L'association
L'histoire de l'association 0
Si Halluin d’Autrefois m’était contée…
ou la naissance de l’association « A la recherche du passé d’Halluin ».
En cette année 1989, tout le monde pouvait photographier la gare d’Halluin. Aujourd’hui il est trop tard. Ceux qui ont des photos de cet établissement sont maintenant possesseurs de documents. Ceux qui détiennent des cartes postales ou des photos de la gare en pleine activité possèdent des trésors.
Tous ces clichés font partie du patrimoine local. Si les châteaux forts ont vécu des centaines d’années, les constructions modernes ont de plus en plus de mal à franchir le siècle. Peut-être parce que les matériaux modernes et les conceptions évoluent beaucoup plus vite qu’autrefois ? Et si on a vécu longtemps dans une société d’économie, les temps modernes ont apporté avec eux le phénomène de consommation voire de gaspillage.
Il est des hommes et des femmes qui sont soucieux de préserver le patrimoine, notre histoire. C’est le cas de la toute jeune association « A la recherche du passé » qu’anime le Docteur André Louf qui vient de publier un livre « Halluin, Images d’autrefois » dont un exemplaire fut offert le vendredi 12 mai 1989, en mairie, à M. Alexandre Faidherbe, conseiller général et maire.
Lors de cette réception, le Docteur Louf rappela comment ce livre avait été imaginé un dimanche de novembre 1987, au hasard d’une exposition de cartes postales, il commença une collection toute entière consacrée à Halluin.
Et au fil que cette collection s’enrichissait, une idée germa : puisqu’on a publié tant de livres de cartes postales sur les villes voisines, pourquoi ne pas en faire autant pour Halluin, en utilisant des documents d’avant la Seconde Guerre mondiale ?
D’autant que le Syndicat d’initiative le lui confirma à l’époque, ce travail n’avait jamais été réalisé. Aussi, le livre de l’abbé Coulon s’arrête au début du XXe siècle et Dominique Vermander a écrit un ouvrage sur un sujet délimité.
Au début du siècle, Halluin fut vraiment une très grande ville tant d’un point de vue industriel que politique ou syndical :
« Halluin possède un passé assez extraordinaire, explique André Louf, l’essor du textile, la contrebande, Halluin la Rouge… Il était vraiment très intéressant de se pencher sur ce passé ».
Très vite pourtant, il se rendit compte qu’il ne pourrait seul suffire à la tâche. Et se rapprocha donc des autres collectionneurs de cartes postales d’Halluin et des environs : René Baly, Joël Desot, Claudine Noyelle-Cardon, Marie-Thérèse Provost-Decottignies, Claude Rembry et Jean-Pierre Vuylsteke.
Très vite aussi, il apparut à ce petit groupe qu’il serait dommage de ne traiter que les cartes postales qui ne représentent généralement que des bâtiments, des monuments et d’écarter ainsi tous les éléments humains.
C’est la raison pour laquelle ils décidèrent d’inclure dans leur ouvrage des photo-cartes, sorte de publicités d’avant 1940 qui faisaient poser devant leur établissement les patrons avec leur famille et leurs employés.
Les documents photographiques existaient, et en abondance. Mais le Docteur Louf et ses acolytes ne voulaient pas d’un ouvrage qui n’aurait été qu’une simple compilation de photographies.
Et c’est là qu’intervient Mademoiselle Jeanne Saint-Venant : passionnément halluinoise, cette dame possède une mémoire quasiment encyclopédique de tout ce qui s’est passé ces soixante dernières années dans la ville !
C’est elle qui a fait parler toutes ces photos. Par ses souvenirs des lieux, des évènements, des personnes bien sûr, mais aussi par la mémoire des vieux et authentiques Halluinois qu’elle est allée questionner, « des commentaires faciles à lire, volontiers anecdotiques », des centaines de cartes postales sous le bras.
« A peine avais-je dit le but de ma visite que j’étais déjà dans la cuisine ! » explique-t-elle pour montrer la chaleur de l’accueil qui lui fut réservé.
« Les anciens ont vécu des moments difficiles, poursuit-elle, mais ils racontent cela comme un roman, comme une épopée qu’ils ont traversée ». Et de citer en exemple l’incendie du cinéma Bucksom en 1912, qui fit 14 victimes : « Certains s’en souviennent encore, parce que leur frère ou leur sœur était à cette séance »
Ou les concerts du lundi durant l’été sur le kiosque de la Place Verte : « Les Musiques municipales jouaient à tour de rôle. Qu’est-ce qu’on aimait çà ! Et lorsque le kiosque fut démoli, on allait écouter les concerts au jardin public ».
Jeanne Saint-Venant, on pourrait l’écouter parler pendant des heures de ses souvenirs, et de ceux que lui ont confié les anciens Halluinois. Et ce premier ouvrage à peine sorti, elle pense déjà à l’avenir : « J’ai plus de cinq kilos de notes et de documents, il y a bien de quoi en faire un second ! ».
En attendant, c’est en février 1988 que commença la conception du premier ouvrage, par des réunions hebdomadaires chez Madame Provost. C’est qu’il s’agissait d’opérer un tri sévère parmi les milliers de documents. Et de déterminer un itinéraire à travers la ville, du bourg à la Lys, en passant par la douane, le Mont et le Colbras.
Le but recherché : réaliser « un livre d’images qui plaise au plus grand nombre, qui réveille des souvenirs mais aussi qui soit beau, agréable à feuilleter », explique le Docteur Louf.
Et de ce côté, on peut dire que c’est réussi, car ce livre est superbe.
Ce livre se découpe en deux parties, l’une charpentée comme une promenade en ville de l’église Saint-Hilaire au Pellegrin ; la seconde offre des reproductions de photos touchant à la vie associative, religieuse, sportive ou industrielle.
" Nous nous sommes limités, a déclaré André Louf, car un livre de cinq cents pages n’y aurait pas suffi ».
Quand la maquette fut terminée, celle-ci fut confiée à l’imprimerie tourquennoise Georges Frères, « qui a réalisé un livre dont la qualité et l’élégance nous ont enthousiasmé ».
Lors de la cérémonie d’officialisation du premier ouvrage, en mairie d’Halluin le 12 mai 1989, le Docteur André Louf regretta que certains bâtiments aient disparu et notamment le consortium textile dont la façade aurait pu être sauvegardée. Il évoqua aussi les usines qui ont fait la grandeur du passé industriel halluinois, la gare, qui a permis d’envoyer jusqu’aux extrémités du monde des produits manufacturés à Halluin.
« Dans ces périodes difficiles où nos villes voisines bénéficient d’un essor économique, fabuleux pour certaines, nous ne pouvons que souhaiter que notre ville puisse un jour reprendre le flambeau qui fut le sien. Nous avons fait le livre à vous de faire le reste ».
André Louf présenta en quelques mots l’association « A la recherche du passé d’Halluin ».
Pour faire paraître ce livre, il fallait en effet un support associatif qui veut œuvrer dans deux directions : préserver le patrimoine historique en incitant notamment les Halluinois à ne plus se débarrasser inconsciemment de leurs vieux papiers, de leurs documents anciens et en accueillant toute personne, surtout les aînés, pour qu’ils transmettent la mémoire collective.
Il conclut en espérant que ce livre ne soit pas le dernier et le remit officiellement à M. Faidherbe.
Le maire remercia le Docteur Louf et l’association pour leur travail considérable :
« Vous avez réalisé un ouvrage remarquable, en personnes qui connaissent très bien leur ville et qui avaient à leur disposition une somme de documents extraordinaires.
