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 Assis : Albert Louf Médecin Militaire

entouré de soldats halluinois.

(Photo 3015)

 

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 Le Docteur Albert Louf (1891-1978),

reçoit les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur en 1960,

(Photo DD 8975  n° Img 479)

 

Chaque année, le Journal Officiel publie la liste de la promotion de Pâques de la Légion d’Honneur. 

Instituée par Napoléon Bonaparte le 19 Mai 1802,

la Légion d’honneur est la plus élevée des distinctions nationales.

Elle récompense les mérites éminents, de militaires ou civils français, acquis au service de la Nation.

 

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Médaille de la Légion d'Honneur.

(Photo DD 12021  n° Img 927)

 

 Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur en 1939,

 Albert Louf est élevé au grade d'Officier en 1960...

 

Lors de la remise de cette distinction,

c’est son fidèle ami Henri-France Delafosse Chevalier de la Légion d’Honneur,

président de l’Union Nationale des Combattants  d'Halluin

et de l'Association Halluinoise des Mutilés de guerre,

qui a l’insigne mission de faire l’éloge du récipiendaire, en ces termes : 

 

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Au centre, Albert Louf vient de recevoir la rosette de la Légion d'Honneur, en 1960,

 entouré à sa droite de Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin,

 et à sa gauche de Henri-France Delafosse Président de l'UNC et des Mutilés de Guerre.

Egalement présents, Le Docteur Charles Dereu (1er rang, 2ème en partant de la droite),

et au 2ème rang, de g.à d. : x, Hildevert Wancquet Fils, x, Pierre Duquenne,

Alfred Maret, Hildevert Wancquet Père.

(Photo DD 8976  n° Img 480) 

 

Mesdames, Messieurs, Mes Chers Camarades, 

 

« Le Journal Officiel du 3 Janvier 1960 nous apportait la nouvelle que nous attendions depuis quelques mois. Nous y lisions, en effet : Est promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur : Louf Albert, Médecin Capitaine. 32 ans de service, 6 Campagnes, Chevalier de la Légion d’Honneur du 31 Décembre 1939. 

Cette promotion a été accueillie au sein de notre Amicale avec la plus grande joie et je vous remercie mes chers camarades Anciens Combattants de m’avoir fait le grand honneur d’être votre interprète pour exprimer à Monsieur le Docteur Louf, notre camarade, toute notre admiration et l’assurer en cette heureuse circonstance de notre plus vive sympathie, laquelle pour ne lui avoir jamais fait défaut, n’en est aujourd’hui que plus marquée.

 

Cher Monsieur Louf, lorsque en 1920, je crois, vous vous êtes établi à Halluin, nous connaissions de vous peu de choses.  Façon de parler, car à dire vrai nous Anciens Combattants nous savions beaucoup. En effet, nous savions que vous étiez des nôtres ; Que durant les quatre années de guerre, vous avez accompli votre devoir de soldat, là, où vos connaissances médicales l’imposaient, c’est-à-dire, au service de santé d’une de vos vaillantes unités du front.

 

Ancien Médecin Major aux Armées, n’était-ce pas pour vous le plus beau droit de citer, pour nous la meilleure référence. Ce titre n’évoquait-il pas, en nous, anciens poilus, un sentiment non seulement de respectueuse sympathie, mais je dirais même une véritable estime. 

Oui, nous gardions tous, en notre cœur, le souvenir du Médecin Major, fut-il de bataillon, ou de régiment lequel, s’il était parfois, pour certains, l’homme à la « consultation motivée » était aussi pour tous, dans les circonstances les plus graves, les heures les plus pénibles, le sauveur compatissant et consolateur, quand ce n’était, trop souvent hélas, l’ultime confident.

 

Ce rôle vous l’avez accompli de 1914 à 1918, avec tout votre cœur, votre zèle, votre dévouement à toute épreuve, au mépris de tous dangers et nous n’en voulons d’autre témoignage que votre promotion au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire, que vous décernait Monsieur le Ministre de la Défense Nationale le 31 Décembre 1939. 

