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Vue aérienne de la Cense Manoir...

 "Ferme Vouters" Halluin.

(Photo n° 4090)

Il ne faut pas confondre le Château du Molinel avec celui des Seigneurs d’Halluin qui était situé près de la Lys, à proximité du nouveau pont de la route de contournement d’Halluin Est vers Reckem Courtrai.  

La Cense Manoir actuelle était la ferme attenante au Château Lespières de la seigneurerie du Molinel.

Le Château Lespières... au Molinel,

  et la Cense Manoir "Ferme Vouters" (Historique).  

 

Le château appartenait à la seigneurie du Gavre. Il fut détruit par un incendie pendant les combats du 13 septembre 1793, entre les troupes hollandaises du Prince d’Orange et les armées révolutionnaires. Il en reste la Cense (Manoir)et des souterrains...

Le Molinel (ou Moulinet = petit moulin) avait son château, au début du XIIIe siècle,  avec quatre tours, trois étages, des murailles de 35 pieds de haut (environ 10,6 m) et de deux briques et demie d'épaisseur, entourées de douves. La nouvelle salle de sport Adolphe Dieryck a été construite à son emplacement.

La seigneurie du Molinel s'étendait un moment de la rue du Lys à la route de Lille, depuis le bas du Colbras jusqu'à l'actuelle rue Jean Fiévet.

Il couvre aujourd'hui une partie du quartier des Musiciens, les anciennes terres du château, dont la Cense Manoir, mais aussi celles de l'autre côté de la rue Arthur Dennetière.

Son premier seigneur s'appelle Guillaume De Lichtervelde. Puis le Molinel passe aux Hallewijn qui possèdent aussi le château d'Halluin (entre la Rouge Porte et la Lys), puis à divers familles, dont la dernière est celle de la Grandville, qui avait encore des propriétés dans ce quartier vers 1970.

 

La douve séparant le château de la ferme subsistante était enjambée par un petit pont (son emplacement était sur l’actuel étang de la ferme), qui était construit avec un ciment lié de seigle particulièrement résistant. Il subsista très longtemps une arche, qui disparut à son tour, il y a seulement 40 ans… vers 1973/74, victime du temps et de la pollution.

 

Au 16ème siècle, le site abritait la seigneurie du Gavre à Halluin. L’emplacement du château est aujourd’hui couvert de bois taillis, d’arbres et de plantes qui lui donnent un aspect sauvage, et une eau stagnante l’entoure.  

La ferme du Chemin de Grandville, dite 400 cents ans plus tard  "Ferme Vouters" fut construite en 1473... Vers 1851, venant de Wavrin, la famille Vouters y demeure jusque  après la deuxième guerre mondiale.

 

(Document X DD 22453  n° Img 977)

Retour en 1972… La Cense Manoir,

  Il y a 40 ans  !

 

En 1972, M. et Mme Renard, jeunes tourquennois, prenaient possession de vieux bâtiments sis rue Dennetière et alors menacés de destruction. Pour les historiens, il s’agissait de la ferme de l’ancien château du Molinel, situé juste à côté de là et détruit à la Révolution. Pour les Halluinois, c’était la « Ferme Vouters » tout simplement, du nom de la grande famille halluinoise qui l’avait exploitée des décennies durant.

 

C’était en tout cas une part importante du patrimoine historique de la commune, qu’il aurait été navrant de voir disparaître. Une initiative privée allait peut-être permettre de le sauver ; mais ce n’était pas chose facile. Voilà donc, la suite de cette  version moderne du « Roman des Renard » relatée dans la presse locale :

 

…Huit ans après, en 1980, la Cense Manoir est là et bien là. On y vend des produits horticoles. Mais les bâtiments ont été sauvés au prix d’une lutte de chaque instant. Et les propriétaires ne manquent pas de projets… « Cette année, on refait la grange. Ce n’était pas une mince affaire, les poutres étaient pourries, les murs s’écartaient. Il faut vous dire qu’en principe pour un bâtiment de cette importance, il y a toujours au moins un point d’appui central, à l’intérieur de la construction, un pilier par exemple. Ici rien du tout. L’ensemble des poutres ne repose que sur les murs. Alors, il faut que la charpente soit solide…

 

On l’a donc refaite complètement, on a redressé les murs à l’aide de tire-fonds, on a remplacé les tuiles pourries par des tuiles flamandes du même style. Nous avons commencé en fin d’année dernière, et on vient tout juste de terminer ».

 

Mme Renard s’anime quand elle parle de « sa » Cense-Manoir. En effet, depuis 1972, elle et son mari ne comptent plus les heures, les jours, les semaines consacrés à la remise à neuf de leur vieille demeure. Et pourtant c’est toujours la même flamme, la même passion qui les anime.

 

« Notre premier « gros » travail fut la réfection du pigeonnier. Il y avait des infiltrations dans le porche, il fallait agir assez vite pour pouvoir conserver le plus de choses possible. Nous avons refait des plafonds à l’ancienne, avec des poutres d’orme exclusivement. Maintenant, ça tient ».

 

Il faut dire que ce porche est particulièrement précieux, c’est sur son fronton que l’on trouve une pierre datant assez précisément la construction de la ferme : 14.. et quelque chose, ou selon certains spécialistes 15.., le « 4 » n’étant en fait qu’un « 5 » gothique. De toutes manières, cela fait remonter certains bâtiments au XVIe siècle au minimum !

 

Autres travaux réalisés par les Renard depuis leur emménagement : il leur a fallu recreuser les fossés qui se trouvaient tout autour de la ferme, en fait d’anciennes douves conçues pour le drainage des eaux. Il faut dire que le terrain est particulièrement humide, puisqu’on y trouve deux étangs.

 

Au milieu du plus grand se dressait d’ailleurs un pont, dernier vestige sans doute du château proprement dit. Hélas l’arche du pont rongée par le temps s’est effondrée vers 1973-74, et seuls subsistent les deux piliers, au beau milieu des eaux dont ils dépassent en ce moment d’à peine un mètre, l’étant étant à son niveau maximum.

 

On a longtemps cru que ce pont reliait la ferme au château, à ce sujet les Renard ont maintenant une version différente :« entre l’étang et la ferme nous avons effectué divers travaux pour nettoyer et aplanir le terrain, et à chaque fois sont revenus à la surface des débris de pierre, de briques, de tuiles dirait-on aussi, et même une pièce de monnaie très ancienne que l’on a su identifier.

 

Exactement comme si une importante construction s’était trouvée à cet endroit et y avait été détruite. Dans cette hypothèse le pont aurait été non pas un lien entre la ferme et le château, mais plutôt une sortie du château en direction de ce qui est aujourd’hui la route de Linselles ».

 

Dernier « gros œuvre » accompli par M. et Mme Renard les propriétaires : la réfection de la grange. Enfin, dernier en date, car les projets ne manquent pas.« Notre but  soupire Mme Renard avec l’air de dire qu’elle n’y arrivera jamais, c’est de retaper complètement le corps de logis qui se trouve au fond de la ferme, en direction des champs. Nous pourrions alors emménager dedans, et faire démolir notre actuelle maison qui date du début du siècle et dont le style n’a rien à voir avec le reste. A la place de cette maison, un bâtiment rectangulaire pourrait alors être édifié, dans le style flamand, qui fermerait complètement la cour et redonnerait à l’ensemble son aspect initial ».

 

Projet ambitieux qui semblera utopique à beaucoup d’autant que l’habitation et l’ancienne écurie sont très abîmés. La toiture est complètement effondrée, et les murs ne semblent plus très sûrs non plus. Il conviendrait sans doute de les doubler par des murs neufs, ou de les détruire. Ce qui serait regrettable, car ils sont par endroits épais de près d’un mètre !

 

Mais lorsqu’on voit ce qui a été réalisé à la Cense Manoir depuis 1972… De toute façon les Renard ne comptent que sur eux-mêmes pour y parvenir, en effet la ferme n’est pas classée parmi les « monuments historiques » et ils n’ont donc bénéficié d’aucune subvention, tout au long de leurs travaux.

 

Des souterrains ?

 

«Et pourtant, expliquent-ils,il n’est pas question que nous fassions n’importe quoi car nous sommes étroitement surveillés par… les Halluinois. Beaucoup de gens viennent suivre de temps à autre l’évolution des travaux, voir si nous respections bien les styles et les matériaux d’époque. Il s’agit pour la plupart de personnes âgées, qui ont connu dans leur jeunesse le domaine en exploitation et la considèrent comme un peu à eux.

 

Beaucoup nous rapportent qu’ils venaient jouer dans les souterrains de la ferme : il y aurait en effet des tunnels creusés sous les bâtiments. Certains racontent que l’un d’entre eux irait  jusqu’à Bousbecque, ce qui paraît peu vraisemblable.

 

Ce qui l’est plus, c’est l’idée d’un souterrain reliant la ferme à l’ancien château, qui se serait éboulé depuis quelques décennies. A plusieurs reprises au cours de nos travaux, nous avons cru en découvrir l’entrée, mais ou ce n’était pas cela, ou l’endroit n’était pas accessible ».

