Henri Leveugle |
Maire d'Halluin 05.10.1980 - 18.03.1983 |
Né le 14.11.1924 à Wattrelos (Nord). |
Lors de la célébration des cinquante ans de mariage de M. Henri Leveugle et son épouse, en octobre 1998, on pouvait lire ceci dans la presse locale :
« Il est de ces personnes pour qui la modestie est une philosophie et le dévouement une seconde nature ».
Né dans la cité des Berlouffes le 14 novembre 1924, Henri Leveugle a d’abord été professeur technique adjoint de janvier 1945 à avril 1947, puis technicien aux Ets Lorthiois, Leurent et Fils à Halluin de août 1947 à décembre 1963, et enfin technicien aux Ets Urgé à Comines de janvier 1964 à novembre 1982.
Domiciliés 33, rue Anatole France, dans ce quartier du Colbras, dont ils connaissaient si bien la vie, Henri et Denise Leveugle-Hallez (décédée en 2007) eurent huit enfants et de nombreux petits-enfants.
Outre son activité professionnelle qui lui a valu la prestigieuse distinction de Meilleur Ouvrier de France, Henri Leveugle fut nommé conseiller municipal le 15 mars 1959, réélu dans l’équipe de Charles Vanoverschelde le 14 mars 1965 ; à compter du 21 mars 1971, il devenait le Premier adjoint au maire Albert Houte, qu’il seconda à ce poste pendant neuf ans.
Au conseil municipal depuis vingt-sept ans, Albert Houte atteint par la maladie depuis quelques années, se démit de ses fonctions en octobre 1980, laissant la place de maire à son inséparable premier adjoint Henri Leveugle.
Le 5 octobre 1980, Henri Leveugle, cadre textile, devenait officiellement le nouveau Maire d’Halluin jusqu’en mars 1983, où il fut battu aux élections municipales par M. Albert Desmedt ancien journaliste.
« Rigoureux et doté de cette qualité essentielle qu’est l’honnêteté, il n’a jamais mélangé les intérêts de sa commune et ses intérêts personnels » disait notamment en octobre 1998, le maire d'Halluin Alexandre Faidherbe (celui là même qu’Henri Leveugle avait été cherché en 1971).
Noces d'Or des époux Leveugle-Hallez, salle des Mariages Mairie d'Halluin
célébrées par Alexandre Faidherbe Maire - Octobre 1998,
(Photo NE DD 26489 n° Img 552)
Lors du mandat de M. Leveugle, en sa qualité de Premier Magistrat de la Ville, les principales réalisations municipales étaient les suivantes :
L’inauguration en juillet 1981 de trois nouveaux courts de tennis construits en matériaux bitumeux poreux situés rue de la Lys, en remplacement des installations vétustes de la Route de Linselles.
Le 10 septembre 1981, naissait une nouvelle société musicale « L’Harmonie Municipale d’Halluin » sous la direction de M. Guy Deceuninck, et de son premier Président Marcel Vanwalleghem.
Le 3 octobre 1981, Oscar Crombez Adjoint à la Culture représentait le Maire absent d’Halluin, pour l’inauguration des locaux complètement rénovés de l’ancienne M.J.C. – M.P.T.
M. Henri Leveugle, en sa qualité de maire, procèdera à l’inauguration officielle le 7 novembre 1981 du nouveau siège du Conseil de Prud’Hommes, dans l’immeuble que la Municipalité a acquis au 58, rue de Lille.
C’est également en 1981 que la Municipalité, soucieuse de l’environnement de la Commune, a relancé avec la participation du Coin de Terre le concours des Maisons Fleuries.
Henri Leveugle Maire d'Halluin devait inaugurer également la nouvelle école maternelle « Maria Montessori », le samedi 16 octobre 1982, en présence du Maire Honoraire M. Albert Houte.
Dans son discours, Henri Leveugle rappela l’effort municipal et communautaire réalisé pour l’enseignement de 1971 à 1982 : Notamment la construction de l’école maternelle George Sand, celle de l’école Anne Frank et de l’école primaire Jean Moulin, mais aussi l’extension du C.E.S. Robert Schuman et la création du Lycée d’enseignement professionnel Saint-Exupéry sur le territoire communal.
La dernière année de mandat de M. Leveugle verra se poursuivre plusieurs dossiers à l’étude L’opération « Texunion », « Descamps-Demeestère », lotissement « Les Magniolias » ainsi que les études d’aménagements d’espaces verts, en particulier la zone verte de 8 hectares au Colbras et le terrain de 3 hectares autour de la ferme Acquette.