A pareille date, vous étiez évidemment devenu un véritable Halluinois d’adoption et depuis longtemps déjà, vous aviez vous-même, adopté notre bonne Ville d’Halluin, lorsque une seconde fois, la Patrie en danger faisait appel à vos services.

 

Avec quelques uns de vos anciens camarades de la Grande guerre, avec la multitude des nouveaux mobilisés vous avez répondu « Présent ». Cette drôle de guerre. Que fut-elle pour vous ?

Tout d’abord une période d’intense activité. Le Commandement militaire vous ayant confié les fonctions de Médecin Chef de l’Hôpital de Calais, où tout était à faire, vous avez déployé là, vos grandes qualités d’organisateur prévoyant jusqu’au plus petit détail, vous avez fait de ce grand établissement un hôpital modèle et moderne, appelé à remplir dans les conditions les meilleures et les plus rapides, le rôle qu’en attendait le service de Santé Militaire.

 

Les circonstances ont voulu que ce rôle fut bien éphémère. La foudroyante offensive allemande, anéantissant en quelques heures les fruits d’un labeur de plusieurs mois, vous surprit en plein travail, soignant avec un extrême dévouement vos nombreux blessés, sous un effroyable bombardement.

Situation tragique, qui vous valut par la suite, une élogieuse citation, une seconde croix de guerre, mais qui vous contraignit pour le moment à tout abandonner pour suivre, avec vos collaborateurs, l’âpre chemin de la captivité.

 

Jours particulièrement douloureux entre tous, car si vous aviez en vous la satisfaction du devoir accompli jusqu’à l’extrême limite, vous n’en aviez pas moins au cœur, la grande peine que vous causaient les malheurs de la Patrie et l’angoisse de tous les vôtres. 

Le déroulement rapide des événements vous valut cependant d’être sans trop tarder rendu à vos occupations civiles.

 

Rentré à Halluin, vous y avez vécu quatre années d’occupation ennemie, faisant face avec calme, sang froid et dignité, aux vexations de l’occupant. Plus que tout autre, témoin des conséquences de la guerre, des privations et souffrances de toute une population, votre cœur généreux, votre foi chrétienne aidant (vous ne nous en voudrez pas d’en faire état)  votre dévouement à toute épreuve, ont prodigué non seulement soins matériels, mais aussi le réconfort de vos encouragements, de vos consolations, de votre foi en la victoire finale.

 

Et quand pour notre ville, s’approchait la délivrance, quand partirent les premiers coups de feu de nos F.F.I. vous étiez là, présent, redevenu le Médecin militaire prodigant vos soins aux blessés, sans le moindre  souci du danger.

 

Si par ces quelques lignes, nous avons retracé trop brièvement bien sûr, ce que fut votre rôle de Médecin militaire, nous nous en voudrions de passer sous silence votre activité civile. Activité toutefois beaucoup trop étendue pour en présenter tous les détails. 

Retenons avant tout qu’à Halluin, rien ne vous a laissé indifférent. Ce furent d’abord les divers services médicaux de la ville, qui sous votre impulsion et vos directives ont pris une importance considérable. Goutte de lait, consultation des nourrissons, visites médicales des indigents, des écoliers, œuvre du dispensaire, etc, ont bénéficié de votre inlassable et dévoué concours.

 

Nous nous rappellerons  aussi vos études, vos rapports, vos démarches, vos interventions en vue de doter notre ville, d’une clinique Maternité, espoir que des circonstances bien indépendantes de votre volonté, ont rendu maintenant bien chimérique. 

Médecin de l’Administration des Douanes, de la Gendarmerie, de la SNCF, voilà qui nous indique la grande confiance qu’ont mis en vous les Pouvoirs Publics, lesquels ont reconnu vos éminents services en vous faisant Chevalier de la Santé Publique. 

Le corps médical lui-même a tenu à vous honorer, en vous nommant Membre du Conseil de l’Ordre des Médecins et vous confiant par surcroît, les délicates fonctions de trésorier. 

 

Vos rapports avec notre laborieuse population, nous savons et proclamons qu’ils ont toujours été ceux d’un homme d’élite au milieu de ses concitoyens, particulièrement apprécié et estimé, d’une ardeur à tout comprendre, cherchant à tout connaître pour mieux juger, conseiller, guider, consoler. 

