Pierre Desmedt (à gauche) et Alphonse Robach :
En 1995, les deux Déportés Halluinois témoignent,
50 ans après la libération des camps de concentration nazis.
(Photo Mairie DD 12105 n° Img 979)
Pierre Desmedt et Alphonse Robach...
témoignent contre l'oubli !
(récit du Magazine Municipal d'Halluin).
Le 30 Avril 1995, Halluin commémorait, comme toutes les villes de France, le cinquantenaire de la libération des camps de concentration nazis. Deux hommes ont vécu ces cérémonies sans doute plus intensément : Pierre Desmedt et Alphonse Robach deux Halluinois rescapés des camps de la mort...
Le Camp d'Auschwitz (Pologne).
(Photo X DD 12118 n° Img 989)
Pierre Desmedt et Alphonse Robach se sont rencontrés un jour, par hasard. Ils n'ont pas sympathisé parce qu'ils avaient le même métier, la même façon de voir la vie, les mêmes convictions politiques ou religieuses. Non. Ce qui les a rapprochés, c'est leurs souvenirs communs. Ils ne se connaissaient pas et pourtant, dans leur jeunesse, ils ont vécu les mêmes terreurs, les mêmes sévices, les mêmes humiliations, aux mêmes endroits.
En 1995, ce sont les deux rescapés halluinois des camps de concentration allemands de la seconde guerre mondiale. Tous les deux ont été prisonniers à Dachau et Allach notamment.
De cette jeunesse de souffrance, il leur reste les souvenirs indélébiles des odeurs de mort qui rôdaient à l'époque autour d'eux. De la haine, ils n'en éprouvent que pour les S.S., leurs bourreaux, le nazisme et les extrémismes en général. D'ailleurs, au bout de l'horreur, la haine ne signifie plus grand chose.
Ce que les deux hommes désirent aujourd'hui, c'est simplement témoigner et laisser dans leur sillage un message de paix et de fraternité aux générations futures, afin qu'elles se nourrissent du passé pour ne pas reproduire les erreurs qui ont fait de ce siècle, le siècle le plus meurtrier de l'histoire de l'Humanité.
Camp de concentration.
(Photo X DD 12143 n° Img 119)
Leur témoignage, ils le livrent à chaque fois qu'on leur en donne l'occasion. Pierre Desmedt a accordé le 15 février 1995 une longue entrevue à Daniel Delafosse, amateur d'histoire locale. Alphonse Robach, lui, a déjà visité plusieurs écoles pour raconter et répondre aux questions des plus jeunes.
Les deux rescapés sont heureux de constater que beaucoup de jeunes redécouvrent cette période noire de l'Histoire et s'y intéressent. Il est vrai que ces dernières années, les diverses commémorations du cinquantenaire ont remis dans la lumière ces heures sombres. Elles ont également permis de délier les langues de tous ceux qui ont vécu les camps et en ont réchappé. Il leur aura fallu tout ce temps pour guérir des blessures, pour trouver la force de parler et de livrer leurs souvenirs terribles à la mémoire collective.
Pierre Desmedt aime à citer cet écrivain allemand qui a dit un jour "les peuples qui veulent oublier leur histoire sont condamnés à la revivre...".
A la libération des camps, les Américains ont trouvé des détenus
dans un état de maigreur invraisemblable.
(Photo X DD 12155 n° Img 143)
Alors, Pierre Desmedt et Alphonse Robach n'oublient pas les mois passés à errer dans ces camps de la mort, vêtus d'un simple chandail, parfois nus, chaussés de planchettes de bois sommairement ficelés aux pieds. Ils n'oublient pas les trop rares soupes d'orties servies avec une tranche de pain à la sciure de bois, et ces moments où il fallait trouver dans le fond des poubelles de quoi vivre encore quelques heures. Ils n'oublient ni les sévices, ni les coups de poing, de pied, ni ces nerfs de boeuf qui lacéraient le corps squelettique, et les insultes, les humiliations.
Mais ils n'oublient pas non plus cette volonté farouche, cette foi inébranlable, cette force morale et psychologique, cette fraternité qui leur ont permis d'espérer toujours quand le corps était à bout de vie.
Alors, souvenons-nous et écoutons ce qu'ils ont à nous dire car l'actualité du monde d'aujourd'hui nous prouve tous les jours que les leçons de l'histoire sont loin d'être retenues par tous et que, si l'on n'y prend garde, la barbarie et la cruauté ont encore de beaux jours devant elles.
Cérémonie du 80ème Anniversaire de l'Armistice du 11 Novembre (1918 - 1998).
Au Monument aux Morts d'Halluin, le Maire et Conseiller Général Alexandre Faidherbe
dépose une Gerbe, accompagné des deux représentants du Conseil Municipal des Jeunes,
de Jean-Luc Deroo Adjoint au Maire, Alphonse Robach et Pierre Desmedt derniers Déportés Halluinois.
(Photos Nord Eclair DD n° Img 139)
Voir aussi ... cliquez ci-dessous :
Déportation - Halluin (Pierre Desmedt Dernier Résistant Halluinois Déporté - 1/2).
Déportation - Halluin (Pierre Desmedt Dernier Résistant Halluinois Déporté - 2/2).
Déportation - Halluin (Pierre Desmedt 1914 - 2005).
25/4/2012
Commentaire et Photos : Presse - Daniel Delafosse