Depuis 2012, Michel Lannoo, directeur général de la recherche du Groupe ISEN,
sommité mondialement connue et reconnue en matière de semi-conducteurs,
a pris ses fonctions de président de la Société Française de Physique,
qui vise à développer et faire rayonner cette discipline en France.
En 1995 : Michel Lannoo en fonction dans le Nord.
(Photo VdN 24947 n° Img 018)
Il y a 25 ans, en Janvier 1995, la presse régionale titrait :
L'homme qui souffle le chaud et le froid :
C'est à l'Institut d'Electronique du Nord
qu'a été atteinte la température-record des supraconducteurs.
Cette performance mondiale, on la doit à Michel Lannoo.
Voici résumé, le parcours exceptionnel
effectué par Michel Lannoo originaire d'Halluin...
Né le 5 juillet 1942 à Halluin (Nord), et après le bac décroché à 17 ans, Michel Lannoo se prépare à une carrière d’ingénieur à l’ISEN. Norbert Segard l’encourage à poursuivre ses études, il entre au CNRS en 1968. Présentant une thèse sous la direction de Jacques Friedel, il obtient un doctorat à Orsay, l’un des meilleurs laboratoires du monde.
Là, il devient l’élève de Gilles de Gennes, futur Prix Nobel de Physique en 1991. Directeur de recherche au CNRS, ses travaux de recherches portent essentiellement sur la physique théorique des semiconducteurs. Il prend la direction du Laboratoire des surfaces et interfaces de 1979 à 1991. Michel Lannoo joue ensuite un rôle déterminant dans la création de l'Institut d'électronique et de microélectronique du Nord (IEMN ) dont il est directeur adjoint de 1991 à 1998.
En 1994, c’est à l’Institut d’Electronique du Nord qu’a été atteinte la température-record des supraconducteurs (-223°). Cette performance mondiale on la doit à ce chercheur Michel Lannoo, considéré comme une sommité mondiale dans le domaine des semiconducteurs.
La supraconductivité ? C’est un mot un peu compliqué pour désigner un phénomène simple. A température ambiante, les matériaux qui transportent de l’énergie, l’électricité par exemple, enregistrent une certaine déperdition. Mais à une certaine température très basse (proche du zéro absolu des physicien -273°), les matériaux transporteurs de courant n’offrent plus aucune résistance, donc aucune perte.
On imagine les espoirs fondés sur le développement de cette particularité : des milliers de physiciens y travaillent dans le monde entier depuis des années. Leur but ? Trouver des matériaux qui seraient supraconducteurs à des températures moins basses pour des applications courantes. C’est cette étape décisive que l’équipe lilloise de Michel Lannoo vient de franchir.
Pour bien comprendre le caractère exceptionnel de cette avancée, il faut faire un peu d’histoire. La supraconductivité a été découverte en 1911 par un étudiant en physique, Gilles Holst, sous la direction du physicien néerlandais Kamerlingh Onnes (ce dernier s’étant par la suite appropriée cette découverte), durant une expérience sur la conductivité du mercure à l’état solide.
L’industrie s’est emparée du phénomène, ayant vite compris les immenses avantages qu’elle pouvait en tirer. Mais elle buta sur la trop basse température, difficile à mettre en application à ce stade. Cela valut malgré tout un prix Nobel au découvreur de l’année suivante.
Les physiciens se lancèrent alors dans des recherches effrénées. Las, pendant soixante dix ans, aucun ne réussit à atteindre le stade de supraconductivité sans buter sur le seuil de -250°.
Jusqu’en 1957, on n’avait aucune théorie expliquant le phénomène. Des Américains (Bardeen, Cooper et Schrieffer) émirent une hypothèse : les électrons, dont le déplacement produit de l’électricité, qui normalement « voyagent » en se repoussant quand la supraconductivité est atteinte, ils se déplacent par « paires font équipe en somme, sous l’effet d’une force extérieure. Prix Nobel en 1972 pour cette explication.
En 1986, date à laquelle deux chercheurs suisses Bednorz et Müller, payés par IBM à faire absolument ce qu’ils voulaient, bricolèrent de nouveaux composés céramiques et réussirent à baisser la température à -243°. Ce qui fut considéré comme « une révolution fantastique ». Prix Nobel dans l’année pour les chercheurs de Zurich.
