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01874

Guerre 14-18, soldats allemands, partant au front,

 devant l'école du Sacré-Coeur, rue de la gare.

 (photo n° 1874)

 

22 Avril – 25 mai 1915 :

Apparition du gaz Ypérite et du Lance-flammes.

 

 

Après les rudes combats de la « course à la mer », au cours de laquelle les deux armées ont tenté de se déborder, sur le front des Armées du Nord, la situation s’est un peu calmée entre Nieuport et Ypres (Belgique).

 

Il y a certes eu, entre le 16 et le 31 octobre, la bataille de l’Yser, ainsi que, du 15 octobre au 22 novembre, la bataille d’Ypres, mais en ce début de l’année 1915, tout semble presque tranquille. Pendant tout le mois de mars et d’avril 1915, on peut même presque dire que la situation est calme dan ce secteur.

 

Toutes les activités des troupes Belges, Britanniques et Françaises, mais également des Allemands, consistent bien souvent à échanger des canonnades, parfois quand même assez nourries.

 

Pourtant le 17 avril, les Britanniques ont ouvert les hostilités en faisant exploser, avec des mines, une colline, Hill 60, entre Ypres et Menin (B), et que les Allemands avaient repris aux Français.

 

Le 22 avril, vers 17 h, dans les tranchés, les soldats se croient partis pour une longue nuit calme, seulement coupée par les tours de veille. Soudain entre Langemark et le canal d’Ypres, les troupes françaises voient s’élever à ras de terre, en avant des lignes allemandes, entre le Steenbeck et l’Yser, un épais nuage de vapeurs jaune verdâtre, plus dense du côté de Bixschoote.Le vent très faible, fait doucement rouler ce nuage vers les troupes françaises et, sur leur droite, vers le front tenu par les Canadiens.

 

Ce nuage est en fait de la vapeur de chlore. Une attaque au gaz, les Alliés s’y attendaient un peu. Un déserteur a parlé de cela quelques jours avant aux officiers qui l’interrogent. Il a même montré le masque à gaz que l’on fait distribuer aux soldats allemands. Mais il a donné tellement de détails que ses interlocuteurs ont du mal à le croire. Pourtant, on a fait prévenir la troupe du risque d’une attaque au gaz. Toute la troupe sauf, bizarrement, les soldats belges et français !

 

La débandade

 

Bien qu’interdite par la convention de La Haye de 1899, l’arme chimique a pourtant déjà été utilisée par l’armée du Kaiser en Pologne, en janvier 1915. Mais les résultats, sans doute à cause du froid, n’ont pas été concluants.

Pourtant les généraux de Guillaume sont bien décidés à recommencer. Depuis le mois de mars tout est prêt pour cette attaque chimique.

 

Mais ce 22 avril 1915, les soldats français, des troupes coloniales du 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique, du 2ème bataillon du 2ème tirailleur et de la 87ème division territoriale comportant principalement des Bretons et des Normands, ne savent pas encore ce qui les attend. En face d’eux, les Allemands ont disposé des milliers de bombonnes de gaz dont, à l’heure convenue, ils ouvrent les robinets, libérant le chlore qui se trouve à l’intérieur.

 

Lorsque le nuage toxique arrive au-dessus d’eux, c’est la panique, les soldats se tordent de douleur. Ils sont aveuglés, ils suffoquent, vomissent et finalement sont asphyxiés. C’est la débandade dans les lignes françaises. Certains se replient vers les ponts de Noesinghe, les autres tentent de résister. D’autres enfin s’enfuient.

 

Le lance-flammes également

 

Car derrière le nuage de gaz, les Allemands arrivent en rangs serrés, la bouche protégée par un tampon d’étoffe. L’assaut a vite fait de réduire au silence la résistance. Les Allemands progressent de 6 km, prennent Pilken, Boezinge-Sas, Steenstrate et arrivent au canal de l’Yser, menaçant même Bozzingue.

 

Les Canadiens, eux aussi ont été forcés de reculer de 3 km. Il faut attendre le lendemain pour que, grâce à une vigoureuse contre-attaque menée par les Français, les Canadiens et surtout les Belges, une partie du terrain perdu soit regagné.

 

Mais pour la première fois le gaz vient de faire son apparition dans le conflit. Ce ne sera pas la dernière. Il y gagne un nom : l’Ypérite.

Au cours de cette seconde bataille d’Ypres, qui ne se terminera que le 25 mai, un autre engin de mort fait sa grand apparition : le lance-flammes. Et là encore, les hommes du Kaiser en sont les précurseurs !

 

21/11/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse