Maurice Schumann : Elu du Nord et travailleur inlassable.
"Je n'ai pas le courage du repos,
je n'ai pas le courage des vacances..."
(Photo DD 12619 n° Img 909)
Maurice Schumann... le Nord et les Halluinois :
A l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, le Dimanche 10 avril 2011,
Le journal « Nord Eclair Halluin » a consacré une double page à Maurice Schumann :
Un amoureux du Nord fidèle à ses valeurs… Extraits :
Maurice Schumann, le porte-parole de la France libre aurait eu 100 ans aujourd'hui. Homme fidèle en amitié, par-delà les clivages, il marquera de son empreinte la vallée de la Lys.
Maurice Schumann est présent dans le Nord dès l'entre-deux-guerres. Des documents attestent de sa présence en 1932 à Armentières, comme délégué du comité central de la ligue des droits de l'homme. Sa tante habitant Marcq-en-Baroeul, il lui arrivait aussi, enfant, d'y passer ses vacances. Mais, c'est bien au sortir de la guerre qu'il va "épouser" la région.
Celui qui est devenu par ses quelque 1100 interventions radiophoniques surla BBC, le porte-parole dela France libre, va tomber amoureux du Nord et y consacrer une grande partie de sa vie politique, jusqu'à sa mort en 1998. Malgré tout, il ne lâchera jamais ses attaches parisiennes et il faut attendre 1975, pour qu'il fasse l'acquisition d'un bien, rue Jean-Jaurès à Tourcoing.
Jusque-là, celui qui revenait tous les week-ends dans ses circonscriptions, celle de Lille d'abord de 1945 à 1958, puis la 10e de Tourcoing à Armentières en passant par la vallée dela Lys, de 1958 à 1973, descendait à l'hôtel Terminus à Lille. Ou n'hésitait pas à dormir chez ses amis lorsque les soirées se terminaient trop tard.
Maurice Schumann à Comines, vers 1985.
Coll : Les Amis de Comines.
(Photo DD 12630 n° Img 953)
Tout le monde l'appelait Maurice...
Des amitiés qu'il s'est forgé au gré de sa vie, de ses passages dans la vallée de la Lys. « Il est resté fidèle en amitié, raconte Alexandre Faidherbe, maire honoraire d'Halluin et suppléant de Gérard Haesebroeck qui battra pour la première fois Maurice Schumann à la députation en 1973. Malgré des voies qui pouvaient devenir différentes ».
Car si Maurice Schumann devient président du MRP en 1944, puis rejoint les rangs gaullistes - là aussi une grande fidélité au général malgré des divergences de point de vue sur certains dossiers - il a connu ses premiers engagements politiques àla SFIO. Une fibre sociale qu'il va conserver tout au long de sa carrière politique. « Un socialisme du possible », commente Michel Pacaux, maire de Frelinghien, et suppléant de Maurice Schumann en 1973.
Il prend ainsi comme suppléant, de 1967 à 1973, Adrien Verkindère, premier adjoint à Halluin, et syndicaliste à la CFDT. Les fonctions ministérielles de Maurice Schumann à cette période (dont le ministère des affaires sociales), propulseront l'élu halluinois au palais Bourbon.
D'un père juif et d'une mère agnostique, Maurice Schumann va se convertir au catholicisme, plutôt « une évolution spirituelle graduelle », évoque René Knockaert. Il quitte la mouvance socialiste pour se rapprocher du Sillon, le parti fondé par Marc Sangnier. de tendance démocrate-chrétienne.
Lors de ces passages hebdomadaires dans la région, sinon dans la vallée dela Lys, Maurice Schumann multipliait les rencontres, les rendez-vous. Il était aussi à l'aise avec le peuple que les notables. « Et tout le monde l'appelait Maurice », se souvient Michel Pacaux.
Maurice Schumann a été par deux fois conseiller municipal. Une première fois entre 1953 et 1955 à Lille, puis entre 1971 et 1977 à Comines. Mais il a toujours refusé d'être maire. Il était contre le cumul des mandats, et estimait qu'il ne lui était pas possible de mener de front les mandats locaux et nationaux (...).
Drapeaux Français et Halluinois
au Port de Plaisance d'Halluin, en 2002.
(Photo DD 12634 n° Img 556)
Maurice Schumann et Halluin... de 1945 à 2002 :
Maurice Schumann... le maître de l'éloquence !