Dans le Nord Pas-de-Calais, on ne se désintéresse pas de ces questions. Michel Lannoo est un physicien lillois, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’ISEN.
Invité dans le monde entier...
Cet Halluinois de naissance est connu mondialement en matière de semi-conducteurs. Chercheur, il parvient à hisser son équipe au plus haut niveau. Aussi, ses ouvrages sont traduits en anglais et en russe. Il mène des collaborations internationales et on sollicite ses interventions dans les plus grandes manifestations scientifiques de la planète.
Michel Lannoo est souvent invité par des universités ou laboratoires étrangers, notamment à Tokyo (Japon) mais surtout au sein des prestigieux « Bells Labs » dans le New Jersey (USA) là où ont été découverts les transistors. Dans ces laboratoires américains, l’équipe où il travaille s’active sur des molécules de carbone.
On sait que c’est avec du carbone qu’est composé entre autres le diamant. Et là, surprise on découvre qu’en « dopant » (en y ajoutant un atome) une molécule en forme de ballon de football, cela donne du cristal supraconducteur… à -241°, alors que personne ne s’y attendait.
Cela a, en tous cas, permis de prouver que les limites pouvaient encore être repoussées.
De retour à Lille, installé dans les nouveaux locaux de l’Institut d’électronique, Michel Lannoo, avec deux chercheurs d’HEI et au CNRS, Marc de Backer et F.X. Sauvage entreprend une étude pour synthétiser de nouvelles molécules. Qui donnent, fin 1994, des résultats inespérés : -223°.
Dix-huit degrés d’un coup. De quoi se frotter les yeux… ou les mains. Pas question de triompher cependant : dans les milieux de la recherche, il faut reproduire les résultats plusieurs fois, changer des variables, s’assurer que toutes les précautions ont été prises.
Mais les faits sont là, reproduits à la même température à chaque fois. Il s’agit maintenant d’adresser les résultats aux publications internationales, début 1995, en attendant les réactions de la communauté scientifique mondiale.
« L’intérêt, explique Michel Lannoo, c’est que cela ouvre la voie à une nouvelle classe de matériaux ».Car pour refroidit les matériaux à une température aussi basse, on a besoin d’hélium liquide, qui coûte très cher et se révèle difficilement maniable.
L’ambition est maintenant d’atteindre une température de -196°, celle de l’azote liquide, d’un coût à peine supérieur à celui de l’eau.
Alors cette température record des solides moléculaires atteinte à Villeneuve d’Ascq laisse entrevoir, à terme, des perspectives telles que le changement de toutes les lignes électriques, ou dans les transports, notamment avec les fameux trains à lévitation magnétique (le train est littéralement soulevé et peut atteindre de très grandes vitesses avec peu d’énergie).
Et là, on peut penser que l’industrie pourra s’emparer réellement de la supraconductivité. Il s’agit donc là d’une avancée dans l’histoire de la physique de ce type précis de matériaux conducteurs.
En 1995, les recherches actuelles, qui devraient déboucher pour les applications grand public dans dix ou quinze ans, sont à la fois prometteuses et stupéfiantes : à Villeneuve d’Ascq, on pense que bientôt on mettra au point un minuscule « robot » capable de se promener dans le corps humain, repérer les organes, se diriger vers les cellules malades et les soigner !
« Inéluctablement, on y va » affirme Didier Stiévenard de l’ISEN, qui ne sous-estime pas les problèmes éthiques que cela pose.
L’Institut de Villeneuve d’Ascq est le seul en France à réunir tous les moyens nécessaires à ce type de recherche. Il est doté depuis deux mois d’un puissant microscope, dit « à effet tunnel », capable de visualiser un atome…
Une autre recherche menée à l’Institut concerne la santé : « L’avenir est au couplage des semiconducteurs, des matières organiques et des cellules vivantes », soutient Didier Stiévenard. En clair, cela veut tout simplement dire que dans quelques années, on sera capable de reproduire des parties du corps humain…
Les mêmes programmes sont en cours au Japon et aux Etats-Unis. « Il s’agit bien d’une nouvelle révolution électronique qui est en train de naître sous nos yeux » estime Didier Stiévenard qui poursuit : « Si nous parvenons à maîtriser la manipulation des structures à l’échelle atomique, on pourra mettre toute la connaissance humaine dans un disque laser de 30 cm.
