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Devanture du cinéma "Le Régent"

(Photo 12024  n° Img 930)

(Utilisez la loupe, à droite, pour agrandir

ou déplacer la photo à votre convenance). 

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La  triste façade du cinéma "LE REGENT" lors de sa mise en vente.  ( AD 1183)

Depuis ce mois de Mars 2012, Le cinéma municipal halluinois "Le Familia" est équipé en numérique et en technologie 3D. Les nouvelles installations seront  inaugurées officiellement lors de la soirée du samedi 14 Avril 2012, où sera projetée en "3 Dimensions" le dernier film de Martin Scorsese "Hugo Cabret".

 

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Avril 2012 : Salle de projection

 du cinéma "Le Familia" Halluin.

Au 1er plan, le nouvel équipement numérique.

(Photo DD 12090  n° p1040174)

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L'envers de la salle de projection,

du cinéma "Le Familia" Halluin - Avril 2012.

(Photo DD 12091  n° p1040179)

Ce passage à l'ère du  numérique est une nouvelle vie qui commence pour le cinéma local. C'est l'occasion également de se souvenir de la naissance du cinéma halluinois, et en particulier du cinéma "Le Régent".  

 

En 1989, Daniel Delafosse, passionné de cinéma, nous avait fait découvrir ou redécouvrir, dans la presse locale, ce passé de la "cinémathèque halluinoise".

 

Cinéma Halluinois... "Le Régent"

Historique de 1919 à 1970.

Le premier cinéma , installé à Halluin, était situé rue des Ecoles en 1919 (aujourd’hui, rue Gustave Desmettre). A cette date, une association d’amis, parmi lesquels MM. Leman et Decottignies créa « La Brasserie des Familles » ; cette salle pouvait accueillir trois cents personnes. Elle était encastrée entre deux cafés et une bourloire. Très vite, cette association céda l’affaire à MM Henri Naeye et Surmont, ce dernier laissant la place seule à M. Naeye en Juin 1924

 

« La Brasserie des Familles » était le nom officiel du cinéma, mais la sortie de cette salle donnait sur le café voisin « Chez Olivier », et rapidement l’habitude fut prise de dire : « Je vais chez Olivier ». Le café disparaîtra, mais le nom restera. 

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 Le café-ciné "chez Olivier".

(Photo 12023  n° Img 929)

Le cinéma muet attirait alors la grande foule. C’était une révolution, et le cinéma halluinois n’avait alors comme concurrent que celui de Menin-Baraques, appelé « Bucksom ». A cette époque, on se déplaçait fort peu, et il n’était pas question de craindre la concurrence des grandes villes. 

 

Le bruitage des films muets nécessitait l’emploi d’instruments divers. Ainsi, lors de la sortie du film « La grande parade » (le premier long métrage sur la grande guerre 14-18) divers artifices furent employés : des roues en fer imitaient le bruit des camions et des chariots, une grosse caisse celui des détonations du canon ; il y avait en plus, un orchestre composé d’un pianiste (Ernest Debock ou Nadia Vandewattyne)  et d’une violoniste (Mme Splete-Boussemaert). Pour les grands films, l’orchestre était renforcé d’un saxo (Ernest Lioen) et parfois d’une chanteuse, ce qui fut le cas lors du passage du film « Les bateliers de la Volga ».

 

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En 1925, dans "La Ruée vers l'or",

Charlie Chaplin est au sommet d'un art du comique.

(Photo DD 12089  n° Img 945)

 

Le second cinéma à voir le jour fut le "Familia " installé en 1928. Cette salle était spacieuse et permettait d’accueillir cinq cent soixante personnes. Les deux salles halluinoises avaient leur clientèle particulière et fidèle ; elles traversèrent sans trop de mal les crises durant les années 1930-31 et 1932, dues au lancement de la T.S.F.

 

C’est à ce moment-là que l’apparition du cinéma parlant assura une reprise en force. Le premier film parlant projeté à  « La Brasserie des familles », « Le chant du marin » fit salle comble ; c’était la période où il y avait six et sept séances par semaine, le mercredi étant le seul jour de fermeture. Les débuts du parlant sont cahotants pour M. Naeye, le propriétaire, et des effets comiques en découlaient parfois :

 

« A l’époque, les films étaient plus fragiles car inflammables, et prenaient souvent feu. Au collage, cela faisait souvent un petit bout de film en moins. Or, les premiers films parlants étaient accompagnés de disques 78 tours qui, eux, restaient intacts, figés dans la rapidité de leur matière. Cela donnait des effets de désynchronisation plutôt cocasses ».

