Léon Vandewalle toute enflammée, éveilla Augustin et Paul qui, regardant de chez eux, déduirent que le feu était à la maison.

N’écoutant que leur courage, c’est en rampant à travers le jardin public, car il y avait danger on tirait de toute part, ils arrivèrent juste à temps pour sauver la maison. Restant toute la nuit jusqu’à ce que tout danger soit écarté.

Ayant su par Mme Millebeo que nous étions enlevés par les Allemands, ils se mirent à notre recherche, et ce n’est que vers 8 h 30 qu’ils eurent la grande joie de nous voir sains et saufs.

Rendons tous ensemble reconnaissance à Dieu, à sa divine Providence et nous, parents, nos plus sincères remerciements à tous nos enfants qui, à notre retour, ont été admirables pendant notre séjour chez eux.

Halluin, le 4 septembre 1944 ».

  

A ce témoignage nous pouvons rajouter celui de M. Jean-Claude Deleurence

(en septembre 1994), qui a retenu les propos de sa mère à cet égard :

 

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Jean-Claude Deleurence

Ancien adjoint au Maire d'Halluin

de 1977 à 1983.

(Photo Mairie DD 13465  n° Img 111)

 

« Le 2 septembre, les Allemands se replient sur la Belgique ; deux camions militaires se dirigent par la rue de Lille vers la frontière, quand soudain des tirs de fusils se produisent en provenance des toits situés aux alentours de la poste actuelle.

Les soldats allemands pris de panique, arrêtent le convoi et jettent une ou plusieurs grenades incendiaires dans la maison située 195, rue de Lille, le domicile de mes grands parents, M. et Mme Vandewalle.

 

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Le 2 septembre, les Allemands en retraite jetaient

des grenades incendiaires dans une maison, rue

de Lille, chez M. et Mme Vandewalle.

(Photo VdN DD 13443  n° Img 304)

 

Ils alignent les habitants de la rangée de maisons face au jardin public pour les fusiller. L’abbé Lemaitre dispense l’extrême onction. Au moment fatidique, un felgendarme ordonne de disposer les otages sur les camions pour protéger les militaires allemands.

Au moment où le convoi redémarre, Arthur Dennetière est abattu d’une rafale de mitraillette. Ma mère, Irène Deleurence, se trouvait au même endroit que la victime sur le second camion.

Les otages furent relâchés sains et saufs à Dadizeele et regagnèrent Halluin à pied.  

La maison de mes grands parents fut entièrement détruite par le feu, la collection de tableaux de mon grand-père, qui avait réussir à fuir par le jardin public, fut totalement anéantie ».

 

Voir aussi... cliquez ci-dessous :

Libération Halluin 1944 (Récit des Frères Grimonpont en Sept. 1994).

4/9/2010  - 3/9/2012

Commentaire et Photos :  Presse - ARPHalluin - Daniel Delafosse 

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Le Comité de Libération d'Halluin, en Septembre 1944 :

 qui s’est installé à la Mairie d’Halluin est composé comme suit :

 André Bléhaut (Front National), André Deprétère (Forces unies de la Jeunesse Patriotique),

 Henri Dereus (Parti Communiste), Pierre Detaevernier (Confédération Générale du Travail),

 Monique Dujardin (Union des Femmes Françaises), 

Albert Myngers (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens),

 Gérard Verkindère (Parti Démocrate Populaire).

(photo n° 3036)

 

La Libération d'Halluin - Septembre 1944 :

 

Le Décès de M. André Deprétère...

Dernier membre du Comité Halluinois de Libération. 

Récits parus dans la presse locale.

 

Alors que de nombreux Halluinois se souviendront ce samedi 4 septembre 2010 de la libération d'Halluin en 1944, on a appris (N.E) ce 1er septembre  la disparition d'André Deprétère.

 

Roland Verkindère, historien local, lui rend hommage : « André Deprétère nous a quittés. C'était jusqu'à aujourd'hui le dernier représentant encore en vie du Comité local de libération. Ami d'Alfred Simono il avait en 2004 rappelé avec Alfred ce qu'avaient été pour les jeunes des années 40 l'occupation et la Libération d'Halluin. André était un instituteur de grande compétence. Son épouse a été directrice d'école à Bousbecque. Avec Pierre Desmedt, Alfred Simono et Albert Verhellen, André Deprétère avait reçu des mains de Jean-Luc Deroo, maire, la médaille de la ville en 2004. »

 

Né à Halluin, le 5 mars 1923, M. André Deprétère est décédé à Lille le 1er septembre 2010. Il sera incinéré au Crématorium de Wattrelos, le lundi 6 septembre 2010 à 15 H. 

 

Il y a 66 ans, jour pour jour, le 6 septembre 1944, cinq chars anglais arrivent, rue de Lille, venant de Mouscron à Menin (B)... Halluin est libérée, les cloches sonnent, il est 11 H 45 !

 

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Arrivée des chars anglais, rue de Lille Halluin - 6 septembre 1944.

(Photo n° 7309)

André Deprétère se confie en Septembre 2007 ...

 

En septembre 2004, Alfred Simono était assis aux côtés d’Albert Verhellen, André Deprétère et Pierre Desmedt. Ces quatre résistants recevaient la médaille d’or de la ville, soixante ans après la libération.

 

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De gauche à droite : en septembre 2004,

Pierre Desmedt, Alfred Simono, Jean-Luc Deroo Maire d'Halluin,

Albert Verhellen, x, André Deprétère.

(Photo NE DD 13480 n° Img 111)

 

Après la disparition d’Alfred Simono, André Deprétère est (en 2007) désormais le dernier survivant du comité de libération d’Halluin en 1944. Ami intime de « Fredo », il revient sur les liens qu’il a tissés avec cette grande figure de la résistance halluinoise.

 

André Deprétère vit à Lille mais il n’a rien oublié des relations nouées avec Alfred Simono, disparu jeudi 9 août 2007 à l’âge de 84 ans :

« Je l’ai rencontré en 1929-1930 et je l’ai connu davantage en 1939, on usait les mêmes bancs du lycée Gambetta avec un ami commun, M. Kok des meubles du même nom » se souvient-il.

 « Alfred Simono a intégré la Résistance durant l’été 1943 lors d’un camp de vacances à Lille où il a été recruté. Il a intégré les FTP avant de rejoindre ensuite les FFI. 

(...) Lire la suite (Cliquez ci-dessous).

 

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Camp de Vacances : les monos Emile Cornil, Jean Verkindère,

Jacques Descamps, André Degryse, Adrien Drouart.

(Photo n° 1669

La Libération d'Halluin - Septembre 1944 :

Le récit de l'Abbé Emile Cornil.

Le départ des Allemands :

 Depuis le mercredi 30 août 1944, les Allemands pensent au départ un peu partout. Et durant 3 jours et 3 nuits, surtout pendant les nuits, des camions et des autos descendent calmement la rue de Lille vers la Belgique.

 

Evidemment, certains trouvent intelligents de s’arrêter devant la maison de Madame Cornil pour en réveiller les habitants. Leur langue élégante et très douce est comme chacun sait, bien faite pour bercer les dormeurs. Mais leurs gosiers ne laissent échapper que des jurons et des injures. Nul n’a le courage de chanter. D’autres convois aussi nombreux viennent d’Armentières par la rue de la Lys. 

 

A certains moments, les autos (la plupart ne sont pas camouflées pour tromper les avions mitrailleurs), se suivent à quelques décimètres de distance.  Certaines crèvent par suite des clous semés par les Patriotes.   Les Allemands ne trouvent rien de plus simple que de prendre les pneus des civils.  La morale de cette histoire découle logiquement : on ne sort plus en auto, donc plus de transports.

 

Tous les Allemands résidant à Halluin évacuent aussi. On brûle les papiers : chez mon oncle Maurice, les Allemands brûlent des papiers pendant douze heures, préparent les bagages et en pleurant (pressentant que c’est définitif), et partent »via Berlin ». Ceci prouve leur attachement à la France et le désir sincère de collaborer ! Ah ! Les braves gens !

 

On commence déjà à ce moment à plaisanter et à espérer. Mais ceux qui parlent de la Libération pour le 2 septembre sont des optimistes, sinon utopistes. Et pourtant… presque !...

Autre aperçu de cette période : les Anglais mitraillent. Il ne faut rien exagérer. A Halluin et aux environs ils ne sont venus que trois fois.

 

D’abord sur la route de Bousbecque. Ils y attaquent un camion automobile qui vient vers Halluin. L’avion tourne plusieurs fois autour du camion. En voyant qu’il ne s’arrête pas, il tire : c’était un camion de la maison « Mestdag » résultat : un blessé grave. Puis au château Six du Mont.

 

Enfin sur la route Lille-Halluin, une voiture brûle. Les Allemands ont réussi à se sauver. Un petit enfant est blessé. Mais les Allemands ont très peur des avions (la plupart du moins). Ils se cachent tout de suite. En face de la maison de la rue de la Gare, 9 Allemands poussaient une baladeuse contenant quelques sacs. Des avions survolent et renversent la charrette et s’enfuient. Nombreux éclats de rire !..

 

La population est très calme cependant. On attend et applaudit aux avances anglaises. On voudrait avoir des nouvelles à tous moments et elles pleuvent : on a dit les Anglais à Beauvais, Amiens, Abbeville, Arras… ensuite à Creil, sur la Marne… déception !... Bientôt c’est pour de bon. Hourrah ! On apprend que les Allemands se retireront chez eux sans se défendre. Enfin, énervement mais sans grande manifestation.

 

Vendredi 1er septembre 1944

Le matin les camions continuent de circuler. Bientôt la douane est abandonnée par tous les douaniers allemands, belges et français.

Au patro, l’abbé Beddelem congédie les enfants un peu avant l’heure, après leur avoir appris en sourdine « La Marseillaise ». Il leur promet la Libération pour le dimanche à

4 h 30, et leur recommande de ne pas sortir de leur maison pendant les jours suivants, parce que dit-il « vous pourrez me chercher, vous ne me trouverez pas, je ne bougerai pas ».

 Le soir tout est calme. Le nombre des voitures diminue un peu.

 

Samedi 2 septembre 1944

Calme relatif pendant toute la matinée. Mais déjà vers 11 heures, les camions passent garnis de deux Allemands sur les garde-boues avant, l’arme prête à tirer.

Les motocyclistes sont armés de revolvers. A 11 heures les Allemands tirent un peu dans les fenêtres en passant. Ils vont d’ailleurs très vite.

Une balle tombe dans l’imposte du bureau de la maison. Résultat un carreau cassé, un rideau troué et la balle sur le tapis. On ne remarque le coup dans l’après-midi seulement. Ceci nous empêche de nous énerver.

 

Durant toute la matinée, on assista à un spectacle assez amusant. Des groupes de badauds stationnent en face de la maison au coin de la rue de Lille, et de la rue de l’Eglise. Une auto apparaît au loin, et rapidement tout le monde court se cacher derrière la mairie. L’auto est passée sans tirer (ou en tirant) et chacun prudemment s’aventure jusqu’au poste d’observation si cher à tout Halluinois (qu’il soit communiste ou ….séminariste) et ainsi jusqu’à 13 heures.

 

13 Heures 

Marie-Madeleine après quelques hésitations, se décide à aller chercher du lait au Mont. En passant devant la cité Cornil, elle apprend que la Mairie et le Commissariat de police d’Halluin ont été pris par les F.F.I.

Pourtant rien de spécial ne s’était produit avant son départ. Elle revient rapidement et remarque que c’était un bobard. Néanmoins, peut-être se passera-t-il quelque chose d’ici peu de temps ; en effet, les Allemands se montrent de plus en plus vigilants à leur passage dans Halluin.

 

14 Heures

Maman part à l’église, puisque tout demeure calme, pour une cérémonie du Grand Retour.

 Bientôt Marie-Madeleine et moi qui étions au magasin, voyons quelques hommes rentrer dans le commissariat de police sis rue de Lille en face de « La Plume » (Tiberghien) à côté de chez Mahieu. Comme toujours il y avait un attroupement en face de la maison.

 

Bientôt un « Pétain » qui se trouvait à la porte du commissariat vient avertir ces personnes de partir parce que le coup dur se produira bientôt. Les gens quittent à regret leur coin. Des camions Allemands passent encore, mais moins nombreux, nous baissons les persiennes.

 

14 Heures 10

Une auto de croix rouge Allemande passe. Ce n’est pas une ambulance, mais elle contient des pansements. Du commissariat sortent une dizaine d’hommes dont quelques uns seulement sont armés : un fusil, quelques revolvers. Le réservoir d’essence de la camionnette est percé et l’auto s’arrête sur le mur du « Violon d’Or ».

 

16 Heures 30 

Quelques camions allemands passent. Les F.F.I. jugent prudents de se retirer, n’étant pas assez nombreux. Mais les camions s’arrêtent ; les Allemands descendent, crient des ordres et bientôt une fusillade commence dans les rues de la Gare, de Lille, et de l’Eglise.

 

Un char arrive bientôt, monte la place de l’Eglise et tire sur l’église un coup de canon près du portail gauche. Des vitres volent en éclat : boucherie Graye surtout. Les Allemands essaient de faire sauter un pan  de mur à la mairie ; une forte détonation se produit, des glaces se brisent ! Nous pensons que c’est celles de la rue de l’Eglise. Mais c’étaient les glaces de chez Dumortier et Couzineau.

 

Pendant ce temps il se passe une chose horrible en haut de la rue de Lille.

Des Allemands, sachant que les F.F.I. tirent sur les camions dans Halluin, s’arrêtent devant le terrain de football ; Ils rentrent dans quelques maisons et emmènent des personnes : femmes et enfants entre autres.

