Les rempailleuses de chaises et leurs apprentis, vers 1920.
Cette photo très ancienne montre comment, dans le calme d'une courée,
on s'initiait sur le pas de la porte à la technique du rempaillage.
(photo n° 00771)
Les Rempailleuses de Chaises...
et leur Histoire.
La réputation de la chaise d'Halluin a plus d'un siècle. Elle a fait la renommée des chaiseries industrielles et artisanales de la ville. Elle le doit à la compétence certes des artisans et ouvriers du bois, mais surtout aux qualités exceptionnelles de ses rempailleuses de chaises.
Le métier par lui-même, célébré par Péguy dont la mère était rempailleuse, n'est pas nouveau. Déjà au XVIIe siècle, cette profession est mentionnée dans l'état-civil. C'est un métier difficile qui nécessite un très long apprentissage, un an et demi à deux ans, disent les anciennes.
Très tôt les enfants apprennent les premiers gestes, présenter la paille de marais, appelée finesse car la paille est très fine, dont la rempailleuse fait un cordon solide, et ce sont encore les fillettes qui donnent une paille à la fois à la rempailleuse, qui la coupe d'un coup d'ongle pour l'enrouler autour du cordon.
Il faut avoir vu les femmes assises, sur un siège très bas à côté de leurs fournitures, faire tourner la chaise une centaine de fois avec dextérité, et le paillage grandir en commençant par les coins jusqu'au milieu du siège, pour comprendre qu'il faut une grande force musculaire pour achever le paillage et le rendre très solide.
Le rempaillage s'exerce à domicile. On rempaille, en général, trois chaises ou prie-Dieu par jour. Les ouvrières belges, en grand nombre, ne peuvent emmener leurs chaises et fournitures en Belgique. Elles louent à trois ou quatre, parfois plus, une pièce chez l'habitant, si possible à proximité des chaiseries.
Elles occupent dans l'entresol des maisons la pièce occupée autrefois par le métier à tisser à omicile. Les habitants se serrent alors dans les autres pièces pour leur laisser le plus de place possible.
Certaines rempailleuses préfèrent cette solution, car le métier est salissant et la pièce principale bien encombrée de chaises et de fournitures, ce qui gêne beaucoup la vie familiale.
Mme Denoyelle,
rempailleuse de chaises à domicile.
(photo n° 02525)
Ce beau métier n'est plus guère exercé de nos jours, sauf par quelques artisans telle Madame Denoyelle et sa famille, qui perpétuent la tradition par amour du métier.
Madame Denoyelle ici en pleine actionmaintient solidement la réputation du rempaillage et du cannage de chaises. C'est l'un des plus anciens métiers pratiqués à Halluin, par des générations de rempailleuses.
Elle restait une gardienne expérimentée de ce travail traditionnel, qui fut l'un des fleurons de l'industrie locale halluinoise.
Malheureusement elle a quitté Halluin en 1995.
Mme Vanheddeghem, travaillant à domicile pour une société de la rue du midi (rue M.Simono). photo n° 02528
Une rempailleuse à domicile,
Mme Pauline Verhulst,
durant les années 50.
(photo n° 00807)
Pauline Verhulst était une excellente rempailleuse, métier qu'elle exerça toute sa vie.
Lorsqu'un client était particulièrement difficile, c'était à elle que l'on confiait le travail.
Elle habitait la Cour Porchet, et les habitants n'ont pas oublié sa discrétion et son passage journalier avec ses trois chaises, qu'elle transportait chaque jour par tous les temps.
6/3/2011.
Commentaire : Daniel Delafosse