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Prince Philipd 04093

Les 5 et 6 Septembre 1944 : Les premiers camions anglais arrivent à Halluin, rue de Lille.

(Photo ci-dessus : Arrêt face au Monument aux Morts).

(N° 4093)

Les Evènements de la Libération d'Halluin,

 en Septembre 1944 :

 

Qui peut oublier les « Evènements » d’Halluin ? Personne, pas même ceux qui n’étaient pas nés à l’époque. Tout cela grâce aux documents et témoignages recueillis ici et là.

 De mémoire d’Halluinois, on croit pouvoir remarquer que les évènements qui aboutirent à la Libération de la ville par les F.T.P.-F.F.I., puis par les forces britanniques les 5 et 6 septembre, ont été les plus marquants de l’histoire d’Halluin. 

" C’est grâce aux documents historiques et autres écrits journalistiques ou personnels,  qu’il est possible de revivre cette période exceptionnelle de la ville d’Halluin".

 

Voici le récit de ces évènement détaillés

dans la presse locale en 1964...  vingt ans après :

 

Vingt ans ont passé ! Dans quelques jours, le 5 septembre, des cérémonies du souvenir marqueront l’anniversaire de la Libération de la cité.  M. René Everaert qui s’intéresse particulièrement à tout ce qui touche sa ville natale, a bien voulu nous livrer quelques souvenirs de ces journées mémorables.

 Auparavant, il nous fait le récit des quatre années qui ont plongé les Halluinois comme tous les Français dans la consternation, les deuils et les souffrances.

 

Au matin du 10 mai 1940, les avions commençaient leurs bourdonnements nuisibles et la D.C.A. inscrivait ses petits nuages noirs dans le ciel. La radio annonçait la nouvelle lugubre pour les habitants des régions du Nord. Dans la nuit, les forces allemandes ont commencé l’invasion de la Hollande., de la Belgique et du Luxembourg. 

Les appels à l’héroïsme demandé aux défenseurs du canal Albert ajoutaient le désespoir à l’angoisse. Chaque minute, chaque seconde, le grondement du canon devenait plus perceptible. Les nouvelles parvenant par les ondes ne laissaient aucun espoir.

 Les Allemands avançaient avec rapidité, alors le spectacle de la rue commença. 

 

L’exode de 1940... 

Les barbelés qui coupaient la frontière avaient été enlevés dans la joie. Et les troupes françaises et anglaises passaient la frontière montant au secours des amis belges. 

Bientôt ce fut le pitoyable spectacle des réfugiés belges. Ils arrivaient de toute la Belgique, en auto, à cheval, à vélo, à pied, poussant des voitures d’enfants encombrées de leur pauvre richesse. Ils remontaient les rues de la Lys et Henri Ghesquière, fuyant allant plus loin en France en groupes de plus en plus serrés.

Le soir, ils trouvaient à manger, à se rafraîchir, à se loger dans les maisons halluinoises. Ils étaient les premiers de cette longue cohorte qui allait défigurer l’Europe, ces hommes, ces femmes, ces enfants apeurés par les avions qui les mitraillaient, sales, assoiffés.

Parmi eux, deux d’entre eux, portant des couvertures rouges sur leur porte-bagages. Certains Halluinois prétendaient même qu’il s’agissait des hommes de la « Cinquième colonne ». La maladie de l’espionnage commençait. La peur devint contagieuse. 

Des soldats français, fatigués, revenaient de Belgique et prenaient la même route que les réfugiés. Ceux qui avaient connu l’invasion de 1914 ne voulaient plus revoir cela. Les nouvelles de la radio étaient mauvaises. On vit partir vers le sud de la France, les hommes valides de 18 à 60 ans. Certains, après avoir parcouru le Nord et le Pas-de-Calais, tentèrent vainement leur chance en essayant de s’embarquer à Dunkerque, à destination de Douvres, en Angleterre.

Le Nord était encerclé et un grand nombre de réfugiés reprenaient le chemin du retour. Hélas, l’évacuation annoncée par voie d’affiche, avait mis un grand nombre d’Halluinois sur le chemin de l’exil.

Ils se dirigeaient principalement vers Tourcoing et Roubaix où disait-on, les obus pleuvaient semant la mort et la désolation. Ceux qui restaient, se hâtaient vers les abris, portant matelas, , vêtements, ustensiles, . D’autres s’affairaient à faire surgir un petit lieu de sûreté.

La ville devint morte. Les maisons, les usines, les magasins étaient fermés, persiennes et volets clos. Dans les rues, quelques soldats anglais patrouillaient et les canons de la D.C.A. étaient mis en batterie.

Dans le ciel, c’était le ronronnement des oiseaux de mort, le sifflement des obus et leur éclatement proche, le fracas de ceux percutant le clocher de l’église Saint-Hilaire, l’explosion du château d’eau situé dans le quartier du Pont-Neuf à Menin-Baraques, et celle de la route de Mouscron où la croix située au lieu-dit « Le Christ Dall » demeure intacte.

Halluin n’avait plus qu’à attendre que le feu de la guerre soit passé.

Dans son avance éclair, l’ennemi ne tardait pas à atteindre la frontière. A Menin (B), le pont de la Lys venait de sauter, et les Allemands se préparaient à traverser la rivière à l’aide de petites embarcations, face aux soldats anglais, dont quelques-uns tombèrent victimes du devoir, et qui étaient embusqués dans les étages supérieurs des maisons riveraines. 

Quant aux Britanniques stationnés à Halluin, ils se barricadaient derrière des sacs de sable et de terre, cependant qu’au bois Gratry, des canons disposés en batterie attiraient l’attention de l’ennemi.

Un jour, ils arrivèrent, ces soldats allemands. Déjà aussi, hélas, les premières victimes étaient à déplorer ;

  

Un triste cortège... 

La ligne de bataille avait dépassé Halluin. Le pont de Menin étant détruit, les Allemands l’avaient remplacé par deux petits ponts de bois, un de chaque côté, et les troupes allemandes continuaient de passer. 

Mais voici que dans l’autre sens, arrivaient de Roncq et de plus loin, des milliers de prisonniers français. Quelques jeunes cyclistes partis à leur rencontre les avaient annoncés. La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Les provisions qu’on avait pu faire pour les jours difficiles : saucisson, pain, fromage, conserves, fruits, tout arrivait sur les trottoirs. Des cuves de boissons étaient posées au bord de la route pour qu’ils puissent se désaltérer.

Et quand on les vit, descendant la rue de Lille sur toute sa largeur, si fatigués, si tristes, on se précipita pour leur offrir tout ce qu’on avait dans les mains. Mais eux disaient : « Donnez plutôt à ceux qui viennent derrière, il y en a tant ». En effet, des colonnes interminables de prisonniers passaient, rappelés à l’ordre par les sentinelles, s’ils s’aventuraient dans une rue adjacente. Chaque uniforme était considéré avec espoir de voir surgir le visage d’un fils ou d’un mari. La longue marche vers les stalags commençait. Un mot sur la vitre du bureau de douane déserté, était formé avec des timbres anti-tuberculeux : Espoir… Petite flamme au creux de la longue nui qui commençait.

  

L’occupation et ses conséquences... 

Halluin, théâtre de scènes tragiques allait faire connaissance avec les cartes d’approvisionnements et les interminables queues devant les boulangeries, épiceries, boucheries…

Queues également, à certaines heures de la journée, devant les barrières douanières du grand bureau, où parents halluinois et meninois échangeaient quelques mots. Plus tard, lorsque le passage de la frontière fut à nouveau autorisé, la facilité de se procurer des denrées en quantité plus abondante chez nos voisins belges, amena la pratique du « marché noir ». 

Puis ce fut l’astreinte au travail obligatoire, refusé par un grand nombre d’hommes appelés « réfractaires », la Résistance avec son esprit libérateur, la fameuse émission radiophonique « Ici Londres ! Les Français parlent aux Français ! ». La guerre poursuivait son œuvre. Les Allemands livraient bataille au-delà de notre pays. Mais le conflit ne pouvait s’éterniser en Russie et en Afrique.

  

La Libération... 

Le 6 juin 1944, alors que la guerre paraissait interminable, l’armée de la libération débarquait sur les côtes normandes, et après de rapides progrès, se trouvait aux abords d’Halluin, qui allait prendre sa place dans l’histoire de la libération de la France. 

Le vendredi 25 août 1944, un drapeau tricolore retrouve le monument aux morts. Les Allemands le font enlever par la police qui, au garde à vous observe une minute de silence avant d’opérer.

Jeudi 31 août 1944, le bruit court en ville que les forces de la résistance se préparent à l’action. L’heure H est désignée : samedi à 14 heures.

Vendredi 1er septembre 1944, vers midi, les services de la douane allemande (sous la conduite du gros Smidt) plient bagages. Tard dans la nuit, deux camions militaires allemands immobilisés par des crevaisons, à hauteur de la rue Pasteur, sont abandonnés par les soldats allemands, qui les font sauter avec des grenades, puis y mettent le feu.

 Les colonnes venant de Roncq sont ainsi alertées dès leur arrivée en ville, par le spectacle des véhicules en flammes. 

Samedi 2 septembre 1944, l’heure H approche. Dans la matinée du 2 septembre, le personnel des établissements Sion est rassemblé dans la cour de l’usine. Après réflexion, le patron de l’usine lui donne huit jours de congé.