Marguerite Dassonville Carton (Albert était parti se cacher un peu plus loin) Madame Lemaitre, les filles et petits enfants ; Monsieur l’abbé Louis Lemaitre, Mademoiselle Marthe et d’autres. Tous ces gens sont réunis, et après les avoir laissé attendre un moment au pied d’un mur (peur d’être fusillés) kes conduisent sur leur camion en leur disant

 

« Si ces cochons de Français tirent sur nous, vous y passez TOUS »

 Pleurs, lamentations, essais d’attendrissement, mais rien à faire. Marguerite passe devant chez elle, et sans plus réfléchir aux conséquences de son acte se précipite chez elle et s’enfuit.

Les Allemands n’ont rien vu, heureusement pour elle. Tous ces otages emportés à allure lente passent sans encombre Halluin, Menin, Dadizeele. Les Allemands trouvent génant d’avoir des « brayous » avec eux, et ils laissent partir tout le monde. Ces personnes dorment à Menin et sont revenues le dimanche matin à Halluin.

 

Au moment de monter dans le camion, Monsieur L’abbé Lemaitre donna l’absolution générale.

 De plus dans le même quartier, les Allemands mettent le feu à une maison dans l’espoir d’anéantir toute une rangée d’habitations. Heureusement une seule maison brûla. Le feu pût être combattu.

 

18 Heures 

Les derniers Allemands maîtres d’Halluin s’en vont, et les F.F.I. reviennent ; ils ont tué 2 Allemands et en ont fait 5 prisonniers. Les gens sortent de chez eux. En entendant la langue Française parlée dans les rues, nous remontons de la cave pour voir les dégâts : 14 fenêtres cassées, 2 plafonds éraflés, 3 trous dans le mur, un placard de la chambre percé de 3 ou 4 balles. Dehors c’est le calme.

 

Parfois un coup de feu nous avertit d’un danger possible. On entend parfois le silence (ce qui est rare) c’est un Allemand qui approche. Bientôt un F.F.I. crie « Halte » et l’Allemand se rend en jurant.

 Nous soupons en haut et aménageons un matelas dans la cave pour la nuit. On enlève les rideaux pour qu’ils ne soient plus troués. Nous descendons de temps à autre à la cave, mais c’est toujours, à partir de ce moment, pour des alertes bénignes.

 

Dimanche 3 septembre 1944

6 Heures 15

Les cloches sonnent pour convier les gens à la messe comme d’habitude. Dehors un peloton de F.F.I. garde la rue de l’Eglise. Quelques rares Halluinois, venant des endroits où rien ne s’est produit la veille, vont à la messe. Une tasse de bon café nous réconforte.

 

7 Heures 30

Les F.F.I. défendent de passer par la rue de l’Eglise. Nous décidons de ne pas sortir. Tant pis pour la Messe. Nous la lisons chacun. Pourtant rien ne se produit dehors. Calme relatif.

 Après plusieurs heures, nous décidons sur conseil des F.F.I. de quitter la maison.

 

14 Heures 45

La mairie met ses drapeaux : français, russe, américain, anglais. Tout le monde dans les petites rues arbore son drapeau aussi. Tante Madeleine le met.

Mais les Anglais n’arrivent pas. On les dit aux environs de Lille seulement. Nous essayons de retourner chez nous. Mais il y a trop de bruit, de cris. Petit à petit les drapeaux disparaissent, et on attend.

 

Lundi 4 septembre 1944 

 Grand espoir déçu encore aujourd’hui. Nous allons à la messe, au salut. Rien à signaler. On dit le soir que les Anglais seront là entre 18 heures et 21 heures. Mais on se couche sans les avoir vu. Nous appréhendons la nuit :

 

Un char allemand est passé rue de la Lys ; Il avait pris quelques F.F.I. à Bousbecque comme otage et les avaient placés sur le char. Un coup de fusil est tiré près de la Douane par un F.F.I. d’Halluin.

Ce coup évidemment inefficace mis en rage les Allemands qui tirèrent à bout portant sur les 3 otages : 2 sont morts, un autre fut légèrement blessé.

Si le char revenait à Halluin, on dit qu’il est parti en Belgique. Enfin à la grâce de Dieu. C’est une femme Allemande qui commandait le char.

 

Mardi 5 septembre 1944

La nuit s’est bien passée. Mais les nouvelles sont mauvaises. Les Allemands du char ont été délivrés des « chemises noires » de Menin (B) et ensemble ils commencent à démolir et à piller les habitations des « chemises blanches ».

 

Ce sont des représailles : la veille la population de Menin avait littéralement déménagé les maisons des « chemises noires » connues et avaient tout mis en pièces.

Vers midi, on apprend que les Allemands ont repris Menin et avancent vers Halluin. Il y en a rue de la Lys, rue Basse à 700 mètres de la Mairie d’Halluin.

Alarmés, les F.F.I. téléphonent et envoient chercher du secours. Beaucoup abandonnent le brassard qu’ils avaient été si fiers de porter Dimanche.

 

Au coin de la rue de Lille et de la rue de l’Eglise, les F.F.I. inscrivent un grand « S.O.S. » en espérant que des avions anglais le verront. On apprend que trois tanks anglais se trouvent à Bondues sans travail. Ils attendent des ordres. Angoisse. Des F.F.I. de Roubaix-Tourcoing arrivent avec des canons. Bientôt des avions anglais survolent, par plusieurs fois, l’endroit où se trouve « S.O.S. » Espoir !

 

19 heures 30 

 Une estafette anglaise arrive à la Mairie et annonce des renforts dans une demi-heure. Mais bientôt arrive un camion anglais qui, vue la situation juge plus prudent d’attendre les chars.

 La nuit est un peu mouvementée. On s’attend à tout instant à entendre les Allemands.

 

Mercredi 6 septembre 1944 

 Les premières heures de la journée sont troublées par des coups de feu.

 

6 Heures

Explosion formidable : c’est le pont de Menin que les Allemands ont fait sauter et on apprend qu’ils se sont repliés derrière la Lys. On respire !

Mais on annonce encore des colonnes de SS à Wevelgem, Wervicq. Quelques Allemands sont encore au bois Gratry.

 

On se tranquillise pourtant. On dit que, paraît-il, il y a eu quelques chars anglais qui sont venus de Mouscron à Menin. Le calme se rétablit un peu.

 Et bientôt défile rue de Lille, venant de Menin, 5 chars anglais qui ont nettoyé la place.

 

Acclamation. Les troupes alliées sont là !

Comme prévu les clochent sonnent. IL EST 11 Heures 45 !

 

Le défilé et la vie d’Halluin libérée

11 Heures 45

Une foule de gens descend vers la place de l’Eglise. Les drapeaux sont sortis, les drapeaux français, anglais, américains, belges et russe.