Sur le plan national, vous avez toujours eu trop conscience des dangers qui menaçaient notre chère Patrie, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, pour ne pas être constamment anxieux du bien qu’il fallait faire et de la vérité qu’il fallait dire.

 

Cette vérité vous l’avez propagée chaque fois que l’occasion vous en fut donnée. Nous avons toujours aimé vous entendre, ici-même en particulier, pour la sûreté de votre jugement, l’opportunité de vos conseils, toujours exprimés avec votre amabilité coutumière. 

Et nous tenons à vous porter sans crainte ce témoignage, qu’en vous, toute ambition personnelle était étrangère, tandis que votre dévouement, votre cœur s’ouvraient à toutes les infortunes.

 

Epoux et père modèle, nous savons combien la famille, le bonheur de vos enfants ont été vos constantes préoccupations. Et puisque nous parlons « Famille », ouvrons une parenthèse en adressant à Madame Louf nos plus respectueux hommages, en saluant en elle, l’admirable compagne de toute votre vie de labeur, cher Monsieur Louf, qui avec tant de calme, de résignation supporte les épreuves, les sacrifices que seules connaissent les épouses de médecin.

 

Et nous terminerons en proclamant, Louf Albert… Homme de grand cœur, soldat de grande bravoure, médecin de grand talent, citoyen de grande valeur. 

Voilà votre toute dernière citation, celle que nous vous décernons, nous vos anciens camarades de combat, pour lesquels vous avez toujours été l’exemple du devoir, sous toutes ses formes, fut-il confessionnel, militaire, professionnel, familial, civique ou social, le devoir en tout, avant tout, malgré tout. 

C’est là, ce que nous enseigne votre vie de travail et d’abnégation. Aussi, combien applaudissons-nous à cette Rosette d’Officier de la Légion d’Honneur, juste récompense de vos immenses mérites. 

Soyez-en heureux, cher Monsieur Louf, comme nous le sommes pour vous et malgré la modestie que nous vous connaissons, soyez en fier, comme nous en seront fiers avec vous. 

Permettez nous, au nom de tous vos anciens de 1914-1918 que vous estimez tant, de vous saluer une fois encore et de vous donner l’accolade ». 

 

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Une infirmière au chevet d'un soldat blessé par les gaz.

(Photo X DD 22724  n° Img 163)

 

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Souscription pour l'édification

du Monument aux Morts, rue de Lille Halluin.

(Photo AL 4463)

 

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Mémorial aux Morts, rue de Lille Halluin (centre).

(Photo DD 22743  n° Img 652)

 

Il y a 50 ans... de 1964 à 2014...

 

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Cérémonie du 11 Novembre 1964 au Monument aux Morts, rue de Lille :

Dépôt de gerbe par Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin,

en présence du Docteur Albert Louf (1er à gauche).

(Photo DD 22725  n° Img 064)

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 Voir aussi... cliquez ci-dessous : 

Le Docteur Albert Louf (1891-1978).

Maurice Schumann et les Halluinois (Rétrospective de 1945 à 2002).

Funérailles des FFI le 7/9/1944 (Les Résistants halluinois de l'ombre).

 

Commentaires sur Facebook : 

Catherine Vroman Le médecin de famille de mes parents très gentil monsieur bon souvenir de ma jeunesse

Kiki Debonnet Je l ai connu comme médecin de famille à halluin

Bruno Geulen Idem

Alain Laflaquière Qu’aurait-il pensé de cette pandémie et du défilé de médecins dans les médias... lui qui exerçait même le dimanche respect!

Marie-France Scalbert Excellent souvenir, j’étais présente ce jour là et lui ai remis les fleurs. Quel Homme !

Daniel Delafosse Un légionnaire remarquable, un discours mémorable et une remise de fleurs impeccable !

Annie Moreno Feys trés bon docteur et trés devoué belle personne

 

10/4/2012 - 2/12/2014 - 13/4/2021

Commentaire et Photos : ARPH alluin - Presse - Daniel Delafosse