En 1950, une visite de la douane
au poste frontière, rue de Lille Halluin.
Le douanier François Boron (2ème en partant de la droite).
(Photo n° 4806)
La Douane d'Halluin :
Exposition et Conférence en 2011.
Du 1er au 9 octobre 2011, la Ferme du Mont Saint-Jean à Halluin accueille une exposition consacrée à la Douane Halluin-Menin-Vallée de la Lys.
L'association À la recherche du passé d'Halluin a réuni photos et matériel. La Douane d'Halluin-Menin vaut bien une exposition : c'est ce qu'a pensé l'association À la recherche du passé d'Halluin.
À compter du 1er octobre, après la conférence inaugurale (à 15 H) assurée par André Dutoit, un ancien des douanes qui a fait toute sa carrière à Halluin, les visiteurs pourront donc en apprendre plus sur la douane Halluin-Menin-Vallée de la Lys, grâce aux dix mois de recherches des bénévoles de l'association.
Une exposition qui aurait certainement ravi, le regretté Roland Verkindère, qui s'amusait dans nos colonnes, le 1er avril dernier à rêver d'un musée de la douane. Qui prendra vie durant ces dix jours à la Ferme du Mont Saint-Jean.
Que pourra-t-on y voir ? Une rétrospective en photographies consacrée aux douaniers - dont ces fameuses douanes volantes du début du siècle dernier, lorsque les douaniers à pied avec leur chien « planquaient » et dormaient dans les champs - et aux différents postes de douane du secteur.
« La douane a beaucoup changé de place. Le dernier poste de douane se situait sur la route de contournement, la RN17, près du château d'eau de Menin. Auparavant, elle était en centre-ville à la limite Halluin-Menin », raconte Jean-Pierre Polnecq, une des chevilles ouvrières de l'expo.
Herses pour crever les pneus.
La seconde partie est consacrée au matériel des douaniers, grâce au prêt du musée de la vie frontalière de Godewaersvelde : « Nous montrerons des herses qui servaient à crever les pneus de voitures, des cartes, et autre petit matériel, avec des explications », dit Jean-Pierre Polnecq. Qui rappelle que « la douane est au programme des bacs pro transports et logistique... »
Et depuis le succès du film "Rien à déclarer", une manifestation sur la douane, sans la désormais mythique 4L de Franck Duquesne, perdrait de son atout charme. Et cela tombe bien, puisqu'il sera possible de l'admirer de samedi à lundi aux heures d'ouverture de l'exposition.
L'exposition sera visible à la Ferme du Mont Saint-Jean du 1er au 9 octobre 2011, de 14 h à 18 h, et en dehors de ces heures pour les groupes sur réservation. Conférence inaugurale, samedi 1er octobre à 15 h.
29/9/2011.
Conférence animée par André Dutoit...
Ce samedi 1er Octobre 2011, environ 400 personnes ont suivi la conférence avant de découvrir l'exposition réalisée par l'association À la Recherche du passé d'Halluin. Le public a pu découvrir l'historique de l'administration des douanes en général et la vie de la douane à Halluin en particulier. Depuis la disparition des postes frontières avec la Belgique, en 1993, la présence des douaniers se fait plus discrète.
Auparavant, Halluin, se trouvant sur un important axe d'échanges internationaux, avait un gros poste de douane. Cela faisait vivre de nombreux commerçants, mais générait des bouchons monstrueux. Avant 1993, on ne passait pas facilement d'un pays à l'autre, surtout dans les années 50 à 70.
« Aujourd'hui j'entends des jeunes demander ce qu'est un douanier comme peut-être demain on dira à Boulogne-sur-Mer "qu'est ce qu'un pêcheur ?" » André Dutoit mêle amertume et humour quand il parle de ce temps où les frontières existait, lui qui fut 43 ans transitaire, soit l'agent en charge de faire le lien entre les sociétés et les douanes.
Cet halluinois qui continue d'exercer cette profession après 1993, retraça l'histoire de la douane d'Halluin et de Reckem : « C'était l'une des douanes routières les plus importantes de France ! De 1963 à 1971, les recettes fiscales sont passées de 10 à 42 millions d'euros. »
L'importance stratégique de ce passage semble avoir été ignorée par les autorités douanières qui ne décidèrent qu'en 1967 de faire passer les camions par la Rouge Porte après des décennies d'embouteillages dans la rue de Lille.
Mais en quelques années, ce passage est asphyxié. En 1972, Reckem ouvre et les Français voient les Belges dans de confortables installations... Aujourd'hui, il ne reste qu'une vingtaine de déclarants à Halluin, à la Rouge Porte. Quand l'Union Européenne a décidé d'ouvrir grand les frontières intérieures, « personne n'y croyait vraiment », se souvient André Dutoit.
Le plein d'essence, de cassonade et de pralines.
Au fil de la riche exposition concoctée par l'association A la Recherche du Passé d'Halluin, des visiteurs se souviennent de la jauge à essence qu'il fallait identique à l'entrée et à la sortie de la Belgique.
« Les douaniers belges n'étaient pas très tatillons : le commerce avant tout. Et la Belgique était largement exportatrice. Il n'en était pas de même côté français » expliquait le conférencier.
Et de détailler les denrées qu'un simple particulier était tenté d'aller chercher de l'autre côté de la frontière, en raison de l'importante différence de prix : alcool, tabac, essence, margarine, cassonade, pralines... Alors, ce n'est pas seulement les camions de marchandises qui étaient inspectés, mais aussi les simples particuliers, y compris femmes et enfants.
Il y avait aussi des fraudeurs professionnels. Tous rivalisaient d'astuce avec les douaniers. Les marchandises qui passaient la frontière le plus légalement du monde, en étant parfaitement déclarées, effectuaient un parcours du combattant.
« Le poste de douane était ouvert du lundi au samedi de 7h à 19h. Les formalités prenaient facilement de 2 à 3h. En fin de journée, la tension devenait palpable, surtout le samedi » rappelait André Dutoit.
Et de détailler les raisons de la lenteur de la procédure, à l'ère du papier carbone et de l'opératrice téléphonique. « Quand tout était achevé, le déclarant en douane recherchait le chauffeur dans la vingtaine de cafés frontaliers »... « Ils n'auraient pas dû ouvrir, se plaint André Dutoit, mais assouplir les procédures. »
Même son de cloche pour Jacob Geert, commis dans une agence de douane à 16 ans, licencié en 1993 puis repris trois ans plus tard comme transitaire à Tournai (B) : « Je préfère le système actuel mais je regrette que l'on n'ait pas gardé les frontières. Il y a moins de contrôles et on a pris le pain de très nombreuses personnes ».
4/10/2011.
Commentaire : Daniel Delafosse