Années 1960 - Rue de Lille - Le grand bureau des Douanes.
(photos n°1991 et 1992)
Halluin – Les Douanes…
Souvenirs et Anecdotes.
Le nouveau film de Dany Boon "Rien à déclarer" sur les douaniers belges et français, éveille bien des souvenirs à Halluin. L'un des plus gros bureaux des douanes françaises.
Les anciens le racontent à merveille : à l'époque des douanes françaises, dans les cours de récréation, les écoliers halluinois ne jouaient pas aux gendarmes et aux voleurs mais aux douaniers et aux fraudeurs !
De nos jours, la jeune génération passe la frontière, la bouche en coeur, loin des péripéties vécues par nos anciens. Un pan de l'histoire locale pas si éloigné. Les frontières ont été gommées en 1993 avec la grande aventure européenne.
Point de passage quotidien des milliers de Flamands qui travaillaient dans les industries textiles d'Halluin, de Tourcoing et Roubaix -invités à traverser la frontière à pied avant de remonter dans les bus après le contrôle douanier, la rue de Lille, a aussi été l'autoroute du commerce international.
Selon les époques, des cortèges de camions chargés de lin, de bestiaux ou d'électroménagers passaient par le poste des douanes situé aux Baraques. Une vraie ruche qui nourrissait toute une ville où prospéraient de nombreux cafés installés -une vitrine sur deux- le long de cet axe stratégique.
Dans les années 60, à l'angle de la rue de Lille et de la rue de la Lys, M.Wancquet (un grand nom à Halluin), avait pour habitude de préparer 55 picons -une boisson introuvable en Belgique- pour l'arrivée d'un bus de frontaliers. Chaque jour c'était le même rituel. Et la même énigme pour le patron : sur les 55 picons servis, 54 étaient réglés. Le coquin n'a jamais été démasqué !
Que d'anecdotes autour du poste-frontière qui séparait Halluin et Menin sur une ligne de démarcation qui a fluctué au fil des siècles et des velléités de l'histoire. Pas étonnant de trouver à la frontière des maisons qui ont leur jardin en Belgique.
Menin a longtemps été comme une grande épicerie pour la population des environs. Pendant et après la seconde guerre mondiale, la Belgique était bien mieux ravitaillée que la France. La fraude domestique du café, du tabac, du savon noir ou plus tard de la cassonade était un sport national.
Combien de landaus ont échappé à la vigilance des douaniers plus ou moins tatillons ? Quand il s'agissait d'améliorer le quotidien, les anciens faisaient quelques entorses à la morale. Même chez les âmes les plus dévotes : « Dieu ne punissait que ceux qui se faisaient prendre selon notre tante », raconte Roland Verkindère. Les anciens ont aussi en tête l'histoire de cet officier allemand, préposé aux douanes, un sauveur : « Quand il était au courant des descentes de la Gestapo, il prévenait les usines pour que les jeunes échappent au travail obligatoire. »
On retient des nombreuses anecdotes plus heureuses, ces chocolats et ces tranches de jambon avalés au nez et à la barbe des douaniers pour éviter les taxes... Ou encore l'histoire de cette trancheuse à pain, un cadeau pour la fête des mères. Démontée soigneusement par une fratrie dans une quincaillerie de Menin, elle a passé la douane, sur plusieurs jours, en pièces détachées !
27/4/2011.
Commentaire et Photos : ARPHalluin - Presse - Daniel Delafosse