Banquet de l'UNC et la Douane, pour l'envoi de colis aux prisonniers,
en 1942/43, avec les serveuses du Groupe Halluinois "Les Madelons".
De gauche à droite : Blanche Leman, Jeann-Marie Graye, Marguerite Sion,
Ghislaine Defretin, Berthe Descamps, Flore Demeestère, Anna Descamps,
Geneviève Graye, Thérèse Demeestère, Thérèse Joncquiert, Solange Nollet,
Thérèse Defretin, Denise D'Huyvetter, Marie-Antoinette Danset (Présidente).
(Photo n° 2003)
"La Véritable Madelon"...
Historique et Chanson.
Née à Souchez, dans le Pas-de-Calais, Ida Beaucamp, devenue en 1928 Madame Leclercq, a été célèbre sa vie durant grâce à son surnom de « La Madelon » que lui avait décerné après la Grande Guerre, le journaliste-écrivain Jean Galtier-Boissière. Cette grande dame s’est éteinte en juillet 1997 dans sa 96e année.
C’est en 1902 qu’Ida Beaucamp voit le jour dans la ferme de ses parents. Une demeure qu’elle n’a jamais quittée, excepté en 1915. A cette époque, l’Artois est en proie à de terribles combats et la famille Beaucamp part se réfugier à l’arrière du front, précisément au Comté, près d’Houdain.
Là, la toute jeune fille aide le patron d’un café à servir à boire et à manger aux clients, principalement des soldats qui, dans le petit estaminet, viennent oublier quelques instants les terribles combats. Parmi eux, un caporal se tient toujours à l’écart et prend des notes. C’était Jean Galtier-Boissière qui en 1930 publie « Un hiver à Souchez ».
Dans cet ouvrage, l’écrivain soldat consacre un passage à la jolie Madelon que tous les poilus appellent Palmyre. Pourquoi ce nom ? Personne ne le sait.
Extrait : « Le lieutenant, les deux sergents, les trois caporaux et les vingt-six hommes de la section lui font la cour. Cependant nul ne s’est jamais vanté d’avoir pu prendre seulement un baiser de la vertueuse enfant !
Toujours souriante, elle écoute les boniments avec une béate indifférence. Quand un poilu, un peu excité, risque en passant une caresse à la fille, Palmyre lui envoie une large beigne en pleine face comme une jument chatouillée lance une ruade et elle crie à tue-tête : - Ah ! qué maloré. Ils n’penchent donc qu’au mal, ces câuchons de Parigiens ».
Une femme simple.
En 1989, le cinéaste Yoande Josèphe a tourné pour France 3 un court métrage intitulé « Ida, Madelon de l’Artois » dans lequel il a relaté la vie de cette fille courageuse qui prenait en pitié les fantassins qu’elle servait. Voici ce qu’elle disait d’eux :
« Ils s’enivraient pour oublier un peu leur cauchemar. Nous ne leur en voulions pas. Nous étions tristes de voir tous ces jeunes voués à une mort prochaine. Jamais ils ne parlaient de leur misère et de leur souffrance. Ils faisaient beaucoup de bruit, jamais nous ne leur en tenions rigueur ».
Ida assista à la réalisation et donna de précieux conseils à la comédienne qui joua son rôle.
Ida Beaucamp, la doyenne de Souchez s’est éteinte chez elle, assise dans un fauteuil. Elle est morte comme elle a vécu, sans bruit. Discrète, le renom de la Madelon ne lui avait jamais fait tourner la tête. Madame Leclercq avait une fille, Roselyne, trois petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants.
"La Véritable Madelon".
(Provenant des archives personnelles
de l'Halluinois Henri-France Delafosse).
I
Sur tout le front, sur tous les chemins de France
Dans tous les coins et dans tous les canton’ments
Depuis quatre ans, nos poilus pleins d’espérance
Chantent en cœur des couplets très entraînants
On y parle d’une servante
Que l’on appelle Madelon
Elle est aimable, elle est Charmante
Du moins c’est c’que dit la chanson
Car moi qui ai parcouru des quantités d’pat’lins
Je n’ai jamais vucell’ que chantait ce refain.
Chez un bistrot, lorsque je voulais boire
Je demandais un litre de pinard
Un’vieill’femme, sans dents sur la mâchoire
M’disait « Avez-vous vot’quart ?
En ronchonnant, pour quatre francs cinquante
Elle’me versait un infâme poison
Je n’sais pas si c’est ça la charmante
Madelon (ter)
II
Quand les copains voulaient payer un’bouteille
On entendait la bistrot’gronger encore
« Vous savez bien qu’a Prévoté nous surveille
Vla vot bouteille ; Allez consommer dehors ».
Dehors y avait pas de tonnelle
Pas de servante au frais jupon
Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il gèle
Sur la f’nètre on buvait l’picton
Ca manquait de confort, ca manquait d’distractions
Pour le r’pos et l’plaisir des malheureux trouffions.
Quand par hasard c’était une jeunesse
Qui nous servait ; elle sentait le graillon
Je n’ai jamais eu je le confesse
L’idée de lui prendre le menton
Bref depuis si longtemps que je la cherche
Sans me lasser sur tous les coins du front
J’voudrais bien savoir enfin ou perche
Madelon (ter)
III
D’puis l’armistice, dans tout’ l’armée française
Nos musiciens ont rabâché Madelon
Les Boch’s ont cru que c’était La Marseillaise
Ils en bavaient des rondelles de saucisson
Si pour nous l’auteur exagère
Ne blaguons pas trop sa chanson
Madelon c’est une chimère
Et les chimères ont du bon
Car si pendant quatre ans, nous avons pu tenir
Et lorsqu’enfin pour nous est venue l’heure
De retourner enfin dans nos pat’lins
Nous avons trouvé dans nos demeures
Tous les charmes féminins
Sachons alors conserver dans la vie
Un peu de rêve un peu d’illusions
Pour que chacun trouve jolie
Sa Madelon.
24/11/2011.
Commentaire : Daniel Delafosse
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