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Grimonpont 00757

Ets Sion, rue Pasteur, en 1930.

 Une nouvelle machine  allemande  de teinturerie

 avec M. Achille Grimonpont à droite.
(ARPH DD 33150  n° gri)
 
La Libération d'Halluin - Septembre 1944 :
 
 

Un samedi tragique : le 2 septembre 1944,

raconté par un otage, M. Achille Grimonpont. 

 

Comme toutes les villes du Nord de la France, Halluin a connu son occupation et bien entendu sa Libération, au matin du 6 septembre 1944. Les quatre jours qui précédèrent cet évènement furent eux aussi exceptionnels dans l’histoire de la ville.

 

Le retour, sur ces évènements inoubliables, nous permet de se remémorer ou découvrir le visage de la ville à cette époque.  C’est pourquoi, il me semblait essentiel de retranscrire l’histoire de la Libération d’Halluin, grâce aux différents témoignages de plusieurs Halluinois qui ont vécu cette période douloureuse.

Voici le récit (presse locale) très détaillé de  M. Achille Grimonpont qui habitait alors au 193, rue de Lille, et qui fut pris comme otage avec son épouse et ses deux filles Marie-Louise et Denise.

M. et Mme Achille Gimonpont  sont aussi  les parents des trois frères  : Achille, Augustin et Paul.

 

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 De gauche à droite : Paul et Augustin Grimonpont

accompagnent leur frère Achille (chapeau)

dit "Chilot" le peintre halluinois invité de l'émission

de Patrick Sabatier sur TF1, en novembre 1991.

(Photo DD 13467  n° Img 135)

 

Faits décrits dans le carnet personnel

de M. Achille Grimonpont :

 

 

«Halluin les 29, 30, 31 août et le 1er septembre 1944. L’armée allemande fuit à toute vitesse sur les grandes routes du Nord pour fuir vers la Belgique. Les Allemands sont pressés et ne demandent qu’à regagner l’Allemagne quoique trop tard.

Ils étaient déjà cernés de partout à la grande joie de toute la population du Nord, joie qui ne faisait qu’augmenter à la vue du nombre de voitures, et de différentes troupes qui fuyaient par nos routes.

Malheureusement, le 2 septembre fut pour nous un samedi tragique. Vers 10 heures, deux camions allemands sont en panne, l’un face à la rue Pasteur, l’autre au coin de la rue du Forage. Ils ne pouvaient plus être réparés, les Allemands ayant fait sauter les moteurs à la grenade, ce qui a mis le feu aux deux véhicules.

Celui qui faisait face à la rue Pasteur devient la proie des flammes, vision assez lugubre à observer, mais ce n’était rien à côté de ce qui devait se passer quelques heures après.

Vers 13 h30, les FFI commencèrent à tirer dans toutes les directions, de quoi paniquer tous les habitants du quartier. Les Allemands devinrent plus menaçants. Des coups de feu furent tirés alors que ni Allemands, ni voitures ne passaient sur la route. Quelques balles sifflèrent à mon oreille, preuve que l’on tire à la bonne franquette.

Vers 16 h 30, un convoi arrive, formé d’autos et canons antichars. Entendant des coups de feu, les Allemands stoppent, prennent leurs armes, braquent leur petit canon et ce fut la bataille.

Deux morts du côté allemand. Fous de rage, ils firent sortir tous les habitants de la rangée, nous menacent de leurs armes papa, maman, Marie-Louise, Denise, placés devant voitures et canon pour empêcher que les FFI tirent sur eux.

Nous, nous étions devant, et, servant de cible, bien des balles sifflèrent à nos oreilles, grâce à Dieu, nous avons été privilégiés, malheureusement une victime, Arthur Dennetière fut tué.

Après 20 minutes, les tirs ont cessé. Le convoi allemand reprend sa route, tous les civils assis sur le devant du camion. Arrivé au grand bureau des douanes, le convoi stoppe à nouveau et c’est là que Jean Parent, regardant du haut, persiennes basses, nous a vu assis sur le camion.

