Charles Louis Walbron et Raeckelboom Amélie forment un couple sans histoire. Tous deux sont natifs de Houtkerke, un petit village du Houtland, non loin de Steenvoorde, à proximité de la frontière belge.
Lui est préposé des douanes, et sans doute en raison de ses différentes affectations, on les retrouve successivement à Lille où naissent leurs 3 premiers enfants, puis Mons-en Baroeul, où naissent les 4 suivants, Lille à nouveau et enfin Halluin, où il rejoint la compagnie des douanes à la frontière Halluin-Menin, suite au renforcement des contrôles entre la France et le jeune Royaume de Belgique.
Ils s’y installent définitivement ; son épouse y exerce son métier de couturière. Et ils y coulent une retraite bien méritée jusqu’à leur décès, respectivement en 1877 pour Amélie et 1879 pour Charles-Louis.
Ils ont pu assister au mariage de leur troisième fils Charles Louis avec Emma Célina Denys dite Walbrand. C’est ce couple et sa progéniture qui retiendra plus particulièrement notre attention. En effet, Charles Louis père et Amélie avaient eu 10 enfants ; son fils Charles et Emma qui a 16 ans à son mariage, en auront 13 :
- la première fille Blanche nait en 1874, épouse en 1901 à Halluin Jean-Baptiste Nollet qui lui donne 2 enfants, Chrétien et Irma et qui décède en 1909. Elle épouse en secondes noces Joseph Noël en 1914 Ils déménagent dans le 77 à Mitry Mory.
- La deuxième Angèle née en 1876, épouse en 1900 à Halluin un Bousbecquois, garçon boulanger, Louis Castelain. Ils auront un fils Louis né en 1900
- La troisième, Léontine, née en 1878, décède en bas âge à 9 ans.
- Le quatrième, Léon Charles Louis, né en 1879 est coupeur en bois sur sa fiche militaire. Tout d’abord dispensé, étant fils ainé d’une famille de 10 enfants, il est néanmoins incorporé le 14 novembre 1900 et renvoyé dans ses foyers le 30 septembre 1901.
Il épouse à Menin en 1904 Delbaere Emma Célina, rempailleuse de chaises. Ils ont un enfant Maurice.
Mobilisé le 2 Août 1914, il est fait prisonnier le 9 septembre de la même année à Maubeuge et interné au camp de Friedricksfeld puis de Mannheim et sera rapatrié en France le 29 octobre 1917. Il est mis en congé illimité le 21 Mars 1919.
Chaisier, il devient cConseiller municipal et administrateur de l’Hospice.
-Le cinquième, Narcisse mérite qu’on s’y attarde : en effet, né en 1881, il fait partie de la classe 1901. Appelé sous les drapeaux le 27 Novembre 1902, il est affecté au 17ème Régiment de Zouaves et effectue son service en Algérie du 4 Décembre 1902 au 18 octobre 1905…
En 1908, il a épousé Hélène Mussche. Ils ont 4 enfants : Simonne, Roger, Jules et Raymond.
En 1911, il participe à une manifestation ouvrière, s’oppose violemment à la police et se voit condamné à 6 mois de prison, peine confirmée en appel.
La mobilisation générale du 4 Aout 1914 le renvoie dans son régiment de zouaves et en dépit de varices volumineuses aux jambes, il est maintenu sous les drapeaux jusqu’en mars 1919.
- Le sixième, Victor nait en 1882 ; Il fait partie de la classe 1902. Néanmoins, il obtient un sursis d’incorporation valable jusqu’au retour de son frère Narcisse de la classe 1901..Il effectue donc son service militaire d’octobre 1905 à décembre 1906.
Comme ses frères, il est rappelé à l’activité lors de la mobilisation générale et rejoint son régiment le 11 Août 1914. Blessé à Souain le 8 Mars 1915, par des éclats d’obus dans le pied droit, il est admis à la réforme avec gratification renouvelable le 17 juillet 1916.
En 1908, il a épousé Julie Pattyn, une Halluinoise, née en 1887. Il tient le cabaret au Saint-Sébastien et le café de la Mairie. Deux enfants : Charles et Roland.
- Le septième, Amédée, célibataire, est chaisier au recensement de 1906.
- La huitième, Adrienne entre enfin dans le cadre de notre étude et son parcours est assez original : née le 2 octobre 1886, elle se marie le 11 février 1902, soit à l’âge de 15 ans et 3 mois à Bertrand jules, de Hargnies, douanier, de 10 ans son ainé, dont elle divorce en 1905 après lui avoir donné un enfant, Raymonde, née le 4 juin 1904.
Quand rencontre-t-elle son second époux ? L’histoire ne le dit pas ; il est douanier comme son premier mari et avant même le prononcé de son divorce, Adrienne et l’heureux élu, Maurice Wacrenier, né à Roncq le 29 septembre 1879, prennent le bateau pour les Etats-Unis.
Maurice s’est acquitté de ses obligations militaires de 1900 à 1903, nommé caporal, puis sergent, un certificat de bonne conduite lui a été accordé. Il est donc en règle avec les autorités françaises
De leur union nait une fille Léona en 1908 et ils se marient en 1910. Ils peuvent envisager l’avenir avec sérénité. Hélas, c’est sans compter la guerre, qui va s’abattre sur le monde : Maurice est mobilisé, et il y répond avec courage et patriotisme et rejoint son corps dès le 14 Août 1914.
Affecté au 362ème Régiment d’infanterie le 17 mars 1915, il participe aux combats de Février 1916 autour de Verdun. Il est porté disparu le 22 Février 1916 à Hautmont, où les troupes françaises du 362e RI ont défendu héroïquement leurs positions comme en atteste le journal de marche du Régiment. (document ci-dessous)
On peut imaginer la détresse d’Adrienne, mère d’une petite fille de 8 ans, et qu’à ce stade de l’enquête, on imagine seule dans un pays étranger.
- Les deux suivants : Ernest, né en 1888 et Germaine née en 1890 : décèdent en bas âge.
- Et les 3 derniers, me direz-vous ? : Ils ont disparu en 1906, en même temps que leur mère Emma Denys, après le décès de son époux Charles-Louis, le 26 mars 1906.
C’est en tous cas ce que nous révèle l’acte de mariage de Victor du 2 mai 1908 avec Julie Pattyn, le marié et ses témoins déclarant « sous la foi du serment que le lieu de la retraite de la mère de l’époux leur est inconnue ».
Disparus ? Pas pour tout le monde, puisque l’on retrouve Emma et ses 3 fils Ernest (15 ans), André (12 ans) et Georges (9 ans), passagers sur le S/S « Vaderland » quittant Anvers le 11 Août 1906 pour New York où ils arrivent le 21. Le manifeste du bateau nous informe qu’Emma et ses 3 fils rejoignent… Maurice Wacrenier Oakstreet 15 à Hornellsville (New York).
Ainsi donc Emma est auprès de sa fille Adrienne en 1914, lorsque Maurice doit rejoindre la France pour défendre son pays. Il y perdra malheureusement la vie. Emma demeure avec sa fille et sa petite fille à Paterson, où cette dernière exerce le métier de tisserande dans une usine de fabrication de tissus de soie comme en atteste le recensement de 1920 de la ville de Paterson, Paissac, New Jersey.
Emma décède en 1922. Elle est inhumée dans le Calvary Cemetery aux côtés de son treizième et dernier fils Georges, décédé en 1985, le seul de ses trois derniers fils qui est resté aux Etats-Unis. Il y a épousé une Suissesse Frieda Huntzinger décédée en 1987 qui partage leur sépulture.
Ils n’ont pas eu d’enfant.
- Mais reprenons l’ordre chronologique des naissances :
le onzième Ernest, né le 22 janvier 1892 restera à Paterson jusqu’en 1914 et la déclaration de la guerre 14-18. Il revient en France et est incorporé le 14 septembre 1914. Passé au 172 ème Régiment d’infanterie le 15 septembre 1915, il est blessé à la jambe droite par un éclat d’obus, le 30 août 1916 comme l’indique le motif d’obtention de la médaille militaire (J.O. du 19 Novembre 1916) :« Soldat très courageux, très grièvement blessé le 30 août 1916 en assurant son service d’agent de liaison. N’a consenti à se laisser évacuer qu’après avoir achevé d’accomplir sa mission »
Il sera amputé de la jambe droite et sera décoré de la médaille militaire, la croix de guerre et de l’English military Médal. Nommé officier de la légion d’Honneur au titre de mutilé de guerre le 1.8.1957.
Il eut droit aux honneurs de la presse américaine en des termes des plus élogieux: (document ci-dessous)
Ernest ne retourne pas aux Etats-Unis ; il se marie à Paris le 5 juin 1919 avec Aline Javaillon et s’établit à Montmorency où il décède le 2 mars 197
Le douzième André, né le 31 mai 1894, se marie à Paterson, son lieu de résidence à une Américaine née en cette ville, le 28 Août 1913 à Fanny Norris qui n’a pas 17 ans. Ils ont un fils Andrew Charles qui nait le 22 avril 1914, juste avant que, pour ne pas déroger aux élans patriotiques de la famille, il rejoint la France pour se soumettre à la mobilisation générale. Il est incorporé au 127 ème Régiment d’infanterie le 2 Octobre 1914. Nommé Caporal, puis Sergent, Il passe au 78ème régiment d’infanterie ; il est blessé par un éclat d’obus à l’épaule droite à la Neuville le 14. septembre 1915, puis une nouvelle fois le 3 août 1916. Il en obtiendra la Croix de Guerre.
On voit à gauche sur la photo André Walbron, posant sans doute lors d’une permission en compagnie d’un autre militaire. Il est démobilisé le 12 août 1919 et se retire au Mans, puis à Bergerac où il fait prononcer la dissolution de son mariage avec Fanny Norris le 18 mars 1920. Il fera un bref séjour à Paterson en avril 1920, sans doute pour effectuer les formalités de son divorce et revient à Bergerac où il épouse en secondes noces Renée Bodier.
En 1932, le couple se retire à Auch où André exerce la profession d’ingénieur interprète. Ils ont 3 enfants : Louis, Raymonde et Geneviève.
De son union avec Fanny Norris est né un fils Andrew Charles, comme nous l’avons vu, qui lui-même a eu deux enfants d’un premier mariage : Annick et Yolande et d’une seconde union un fils André Martin (du nom de sa mère), né à casablanca en 1953 avec lequel nous sommes en contact et qui nous apportera sans aucun doute de nouveaux renseignements sur cette famille particulièrement dynamique et aventureuse.
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