La foule au cimetière d'Halluin, pour les funérailles
des victimes du bombardement du 21 mars 1918.
Les corps sont inhumés en présence du clergé et de la municipalité.
(photo n° 1133)
« Le Soldat Inconnu »… Historique.
En 1918, les régions du Nord, de la Champagne ou de l’Est sont recouvertes de cimetières. Des millions de croix que l’on a souvent élevées à la hâte. Elles ne portent souvent qu’un simple nom, une date, et une mention : « Soldat Français », « Soldat Allemand », « Soldat Britannique »… Mais parfois, aucun nom, aucune inscription.
Un homme est mort ici, mais qui était-il ? Tombes anonymes où l’on a mis des restes humains. Personne pour venir les pleurer. Pourtant, quelque part dans le monde une mère, une femme, un enfant les cherchent.
Lorsque les canons se sont tus, on a mis ces restes dans d’immenses nécropoles. Ils s’y retrouvaient entre inconnus, entre anonymes. Pourtant leur nom figure sur un monument aux morts, mais nul ne sait où ils reposent.
À l'occasion du premier anniversaire de l'armistice de 1918, la France invente le cérémonial de la «minute de silence» en hommage aux victimes du conflit.
L'année suivante, le 11 novembre 1920, la IIIe République célèbre son cinquantenaire en transférant le coeur de Gambetta au Panthéon et, pour la première fois, rend hommage à un Soldat inconnu mort pendant la Guerre 1914-1918, représentant anonyme de l'ensemble des «Poilus» et des «Gueules cassées» morts pour la France.
Evoquée une première fois par François Simon, président du Souvenir français de Rennes, l'idée d'honorer un soldat tué au champ d'honneur et non identifié se dégage rapidement dans l'opinion française.
Dans un premier temps, la Chambre des Députés décide qu'il reposera au Panthéon. Mais une campagne de presse amène le 8 novembre 1920, le Parlement a voté à l’unanimité, deux articles :
« Les honneurs au Panthéon seront rendus aux restes d’un des soldats non identifiés morts au champ d’honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920
Le même jour, les restes du Soldat inconnu seront inhumés sous l’Arc de Triomphe ». L'idée est de Charles Dumont.
Le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, ancien sergent du 44ème RIT, lui-même grand blessé de guerre (il se déplace appuyé sur deux cannes), ordonne aussitôt aux neuf commandants de Région de faire exhumer «dans un point de chaque région pris au hasard et qui devra rester secret, le corps d'un soldat identifié comme Français, mais dont l'identité n'aura pu être établie».
Neuf cercueils sont envoyés de l’Artois, de la Somme, de l’Ile de France, du Chemin des Dames, de Verdun, de Lorraine et des Flandres. En fait, il n’y en a que 8. On n’est pas certain que le 9ème corps soit celui d’un Français.
Chaque corps est placé dans un cercueil de chêne et dirigé sur Verdun, où la cérémonie se déroule, le 9 novembre 1920, dans une galerie de la citadelle transformée en chapelle ardente. Des soldats du 132ème régiment d’infanterie rendent les honneurs.
Avant que La Marseillaise ne retentisse, Le ministre André Maginot s’arrête devant un engagé volontaire de la classe 19 et dont le père est mort à la guerre. Le ministre tend au soldat Augustin Thin un bouquet d'oeillets rouges et blancs, cueillis sur le champ de bataille de Verdun
Augustin Thin, engagé le 3 janvier 1918, est un des survivants du 234e régiment d’infanterie (RI), décimé en Champagne en juillet 1918. Muté au 132e RI, caserné à Verdun, il avait alors raconté :
« J’avais été choisi pour désigner le cercueil parce que j’étais le plus jeune engagé soldat de 2e classe et ancien combattant du 132e RI, le régiment de Verdun ». Le soldat Thin additionne les trois chiffres de son régiment, cousus sur l’écusson du col de sa capote, et obtient le nombre six : « J’ai déposé un bouquet d’œillets rouges et blancs sur le sixième cercueil ».
Le cercueil sur lequel Augustin Thin déposera le bouquet, sera celui du « Soldat inconnu ». Le soldat fait le tour des cercueils et dépose son bouquet sur le cercueil (6ème) placé à gauche du troisième catafalque. Le soldat inconnu est désigné.
Conduit à la gare de Verdun sur un affût de canon, le cercueil du Soldat inconnu arrive à la gare parisienne de Denfert-Rochereau pour une cérémonie au Panthéon puis est porté par six soldats dans une chapelle ardente au premier étage de l'Arc de Triomphe, avant d'être définitivement inhumé sous la voûte de l'Arc le 28 janvier 1921.
12/11/2010.