 

Les Anglais seuls n’ont fait que passer. Marie-Madeleine a vu les premiers chars qui ont été copieusement acclamés, et avaient bien de la peine à avancer. Tout le monde est heureux

 Et bientôt on annonce un discours à la Mairie. Les gens se massent face au balcon et attendent patiemment.

 

12 Heures 15

Les cloches se taisent et apparaît au balcon de la Mairie le Comité local de la Libération. On entend quelques discours, on félicite les résistants, et on chante les hymnes anglais, l’Internationale et La Marseillaise.

Le chef des F.F.I. est acclamé.

 

15 Heures

Défilé avec la Philarmonie, les F.F.I. les F.T.P., les anciens combattants.

 

17 Heures

On entend du haut du clocher où se trouvent des observateurs : « Un convoi rue de Lille vers Halluin ». Est-ce des Allemands ? Non ce sont des Anglais, et pendant plus de 3 heures les Anglais passent.

 

Délire. On embrasse, on parle aux Anglais.

Et le soir nous sommes tous très heureux de nous savoir enfin libérés.

Pendant la canonnade on a eu peur. Mais à partir du lendemain, c’est le calme absolu.

 

C’est la joie. VIVE LA FRANCE.

7/8/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

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En 1944, une voiture -citroën- de FFI,

avec drapeau tricolore, victime d'une crevaison. 

(en face de l'école Sainte-Marie et de la Mairie, place de l'Eglise). 

 (photo n° 3020)

 

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

  

Le 2 septembre 1944, les résistants entraient en action,

quatre jours pour libérer Halluin. 

 Récit paru dans la presse locale en 1994.

Ils avaient tous à peu près vingt ans lorsqu’ils sont devenus les témoins et les acteurs, les artisans même parfois de la Libération d’Halluin.

Pendant quatre ans, ils ont connu leur ville prise dans les chaînes de l’occupation  ennemie. Il s’agissait donc pour eux de relever un défi juste et suprême : rétablir la situation d’avant la guerre, et redonner la liberté à leurs concitoyens ;

 Pour ce faire évidemment, la population ne pouvait compter que sur sa jeunesse encore présente en ville. Celle-ci était en effet souvent clandestine et engagée dans les Forces Française d’Intervention.

 

En 1994, cinquante ans plus tard, les jeunes de ce temps ont maintenant l’âge de se remémorer cet épisode particulièrement marquant  de leur vie. Chacun enrichit la mémoire collective d’un détail qu’on croit insignifiant. C’est pourtant grâce à eux que l’on peut reconstituer les faits et l’ambiance qui régnaient alors.

 

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Alfred Simono (1923 - 2007)

Chevalier de l'Ordre national du Mérite.

Lieutenant FFI-FTPF

Capitaine honoraire des troupes de Marine

Président d'honneur de l'ARAC Halluin.

(Photo DD 13485  n° Img 071)

 

Alfred Simono avait tout juste 21 ans à l’heure où de terribles responsabilités pesaient comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de jeunes garçons et filles sortis de l’adolescence pour entrer dans la Résistance ou simplement « entrer en patriotisme » par conviction mais aussi presque par instinct de survie. 

 

Pas de « collabos »

 

« On peut dire qu’à Halluin, il n’y avait pas de collaborateurs pendant la guerre », souligne cet ancien engagé F.F.I., ce qui évidemment à faciliter la tâche de tous ceux qui sont venus se joindre au petit groupe de Résistants de la première heure, pour libérer définitivement leur ville et leur pays en précipitant la fuite des Allemands.

 

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Le groupe des Halluinois ayant pris part aux combats de la Libération.

Cliché historique du 16 septembre 1944, 

dans les jardins de l'Union Patronale, rue de Lille.

(Photo n° 3044) 

 

« Le samedi 2 septembre, un mouvement spontané s’est produit parmi les jeunes d’Halluin, et pendant deux jours nous n’avons pas dormi ».

 Le but étant de maintenir la pression sur les convois allemands en direction de la Belgique, pour les faire fuir plus vite en tirant depuis les maisons.

En tout, ils sont plus d’une centaine à avoir eu le courage d’agir pour faire triompher le patriotisme, que ce soit en tirant sur les colonnes blindées avec des pistolets impuissants face à l’artillerie allemande, ou en cachant chez soi des Résistants clandestins. 

 

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Le groupe des FFI - FTP d'Halluin. 

Le 16 septembre 1944, tous les Halluinois,

 ayant pris part aux combats de la Libération,

se rassemblent dans les jardins de l'Union Patronale,

 pour une unique photo.

 (photo n° 3655)BD11918

La libération d’Halluin - Septembre 1944 :

Témoignages de FFI ou de FTP,

 extraits d’articles ou de livres :

sur le film des évènements, du 2 au 5 septembre 1944.

Récit  intégral publié dans la presse locale en  septembre 1984 :

 

"Dans cette enquête, nous avons cherché à diversifier les sources au maximum, car il n’y a pas une grande Histoire toute simple mais plutôt de petites histoires parcellaires qui finissent par former un tout dans la mémoire collective.

 

Cette page n’a bien entendu pas la prétention de raconter ce tout, nous espérons simplement donner un coup d’éclairage sur cette période particulièrement chaude de l’histoire halluinoise, à l’intention de ceux qui l’ont vécue mais aussi bien sûr de ceux qui la découvriront.

 

Dans le courant de cette enquête, nous avons reçu l’aide ou le témoignage de nombreux habitants d’Halluin et de la Vallée de de la Lys, soit qu’ils aient accepté de témoigner, soit qu’ils aient voulu nous confier des documents ô combien précieux.

Qu’ils en soient ici vivement remerciés. Citons notamment pour Halluin : MM. Gérard Degavre, Albert Desmedt, Alfred Simono… ".

  

 « Les combats à Halluin, à la Libération, il y en a eu un peu partout : à la douane, au cimetière, au Labyrinthe. FTP, FFI, W.O se sont battus, souvent séparément, ont eu des tués. Cela a duré plusieurs jours. Et nous sommes nombreux à en avoir vécu… un petit morceau. Il est donc très difficile de se faire une idée globale de tout ce qui a pu se passer ».

 L’ homme qui parle s’appelle Alfred Simono. En septembre 1944, il était le chef des « Francs-Tireurs-Partisans » halluinois.

 

Son corps franc a participé directement à plusieurs actions de harcèlement sur les colonnes allemandes qui se repliaient via Halluin. Mais, comme beaucoup d’anciens résistants M. Simono ne parle de cette période agitée de sa vie qu’avec certaines réticences.

Non qu’il en ait gardé un mauvais souvenir, au contraire. Le sentiment de participer à quelque chose d’historique et d’exaltant contrebalance, quarante ans après, la peine ressentie à la pensée des camarades tombés au combat.