Entre science et science-fiction, les recherches de Villeneuve d’Ascq laissent entrevoir de fabuleuses applications. « Maintenant, nous prenons des risques, nous sortons des chemins battus, parce que les chercheurs de l’Institut sont de très grande qualité et n’ont plus à prouver leur compétence ». Prendre des risques, entre science et science fiction…
En 1998, Michel Lannoo devient directeur adjoint du secteur Physique et Sciences pour l'ingénieur au ministère de l'éducation nationale, de la recherche et des technologies. La même année, il fonde et dirige le Laboratoire matériaux et microélectronique de Provence (L2MP) unité mixte de recherche du CNRS et des universités d'Aix-Marseille 1 et 3 et de Toulon.
Il donne au laboratoire un caractère pluridisciplinaire (sciences physiques et mathématiques, sciences chimiques et sciences et technologies de l'information et de la communication) essentiel pour le développement des nanosciences et des nanotechnologies. Ces dernières forment l'un des cinq thèmes prioritaires de recherche inscrits au Contrat d'action pluriannuel du CNRS.
D'importants programmes sont financés par les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon, la Commission européenne, car ce secteur, en croissance rapide, a un énorme potentiel de développement économique. Pour Michel Lannoo, il s'agit de « favoriser la pluridisciplinarité, mettre l'accent sur la formation et ouvrir les « centrales de technologies » aux nanosciences.
Expert recherché pour les relations entre la physique fondamentale et les sciences et technologies de l'information et de la communication, Michel Lannoo s'intéresse en particulier à la simulation microscopique de composants de nouvelles générations.
Il est l'auteur de trois ouvrages en anglais, deux sur « les défauts dans les semiconducteurs » (traduit en russe) et l'autre sur « les surfaces ». Parmi les objectifs de Michel Lannoo, on peut citer : - favoriser l'ouverture de la physique et des mathématiques vers d'autres disciplines ainsi que vers le monde industriel ; - inciter à une recherche de l'excellence et à une compétitivité accrue au niveau international ; - soutenir des actions ciblées sur des projets originaux et ambitieux ; - orienter la communication vers le grand public et les jeunes de manière à remotiver ces derniers pour les domaines scientifiques ; - donner plus de place à la prospective pour aboutir à des choix stratégiques ; - veiller à un équilibre harmonieux entre recherche fondamentale et études plus ciblées.
La nanodimension, Le nanomonde se situe à l'échelle de l'atome, à partir duquel on peut créer des structures de plus grande taille. L'unité de référence est le milliardième de mètre. Il s'agit en fin de compte, de concevoir et de réaliser des matériaux et des composants totalement nouveaux, avec une organisation moléculaire fondamentalement nouvelle. A cette échelle, la mécanique quantique s'impose, avec des lois de comportement radicalement différentes de celles des objets macroscopiques.
Des applications sont envisagées en électronique, informatique et télécommunications (à partir de recherches sur le magnétisme et la ferroélectricité à l'échelle moléculaire) ; médecine et santé (nanorobotique ou médicaments qui agissent directement sur une molécule cible) ; environnement et énergie (capteurs intégrés qui permettent des actions correctrices) ; biotechnologie et agriculture. L'approche est nécessairement pluridisciplinaire. Inimaginables il y a 15 ans, certains résultats devraient conduire à des applications industrielles d'ici 5 à 10 ans.
A compter d'Octobre 2001, Michel Lannoo est nommé directeur scientifique adjoint au département des Sciences physiques et mathématiques du CNRS.
Puis, l'ancien halluinois est nommé directeur scientifique du département des Sciens physiques et mathématiques du CNRS par décision du 24 mars 2003 de Geneviève Berger, directrice générale du Centre national de la recherche scientifique. Il succède à Elisabeth Giacobino, nommée directrice de la recherche au ministère de la jeunesse, de l'éducation et de la recherche. Il poursuivra cette fonction jusqu'en mars 2005.