Et je ne puis que vous remercier d’avoir permis à tous les Halluinois de pouvoir les consulter : les anciens y revivront leur passé, les nouveaux pourront se faire une idée de la grande histoire de leur ville. Et je ne puis que vous souhaiter d’être obligés de prévoir une ou plusieurs rééditions ! » Des « petits frères » ?
Le maire ajouta : « On peut regretter la disparition de certains bâtiments, mais notre époque a de nouvelles nécessités ». Il releva les gros changements qui sont intervenus en ville avec l’essor industriel. Il espéra que la bande de copains qui s’était formée poursuive son travail, et qu’il se constitue de manière plus officielle.
« Si vous allez dans ce sens, la ville vous aidera ». Il espéra que l’on se penche sur la campagne et par exemple sur la richesse des chapelles.
Après les discours, chacun trinqua à la santé du nouveau-né, dont les premiers exemplaires seront vendus le 20 mai 1989 à l’occasion de l’exposition des collectionneurs.
Mon premier est canadien…
En réalité, et si l’on excepte bien sûr les auteurs, M. Alexandre Faidherbe ne fut pas tout à fait le premier à recevoir un exemplaire de l’ouvrage « Halluin Images d’autrefois ».
C’est un … Canadien qui a eu cet honneur, et l’histoire mérite d’être contée.
En passant ce vendredi 12 mai 1989, devant la vitrine du journal « Nord Eclair », un monsieur ne manqua pas d’y voir l’affiche consacrée au livre du Docteur Louf, et entra pour voir s’il était possible d’acquérir cet ouvrage.
Très ennuyé, ce monsieur, quand il apprit que le livre ne serait disponible que le 20 mai : en effet, s’il est né rue de la Paix à Halluin en 1922, Monsieur François Dumortier habite dans la jolie province du Québec, au Canada, depuis 1952 ! Et son séjour à Halluin s’achevait dès le 13 mai.
Avouez que la circonstance était exceptionnelle : contacté, le Docteur Louf apporta immédiatement un exemplaire du bouquin, que M. Dumortier put donc emmener outre-atlantique, dans sa petite ville nommée Drummonville.
Nul doute que notre « Halluino-Québécois » aura beaucoup de plaisir à feuilleter ces anciennes images d’Halluin, lui qui fut notamment élève à l’école du Colbras et de la Rouge-Porte.
Un plaisir qu’il pourra partager avec une autre famille de Drummonville, originaire de Linselles celle-là : quoi de plus normal entre anciens habitants de la vallée de la Lys.
« Halluin, Images d’autrefois » : par-delà les frontières !
En novembre 1989, le succès du livre bien au-delà de l’Hexagone ne se démentait pas, comme en témoigne la petite histoire suivante :
C’est en effet de St-Clair Shores (Michigan USA) que le Docteur Louf a reçu, en novembre 1989, un mandat international de 45 dollars 70 cents. Il est rédigé à l’ordre de l’association « A la recherche du passé d’Halluin », par un certain M. Maurice Engels qui, à voir son nom et son intérêt pour le passé d’Halluin, devrait avoir quelques racines dans notre région !
En tout cas, ce sont deux exemplaires de l’ouvrage qui ont traversé l’Atlantique pour prendre place dans une bibliothèque du nord des Etats-Unis !
Et ce n’est pas tout : des commandes sont également arrivées de Nouvelle-Calédonie et de…Madagascar !
Visiblement, même si les Halluinois sont essaimés aux quatre coins du globe, ils n’en sont pas moins restés fort attachés à leur bout de terre flamande.
Et ce n’est pas le moindre mérite du livre « Halluin, Images d’autrefois » de leur avoir permis de retrouver, par photos interposées, des endroits ou des gens qu’ils croyaient peut-être disparus à tout jamais…
Le passé à l’affiche…
En 1992, et grâce aux bénéfices retirés de la vente du premier tome « Halluin, Images d’autrefois », l’association « A la recherche du passé d’Halluin » a pu racheter toute une série d’affiches datant de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème.
