Vers les années 1900,
les premiers sportifs halluinois,
Charles Graye, Joseph Ampe,Jean Gaboor.
(photo n° 380)
Joseph Ampe (Père)
ou la fibre familiale halluinoise...
Né à Halluin le 23 janvier 1904, dans une famille qui comptait huit enfants, Joseph Ampe avait très jeune travaillé avec son père et ses frères, dans l’entreprise familiale installée à Halluin rue Gabriel Péri. Cette maison qui avait été fondée par le grand-père en 1854, fabriquait des lisses pour l’industrie textile.
Et puis outre ses activités professionnelles, Joseph Ampe qui avait fait très tôt partie du Cercle Saint Joseph d’Halluin (à la section d’art dramatique notamment), en était devenu petit à petit un des membres les plus actifs, avant d’en assurer la présidence de longues années durant.
Tous ceux qui ont connu ou fréquenté le C.S.J.H. dans les années soixante se souviennent assurément de ce président très présent. Joseph Ampe avait également présidé «La Maison de la Famille».
Joseph Ampe est décédé à Lille le 7 Octobre 1984 dans sa 81ème année. Il était l’époux de Marie-Jeanne Fiévez (1904-1997) ; de leur union naquit treize enfants et de nombreux petits-enfants.
Souvenirs de Jeunesse à la « Jeune Garde » de Joseph Ampe.
Vous vous baladez dans les rues d’Halluin, une vitrine vous attire et vous vous reconnaissez sur une photo. Vous êtes surpris et lorsqu’on sait que la photo a été tirée en 1919, et qu’à l’époque vous n’aviez pas quinze ans, l’évènement vaut la peine d’être souligné.
Cela se passe en 1979 : la vitrine était celle du journal local N.E., rue de Lille. A l’occasion de la sortie du livre de Dominique Vermander, « Un siècle d’histoire ouvrière à Halluin », les documents originaux qu’il a recueillis sont exposés et parmi eux la photo de Joseph Ampe et de son frère Jules respectivement âgés de 14 et 17 ans à l’époque (Photo ci-dessous).
Joseph Ampe et son frère Jules .
(Photo NE DD 14308 n° Img 952)
Joseph Ampe s’est reconnu alors qu’il venait rendre visite au Journal. Etonné et content, il a évoqué quelques souvenirs, ceux que la photo lui suggérait.
La vue de ces deux jeunes garçons qui saluent militairement et qui portent l’uniforme raconte à elle-seule toute une époque, une partie de l’histoire d’Halluin. Cet uniforme, c’est celui de la « Jeune garde », une société de gymnastique, importante à l’époque et qui dépendait de la paroisse.
Historique : La « Jeune Garde » a été fondée en 1902. Jean Sion en fut le premier président actif. Cette association avait son siège au Cercle Catholique. Elle possédait deux sections : la gymnastique et la fanfare.
Le premier chef de la section de gymnastique était M. Dumez. La fanfare et la clique comptaient 90 exécutants et Léonard Beeckert en fut le premier chef. Elle participait à des concours régionaux et internationaux, et remportait les premiers prix (1922 à Dunkerque et 1923 à Paris). La société fut dissoute le 9 octobre 1953.
L’abbé Venthore qui est maintenant décédé et de qui M. Joseph Ampe garde précieusement le portrait a été durant de nombreuses années l’aumônier de la « Jeune garde ».
« A l’époque dit Joseph Ampe, nous avions deux répétitions de gymnastique par semaine, une heure et demie chacune. Bien sûr, nous étions des amateurs, mais le niveau était bon et nous avons participé à des concours à l’échelon national ».
M. Stanislas Verschae, alors sous-chef des pupilles de la « Jeune garde », nous l’a précisé : « C’était sérieux et il fallait de la discipline, une discipline de fer. Lors des représentations, les gymnastes défilaient au pas cadencé ».
Gymnastique et… fanfare.
Ce régiment presque militaire n’aurait su exister sans l’uniforme, un uniforme qui, vous pouvez le constater, ne possède pas de nombreux points communs avec les tenues actuelles des gymnastes : béret alpin pour les jeunes, casquette pour les plus âgés, maillot blanc et culotte courte (en-dessous du genou) et puis le ruban tricolore (on était très patriote).
« La Jeune garde » ne se distinguait pas uniquement par ses gymnastes, mais aussi par sa fanfare. Une fanfare regrettée par les Halluinois qui l’ont connue. Les 90 jeunes qui la composaient jouaient du tambour, de la trompette, du cor de chasse.
Ils ont connu de grands succès en gagnant des concours à Paris, Bruxelles, Anvers ou Louvain. Aujourd’hui en cette année 1979, il ne reste rien de cette fanfare alors que dans les communes voisines la continuité a été assurée.
Joseph Ampe aime évoquer la bonne ambiance qui régnait alors, dans sa jeunesse pourtant troublée par deux guerres. Il était le sixième d’une famille de huit enfants, cinq frères et trois sœurs. La photo où il salue a été prise au lendemain de la première guerre mondiale :
« C’était dans le jardin de mes parents, 60, rue Gabriel Péri à Halluin. Pour la photo, nous avions salué, le salut de la « jeune garde ». Mon frère qui avait trois ans de plus que moi est mort maintenant ».
Un seul exode : pour la Belgique.
Durant la guerre, les Allemands occupaient de nombreuses maisons d’Halluin. Un jour nous avons dû partir pour Bruxelles avec de nombreuses autres familles. Nous avons voyagé dans des wagons à bestiaux et nous avons vécu un an dans la capitale belge.
Et puis je suis revenu à pied avec un oncle et une de mes sœurs. C’était très long mais nous avions hâte de revoir la maison. Toutes les habitations ont été pillées. Chez nous, heureusement, les dégâts n’ont pas été très importants.
Durant la guerre, la cour du cercle du Sacré-Cœur a été transformée en hôpital pour les blessés. Des fenêtres de la classe nous voyions passer les morts. Nous étions gosses et nous ne nous rendions pas très bien compte. Je me souviens qu’il nous est arrivé d’aller tirer les moustaches des morts ou de leur prendre la main pour leur dire bonjour.
En 1979, Joseph Ampe est président du cercle Saint Joseph. Il est loin de s’être coupé de toute activité. Il évoque sans sourciller les souvenirs tragiques et comiques, et imperturbable, il continue :
Le Cercle St Joseph d'Halluin tire les "rois".
Au 1er plan à droite de la photo, Joseph Ampe.
(Photo n° 1891)
« Après la guerre, j’ai travaillé comme mes frères dans l’entreprise de mon père qui fabriquait des peignes à tisser. Nous avons construit une société à responsabilité limitée puis entre les deux guerres, je me suis marié. A la mort de mon père, mes frères et moi, nous avons repris la société. Toute ma vie, j’ai travaillé dans les peignes à tisser, jusqu’à la crise du textile, là l’entreprise familiale a pris fin ».
Durant la deuxième guerre mondiale, comme tout Halluin, la famille et l’entreprise ont vivoté mais Joseph Ampe reconnaît qu’il n’a jamais souffert de la faim car « Trois de mes oncles étaient fermiers et nous avons donc vécu des produits de la ferme ».
Quant à la « Jeune garde », eh bien, elle a commencé à « dégringoler » en 1939 et ne s’est jamais relevée après la guerre. Les jeunes manquaient à l’appel. Aujourd’hui, seules quelques photos permettent à ceux qui ne l’ont pas connue de découvrir cette « Jeune garde ». C’est en tout cas grâce à une d’entre elles que Joseph Ampe s’est souvenu…
Cet Halluinois de toujours a évoqué une période de sa vie, la plus agitée sans doute, il l’a fait très simplement sans chercher à exploiter les évènements exceptionnels dont il a été témoin.
Joseph Ampe est notamment le père de Joseph Ampe (Professeur de Médecine) Jean-Marie-Ampe (Président du Tennis Club Halluinois) et Francis Ampe (Maire de Chambéry - Délégué Lille 2004).
17/5/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse