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Des halluinoises évacuées à Hal (Belgique), pendant la guerre 14-18,

 en compagnie des Soeurs de la Sagesse.

On  reconnaît : Imelda,Marie-Louise,Marguerite et Lucienne Verschae,

  Jeanne et Agnès Graye, Madame Vyle, Marie-Louise Herteschene,

les demoiselles Odent, des soeurs Trachet, Julia, Anna, Elisabeth et Maria Wieme,

 Philo et Jeanne Vanhedeghem, Mme Verschae, Mme Desquemack, Louise Vandepitte,

Blanche Vandepitte, Marie Noppe, l'abbé Pierre Lesage, les fillettes Beylemans,

 Agnès et M. Thérèse Capelle, Nelly Desquemack......les soeurs Drouart etc.

(photo n° 1825)

  

La magnifique résistance des civils halluinois,

 

sous l’occupation allemande en 1914-1918.  

 

 

La Guerre de 1914-1918, pour les uns, c’est le souvenir d’une longue et combien douloureuse tragédie, pour les autres, une étape malheureuse de leur enfance, pour d’autres enfin, une époque que l’on  leur a racontée et qu’ils ont souvent considéréé comme une belle histoire !

 

Cette « belle histoire », nous voudrions la raconter à nouveau, en nous en tenant au domaine local. En cette année 1968, soit cinquante ans après l’Armistice, le journaliste Albert Desmedt nous fait revivre ce que fut la vie à Halluin sous l’occupation allemande. Pour ce faire, il a eu recours à des Halluinois qui ont vécu cette période tragique et qui ont noté leurs souvenirs.

 

La documentation de M. Desquemack, alors Secrétaire général de la Mairie, lui a été particulièrement précieuse, puisqu’elle donne un compte-rendu précis des évènements au jour le jour. Albert Desmedt en a extrait les passages les plus marquants. Ils disent très bien ce que fut la vie de nos concitoyens au long de ces jours terribles.  

 

 

Une résistance de tous les instants

  

Malgré toutes les vexations de l’autorité allemande : perquisitions, réquisitions, pillages, amendes, punitions de prison, etc. la population a gardé sa belle confiance en la victoire finale. Elle est restée calme, devant les exigences de l’ennemi, n’a accepté, ni exécuté aucun de ses ordres, sans résistance, ouverte parfois. La jeunesse est patriote. 

De nombreux incidents ont surgi, dont le plus sérieux fut celui  concernant la confection des sacs à terre (16 juin 1915). Résistance de la municipalité, emprisonnement des otages, régime de terreur.

 

Les fusillades éclatent un peu partout. Les patrouilles tirent sur les promeneurs, les soldats, brutaux par ordre, frappent aux portes des habitations et giflent les habitants qui viennent leur ouvrir. Arrestation de tous les habitants, causant à deux sur le pas de leur porte. On ne cède que devant la menace de mettre la ville à sac et la promesse que le travail de fabrication de sacs ne serait plus exigé (30 juin 1915).

 

Le 1er Juillet 1915, les otages libérés, refusent de quitter la prison, si les autres arrestations sont maintenues. Le 2 juillet, les ouvriers refusent le travail (6 000 Marks d’amende). Le 3 juillet, les patrons sont rendus responsables de la défection des ouvriers. Nouvelles menaces, coups de fusils, terreurs, otages  convoqués. Enfin les ouvriers cèdent mais plus de sacs.Continuellement, la kommandantur se plaint de défections est menace la ville de la rendre responsable.

 

Le 13 avril 1916, la Municipalité a fait afficher malgré l’opposition de l’autorité, qu’elle ne peut qu’encourager les Français qui refusent de travailler pour l’ennemi, et qu’elle continuera, malgré la défense allemande, de donner des secours à ceux qui refusent de travailler.

 

En 1916 encore, le 22 août, 117 travailleurs sur 120 refusent de signer le laissez-passer qui leur permettra d’aller travailler pour l’ennemi. Ils déclarent qu’ils ne céderont qu’à la force, et persistent dans leur attitude, malgré toutes les menaces qui leur sont faites.

 

En 1916 toujours, le 8 décembre, les travailleurs refusent d’aller poser des fils de fer aux travaux militaires que les Allemands exécutent en arrière du front. Même refus le 9 décembre ; menaces habituelles. Le Maire refuse de leur donner l’ordre de travailler. Le 11 décembre, aucun ouvrier ne se rend à l’appel. Ils sont arrêtés à domicile et emprisonnés. Le 12 décembre, 60 seulement cèdent devant la menace de représailles sur leur famille : on leur promet de ne plus les employer à la pose des fils de fer.

 

Le 13 décembre, nouveau refus de travailler. On les emprisonne tous à Bousbecque (ville voisine), sans boisson, sans air, dans des locaux infects. Les membres de leur famille, qui veulent les ravitailler, sont arrêtés, femmes et enfants.  Le 16 décembre, l’autorisation de les ravitailler est refusée à la Ville. Le 17 décembre, 32 nouveaux ouvriers sont emprisonnés avec les autres ; on essaie de les faire céder par la force (douches glacées, séjour dans l’eau, etc.). Un grand nombre d’entre eux se voient forcer de céder après cinq jours de privation et de tortures de tous genres.