 

Et M. Simono en a vu quelques-uns disparaître sous les coups des nazis, lui dont le cousin Maurice a été froidement abattu au carrefour du Labyrinthe, en compagnie de Jean Fiévet et Jules Devos le 2 septembre 1044, lui qui a ramassé, dans le caniveau de la rue de Lille face à l’actuelle poste, le corps d’Arthur Dennetière otage halluinois « supprimé » par des SS à l’issue d’une escarmouche.

Lui  qui a connu personnellement Marthe Nollet, Polydore Delaere ou Michel Danset, autant d’Halluinois qui ont payé de leur vie la volonté populaire de ne pas laisser l’occupant se replier paisiblement sur des positions plus « confortables ».

 

Alors au moment de raconter, Alfred Simono préfère laisser la parole à un journal de l’époque, qu’il nous a sorti de ses archives personnelles et qu’il nous confie avec de bien compréhensibles recommandations.

On y lira ci-contre le récit très militaire de ces journées de septembre et le rôle des FTP, en gardant sans cesse en mémoire l’idée qu’il ne s’agit là que d’une vision fragmentaire, quoique précise, des évènements.

 

En revanche la mémoire d’Alfred Simono se fait accueillante le temps d’une anecdote fulgurante, à l’image de ces journées où le cours du temps a paru s’accélérer après les lourdes années de l’Occupation :

« Pour nous FTP, l’action de Libération d’Halluin a commencé le samedi 2 septembre avec la prise du commissariat de police, qui s’est passée sans problème car nous avions des gens dans la place… Même chose à la gendarmerie, puis nous nous installons au carrefour de la rue de Lille et de l’actuelle rue Marthe Nollet.

 

Le dimanche, une puissante colonne allemande motorisée s’amène en force. Nous n’étions guère nombreux, car divisés en quatre groupes aux quatre coins de la ville, et surtout nous étions encore à ce moment-là très insuffisamment armés. Inutile dans ces conditions d’engager un combat qui n’aurait servi qu’à nous faire massacrer. Mais nous n’avions pas le temps de finasser car ils nous avaient vus !

 

Ce sont des sœurs qui habitaient l’appartement situé au-dessus de chez Robert Degryse qui nous ont permis de nous enfuir. Elles nous ont fait passer par derrière et nous nous sommes retrouvés dans les jardins ».

 

« Nous continuons notre progression via l’arrière du commissariat de police, et nous nous retrouvons dans l’actuel bâtiment des Prud’hommes. Là, dans une salle une grande table était mise, assiettes et couverts. Et dans chaque assiette, un magnifique pigeon rôti !

Les Allemands qui occupaient l’endroit avaient dû s’enfuir sans demander leur reste, en laissant tout en plan.

 

 Nous sortions, faut-il le rappeler, de quatre années d’occupation qui n’avaient pas toujours été roses… Nous ne savions pas depuis combien de temps les pigeons étaient là, mais je peux vous dire que j’en ai piqué un au passage et que, tout en fuyant, je lui ai fait son affaire ! ». 

 

Par la grâce d’une religieuse…

 

En 1992, M. Michel Demeyer qui, membre de la police nationale, a été un des acteurs de cette « affaire du couvent » et a reçu la médaille de la Ville, la même année, raconte :

« En tant  que responsable du commissariat, j’avais pris mon service à 13 h 30 au lieu de 14 h, afin d’être présent sur les lieux, ayant été informé que l’attaque contre les troupes allemandes se repliant sur la Belgique se déclencherait à l’heure H (13 h 30).

 

Effectivement, le commissariat composé de quelques éléments sous mon commandement a été envahi par les résistants, dont M. Vandekerckhove, faisant son entrée avec un landau d’ enfant chargé d’armes et mon personnel a été mis à sa disposition.

 

Après bris de vitre et coupure de téléphone, d’autres Allemands en déroute ont essayé en vain de pénétrer au commissariat. Avec mes collègues MM Seynave, Brochard et Geerlandt ainsi qu’un soldat allemand dont j’avais la garde, nous avons franchi plusieurs murs de séparation pour trouver refuge au couvent, actuellement le magasin « Lysgaine ».

La mère supérieure, interpellée quelques minutes plus tard par un solda allemand armé et casqué au sujet de la présence de terroristes, a répondu par la négative.

 Le soldat a alors quitté les lieux sans nous avoir aperçu.

 

 Je rends ici hommage à cette religieuse » conclut M. Demeyere, qui par son mensonge et son courage, a sauvé la vie des soldats sans uniforme ».

 Le 4 Juin 1949 était inauguré une plaque commémorative, sur la façade du couvent (qui deviendra par la suite la maison de M. Degryse).

 

A propos de cette plaque, M. Michel Demeyer demandait d’ailleurs au maire le 28 février 1992, « de donner une place d’honneur à ce souvenir qui fait partie de l’histoire de notre ville ».

Satisfaction lui sera rendue, puisque profitant des transformations du magasin « Lysgaine », les services municipaux ont retiré la plaque de la façade pour la nettoyer. Avant de la remettre en place, comme neuve.

 

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Pour le reste, M. Simono admet que, si les résistants actifs n’étaient pas très nombreux pendant la guerre (« mon groupe franc comprenait exactement quinze gars »), les sympathisants eux, l’étaient beaucoup plus et furent souvent là pour donner un coup de main dans ces premières journées de septembre, certains le payant même de leur vie.

 

Tous ceux qui s’étaient battus furent d’ailleurs à la mi-septembre incorporés au 43e Régiment d’Infanterie, 4e corps 3e bataillon. Auparavant, tous ces Halluinois s’étaient rassemblés dans le jardin de l’actuelle Union Patronale, rue de Lille, pour une étonnante « photo de groupe ».

 

Quant à l’action du « corps Simono », on est prié de se reporter au récit de guerre publié dans cette même page. « ça, vous le raconterez bien mieux que moi,  conclut M. Simono. Vous savez, tout ce que je viens de vous dire, j’en parle très rarement, je ne sais même pas si ma propre femme est au courant… ».  

 

Voici le film des évènements du 2 au 5 septembre côté « FTP » tel que le retraçait le journal « Liberté » dans ses éditions de septembre 1945. 

 

Samedi 2 septembre (suite)

Les Allemands partis avec les otages ne relâcheront ces derniers qu’à Wevelghem.

 

L’accalmie qui suit est mise à profit pour installer provisoirement le poste de commandement du café du « Lion d’Or » place de l’Eglise et pour s’organiser pour la nuit. Quatre groupes sont formés. L’un prendra position au monument aux Morts, un second à l’usine Lemaitre, un troisième au Consortium, enfin le dernier au carrefour de l’Eglise. La nuit est assez calme.

 

Le dimanche 3 septembre

Est une journée relativement calme. une colonne d’infanterie allemande, interceptée à son passage, enregistre 4 morts dont un officier. Deux fusils sont capturés.

Un peu plus tard, une voiture de passage essuie également les coups de feu des F.F.I., les occupants sont blessés ou tués.

A Menin (B), les Allemands s’étant retirés, les A.B. emprisonnent toutes les chemises noires, au beffroi de la ville. Vers 21 h. des Allemands étant signalés dans le bois Gratry un détachement est envoyé garder le pont de chemin de fer sous la direction du sous-lieutenant F.T.P. Alfred Simono. Quelques engagements ont lieu.

 

Le lundi 4 septembre 

Vers minuit, quatre Allemands sont faits prisonniers au mont d’Halluin.

 Vers 17 h 39 une colonne de 60 SS avec voitures hippomobiles venant de Bousbecque se dirige vers Halluin appuyée par un char « Tigre ». Afin d’éviter que les F.F.I. placés en 1ère ligne aux Baraques soient pris par derrière, ordre est donné de se replier sur la France.

 

Quand les boches arrivent à Halluin nous constatons qu’ils ont placé devant eux quatre F.F.I., qui marchent les bras en l’air.

 Au moment où la colonne va entrer en Belgique, le groupe Le Dily attaque. Trois F.F.I. sont délivrés dont un blessé à l’épaule, le 4e est malheureusement fusillé à bout portant par un officier teuton. Les Allemands enregistrent trois morts dont un officier. Deux fusils deux chevaux et deux voitures sont saisis, la colonne s’égaille dans le bois Gratry. Le groupe Simono et de Dily combat dans la rue d’Ypres et au passage à niveau. Résultat : un camion est mis hors d’usage du côté ennemi, plusieurs blessés de notre côté. Prise de quelques armes et minuit arrive sans nouveaux incidents.

 

Le mardi 5 septembre 1944

Les Allemands conte attaquent à Menin (B). Avec trois chars « Tigre », ils reprennent la ville, libèrent toutes les chemises noires, puis descendent vers Halluin. Ils passent le pont de la Lys, mais doivent s’arrêter à 50 mètres de la rivière devant le feu des A.B. et des F.F.I.

 

Le corps franc Simono est aussitôt envoyé en renfort. L’infanterie allemande tente d’avancer par les toits mais vainement. Une contre attaque F.F.I. porte les nôtres jusqu’à hauteur de la rue de Mouscron.

 

Le feu cesse. Simono chef du corps franc se découvre et se met au milieu de la route. En langue allemande il invite les Boches à se rendre, un char Tigre stationne à 150 mètres, le danger est grand. Un Allemand s’avance à 100 mètres, armé d’un fusil, une dizaine d’autres se joignent à lui.

Le chef de groupe F.F.I. invite le chef allemand de se rendre, celui-ci se récrie. Il prend les F.F.I. pour des bandits qui exécutent les prisonniers. Le Tigre, soudain s’avance, mais ne peut rien faire pour l’instant, Allemands et Français sont mêlés. 

 

Les F.F.I. dans l’Eglise.

C’est une étonnante histoire que nous a racontée M. Gérard Degavre, qui demeurait rue Léon Blum et faisait partie en septembre 1944 des FFI halluinois, groupe Simono (il s’agit cette fois-ci de Maurice). Il a vécu lui aussi la fameuse journée du lundi 4 septembre…

 

« Nous avions reçu comme instruction de nous installer à l’église Saint-Hilaire, et de tenir la place sous le feu de notre fusil-mitrailleur. Déjà, en m’y rendant, je suis tombé rue Arthur Houte sur une automitrailleuse allemande qui a essayé de m’aligner mais m’a loupé…

A l’église on était quatre, avec Bogaert, Tomme, Jean Louf et moi. C’est Bogaert qui avait le FM. On était monté au premier, et on avait cassé un carreau de la rosace pour pouvoir tirer.

 

On a d’abord abattu un soldat allemand isolé, mais il n’était pas mort car il s’est caché et on ne l’a pas retrouvé ensuite. Et puis juste après, voilà un char Tigre qui se pointe ! Bogaert veut tirer dessus, mais je lui dis qu’avec un « FM » ce n’est vraiment pas la peine…

Lui nous avait repéré et il commence à tirer en direction du clocher. Alors on est descendu en vitesse avec le FM et on s’est sauvé par la petite porte, à gauche du perron. Le char est reparti en direction de la frontière ».

 

Via la rue Gustave Desmettre et la ruelle Gontier, un véritable périple conduira alors Gérard Degavre et ses camarades jusqu’à la douane, rue de la Lys.

 

« Là, on a vu les corps d’Albert Desmedt et de Léon Six qui venaient juste d’être abattus. Avec Louis Hermann, Nolf et d’autres FFI qu’on avait retrouvés là, on s’est lancé à la poursuite des Allemands de la colonne qui se sont réfugiés dans le Bois Gratry. Ils ont trouvé un petit sentier qui les a menés jusqu’au pont de Menin où ceux qui restaient ont pu franchir la Lys.

 

Je me souviens très bien que leur lieutenant, un jeune « SS » de 25-26 ans, s’est retrouvé vers nous et a crié : « On reviendra avec des armes nouvelles ! ».

Gérard Degavre reste un instant pensif et conclut : « On ne l’a jamais revu… ». 

 

Quelques livres parlent de la Libération d’Halluin.

 

Cela paraîtra sans doute étonnant aux nombreux férus d’histoire que compte la commune, mais il existe en fin de compte peu d’ouvrages consacrés directement à la Libération d’Halluin et de la Vallée de la Lys.

 Nous avons cependant retrouvé deux livres où l’on évoque dans de brefs passages les évènements survenus à Halluin les 2 et 3 septembre 1944. On verra d’ailleurs que l’un d’en eux concerne directement… le journal de Roubaix.

 

Voici d’abord un extrait de « Tragédies en Flandres : 1940-1944 », ouvrage de Mgr L. Detrez et Albert Chatelle paru en 1953 :

 

Mai 1940

Dans la région lilloise comme ailleurs, règnent la méfiance et la suspicion ; elles deviennent une sorte de fléau : l’espionnisme ; « En tout individu plus ou moins étrange on croit découvrir un traître ou un espion ».

 

Les Britanniques eux-mêmes subissent la contagion. A Roncq, le 24 mai, en vue de détruire le pont sur la Lys, ils ont fait évacué les maisons du voisinage et dressé dans la rue de Lille, des barricades destinées à couvrir leur retraite en retardant la marche de l’ennemi.

 

Ils ont à cet effet, réquisitionné dans les quartiers de Roncq et de Menin, quantité de meubles ; ils se sont présentés au café tenu par le coureur cycliste Julien Vervacke lequel a refusé de livrer son mobilier.

 

Mis en défiance par l’attitude du tenancier, les soldats l’arrêtent malgré ses vives protestations, le hissent sur un camion et le conduisent vers Halluin au château de M. et Mme Torris, où se tient un conseil de guerre.

 

Dans le parc, ils lui font mettre pied à terre, lui bandent les yeux et le fusillent sans autre forme de procès.

 

Février 1941

Halluin, Toufflers, Croix, Mouvaux, Bondues, Lannoy, Wattrelos, inaugurent leurs soupes populaires, des services du vestiaire pour distribution de lainages aux nécessiteux, de linge et de draps aux malades.

 

Mai 1944

Dans la nuit du 10 au 11 mai, entre 23 h 30 et minuit 20, les raids anglais recommencent, ravagent à nouveau les agglomérations de Lille, Halluin, Faches-Thumesnil, Fives, Tourcoing, Marcq-en-Baroeul et Ronchin.

  

4 Septembre 1944

Dans les rues d’Halluin, des Allemands exaspérés par les harcèlements des patriotes, lancent contre certains immeubles des grandes explosives et incendiaires ; ils s’emparent de vieillard, de femmes, de jeunes filles, voire d’un prêtre septuagénaire, l’abbé Louis Lemaitre, et les ligotent sur les garde-boue de leurs camions, en guise d’otages de protection, pour ne les délivrer qu’à Wevelghem.

 

A Tourcoing, tandis que les couleurs nationales sont arborées à l’hôtel de ville occupé par les policiers du commandant Denis, les rues Nationale et Winoc-Choquel voient, à la nuit tombante,, s’enfuir les derniers occupants ».

 

Autre extrait, celui-là, de « 1940-1945, même combat dans l’ombre de la lumière » de Henri Duprez, paru en 1979 :

 

« Ce matin du 2 septembre, rencontre avec Jean Catrice qui nous remit des ordres de mission de la part du « commissaire régional de la République ». L’un de ces ordres était ainsi libellé : il es enjoint à « HD » et à 20 hommes de réquisitionner et de protéger les bâtiments et le matériel du « journal de Roubaix » (…) Un groupe de FTP venant de Maubeuge via Halluin voulait également « protéger » le journal de Roubaix ».

 

(NDLR : on voit à travers ce bref extrait que si Halluin fut un lieu de passage pour l’occupant en fuite, il le fut également pour les résistants remontant du bas du département).

 

Rappelons que ce récit intégral a été publié dans la presse locale en septembre 1984.

4/9/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 Commémoration des 50 ans de Mariage, ayant eu lieu à la frontière,

 de M. Roger Destoop et Marie-Louise Velghe.

 Derrière à gauche, le bourgmestre de Menin (Belgique) 

et à droite, Alexandre Faidherbe, Maire d'Halluin.

(Photo mairie n° 227)

  

Les Noces d'Or

de Roger Destoop et Marie-Louise Velghe.  

 

Célébrées le 4 novembre 1989 en présence des Maires de Menin et d'Halluin, à la frontière, au même endroit 50 ans après !

Fallait-il qu’ils s’aiment cet Halluinois et cette Meninoise qui se sont mariés par-delà les barbelés de la « drôle de guerre » ? Cinquante ans plus tard, M. et Mme Destoop Velghe sont revenus sur la frontière pour renouveler leurs vœux d’amour et de fidélité !

Le fil de deux vies.

M. Roger Destoop est né le 25 mai 1916 à Halluin, et son épouse née Marie-Louis Velghe a vu le jour le 27 août 1919 à Menin (B).

M. Destoop a commencé sa carrière professionnelle en 1928 comme papetier aux Ets Hamel-Van Gorp à Halluin, avant de partir comme teinturier à la Filature-Filterie de France à Comines, en 1938. A partir de 1947 et jusqu’à sa retraite en 1981, il fut ensuite employé comme vernisseur aux Ets Vanhoutte, Desimpelaere, puis Dehondt à Halluin.

Quant à son épouse, elle fut successivement épeuleuse, ourleuse, puis piqueuse aux Ets Demeestere-Demeestere d’Halluin de 1933 à 1977. Elle est titulaire de la médaille d’Or du Travail.

De leur union est né un enfant, qui leur a donné un petit-enfant.

Les noces d’or ne sont plus ce qu’elles étaient, mon bon monsieur : aujourd’hui, on vit bien plus longtemps que jadis, et les couples quinquagénaires sont presque aussi nombreux que les Halluinois qui vont faire le plein en Belgique. Et pourtant les noces d’or célébrées ce samedi 4 novembre 1989, sur le coup de 11 heures étaient insolites à plus d’un titre…

Insolite d’abord parce qu’elles avaient lieu en plein air et à un endroit bien particulier : le « no man’s land », entre le café Bauduin et celui des Deux Nations, qui marque la frontière entre Menin et Halluin, entre la France et la Belgique.

Insolite ensuite, parce qu’elles furent célébrées conjointement par les premiers magistrats des deux villes, M. Alexandre Faidherbe pour Halluin et M. Bossuyt pour Menin.

Insolite enfin pace que ce n’est pas tous les jours que TF1 et FR3 dépêchent une équipe pour filmer l’évènement, somme tout banal, que constituent des noces d’or.


Et si la cérémonie était insolite, c’est tout simplement parce que les circonstances étaient exceptionnelles , jugez-en plutôt… Ce 4 novembre 1989, les noces d’or du couple Destoop-Velghe ont été célébrées à l’endroit exact où ils avaient été unis cinquante ans plus tôt.

Avec les barbelés en moins, et avec en plus une volonté commune des « politiques » de souligner le caractère symbolique de la manifestation, et d’affirmer les liens toujours plus étroits qui unissent Halluin et Menin :

« La cérémonie d’aujourd’hui n’a pas un caractère folklorique, a souligné M. Faidherbe : elle marque notre refus d’oublier ce qui appartient à la mémoire collective d’Halluin et de Menin, dans un lieu qui symbolisait hier la séparation, mais constitue aujourd’hui le trait d’union entre nos deux villes-sœurs ».

S’adressant ensuite au couple jubilaire, « héros d’un jour presque malgré vous ». Le Maire leur souhaita de couler encore de très longs jours heureux dans leur maison de la rue du cardinal Liénart.

M. Bossuyt, bourgmestre de Menin, prit ensuite le relais pour relire, en flamand, l’acte du mariage célébré il y a cinquante ans.

Et tant M. Destoop que Madame renouvelèrent leur engagement d’il y a un demi-siècle : le premier avec un « oui avec plaisir ! » retentissant ; la seconde en déclarant, avec un zeste d’humour
« Je veux bien s’il ne rouspète pas trop ! ».

Après la remise des traditionnels fleurs et cadeaux, la rue de Lille et la Rijselstraat furent rendues à la circulation, et c’est par un vin d’honneur servi à la mairie d’Halluin que prit fin la manifestation.

4/3/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

 Mariage sur la ligne de la frontière franco-belge en 1939.

La Belgique, s'étant déclaré neutre, avait aussitôt fermé ses frontières.

 Des barbelés furent installés pour séparer Halluin de la zone des Baraques.

 Le mariage a lieu " à cheval" sur la frontière.

 Après le mariage l'épouse, belge, put rejoindre son mari, M.Destoop,  en France.

(photo mairie 0226)

 

Historique de ce mariage à la frontière

 Halluin-Menin (B),le 3 Novembre 1939.


 

1939 : La France a déclaré la guerre à l’Allemagne fasciste. En cette période de troubles et de tourments, Roger, 23 ans et Marie-Louise, 20 ans s’aiment d’un amour tendre.

Lui est Français, elle est Belge. La France est en guerre, la Belgique est neutre. Et pour mieux marquer la frontière qui sépare les deux pays, une ligne de barbelés se dresse des deux côtés, à Menin et Halluin.


Chaque jour des dizaines de personnes se parlent des deux côtés des barbelés : des familles séparées mais aussi des amoureux qui se languissent de ne plus se voir. Comme Marie-Louise Velghe, jolie brunette au sourire franc et Roger Destoop, grand et beau jeune homme sérieux.

Roger et Marie-Louise sont fiancés depuis trois ans. L’attente est longue, la fin de la guerre n’est encore pas pour tout de suite, ils décident de se marier envers et contre tout et de briser les barbelés, à leur manière..

Il s’agit d’obtenir des autorisations ce qui n’est pas très facile. Roger et Marie-Louise se démènent, chacun dans leur pays respectif. L’amour est plus fort que tout, ils parviennent à leurs fins :
la date du mariage est fixée pour le 3 novembre 1939.

Mais il s’agit aussi de préserver la neutralité de la Belgique. Ce jeune couple ne peut se marier ni à Menin, ni à Halluin. Qu’à cela ne tienne, l’union sera célébrée entre les deux villes, entre les deux frontières de barbelés.

« Nous en avions assez de ne pas pouvoir nous parler, explique 50 ans plus tard en 1989 M. Destoop. Ce mariage entre les deux pays était la seule solution ».

Le 3 novembre, une petite pluie fine tombe sur les deux villes. « Un vrai temps de Toussaint ! » renchérit M. Destoop.

La noce est bien couverte. Chapeaux, manteaux de fourrure et cols douillets. Marie-Louise porte un joli tailleur, Roger une redingote et un nœud papillon. Le temps est gris mais les fleurs ne manquent pas, portées par brassées par les demoiselles d’honneur.

Amis, famille et curieux se retrouvent dans ce « no man’s land ». Assis à une table en plein air, le bourgmestre de Menin rédige l’acte de mariage. Et sur les photos, tous sourient, heureux en ce jour de fête mais aussi étonnés de la situation. Car Roger et Marie-Louise sont les premiers à se marier ainsi.

« Il y en a eu d’autres ensuite, raconte Roger Destoop.
La mode était lancée, mais comme la Belgique renonçait à sa neutralité au mois de mai, nous ne sommes pas nombreux à nous être mariés ainsi. Mais je me souviens qu’il y a un couple qui s’est marié à la frontière peu de temps après nous. Le lendemain de son mariage, le jeune homme repartait à la guerre et il n’est revenu que 7 ans après ! Il avait été fait prisonnier par les Allemands ».

M. et Mme Destoop ne subiront malheureusement pas une telle séparation. Mais le jour de son mariage, Marie-Louise doit accepter d’être séparée de sa famille. Les autorités ont accepté de laisser passer la frontière à la famille belge de Marie-Louise, mais uniquement pour une heure, pour la messe célébrée à Halluin.

« A croire qu’ils avaient peur des espions ! ».
Marie-Louise en rit encore cinquante ans après.

Puis chacun retourne de son côté. Une partie de la noce fête l’évènement à Halluin, tandis que l’autre banquette à Menin. Marie-Louise est restée avec son époux.

Le lundi chacun reprend son travail. Ce n’était pas le moment de partir en voyage de noces. Roger fait un an de guerre puis est affecté dans une filature. Marie-Louise travaille en France aux Etablissements Demeestere.

50 ans plus tard, ce samedi 4 novembre 1989, leurs noces d’or seront célébrées en bonne et due forme. Tout d’abord en Mairie d’Halluin puis, comme il y a 50 ans, à la frontière en plein air. Le bourgmestre de Menin viendra y faire un discours.

« Si j’avais su tout ça, je ne serais pas allée à la mairie signaler notre anniversaire de mariage…, soupire Mme Destoop. Cette agitation l’effraye un peu. M. Destoop semble en avoir pris son parti.

Après la fête, tous partiront faire la fête à Reckem, Fraçais et Belges réunis cette fois-ci Mais avant de partir M. Destoop s’étonne :

" 50 ans ! On se demande comment c’est passé, tellement ça va vite ! ".
En voilà une belle déclaration d’amour.

25/4/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

 

 

Beddelem Boeschepe 1942 03388

Beddelem Boeschepe 2 1942 03389

En colonie à Boeschèpe (Nord) en 1942/43,

 avec l'Abbé Michel Beddelem.

 (photos n° 3388 et n° 3389)

Les Colonies de l'Abbé Michel Beddelem,

durant la Guerre 1939-1945.

L’abbé Michel Beddelem originaire de Boeschèpe (Nord) où il est né le 2 0ctobre 1908, fut ordonné prêtre en 1935. Nommé vicaire à Halluin, il y resta jusqu’en 1945.

 

Les halluinois se souviennent bien de ce prêtre dynamique et populaire, c’était un fonceur, et il en donna la preuve particulièrement devant l’occupation allemande.

 Il fut tout naturellement résistant et s’évertua à fournir du ravitaillement à de nombreuses familles.

Aussi, envers et contre tout, l’abbé Beddelem organisa durant l’été 1942, 1943 et 1945 les colonies de vacances au Mont-Noir, dans une habitation qui appartenait à un halluinois Raymond Defretin et où, pour l’anecdote, l’Académicienne Marguerite Yourcenar a passé sa jeunesse, juste à côté.

 

La renommée de l’abbé était telle, que près de trois cents jeunes halluinois se répartissaient de juillet à septembre, dans ce cadre régional devenu, depuis célèbre. Le prêtre halluinois était responsable non seulement de la bonne marche des séjours, mais aussi de l’intendance. Il n’hésitait pas à parcourir les fermes environnantes pour nourrir le mieux possible les jeunes colons.

Ennemi du conformisme, on le voyait partout fumant sa pipe légendaire. Mais encore, le Cercle Saint-Joseph bénéficia particulièrement de son dévouement, et les anciens se plaisent à rappeler, comme pour les colonies, le succès exceptionnel que connut le cercle durant son séjour à Halluin.

 

En 1946, l’abbé Beddelem fut nommé vicaire à Hondschoote et en 1952, il devint curé du Mont-des-Cats. Cet homme d’exception qui marqua à jamais de son empreinte la vie halluinoise, devait décéder dans sa paroisse Sainte-Constance au Mont-des-Cats, où ses funérailles ont été célébrées le 4 mars 1971 en la chapelle de l’Abbaye.

 

2/8/2010

Commentaire et Photos : ARPHalluin - Presse - Daniel Delafosse

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