A la suite de son départ d’Halluin en février 1990, c’est M. Philippe Lecocq animateur à la MJC/MPT, qui accepta cette importante fonction de gestionnaire. A une nuance près, cependant, alors que M. Lerible se chargeait seul de la programmation des films, Philippe Lecocq souhaita que cette responsabilité soit partagée ; les films projetés sont désormais choisis par un collège composé du nouveau gestionnaire, de M. Alain Desreveaux Président de l’Office du cinéma halluinois, et de M. Daniel Delafosse chargé de la programmation, du secteur de la publicité, communication et animation. Les autres postes rattachés directement au fonctionnement du cinéma, sont exercés par M. Stéphane Hottebart projectionniste, M. Philippe Dassonville contrôleur placier et Mlle Isabelle Vanmeerhaeghe caissière.
La tâche de l’O.C.H. consistait, tout d’abord, à procurer ou intensifier le goût du cinéma au plus grand nombre d’halluinois, des jeunes aux personnes âgées, et de leur permettre de voir des films récents, sans avoir à courir à Tourcoing, Roubaix et Lille. Définir le plus large éventail possible de films, et négocier tout en équilibrant le budget n’était pas affaire aisée, et cela demandait beaucoup d’abnégation, surtout vis-à-vis des distributeurs, qui ne voient qu’en terme de rentabilité.
En ce sens, l’administration municipale, propriétaire des lieux, insistait sur le fait qu’il fallait que les membres de l’O.C.H. concilient d’une part le côté financier, et d’autre part le côté culturel ; à cet égard, l’Adjoint à la Culture ajoutait que si la raison d’être d’une entreprise ou d’un commerce était le profit, la raison d’être d’une association était une mission.
Ainsi, le gestionnaire était chargé de diverses actions culturelles, notamment les opérations Plan-Séquence menées avec les différents établissements scolaires de la ville et du canton, ainsi que les projections destinées aux nombreuses associations, et cela à des tarifs préférentiels.
En ce qui concerne l’information, un gros effort était accentué du côté publicitaire, notamment la mise en place de programmes mensuels diffusés dans les 6500 foyers halluinois, mais aussi des affiches programmes placardés dans tous les lieux publics de la ville, ainsi que la pose d’affiches des films dans les panneaux d’informations municipales et surtout chez les commerçants. En outre, un compte-rendu hebdomadaire était publié dans les deux journaux locaux pour chaque représentation.
Le résultat de cette nouvelle stratégie ne sait pas fait attendre ; en effet, le nombre d’entrées progressa de 65 % dès la première année d’exploitation, par la nouvelle équipe dirigeante. Rappelons que le cinéma halluinois avait connu en 1989 sa plus forte crise, puisqu’il n’avait enregistré que 9000 entrées pour trois séances hebdomadaires !
Grâce à la progression des résultats enregistrés, et après deux années de fonctionnement, le cinéma halluinois a pu bénéficier de l’apport des subventions attribuées par le Centre National Cinématographique et l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma, afin d’entreprendre d’importants travaux, tels la mise en place d’un écran géant, l’installation du système Dolby-Stéréo, l’amélioration des objectifs de projection.
En septembre 1991, Daniel Delafosse profitait de l’inauguration des nouvelles installations (qui se déroula le 28, avec la projection en séance inaugurale de « Robin des Bois » avec Kevin Costner) pour lancer une importante campagne publicitaire, à travers toute la Ville, sur le thème « Le Familia donne envie d’aller au Cinéma », ceci avec la participation d’un grand nombre de commerçants.
L’animateur halluinois obtenait, pour l’occasion, le soutien chaleureux, et cela deux mois avant sa brutale disparition de l’inoubliable Yves Montand, qu’il avait contacté personnellement, et dont le geste amical eut un fort retentissement auprès de la population halluinoise.
Par la suite, les efforts de Daniel Delafosse se sont poursuivis par des opérations spéciales, notamment sa présence (à titre personnel et bénévole) à la Cérémonie annuelle des « César », et son accréditation au Festival de Cannes. L’impact des reportages réalisés par lui-même, et dont la presse se fit largement l’écho, contribua de faire connaître davantage encore la réputation de la salle cinématographique, surtout dans les communes avoisinantes.
Après trois ans d’efforts intenses, et malgré un très faible nombre de séances (quatre par semaine, l’équilibre du budget de l’association oblige…) les responsables de l’office du cinéma halluinois avaient réalisé une progression du nombre d’entrées de 120 %, et « Le Familia » se classait à une honorable 24ème position, quant à sa fréquentation, sur les 62 salles de la région.
Il faut rappeler qu’entre 1989 et 1992, la fréquentation des salles de cinéma en France a connu son taux le plus bas au cours des 25 dernières années, et l’on parlait alors d’une véritable crise du cinéma français.
En conséquence, et durant la dite période, maintenir un cinéma dans une commune de 17 000 habitants, relevait de l’exploit ! Eh bien, celui-ci était réalisé, le public était revenu (près de 19.000 spectateurs en 1992), séduit par des installations performantes, des tarifs abordables, un budget équilibré, une programmation, un accueil et des projections de qualité, sans oublier des animations originales et régulières. Le but de la relance du cinéma dans la commune était atteint, à la satisfaction générale.
En mai 1993, suite à un important différend avec le gestionnaire Philippe Lecocq, l’animateur-programmateur Daniel Delafosse présentait sa démission au sein de l’office du cinéma halluinois. Le cinéma ayant été remis sur les bons rails, et la salle halluinoise bénéficiant d’un public retrouvé et fidèle, le nombre d’entrées atteignait, pour 1994 : 26.126 spectateurs ! En même temps, la crise du cinéma français s’éloignait de l’hexagone, et en particulier d’Halluin.
En 1996, et suite à l’augmentation sensible des séances hebdomadaires, l’augmentation ne cessa de croître pour atteindre 36.400 spectateurs, dont 10.000 liés aux actions scolaires.
En Février 1997, après le départ d’Halluin de M. Philippe Lecocq, la gestion de la salle obscure était confiée à M. Eric Dassonville. L’arrivée du multiplexe Kinépolis, la diminution des opérations scolaires, mais aussi la vétusté de la salle furent les principaux paramètres d’une stagnation, voire d’une baisse des entrées au Familia ; on enregistra en 1997 : 33.400 spectateurs, puis 28.800 en 1998 pour 397 séances !
Devant cette situation inquiétante, la Municipalité envisagea la rénovation complète des installations (fauteuils plus confortables passant de 286 à 237 sièges, éclairage, son Dolby stéréo digital, sanitaires, bureau, Hall et Porte d’entrée) qui étaient inaugurées officiellement le 19 Décembre 1999. Dans ce laps de temps, la Présidence de l’O.C.H. était tenue par M. Danny Prouvost, la responsabilité de la gestion par M. Jérémy Lamaire, et le poste de projectionniste par M. Saïd Guembar.
Après sept mois de fermeture pour cause de rénovation, l’année 2000 afficha 33.095 entrées.
Quant à l’année 2001, celle-ci a été exceptionnelle dans tous les cinémas de France avec 190 millions de spectateurs, ce qui n’était pas arrivé depuis 10 ans. A Halluin, le nombre d’entrées s’élevait à 39.616 entrées, c’est un chiffre qui n’avait jamais été atteint depuis 1979 !
Preuve qu’il y a bien la place pour une salle de proximité dans une ville de près de 20.000 habitants… même si elle ne pourrait vivre sans l’aide très importante de la municipalité, à commencer par le fait que la salle lui appartient, et qu’elle en a assumé la rénovation.
Depuis octobre 1998, le cinéma halluinois adhère à une société le Groupement de Programmation des Cinémas Indépendants. « Ce qui fait la force d’un programmateur, c’est son nombre d’écrans. Le GPCI gère près de 250 écrans et organise des circulations de copies entre ces salles. Ainsi, 7 fois sur 10, nous avons les films avec seulement une semaine de retard sur la sortie nationale, et 3 fois sur 10, avec un peu plus de retard « explique Jérémy Lamaire. Le Familia reverse 3,5 % du montant net de ses recettes au GPCI.
De même, Le Familia participe ou initie ainsi de nombreuses opérations visant différents publics comme : « Ecole et cinéma », « Plan Séquence », « Collège au cinéma », « Lycéens au cinéma », « Les p’tits et l’écran », « Opérations maternelles », sans oublier la participation des centres aérés et de certaines associations locales (Arbre de Noel).
Pour améliorer la qualité des services rendus au public, le cinéma halluinois est devenu, depuis le 1er janvier 2003, une régie de la ville. On assiste donc à la municipalisation du cinéma pour des raisons purement juridiques (transparence des comptes dans le cadre de la loi Sapin), mais aussi aux transferts de l’association gestionnaire (l’OCH) à la ville, à savoir les prestations en direction des scolaires, des collégiens et des lycéens, la rétrocession du matériel, les tarifs préférentiels pour les plus démunis, le groupement de programmation.
En 2005, « Le Familia » aura programmé 331 séances pour tous les publics, et 212 en Art et essai, essentiellement à destination des scolaires, soit en tout 543 séances, pour 43.168 entrées, c’est 9,9 % de moins qu’en 2004 qui avait été exceptionnelle avec près de 48.000 entrées.
L'année 2008 a été un excellent millésime grâce au film « Bienvenue chez les Ch’tis » qui a fait déplacer à lui seul 6.187 personnes dans la salle halluinoise. Et en 2010, "Le Familia" a enregistré 40.243 entrées.
En clair : plus les spectateurs sont nombreux, plus les films sont de qualité, alors il ne tient qu’aux cinéphiles de continuer : « Allez au cinéma à Halluin, les films n’en seront que meilleurs ».
Et je concluerai par cette vision toute personnelle :
« Le cinéma fait partie de la vie, c’est une réflexion et une photographie de la vie, en sachant que la réalité est bien souvent plus féroce. Mais surtout, lorsqu'un film parle à l’intelligence et au cœur, on est alors au Nirvana du 7ème Art ! »
Daniel DELAFOSSE
Voir la 1ère Partie Historique... cliquez ci-dessous ;
Cinéma "Le Régent" - Projectionnistes (Le Cinéma Halluinois - Historique de 1919 à 1989 - 1/2).
28/2/2011.
Commentaire : Daniel Delafosse