 

 Trois cents jeunes filles réquisitionnées

 

En 1917, le 20 décembre, 300 jeunes filles sont réquisitionnées pour décharger du ciment à Menin (Belgique). La plupart refusent, elles sont enlevées à domicile par deux soldats, baïonnette au canon. Arrivées à Menin, elles refusent de travailler et sont ramenées en prison à Halluin. Le 21 décembre, les Allemands cèdent devant la réclamation posée par M. Paul Lemaitre. Les jeunes filles sont relâchées.

 

On pourrait citer d’autres faits à longueur de colonnes. Dans l’agenda où il a noté au jour le jour les moindres faits de l’occupation, M. Desquemack signale un incident presque chaque jour. 

La fabrication des sacs à terre, qui devaient servir à la protection des tranchées ennemies, semble avoir soulevé le maximum d’opposition. Mais il y eut bien d’autres raisons. 

Le passage des prisonniers alliés, que les halluinois, pourtant privés du strict nécessaire, voulurent aider quand même, déclencha les foudres de l’occupant. Le camouflage de déserteurs alsaciens ou lorrains valut la prison à plusieurs. Il y eut aussi l’incident Quivron, un jeune garçon qui avait écrit sur son cahier de classe, ce qu’il pensait de l’occupant et du Kronprinz, et qui fut puni brutalement.

 

Il faut se souvenir que l’occupation dura du 14 octobre 1914 au 17 décembre 1918, et que la proximité du front (12 km) n’arrangeait pas les choses.

 

L’Evacuation des halluinois et les bombardements

 

Le premier ordre d’évacuation intervint le 2 novembre 1915 ; Il intéressait 13 habitants. La plus importante fut décidée le 26 juin 1917 et visait 6 000 habitants qui pour la plupart furent accueillis à Hal, près de Bruxelles. Il y en eut 600 autres le 8 juillet de la même année. 741 volontaires en septembre 1918, tandis qu’en octobre, la ville était quasi-vide.  

  

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Evacuation d'Halluin : 26-28 Juin 1917.

(Photo CR DD 14250  n° Img 636)

Le rapprochement de la bataille (deuxième offensive des Flandres) entraîna l'évacuation massive des 6000 Halluinois en l'espace de trois jours (Le reste de la population devant les suivre quelques semaines avant l'armistice). Nos concitoyens furent rassemblés sur la grand-place avant d'être orienté vers la gare. 

On les voit ci-dessus, sur les quais avec un maigre bagage, attendant vers les  centres d'accueil de Halle, Overijse, Mazenzele, Mechelen. Certains par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, ont pu se rendre dans le sud de la France, en passant par Genève.

 

Pendant ce temps, arrivaient à Halluin des évacués de Wervicq et Comines qui, le plus souvent, trouvèrent des maisons pillées et saccagées. En fait, le pillage et les destructions causées par l’occupant firent autant, sinon plus, de dégâts que les bombardements. 

M. Desquemack ne signale pas moins de 100 jours de bombardements parfois légers, souvent prolongés. Il y eut aussi de nombreux tués et d’innombrables blessés. Le 21 mars 1918, 15 Halluinois furent tués, 3 le 18 août 1917, 3 le 7 décembre 1917, 4 le 28 juin 1918, etc. 

On a dénombré (et le chiffre est sans conteste inférieur à la réalité) environ 700 bombes et obus qui sont tombés sur la ville. 

 

Un très lourd tribut 

 

La Ville d’Halluin eut à payer une lourde contribution à l’occupant. A cela vinrent s’ajouter les amendes « classiques » imposées à cause du refus de payer ou pour faits de résistance. C’est plus de 10 millions qui furent ainsi exigés, ce qui est énorme. Il y eut notamment une amende de 100 000 F pour avoir caché des Alsaciens déserteurs, ce qui valut 11 ans de travaux forcés à M. Ovigneur qui mourut en prison.

 

Mais mieux, que tous ces faits, les affiches que nous reproduisons soulignent « l’ambiance » de cette période tragique. Elles témoignent de la brutalité des ordres de l’occupant, de sa rage devant la résistance. Mais elles soulignent surtout la volonté farouche des Halluinois de ne pas plier aux ultimatums de la Kommandantur. Il fallait beaucoup d’audace et de courage pour faire front : c’est cela surtout qu’il fallait mettre en évidence.

 

Quatre cent trente-six Halluinois sont Morts pour la France en 1914 – 1918 : 23 Civils ont été tués. C’est un très lourd tribut. Tant de sacrifices, d’héroïsme, de résistance, ne doivent pas être oubliés.

 

Halluin était quasi-déserte et pillée à la proclamation de l’Armistice. 

Cette fois, toute la population pourra rendre hommage à ceux qui furent les artisans de la Victoire. Elle le fera notamment en pavoisant et en ayant une pensée pour tous ceux qui, connus et inconnus, ont si bien servi et défendu leur petite et leur grande Patrie.

 

18/11/2010 et 8/11/2012.

Commentaire et Photos : La Voix du Nord - ARPH - Daniel Delafosse