(Photo DD 12618 n° Img 908)
A titre personnel, l’halluinois Daniel Delafosse avait eu l’occasion de correspondre souvent avec Maurice Schumann. En février 1998, lors de son décès, il fit part à la presse locale de son émotion :
« Par son parcours journalistique, militaire, politique, littéraire et philosophique, Maurice Schumann restera l’une des figures locales, régionales et nationales les plus remarquables et les plus attachantes de ces cinquante dernières années.
Maurice Schumann aimait rappeler, qu’en sa qualité de Président du Mouvement républicain populaire, il avait tenu sa première réunion publique, avant des centaines d’autres, précisément à Halluin, le 3 mars 1945, salle du Manège.
Depuis cette date, il entretenait avec la population halluinoise des liens privilégiés, amicaux et souvent personnels, qui resteront pour beaucoup gravés à jamais dans les écrits et la mémoire collective de la ville.
Par son travail inlassable à la cause du pays, de la région, et des communes de la Vallée de la Lys en particulier, dont il aimait, avec la passion qui le caractérisait, défendre les valeurs auxquelles il était profondément attaché, nous lui disons toute notre reconnaissance et nos remerciements, ainsi que nos pensées émues à son épouse et sa famille ».
En 1945, Cérémonie au Monument aux morts, rue de Lille,
quelques mois après la Libération d'Halluin du 6 Septembre 1944.
On reconnaît, au premier plan de gauche à droite :Etienne Bauwens (brassard),
Albert Louf, Maurice Schumann, et derrière lui Henri-France Delafosse.
(photo n° schu 3037)
Devant l'ancienne mairie rue abbé bonpain Halluin,
quelques mois après la Libération de la ville en septembre 1944 :
de gauche à droite : Etienne Bauwens, Henri-France Delafosse derrière Albert Louf (1er plan),
Gérard Verkindère (béret), Maurice Schumann (chapeau) et Jérôme Somers (de profil).
(Photo n° 3032)
Maurice Schumann Président du Mouvement Républicain Populaire,
Salle du Manège à Halluin, le 3 Mars 1945.
(Photo DD 12624 n° Img 038)
En 1994, dans un courrier que Maurice Schumann avait envoyé à Daniel Delafosse, il indiquait : (...)"Que la réunion qui s’est déroulée à Halluin en 1945, était la première qu’il avait effectuée dans le Nord…Et depuis cette date, combien de centaines se déroulèrent ? "
Et il ajoutait : "Pourquoi ne pas vous l’avouer ? Je n’ai pas pu retenir mes larmes en lisant votre lettre, en découvrant les articles que vous avez eu l’heureuse idée de m’envoyer, en attardant mon regard sur les photographies que vous avez prises dans une circonstance qui m’est particulièrement chère.
Vous savez les liens d’amitié qui m’unissaient à votre père. Ceux qui, désormais, m’unissent à vous sont également indestructibles"...
Maurice Schuman Ministre d'Etat et Charles Vanoverschelde Maire
coupent le ruban au C.E.S. d'Halluin, en 1964.
(Photo DD 12626 n° Img 944)
En 1964, le nouveau Collège d'Enseignement Secondaire "Robert Schuman" est inauguré officiellement par le Maire d'Halluin Charles Vanoverschelde et du Ministre d'Etat Maurice Schumann. En cette rentrée scolaire 2012, l'établissement, situé rue de Lille, accueille 506 élèves et compte 52 enseignants.
Le nouveau Poste de Douanes Halluin-Est en 1967.
(Photo DD 12639 n° Img 962)
En sa qualité de Ministre, Maurice Schumann contribua très activement à la réalisation de la Route de Contournement (ancienne RN 17), ainsi qu'à la réalisation du Poste-Frontière d'Halluin-Est en 1967.
Les standardistes de la Poste d'Halluin
opèrent pour la dernière fois.
(Photo DD 12627 n° Img 945)
En 1968, Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin inaugure les nouvelles installations du téléphone automatique... Et le premier coup de téléphone a été pour M. Maurice Schumann.
Adrien Verkindère
Député du Nord
1er Adjoint au Maire d'Halluin.
(Photo DD 12625 n° Img 947)
Adrien Verkindère 1er Adjoint au Maire d'Halluin répond positivement à la demande de Maurice Schumann, ancien Porte-parole de la France Libre, pour être désigné comme son suppléant aux élections législatives de mars 1967. Maurice Schumann est élu au premier tour, avec à Halluin : 4225 voix, Gilles Jules (PC) en obtient 2878. Gérard Haesebroeck (socialiste), déjà conseiller général dans son canton d’Armentières, 721 voix.
