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AL-00399

Vue aérienne de l'usine textile Lorthiois-Leurent & Fils,
4,  rue Anatole France Halluin.    
  (photo :  al 399)
Ets Lorthiois-Leurent & Fils... Historique.
En 1930, les Sociétés Lorthiois-Leurent & Fils fêtent leur 150ème anniversaire. Cette date marque également l'apogée de cet empire textile installé dans plusieurs villes de la région dont Halluin. Le siège social est installé 36, rue du Petit Village à Tourcoing.
L'usine d'Halluin située au 4, chemin de la Granville (actuelle rue Anatole France) date de 1924. Elle est construite sur une superficie de 30.000 m², et comprend 10 logements pour les cadres. Elle est l'un des derniers fleurons des entreprises L.L.F., dirigé par Jules et Robert Lorthiois. Jules qui n'a pas de descendance, meurt en 1929 et Robert décède en 1950. Ce sont les trois fils de ce dernier, Robert, Michel et Jacques, qui dirigent  l'usine jusqu'à  sa vente en 1968.
L'activité essentielle de l'usine d'Halluin est la fabrication de tissus pour sièges et tentures : tissus d'ameublement et velours unis et Jacquard. Le textile le plus utilisé pour le tissage de ce velours est le coton. La fibranne (fibre artificielle) permet la fabrication des velours bouclés (imitation de "velours de Gênes"). D'autres fibres naturelles, comme la laine et le lin servent au velours uni. Le mohair donne un velours à poil long.
Ce n'est que dans les années soixante que les fils synthétiques font leur apparition : le fil nylon continu que l'on assemble avec le Rhovyl : passé à la chaleur le Rhovyl se rétracte et cela donne deux hauteurs de poil et imite la fourrure naturelle. A cette époque se tissent également des velours acryliques à base de Dralon. 
D'autres productions se sont faites à Halluin, mais de façon plus restreinte : un département Haute Laine, où travaillent surtout des jeunes, réalise de magnifiques tapis. Quelques métiers battent pour fabriquer du tissu pour corset et, à une certaine époque, il y a un rayon "pantoufle".
Les Ets Lorthiois-Leurent ont même créé, avant guerre, un département "fourrure". Astrakan (fourrure d'agneau) et Kid (fourrure de chevreau) sont parfaitement imités dans le secret. L'Astrakan est tissé sur des métiers à baguettes avec de gros fils en mohair ou en jute. La teinture du mohair est faite en pièces. Pour le Kid, le tissage se fait avec du fil de coton teint en noir puis divers interventions de machines ou manuelles, donnent au poil des orientations variées. Cette production confidentielle, rapidement stoppée, fera les beaux jours d'une autre entreprise halluinoise quelques vingt années plus tard.
Cette production importante et diversifiée permet à L.L.F. de connaître des années florissantes de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'aux environs de 1960. Ce tissage se situe dans le "Haut de Gamme" pour les tissus et velours d'ameublement, surtout le velours coton. Il fournit les principaux grossistes du Sentier à Paris.
Chaque client a ses propres produits et sa gamme de coloris. On leur propose plus de 40 coloris par qualité. Un magasin parisien situé au 2, rue Saint Joseph, au coeur du Sentier, permet aux clients de se réassortir rapidement. Quatre représentants, en permanence sur Paris, visitent journellement leur secteur. Ils réassortissent à la demande, présentent les nouveautés et répercutent les réactions des clients.
Des commandes importantes de 800 à 1.000 mètres parviennent quelquefois pour équiper un théâtre par exemple, mais arrivent aussi des commandes très petites : pour réparer un accident survenu à un siège de grand prix, L.L.F. retisse un mètre de tissu d'un coloris bien précis. Le client est satisfait, la renommée de la maison grandit mais le coût est élevé.
Par périodes des marchés étrangers s'ouvrent pour des produits spécifiques comme les velours "rayonne" qu'achètent l'Afrique du Nord, le Koweït, la Turquie et l'Orient en général. Mais Lorthiois-Leurent a une production qui nécessite de lourds frais de structure. Ils font quasiment un produit artisanal de luxe que personne ne peut ou ne veut payer à son prix.
La pression des grossistes accélère le déclin de L.L.F. qui aboutit à la reprise par les frères Willot à la fin des années soixante et au déménagement chez Gratry au début des années soixante-dix.
Pendant cette période de 45 années, les Ets L.L.F. ont aisi apporté leurs compétences professionnelles dans ces productions demandant une grande attention et un savoir-faire peu ordinaire.
 
A la place des Ets Lorthiois-Leurent & Fils a succédé Cousin Frères de Wervicq. Puis les locaux ont été occupés par Customagic.
4/5/2011
Commentaire et Photo :  ARPHalluin - Daniel Delafosse