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01927

Le camp de Bousbecque où étaient enfermés des halluinois

 ayant refusé de travailler pour l'occupant, pendant la guerre 14/18.

Ils étaient considérés comme prisonniers en travaux forcés.

 Ils devaient creuser des tranchées dans la zone de combats.

On entrevoit les gardiens allemands, au fond, derrière le grillage.

(photo n° 1927)

 

Les Brassards Rouges.  

 

L’occupation allemande de la Première Guerre a été rigoureuse dans le Nord de la France et les Allemands ont aussi entrepris de réquisitionner des travailleurs. Des photographies datant de 14-18 en témoignent.

 

Ceux qui résistèrent, furent souvent l’objet de nombreuses brimades et parfois de tortures. On les nomma les « Brassards Rouges ». Un de ces camps était situé notamment à Linselles.

 

Finalement, après plusieurs semaines de résistance, ils durent céder et leur régime fut celui des travaux forcés. 

Cela n’entama pas le moral des résistants, dans chaque groupe on s’entraidait. Plusieurs fois, « Les Brassards Rouges » se firent photographier, tel ce groupe cantonné à Halluin.

 

Sur la pancarte, l’inscription était écrite à la craie : « Travaux Forcés Halluin, le 27.2.1918 ».  

 

Une seule réflexion s’impose : Plus Jamais çà… !

   

Voici le récit de l’abbé Antoine Jombart (Brassard Rouge) qui fêta ses 100 ans le dimanche 8 novembre 1998 soit quelques jours avant le 80ème anniversaire de l’Armistice.

 

« En avril 1916, j’étais en classe de rhétorique au collège de Marcq. Et comme mes parents habitaient rue d’Isly à Lille, pour aller de Marcq à Lille, il me fallait un passeport

 

Les Allemands nous avaient obligés à mettre sur les maisons une affiche sur laquelle étaient marqués les noms des personnes habitant ici, ainsi que leur âge, raconte l’abbé Antoine Jombart.

 

« Le jour de Pâques, les Allemands ont cerné tout le quartier d’Esquermes. Il n’était plus possible de circuler. Ils sont entrés chez mes parents et m’on emmené avec eux. Avec d’autres jeunes, ils nous ont conduits au bout de la rue d’Isly où se trouvait une ligne de chemin de fer qui conduisait à la gare Saint-Sauveur. Ils nous ont fait monter dans des wagons à bestiaux et ils nous ont mis un brassard Rouge.

 

Arrivés en gare Saint-Sauveur, nous avons attendu pendant 2 ou 3 heures. Pas moyen de bouger, nous étions serrés comme des harengs dans ces wagons. Avec nous, il y avait non seulement des jeunes, mais également des hommes qui avaient été réformés et qui étaient âgés de plus de 40 ans.

 

Enfin nous sommes partis. Mais nous ignorions notre destination. Dans la nuit, le train s’est arrêté dans une gare d’un petit village. Nous avons appris que nous étions à Plomion, près de Vervins, dans l’Aisne. Les Allemands nous ont alors répartis et nous avons été couchés dans une grange de ferme. Nous y sommes restés pendant 3 mois. Nous couchions sur la paille. La nourriture était maigre. A base de soupe matin, midi et soir.

 

L’après-midi, les Allemands convoquaient une dizaine d’entre nous pour aller, dans un petit bois, couper des branches d’arbres que l’on expédiait ensuite en Allemagne où cela servait de bois de chauffage.

 

Au bout de 3 mois, un officier est venu nous chercher, un copain et moi, en nous disant : « Vous êtes collégiens ? On va vous mettre chez l’habitant ». Et il nous a emmenés chez un quincaillier. Nous n’avions pratiquement rien à faire, sinon donner un coup de main au commerçant quand il avait besoin de nous. Mais tous les jours, nous étions obligés d’aller nous présenter à la kommandanture.

 

A la fin du mois d’août, on est venu nous chercher, cinq collégiens de Marcq, en nous disant qu’une voiture allait nous ramener chez nous ! » Effectivement les cinq enfants rentrent à Lille sans vraiment savoir ce qui leur valait ce régime de faveur.  

 

« En fait, je crois que l’officier allemand a eu pitié de nous. Il parlait très bien le français. Il avait fait ses études de droit à Lille. Je crois que nous avons eu de la chance d’être dans l’Aisne, les déportés en Ardennes ont connu un régime beaucoup plus dur.

 

Par contre, le père Jombart avoue ne pas avoir gardé beaucoup de souvenirs du 11 novembre 1918, sauf peut-être celui d’avoir vu défiler « des écossais avec leurs petites jupes ». Et l’abbé Jombart ajoute :   

« Je suis toujours resté en contact avec les collégiens qui avaient été déportés en même temps que moi. Hélas, aujourd’hui, ils sont tous morts ».

 

23/11/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse