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Henri-France Delafosse, caporal instructeur (au centre avec la chéchia),
au 205e d'Infanterie - Décembre 1916.
(Photo X DD 8502 n° Img 044)
Photo de H.F. Delafosse : devant une tranchée - Bataille de Verdun 1916.
(Photo DD 22822 n° Img 291)
(Doc VdN DD 22759 n° Img 216)
Il y a 60 ans, le 14 Juillet 1954...
Le Docteur Albert Louf remet les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur
à M. Henri-France Delafosse, en la salle des Combattants, rue Emile Zola Halluin.
(Photo VdN DD 8593 n° Img 020)
... Promotion de la Légion d'Honneur
du 17 Avril 1954, publiée au Journal Officiel,
au titre du Centenaire de la Médaille Militaire,
Médaille de la Légion d'Honneur.
(Photo X DD 12021 n° Img 927)
Henri-France Delafosse est promu
au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur.
Lors de la remise de cette distinction,
c'est son parrain de promotion Albert Louf, Chevalier de la Légion d'Honneur,
qui a l'insigne mission de faire l'éloge du récipiendaire, en ces termes :
Albert Louf parrain de Promotion du nouveau légionnaire Henri-France Delafosse.
(Photo VdN DD 8591 n° Img 018)
Mesdames, Messieurs,
Mes chers Camarades de la Grande guerre.
Tout homme qui s’élève, élève le monde.
Le 11 novembre 1938, à l’occasion de notre 20e anniversaire dans cette salle à laquelle nous restons attachés par tant de souvenirs, après avoir évoqué les dangers imminents de l’expression hitlérienne consignés dans le catéchisme de Mein Kampf, nous rendions alors – après avoir donné l’alarme – un fraternel hommage au digne successeur de Gaston Danset : Henri France Delafosse.
Les distinctions militaires qu’il porte, avions nous dit drapent glorieusement sa poitrine mutilée. Ses stigmates de destruction bronchique par l’ypérite, chaque jour lui rappellent, et lui rappelleront, les horreurs d’un progressisme barbare, prélude des camps d’extermination.
Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, alors que les chants de jeunesse hitlérienne se sont tus, que les Hommes du IIIe Reich ont pu, à nouveau, tresser une couronne de mort sur leur passage ; dans une atmosphère d’unanime résonance, vous vous êtes associés à la famille, à l’amicale des Zouaves, aux Camarades de combat du Caporal Delafosse, pour lui témoigner votre vénération, reconnaître l’admiration que la Nation voue à ses grands Français.
Ceux qui parmi vous aiment à se remémorer des événements historiques et par-dessus tout reconnaître la Vérité, trouveront ici, un témoignage de satisfaction.
Nous savons tous, que si la médaille militaire constitue la plus belle récompense pour le Soldat, la Légion d’Honneur pour l’Officier, le parachutage des deux, revêt un Hommage suprême, réservé à ceux, qui par leur audace, leur foi indestructible, leur sacrifice volontaire, ont tout donné à la Patrie.
Le Docteur Albert Louf lors de son allocution.
(Photo VdN DD 22767 n° Img 203)
Mon cher Delafosse ; votre jour de gloire est arrivé. La Croix de la Légion d’Honneur, qui vous est remise, marque l’ultime sommet, le couronnement de vos belles pages d’histoire au service de la France. S’il nous était donné de faire un ample récit de votre passé, nous l’accomplirions, dans tous les domaines, avec une sorte de ferveur. Un tableau sommaire de vos activités militaires, et pour être complet : l’évocation des traits marquants de votre caractère, de certains exemples dans votre vie nous suffira pour glorifier votre personnalité déjà bien connue.
Vous avez quitté Halluin, le 27 août 1914, à l’époque de la ruée allemande. La bataille de Dinant était achevée et les conquérants avaient franchi la Meuse le 26 pour tenter d’égorger Paris. Le 10 septembre, alors que nous étions accrochés dans les plaines de la Marne, vous preniez contact dans Alger la Blanche avec le corps d’élite des Zouaves dont les hommes intrépides ont inscrits dans les cadres de l’Armée française les services les plus brillants.
