Elles sont 10.000 femmes à Halluin. L’estaminet de la mémoire leur a consacré une séance, courant février 2008, examinant sur un siècle l’évolution de la condition féminine à Halluin.
« Halluin est une ville marquée par le travail, dont une grande part de travail féminin contrairement au pays minier où les femmes prenaient le car pour venir travailler dans le textile », a rappelé Roland Verkindère, historien local.
A Halluin, les tisserands travaillaient chez eux, aidés par leur épouse. Par la suite les femmes ont occupé nombre d’emplois dans les usines textiles : biaiseuses, ourdisseuses, bobineuses, piqûrières. Ces dernières surtout avaient un rôle important car elles garantissaient la qualité des pièces passées par leurs mains.
Elles étaient 180 parmi les 1200 ouvriers de l’entreprise Sion. Certaines embauches étaient à temps plein, d’autres à temps partiel. Mais tout n’était pas toujours rose.
« Plusieurs membres de ma famille ont travaillé en France dans le textile », confiait une Meninoise, « chez Sion, Tissavel ou Tissage de Linselles. Quand les patrons manquaient de personnel, les avantages s’accumulaient. Sinon, les crêches d’entreprise fermaient ».
Certains patrons refusaient les femmes, craignant des idylles nuisibles au rythme de travail et les arrêts dûs aux maternités. Dans les banques, jusqu’en 1963, une clause du contrat précisait que l’employée devait quitter son emploi dans les 3 mois si elle se mariait.
Malgré tout, la femme prend sa place dans le monde du travail, comme épouse de commerçant ou d’artisan. Les guerres vont jouer un rôle en obligeant les femmes à prendre les responsabilités des hommes.
Des professions féminines sont apparues. Des enseignantes et infirmières ont pris la succession des religieuses. Il y avait à Halluin une salle d’asile tenue par 4 religieuses et qui accueillaient 400 enfants. Cela en a fait des classes quand la salle d’asile a disparu !
« Mais il a fallu se battre pour obtenir l’égalité », témoignait une participante. Dans l’opinion de l’époque, il suffisait qu’une fille sache coudre et tenir une maison ; Les rares privilégiées qui ont pu faire quelques études étaient dûment averties : un redoublement signait le départ pour l’usine. Malgré tout, petit à petit les femmes ont eu des emplois à responsabilité grandissante : chez Gratry, il y a maintenant une directrice.
Sur le plan civique, la Révolution Française puis le code Napoléon ont fait régresser le statut de la femme. Il a fallu attendre 1945 pour qu’elle obtienne le droit de vote. En 1943, dans le conseil municipal halluinois nommé par Vichy, il y avait pour la première fois une femme. Maintenant, avec la loi de parité, elles représentent la moitié de l’effectif.
« La contraception a modifié fortement la société », notait Annie Bagein, « avant on considérait que la femme était faite pour avoir des enfants. Elle travaillait quelques années, mais arrêtait dès la première grossesse, qui s’annonçait très vite après le mariage.
Les soins du ménage et des enfants occupaient ensuite tout son temps. La femme était entièrement dépendante de son mari. Maintenant les femmes choisissent d’avoir des enfants plus tard, d’en avoir moins et de les espacer. Cela leur laisse du temps pour une carrière professionnelle et leur donne une indépendance financière.
Il ne faut pas oublier non plus l’arrivée des appareils électro-ménagers qui a permis de diminuer le temps à consacrer aux tâches ménagères ».
Le travail des femmes et les appareils électro-ménagers ont eu pour corollaire un partage des tâches ménagères. « Ma femme est aux petits soins pour moi, mon fils repasse lui-même ses chemises, constatait Yvon Tomme.
Reste que de l’avis des femmes présentes, il reste encore à faire pour une réelle égalité.
8/3/2011 - 8/3/2021
Commentaire et Photos : ARPHalluin - Presse - Daniel Delafosse
Décès de Ménie Grégoire - Août 2014.
Marie Laurentin dite Ménie Grégoire, née le 15 août 1919 à Cholet (Maine-et-Loire).
Journaliste, écrivain, conférencière, est décédée le 16 Août 2014 à l'âge de 95 ans.
Passionnée par la condition de la femme moderne et surnommée "La Dame de coeur",
Ménie Grégoire fut notamment une pionnière à la Radio du dialogue avec les femmes sur leur vie intime.
Durant quinze ans (1967 - 1981), Ménie Grégoire noua des échanges
avec des centaines de milliers d'auditeurs et surtout d'auditrices sur RTL.
(Photo DD 21751 n° P1210811)
Par l'intermédiaire de la station RTL et un volumineux courrier,
Ménie Grégoire mettra en oeuvre une sorte de thérapie publique.
(Photo DD 21752 n° P1210812)
Ménie Grégoire était diplômée d'études supérieures de lettres
et de l'Institut d'art et d'archéologie de Paris.
(Photo DD 21753 n° P1210813)
16/8/2014
Photos : Daniel Delafosse