Au 1er Février 2006, Michel Lannoo a été nommé aux fonctions de directeur du département scientifique Mathématiques, Informatique, Physique, Planète et Univers.
Deux ans plus tard, au 1er avril 2008, Michel Lannoo est nommé conseiller auprès de la présidente et du directeur général du CNRS pour les nanosciences et les nanotechnologies.
Albert Fert Prix Nobel de Physique en 2007...
Quelques mois après la disparition de Pierre-Gilles de Gennes, Albert Fert reprend le flambeau de l'école française de physique. Douzième Français à être récompensé par le prestigieux prix Nobel décerné par le Karolinska Institute de Stockholm, il voit son nom s'ajouter à cette illustre liste : Becquerel, Pierre et Marie Curie (1903), Lippmann (1908), Perrin (1926), de Broglie (1929), Kastler (1966), Néel (1970), de Gennes (1991), Charpak (1992), Cohen-Tannoudji (1997).
Albert Fert, qui vient de se voir attribuer à soixante-neuf ans le prix Nobel de physique 2007 conjointement à l'Allemand Peter Gründberg se retrouve, ce 9 octobre, sur un trottoir parisien, à des adolescents qui lui demandaient pourquoi tant de journalistes se pressaient autour de lui, il expliquait : « Je suis chercheur en physique, et si vous pouvez écouter de la musique sur vos lecteurs MP3, c'est peut-être un peu grâce à ce que j'ai fait. »
« Il y a en moyenne un Nobel de physique français tous les dix ans, » se réjouit Michel Lannoo, directeur scientifique du département « mathématique, physique, planète et Univers » du CNRS (MPPU).
« L'œuvre d'Albert Fert illustre de façon exemplaire le fait que des études fondamentales peuvent déboucher sur des applications imprévisibles à l'origine. Nous nous réjouissons de ce succès majeur qui témoigne de la qualité de la physique française », a renchéri Michel Lannoo.
Michel Lannoo - 2012.
(Photo X DD 24961 n° Img 101)
Un parcours sans faute...
En janvier 2009, lors du 8ème Festival des Sciences et des Technologies, organisé par l’association « Avenir de la Science » huit prix ont couronné le travail de médecins, chercheurs, équipes de recherche de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi que les élèves impliqués.
Ces huit lauréats ont été nominés et sélectionnés par le Comité Scientifique du Festival dont le jury était composé d’une trentaine de personnalités du monde scientifique régional et présidé par Emile-Etienne Beaulieu, célèbre endocrinologue, découvreur de la fameuse DHEA et de la pilule du lendemain.
Le Grand prix a été attribué à Michel Lannoo Professeur et Vice-Président Scientifique de l’Université Paul Cézanne et fondateur de l’Im2Np (Institut Matériaux Microélectronique et Nanosciences de Provence). Restructuration du secteur nanotechnologie en Provence.
Ce parcours professionnel sans faute lui vaudra finalement d'être nommé, en 2012, à la présidence de la Société Française de Physique.
Michel Lannoo est domicilié, depuis plusieurs années, en région PACA... Fils de Marie Holvoet et d’Emile Lannoo (décédés) Michel a trois soeurs Jeannine, Marie-Thèrèse et Marie-Françoise (toujours domiciliées à Halluin).
Voir aussi... cliquez ci-dessous :
Décorations chez MUSSCHE en 1956 (Emile Lannoo)
Commentaires sur Facebook :
Michele Catteau félicitations
Marie Canar Bravo
Christine Descamps félicitations
Chantal Grouwet Très beau parcours..
Dominique Mestdag je connais ses soeurs mais pas lui !
André Vandewynckele Quel superbe parcours, merci pour ce reportage.
Dominique Vanhoorne Mon tonton très fière
Pierre Parent Magnifique carrière d'ingénieur je connais bien ses 3 sœurs famille bien sympathique Monique et Pierre
29/7/2015 - 13/5/2020
Commentaires et Photos : Archives, Documents Divers et Synthèse : Daniel Delafosse.