C’est à ce moment-là que Charles Windels fut tué, sans doute après avoir esquissé un geste de fuite, un soldat allemand l’a abattu dans sa cuisine. Quelques minutes après, le convoi s’est remis en route jusqu’à la place de Menin (B). Nous avons reçu quelques coups de revolver, mais le convoi ne s’est pas arrêté.

 

Nous avons été conduits jusqu’à mi- route de Dadizeele, là, le convoi s’est arrêté, les soldats blessés furent soignés et quelques minutes après, Denise est allé supplier l’officier de bien vouloir nous laisser partir. L’officier répondit que deux voitures devaient arriver et qu’après nous serions libres.

Grâce à Dieu, quelques minutes après, minutes qui nous parurent insupportables, les deux voitures s’arrêtèrent et de suit l’officier donna l’ordre de nous laisser partir.

Transis de froid, moitiés vêtus, nous sommes revenus à pied et nous avons passé la nuit au café de la Carpe à Menin. Très bien reçus, nous avons soupé et passé la nuit dans un bon lit où bien sûr il nous fut impossible de dormir une seconde.

Dès le petit jour, nous étions debout, nous avions hâte de revoir la maison sachant que toutes les portes étaient ouvertes, et que nous étions sortis la veille, laissant le gaz allumé.

Là encore Dieu nous a protégé, le feu que les Allemands avaient allumé à la maison ne s’est pas propagé. La maison à côté de Léon Vandewalle toute enflammée, éveilla Augustin et Paul qui, regardant de chez eux, déduirent que le feu était à la maison.

N’écoutant que leur courage, c’est en rampant à travers le jardin public, car il y avait danger on tirait de toute part, ils arrivèrent juste à temps pour sauver la maison. Restant toute la nuit jusqu’à ce que tout danger soit écarté.

Ayant su par Mme Millebeo que nous étions enlevés par les Allemands, ils se mirent à notre recherche, et ce n’est que vers 8 h 30 qu’ils eurent la grande joie de nous voir sains et saufs.

Rendons tous ensemble reconnaissance à Dieu, à sa divine Providence et nous, parents, nos plus sincères remerciements à tous nos enfants qui, à notre retour, ont été admirables pendant notre séjour chez eux.

Halluin, le 4 septembre 1944 ».

  

A ce témoignage nous pouvons rajouter celui de M. Jean-Claude Deleurence

(en septembre 1994), qui a retenu les propos de sa mère à cet égard :

 

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Jean-Claude Deleurence

Ancien adjoint au Maire d'Halluin

de 1977 à 1983.

(Photo Mairie DD 13465  n° Img 111)

 

« Le 2 septembre, les Allemands se replient sur la Belgique ; deux camions militaires se dirigent par la rue de Lille vers la frontière, quand soudain des tirs de fusils se produisent en provenance des toits situés aux alentours de la poste actuelle.

Les soldats allemands pris de panique, arrêtent le convoi et jettent une ou plusieurs grenades incendiaires dans la maison située 195, rue de Lille, le domicile de mes grands parents, M. et Mme Vandewalle.

 

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Le 2 septembre, les Allemands en retraite jetaient

des grenades incendiaires dans une maison, rue

de Lille, chez M. et Mme Vandewalle.

(Photo VdN DD 13443  n° Img 304)

 

Ils alignent les habitants de la rangée de maisons face au jardin public pour les fusiller. L’abbé Lemaitre dispense l’extrême onction. Au moment fatidique, un felgendarme ordonne de disposer les otages sur les camions pour protéger les militaires allemands.

Au moment où le convoi redémarre, Arthur Dennetière est abattu d’une rafale de mitraillette. Ma mère, Irène Deleurence, se trouvait au même endroit que la victime sur le second camion.

Les otages furent relâchés sains et saufs à Dadizeele et regagnèrent Halluin à pied.  

La maison de mes grands parents fut entièrement détruite par le feu, la collection de tableaux de mon grand-père, qui avait réussir à fuir par le jardin public, fut totalement anéantie ».

 

Voir aussi... cliquez ci-dessous :

Libération Halluin 1944 (Récit des Frères Grimonpont en Sept. 1994).

4/9/2010  - 3/9/2012

Commentaire et Photos :  Presse - ARPHalluin - Daniel Delafosse