Quelques semaines après son élection, Maurice Schumann est nommé Ministre, et par voie de conséquence Adrien Verkindère lui succède comme Député de la Xème circonscription du Nord, du 8 mai 1967 au 30 mai 1968, puis du 13 août 1968 au 1er avril 1973 sous l’étiquette Union des Démocrates pour la Vème République.
Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin (à gauche)
remet la 1ère Médaille de la Ville
à Maurice Schumann, en 1969.
(Photo DD 12573 n° Img 677)
La Vallée de la Lys, d'Armentières à Halluin, a marqué le parcours politique de Maurice Schumann. Conseiller général de Tourcoing-Nord en 1965, plusieurs fois élu député du Nord et sénateur de 1974 à 1998, Maurice Schumann était d'essence MRP et comptait de nombreux amis qui n'oublièrent jamais de le solliciter au besoin.
C'est lors de la réception du Nouvel An 1969, que Maurice Schumann, alors ministre des Affaires Sociales, reçut des mains de Charles Vanoverschelde maire d'Halluin, la première grande Médaille de la Ville. Un signe de gratitude et d'admiration des Halluinois envers celui qui a beaucoup fait pour eux.
Albert Desmedt :
Chef d'Edition de "La Voix du Nord".
(Photo DD 12629 n° Img 951)
Maurice Schumann à son bureau, au Ministère des Affaires Etrangères.
(Photo DD 12616 n° Img 902)
En mai 1972, M. Maurice Schumann, alors ministre des Affaires étrangères de l’époque vient à Halluin remettre les insignes de la Légion d’Honneur à celui qu’il appelle son confrère, son camarade, son filleul, son ami, son frère.
Au revers de la veste du chef d’édition de « La Voix du Nord », Maurice Schumann épingle la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, pas n’importe quelle croix, la sienne reçue des mains mêmes du général Leclerc, commandant la 2e D.B.
Maurice Schumann à Halluin,
en l'Eglise Saint-Hilaire, le 30 Juillet 1987.
(Photo DD 12623 n° Img 942)
Lors des Funérailles d'Albert Desmedt, le jeudi 30 juillet 1987, Maurice Schumann membre de l'Académie Française a prononcé l'éloge funèbre du Maire d'Halluin et Conseiller général du Nord :
(...) "J’ai retrouvé sur ce cercueil ma croix de la Légion d’honneur, celle qui m’a été remise par le général Leclerc. Je ne pouvais la confier qu’à un frère. Je me souviens de te l’avoir épinglée, si près du cœur. De ce coeur qui a tant battu pour Geneviève, ton épouse, ta famille, pour Bousbecque, ta ville natale, pour la Vallée de la Lys ;
Près de ce cœur qui battit aussi et surtout pour la France. De ce cœur qui fut offert à la France. De ce cœur d’un ami fidèle entre tous… jusqu’au devant du peloton d’exécution" (...).
Le 17 septembre 1988, Maurice Schumann arrive à la Bibliothèque Municipale
entouré à sa gauche de Didier Desprez Maire d'Halluin,
et à sa droite de Jean-Pierre Verschave Adjoint à la Culture.
(Photo DD 12622 n° Img 941)
Maurice Schumann est venu pour la dernière fois à Halluin, le 17 septembre 1988 à la bibliothèque municipale, dans le cadre de l’exposition sur le trentenaire de la cinquième République, intitulé « De Gaulle, père de la cinquième République », dédicacer son livre « Un certain 18 juin ».
Il a commencé par rappeler son passé lié à Halluin. Il exprima tout l’émotion qu’il ressentait à se trouver là : «Tous, vous êtes mes amis, même si vos orientations politiques sont différentes"...
Maurice Schumann était un homme chaleureux et plein d’humour. Ce jour-là, il a fait sourire son auditoire halluinois, en abordant le chapitre de l’Europe. « De nombreux Halluinois ont longtemps pensé que Robert Schuman, fondateur de l’Europe, était mon père. Ainsi ils me disaient ; « min fils, y va à tin collèch ». Et je leur expliquais que le collège Robert Schuman, c’était pas min collèch ».
La venue de Maurice Schumann, pour une Conférence-Débat sur De Gaulle,
à la Bibliothèque Municipale d'Halluin, le 17 septembre 1988.
(Photo DD n° sch)
Dédicace de Maurice Schumann, pour son livre "Un certain 18 Juin",
à Didier Desprez Maire d'Halluin - 17 Septembre 1988.
(Photo VdN DD n°Img 569)
Dédicace de Maurice Schumann à un Halluinois.
(Photo DD n° Img 571)
(Photo DD n° Img 572)
Par courrier en date du 19 février 1998, l'halluinois Daniel Delafosse proposait à M. Alexandre Faidherbe maire, d'attribuer le nom de Maurice Schumann au futur Centre Communal d'Action Sociale, sachant que l'ancien porte-parole de la France libre fut le dernier Ministre d'Etat chargé des Affaires Sociales (1968-1969) sous De Gaulle. Le Maire d'Halluin..."ayant volontiers souscrit à cette demande pleinement justifiée", le Conseil d'Administration du CCAS a entériné à l'unanimité cette décision.
Inauguration à Halluin du CCAS "Espace Maurice Schumann".
Mme Lucie Schumann et Alexandre Faidherbe Maire d'Halluin
dévoilent la plaque officielle, le 15 Avril 2000.
(Photo DD 12621 n° Img 943)
Lors de la cérémonie d'inauguration du nouveau CCAS d'Halluin, le 15 Avril 2000, Alexandre Faidherbe a rappelé le souvenir de la personne qu'il connaissait, citant cette dédicace que Maurice Schumann lui avait écrite en 1988 : "en témoignage d'une amitié plus forte que les désaccords légitimes qui ont pu nous éloigner l'un de l'autre sans jamais nous séparer".
Et il ajoutait aussi : "Le monde politique serait sans doute bien différent si chacun de ses membres était porteur de ces deux qualités qu'incarnat Maurice Schumann, la fidélité en amitié, la tolérance".
Maurice Schumann au Monument aux Morts Place Rihour Lille, en 1996.
(Photo DD 12620 n° Img 939)
Je désire conclure cette rétrospective de Maurice Schuman et des Halluinois, par ma réaction publiée en page régionale de "La Voix du Nord" le 28 juillet 2002, faisant suite à un dossier spécial paru sur le Résistant Jean Moulin :
" Lors de la cérémonie du transport des cendres de Jean Moulin, le discours historique d'André Malraux a marqué fortement le jeune adolescent, âgé de 13 ans, que j'étais ce jour du 19 décembre 1964. Devant la télévision, je me souviens très bien que les paroles de Malraux m'avaient ému aux larmes, même s'il m'a fallu quelques années supplémentaires pour mesurer le véritable sens et la valeur extraordinaire des deux hommes Jean Moulin et André Malraux.
Personne n'oubliera la voix envoûtante de cet orateur exceptionnel qu'était Malraux et son "fameux" et vibrant "Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France..."
Trente-deux ans plus tard, le 23 novembre 1996, l'autre voix du gaullisme, Maurice Schumann eut le redoutable honneur d'accueillir André Malraux au Panthéon. Il concluait son hommage par les mots non moins marquants voire bouleversants : "Qu'on n'aime jamais assez la France pour ce qu'elle a de fragile, et qu'on ne l'aime jamais trop pour ce qu'elle a d'éternel".
Il est ainsi des cérémonies symboliques qui peuvent marquer une génération, une jeunesse souvent à la recherche d'un idéal, d'un modèle, d'un sens à la vie. Certains hommes nous marquent de la même façon. Moulin, Malraux, De Gaulle, Schumann étaient de ceux qui touchèrent plusieurs générations".
Maurice Schumann en 1996, pour un Hommage à André Malraux.
(Photo DD 12632 n° Img 955)
Dessins sur le vif réalisé par M. Jean René Nys, artiste peintre Tourquennois
et professeur aux Beaux-arts de Tourcoing... daté de 1949.
Envoi de M. Damien Desmettre (Haute-Savoie).
(DD DD n° sch)
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Voir aussi... cliquez ci-dessous :
Maurice Schumann : Les Grandes Etapes de sa Vie (1911 - 1998).
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Béatrice Hasbroucq Reportage une nouvelle fois très intéressant ! Merci Daniel de nous remettre en mémoire ce grand homme qu'était Monsieur Schumann !
Christine Descamps Merci Daniel que de fois j ai entendu à la maison paternelle de bonnes paroles au sujet de ce :grand homme" bien discret...
Michele Catteau grand personnage merci
Fabien Dauchy Me souviens de lui,,il était amis avec mes parents
24/6/2012 - 26/9/2023
Commentaire et Photos : Presse - Daniel Delafosse