Membre du comité de Gérontologie, président départemental du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), regardant au-delà de son quotidien les pays qui souffrent, Henri Leveugle et son épouse ont su toujours donner de leur temps aux plus démunis avec « cette volonté d’accueillir tous les gens de tous horizons » soulignait Alexandre Faidherbe.
Mais aussi, Henri Leveugle s’était tourné vers la jeunesse halluinoise pour qui il avait co-fondé la Maison des Jeunes et de la Culture, sous l’impulsion du maire Charles Vanoverschelde, en 1968.
Lors du trentième anniversaire de cette institution, l’ancien maire recevait la médaille de la ville des mains de M. Alexandre Faidherbe Maire d'Halluin, ainsi que la médaille de bronze de la Jeunesse et des Sports.
Depuis 1983-1984, son épouse Denise a tenu le rôle de rédactrice du fonds commun et des pages locales du Journal « La vie chez nous », tâche qu’elle prit particulièrement au sérieux, en tandem avec son mari, dont elle a soutenu l’engagement militant.
Hommage à l’homme politique :
ou le « Salut au vaincu » par le journaliste Philippe Martin.
« Voici les résultats pour l’ensemble de la commune » : soudain le débit de voix se fait plus saccadé. Que peut-il bien ressentir, le maire sortant, au moment où au micro et devant des centaines d’Halluinois redevenus silencieux, il se doit d’annoncer sa défaite chiffrée et la victoire presque écrasante de son principal adversaire ? Qui y songeait, dimanche soir (13 mars 1983) vers 19 h 30 dans la salle du Manège, quand M. Leveugle prit la parole pour la dernière fois de la soirée ?
Bien sûr, c’est loi de la démocratie, qui veut que vainqueur ou vaincu l’élu sortant donne lecture du score obtenu par les différents candidats. Mais il est des moments où elle se fait bien dure, cette loi. Sous son masque pâle et marqué par les fatigues d’une campagne éprouvante pour les cœurs et les nerfs, malgré son sourire et son calme de façade, on sentait bien chez M. Leveugle l’expression mal contenue d’un immense désarroi.
Et on aime à penser qu’ils ont été quelques-uns à ce moment-là dans la salle même chez ceux qui ne lui avaient pas accordé leur confiance, à comprendre sinon à partager l’espace d’un instant, cette souffrance intérieure difficilement contenue.
Il s’agit ici pour quelques secondes de se placer au-dessus des passions politiques nées d’un enjeu électoral qui a fini par occulter tout le reste, y compris la qualité des hommes en présence. De se mettre dans la peau d’un homme qui, selon sa propre expression « milite depuis 35 années pour le bien-être de ses concitoyens ».
Qui depuis 1959, siège sans discontinuer au sein de l’assemblée communale, comme simple conseiller, d’abord, comme adjoint ensuite, sans jamais renier la moindre des responsabilités que peut recouvrir ce mandat local peut spectaculaire mais si utile à la communauté.
Qui au cours des trois dernières années a assumé totalement sa fonction de maire y consacrant l’essentiel de son temps et de ses capacités, allant jusqu’à devancer l’âge de la retraite afin de se rendre plus disponible.
Qui depuis quelques semaines, s’est battu corps et âme pour faire triompher l’idée qu’il croyait la meilleure, tout cela pour voir finalement 65 % des électeurs halluinois lui tourner le dos…
On nous l’a parfois reproché, « de passer souvent la photo du maire dans le journal » Etait-ce notre faute à nous, s’il était présent auprès des gens, des sociétés, des Halluinois en général ? A-t-on imaginé ce que représentait ne serait-ce que dans une vie de famille, la charge de l’élu local, en heures perdues, en kilomètres parcourus, en soirées sacrifiées ?
L’heure nous semble propice pour rendre ici hommage à un homme qui s’est battu et a été battu. « Sans doute me suis-je trompé, sans doute ai-je mal compris ou ai-je mal été compris »
Confiait-il au soir d’un premier tour qui ne lui laissait plus guère d’espoirs. Déjà en vrai démocrate, il reconnaissait et assumait une partie des torts, puisque la majorité s’était prononcée contre lui. Certes, M. Leveugle reste élu, il siègera au sein du futur conseil, il nous l’a affirmé. Mais cette interrogation majeure, cette certitude d’avoir fait fausse route en croyant avoir choisi le bon chemin rendait encore plus poignante sa dignité courageuse de dimanche soir.
Et l’on fut gré aux partisans de M. Desmedt de ne pas forcer la note dans le domaine des applaudissements.
Les plus nettes victoires se savourent en silence. Mais ce même silence peut faire l’effet d’un baume sur les cicatrices les plus cuisantes… Philippe Martin ( Nord Eclair 15/3/1983).
22/12/2010