 

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Affiche de "Le Quai des Brumes" en 1938.

(Photo DD 12060  n° p1040199)

 

Il y eut une nouvelle chute des affaires en 1936 et jusqu’à la guerre, au cours de laquelle les salles furent pleines à chaque séance, car il n’y avait pas d’autres distractions. Mais les contraintes deviennent plus réelles : le choix du film évidemment, et le nombre de films proposés. Jusqu’alors les spectateurs avaient droit à deux films par séance… ils n’en auront plus qu’un. Les actualités « propagandistes » sont imposées. C’était aussi le moment où le guetteur se trouvait à l’entrée de la salle pour alerter les jeunes en cas de l’arrivée des Allemands.

 

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 "Les Hauts de Hurlevent"  :

Oscar de la meilleure photographie,

en noir et blanc, en 1940.

(Photo DD 12030  n° Img 936)

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Vivien Leigh et Clark Gable, acteurs principaux du film

 "Autant en emporte le vent" réalisé en 1939,

et adapté du roman éponyme de Margaret Mitchell.

(Photo DD 12040  n° Img 940) 

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"Autant en emporte le vent" de Victor Fleming,

le film remporte 10 Oscars en 1940.

(Photo DD 12032  n° p1040188)

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Dans le rôle de Mamma "Autant en emporte le vent", Hattie McDaniel

 obtiendra l'oscar du Meilleur second rôle féminin, le 29/2/1940,

devenant la première actrice noire à obtenir cette récompense.

(Photo DD 12041  n° Img 941)

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"Les Enfants du Paradis",

de Marcel Carné, sorti en 1945,

considéré comme le plus grand film du cinéma français.

(Photo DD 12043  n° p1040196)

 

Après la guerre fut votée la loi d’aide au cinéma, qui permettait de ristourner jusqu’à 80 % des taxes, à condition que les propriétaires des salles embellissent leurs installations et améliorent leur système de sécurité. Les deux salles locales profitèrent pleinement de cet avantage. Dans les années cinquante, le cinémascope fait son apparition et oblige M. Naeye, de « Chez Olivier » à agrandir l’écran et la salle, dont la contenance fut portée à six cent cinquante places !  

 

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Projectionnistes du cinéma "Le Régent",  

 situé au n° 15 rue Gustave Desmettre : 

 Jérome Gryson, à gauche, et Noël Mahieu. 

(Photo n° 2396) 

 

Profitant des transformations, M. Naeye a rebaptisé la salle, elle s’appellera désormais « Le Régent ». Toute la famille participe à l’exploitation. Un des fils est opérateur, l’autre place les spectateurs, la belle-fille vend les confiseries pendant l’entracte.

 

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Cinéma "Le Régent", rue Gustave Desmettre Halluin,

Transformations de la salle, dans les années 1950.

 (Photo 12022  n° Img 928)

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(Photo 12025  n° Img 931)

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(Photo 12026  n° Img 932) 

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Fauteuil du cinéma "Le Régent",

exposé au CCAD Halluin en Mars 2011.

(Photo DD 12088  n° Img 968) 

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  "La Grande Vadrouille" avec Bourvil - De Funès.

Le dernier grand succès du cinéma français,

 projeté en 1967 au "Régent".

(Photo DD 12042  n° p1040201)

 

La société Naeye cessera l’exploitation du « Régent » le 31 décembre 1967. Cette société ne cessera pas ses activités par manque de fréquentation, au contraire, mais la suppression de la loi d’aide aux petites exploitations, ayant été déviée vers les M.J.C. par la loi Malraux en 1959, ne permettait plus d’envisager de nouveaux investissements indispensables (hall d’entrée, fauteuils etc).

 

 « Le Régent » sera mis en location gérance au circuit « Casino »  de Roubaix, jusqu’au 31 décembre 1970, date à laquelle le premier et dernier cinéma local ferme définitivement ses portes ; il aura vécu cinquante-et-un ans ! Ce cinéma restera longtemps rideaux baissés, avant d’être transformé en entrepôt commercial. 

 

Dès 1973, l’administration municipale en place, lança le projet de l’aménagement de l’ancien cinéma « Familia », tombé en désuétude, en salle polyvalente, permettant d’accueillir les spectacles les plus variés : musique, danse, cinéma, théâtre, conférences etc.

 

A suivre… Historique des anciens cinémas "Jean Fiévet" (1950-1964) et "Familia" (1928-1966)…

 

12/4/2012.

Commentaire : Daniel Delafosse