 

Allons donc ! La « Cense Manoir de la Grandville » n’a peut-être pas encore dévoilé tous ses secrets… Mais pour la famille Renard, cette tranche de vie consacrée au patrimoine halluinois s’achevait définitivement vers 1985.

 

Concernant les souterrains, une légende circule chez les fermiers du Colbras : une charrette pleine de biens de valeur serait partie de l'entrée du souterrain du château (ou de l'ancienne porcherie de la Cense, selon certains) et ne serait jamais ressortie.

 

Durant les combats de 1793, la chapelle des Fièvres fut également détruite, lors de la bataille d'Halluin-Menin, et un soldat s'empare de la statue de Notre-Dame des Fièvres, puis, prit de remords, il la porte dans une maison voisine. Beaucoup plus tard, la statue a été placée dans le choeur sud de l'église Notre-Dame des Fièvres. Notre brave soldat continua de combattre et se dirigea du Malplaquet au Molinel, où il fut tué d'une balle.  

 

Une légende rapporte que les Halluinois évitaient de passer le long des ruines du château du Molinel, car la nuit venue, le fantôme d'une femme planait au-dessus de l'étang...

 

Une nouvelle aventure commence en 1989...

avec la Famille Delporte. 

 

La Cense-Manoir était la Basse-Cour du château du Molinel. De sa création en 1473, ne subsistent que le porche à pigeonnier, une grande salle à cheminée monumentale et une chambre haute dallée de pierre. La grange date de la fin XVIIIe siècle, et elle s'est effondrée suite à des tempêtes.

La Cense du bas latin censa, signifiant fermage, est devenue ensuite le nom de la ferme elle-même. En entrant dans la propriété, vous avez sur votre gauche, sous les anciens jardins familiaux, un blockhaus ayant servi de Quartier général (QG) aux Allemands durant la guerre 14-18.

 

En 2011, ce plus vieil édifice halluinois est habité par M. et Mme Delporte… Ils sont arrivés en 1989, alors que l’habitation était inhabitée depuis 3 ans. En 1990, ils ont créé l’association de sauvegarde de la cense, afin de lui redonner vie et éclat. Ne percevant pas de subvention, il a fallu trois ans pour reconstituer une aile de l’ancienne ferme.

 

En avril 2003, une partie de la grange s’était effondrée. Une partie des matériaux émiettés ont été récupérés et les moignons les plus fragiles cimentés.

 

En août 2004, Anita Delporte racontait : « Quand on a démarré, on se chauffait au bois et il était difficile de trouver la monnaie pour acheter une boîte de thon pour les enfants. On ne sait plus ce que sont les vacances et on se prive des week-ends consacrés aux travaux.

On nous rétorque qu’il s’agit d’un site privé, ce qui est vrai, reconnaît-elle, comme il est vrai que c’est notre notre choix de vouloir le restaurer. Mais si le site est privé, les murs appartiennent au patrimoine de la ville ».

 

Ce lieu d’animations, pourvu d’activités équestres, d’un étang et de salles de réunions, voit l’urbanisation galopée autour de la Cense Manoir… (Salle de sports « Adolphe Dieryck »  et implantation future d’un lotissement Notre Logis sur les anciennes parcelles cultivées du « Coin de terre halluinois »).

 

Chaque année, la Cense Manoir organise une Kermesse champêtre… Avec les membres de leur association, M. et Mme Delporte essayent de sauvegarder et de rénover ce patrimoine. L’occasion pour le public de montrer son attachement à ce site.

 

Les noms des anciennes rues...

La rue Jean Jaurès s'appelait rue du Château, celle du Cardinal Liénart, rue du Molinel, et la rue Anatole France, rue de la Grandville.

Il y a plus longtemps, la rue d'Oer s'appelait Drève (chemin carrossable bordé d'arbres) du Molinel, et permettait de rejoindre la chapelle du Tilleul ou des Fièvres.

Dans les années 1960, des villas puis des appartements et enfin des maisons du CIL ont été construits à la place des jardins ouvriers et du terrain au nord de la Cense. Le quartier des Musiciens date de 1976. Le quartier au sud-ouest de la Cense, la Tuilerie, est le plus récent.

   

"Festiflandre" à Halluin.

Les 10 et 11 Septembre 2011, au Port de Plaisance d'Halluin-Menin (B), Le Syndicat d'Initiative, en partenariat avec  la Ville d'Halluin, organise le 1er "Festiflandre" : Un week-end "médiéval" avec reconstitutions historiques, approche des métiers médiévaux, tournois, compétitions, marché de produits régionaux, bal folk, découverte du territoire...

5/9/2011.

Commentaire : Daniel Delafosse