La ligne de feu s’était dès l’automne cristallisée dans le cadre des barbelés et des tranchées. Tapis comme des taupes dans ce labyrinthe de boyaux et de sapes nous observions silencieux, le Molosse accroupi d’en face qui regardait alors la France de travers ses créneaux.
Les plaines du Nord, cependant, se prêtaient encore à l’activité débordante des uhlans et, dans ces heures tragiques, chacun s’interrogeait avec angoisse sur la menace d’un débordement. C’est dans cette course à la mer que, le 15 janvier 1915, vous preniez le contact avec l’ennemi dans les marais de l’Yser.
L’histoire nous dira que le corps spécial des hommes à la chéchia, au symbolique pantalon garance, se retrouvera dans ces jours sombres et incertains, dignes émules des Diables bleus du commandant Driant et bien plus tard des hommes des commandos ; de la mer du Nord à l’Alsace, les Diables rouges seront au premier plan pour les tâches audacieuses. Dans les coups durs c’est votre silhouette que l’on rencontre ; mais hélas, l’esprit de sacrifice se paie cruellement : Au cours de l’héroïque bataille de Verdun ; dans les sanglants combats de Cumières, dans la défense mémorable du Mort Homme, dans les corps à corps de la côte 304 ; vous étiez là. Vous restez même l’un des 8 survivants de la 4ème section de la 16ème Compagnie, section dont tous les membres sont cités collectivement à l’ordre de l’Armée.
Et, vous participerez plus tard à l’offensive de la Somme, dans les combats de Chaulnes et de Pressoire, à celle de Champagne ; que ce soit à la Main de Massiges, Maison de Champagne, au mont Cornillet.
Puis , l’Armée allemande, ivre de ses exploits, dans une nouvelle marche sur Paris, se heurte au Corps des Zouaves en Forêt de Villers Cotterets, face au village de Longpont, les expérimentateurs de la Science germanique inaugurent sur vos poitrines des méthodes nouvelles. Votre courage surhumain demeure vain sur un terrain ypérité. Il ne vous est plus possible de poursuivre le combat et après avoir tant de fois vu roder la mort, vous obtenez pour vos brûlures viscérales la réforme définitive de 50%. La rançon de la Liberté s’achète à un tel prix.
Citation à l’ordre du Régiment pour avoir entraîné crânement ses Hommes à l’attaque du 21 Octobre 1916, citation à l’ordre du Régiment pour votre rôle de liaison au cours des tirs de barrage à l’attaque du 20Mai 1917, citation à l’ordre de l’Armée pour votre intoxication grave à votre poste de combat le 17 juillet 1918, Médaille Militaire le 16 juin 1920.
Quelle belle brochette mon cher Ami, en tête de laquelle, vient prendre place la Croix de la Légion d’Honneur, le Colonel Canavy, votre ancien commandant de Compagnie du 1er Zouaves de marche, aurait été fier de remplir la mission que m’a confiée le Grand Chancelier ; n’avait-il pas dans son rapport du 13 décembre 1935, conclu en ces termes son appréciation sur votre croisade guerrière : « La conduite pendant la guerre du Caporal Delafosse, représente à mes yeux, un des plus nobles exemples de l’accomplissement du Devoir Militaire ».
La Campagne achevée, votre infirmité physique ne devait pas stériliser vos dons naturels. Vous ne sortiez par d’un régiment de marche, pour vous complaire dans l’inertie, dans un égoïsme abject, a mesure que se déroule le voyage de votre vie, la position la plus noble reste la vôtre. Et si, comme Pasteur, l’amour du travail avait en vous comme aiguillon, l’amour de la Patrie, nous sommes autorisés en feuilletant le recueil de votre passé, de souligner les traits essentiels de votre vie professionnelle, familiale, sociale. Dans chacune de ces fonctions vous avez sur néanmoins dégager votre personnalité par vos facultés créatrices, par votre jugement, votre habilité, votre fermeté et assez d’indépendance personnelle pour y rester fidèle.
Une partie de l'assemblée, ce 14 Juillet 1954, en la salle des Combattants, rue Emie Zola Halluin.
Aux trois premiers rangs, quelques-uns des enfants et petits-enfants
des deux familles Delafosse-Canar et Delafosse-Danset.
(Photo VdN DD 22277 n° Img 490)
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