« Nous avons pu récupérer un lot de documents qui appartenaient à la municipalité et avaient été abandonnés lorsque la mairie avait quitté ses locaux de la rue de Lille pour aller s’installer rue Marthe Nollet, raconte André Louf.
Ce déménagement a eu lieu en mars 1974. Et pendant 18 ans, c’est un particulier qui a conservé tous ces documents chez lui, avant de nous les revendre, en octobre 1991 ».
Il s’agissait en fait d’un véritable trésor d’informations et de souvenirs qui venait de ressurgir du passé
En lisant cette petite centaine d’affiches, plus ou moins bien conservées, on apprend par exemple qu’en 1938, des distributions de gâteaux et de vin étaient organisées dans les écoles…
Ou encore qu’en septembre 1891, les sapeurs-pompiers, la Musique Sainte-Cécile, les « pinsonneux », la colombophilie et les « archers » faisaient partie du cortège de la kermesse.
Quant aux mesures de police à l’égard des personnes en état d’ivresse, elles étaient plutôt sévères en 1861…
Dans le lot, on trouve également d’autres documents qui intriguent beaucoup les adhérents de l’association : des lettres datant de 1857 et signées de la main du maire d’Halluin, un dessin d’architecte réalisé en 1895, représentant le premier kiosque construit sur la place Verte.
Mais le plus étrange est sans conteste ce carnet qui répertorie tous les transports de vivres effectués en 1915 dans la commune.
« Nous ne savons pas du tout quelle est la signification de ce carnet ». avoue l’un des membres du groupe.
Depuis la constitution de l’association, la petite équipe se préoccupe surtout de classer, d’archiver et de conserver, dans les meilleures conditions possibles, tous ces témoins du passé d’Halluin.
« Nous voulons constituer un patrimoine et aussi faire comprendre aux gens que, dans leur grenier, il peut y avoir des « pièces » très précieuses du point de vue de l’histoire locale, affirme le docteur Louf. Tout nous intéresse : photos anciennes, menus de banquets, faire-part, etc… ».
En ce début de l’année 1992, l’association « A la recherche du passé d’Halluin » a déjà réussi à rassembler une quantité impressionnante de documents en tout genre.
Une petite visite dans les archives du groupe s’impose. On y découvre par exemple 4.000 à 5.000 faire-part de décès, les plus anciens remontent à 1942, classés par ordre alphabétique dans 17 classeurs à anneaux.
Le groupe possède également le tout premier drapeau de la société de gymnastique « L’Halluinoise » en 1896. Une « pièce » qui vient compléter un autre document : une photo d’époque montrant les gymnastes de la société en train de poser sous leur drapeau flambant neuf !
Autres témoins de la vie halluinoise : des plaques photographiques datant de la première guerre mondiale et environ un millier de reproductions de photos de classes, de commerce, de fêtes locales ou d’associations sportives… Enfin, quelques « curiosités » des factures du 19ème siècle surmontées de superbes gravures représentant les bâtiments des anciennes usines de la commune, des paquets de la chicorée « Deprost-Wacrenier » à Halluin et un catalogue de « chaisier » où sont dessinés les différents modèles de chaises d’enfants et de prie-dieu.
Des trésors que le Docteur Louf et son équipe ne souhaitent pas garder secrets. « Nous aimons collectionner et faire partager notre passion », explique-t-il.
Une bien belle devise qui se concrétisera dans les années suivantes…
Contacts 0
Si vous souhaitez prendre contact avec les membres de l'association, plusieurs possibilités vous sont offertes :
Par téléphone :
Docteur André Louf, Président : 03 20 94 10 08
Monsieur Jacques Mahieux, Secrétaire : 03 20 46 00 64
M. Stéphane Bedleem, responsable du site internet : 06 99 80 83 60
Par Mail :
Par courrier :
Association A la Recherche du Passé d'Halluin
7, Chemin de Loisel
59250 Halluin