A 13 h 30, les F.F.I. (Forces Française de l’Intérieur) parcourent les rues de la ville, exhortant les habitants à se retirer chez eux. A 14 heures, les hommes de la Résistance sous les ordres de M. Vandekerkhove lieutenant, et Bosteels sous-lieutenant, entrent en action, ralliant à leur cause quelques-uns des douaniers qui viennent de quitter leur poste. 

La lutte pour la libération d’Halluin commence. La mairie, la poste et le commissariat de police sont le premier objectif. M. Brunel commissaire et son personnel prennent rang parmi les résistants.

Dès les premiers engagements, une voiture ennemie tombe aux mains des patriotes. Sur la route Nationale, une action entreprise contre une voiture isolée amène une action violente. Un camion vient de passer et se trouve aux abords de la frontière sur Menin, quand une automobile de tourisme se présente.

Une salve de F.F.I. l’oblige à stopper, mais donne l’éveil à un motocycliste allemand qui suit le convoi. Le soldat avertit son chef de groupe. Aussitôt autos blindées et tanks remontent la rue de Lille. Un canon de 77 est mis en batterie, et son tir cause de sérieux dégâts aux habitations.  Puis le convoi passe. 

Les troupes allemandes qui suivent, contournent la rue de Lille, en passant par la rue de la Gare. Soudain, attiré par le feu d’un canon anti-tanks, qui avait d’ailleurs tué un Allemand, un char ennemi remonte la place de l’Eglise jusqu’au Bazar. Canons et fusils crachent leurs feux meurtriers dans le portail de l’église, mais sans résultats : les F.F.I. sont retranchés dans le clocher. Après une heure de fusillade et manquant de munitions, les patriotes abandonnent leur repaire, et le char rebrousse chemin.

Plusieurs heures se sont écoulées, et les maigres provisions s’épuisent. Il faut agir ; Envoyés à Tourcoing, avec mission d’amener des armes, Maurice Simono, Jean Fiévet et Marthe Nollet trouvent la mort ; les premiers sur le territoire de Neuville. Marthe Nollet est achevée de deux coups de pistolet dans les yeux, devant les abattoirs de Tourcoing.

Jules Devos est blessé au lieu dit le « Labyrinthe » et achevé de deux coups de baïonnette dans la gorge. Quant à Henri Deceuninck et Maurice Masurel, ils sont tués l’un à Menin et l’autre à Armentières. 

La journée du 2 septembre 1944 vient d’emporter ses premières victimes, mais des scènes d’atrocités attendent encore les Halluinois dans la soirée. Dans leur cachot, vingt prisonniers allemands attendent qu’on statue sur leur sort. 

                                                                                                       

                                                                                      Témoignage de René Everaert.

 

"Le Bulletin Halluinois" : 

On s’aperçoit en voyant ces documents que l’on écrivait alors beaucoup et toutes sortes de choses. En temps de guerre, le plus important bien entendu, c’est d’essayer de vivre malgré tout, donc de connaître les nouvelles du front et de l’arrière. La place de la gazette locale dans la vie quotidienne fut par conséquent très importante. 

En l’occurrence, le « Bulletin halluinois » créé déjà pendant la première guerre mondiale, donnait les nouvelles de leur ville aux habitants qui avaient dû quitter Halluin pour diverses raisons (pour faits de Résistance par exemple). 

Le « bulletin » fut à sa manière un acteur de son temps : il a dû lutter pour survivre pendant l’occupation. Clandestin de 1942, date de sa reprise, jusqu’à la Libération, il devait paraître en cachette car les Allemands n’étaient jamais loin. L’expérience ne dura que deux ans, de 1942 à 1944, et pourtant cette gazette représente un témoignage de la pensée de toute une époque.

 

Un témoin-acteur...

Le journal et le témoin neutre et objectif des évènements,

mais le témoignage-récit apporte une touche particulièrement vivante à l’histoire brute,

c’est pourquoi, en septembre 1944, la gazette reprendra 

le récit d’un acteur-témoin du drame de la Libération d’Halluin :

Alphonse Cinqualbre :

 

« Il était à prévoir, écrit-il, que par suite du recul général des armées allemandes en France, notre région allait en subir le contrecoup.

 Le jeudi 31 août le bruit courait en ville que les forces de la Résistance (F.F.I) se préparaient à l’action. L’heure H était désignée : le samedi à 14 heures. Effectivement, une fusillade continue commença ce jour-là dès l’après-midi. 

La veille, deux camions militaires immobilisés par des crevaisons à hauteur de la rue Pasteur, furent abandonnés par les soldats qui les firent sauter avec des grenades, puis incendiés ; les colonnes venant de Roncq étaient don alertées dès leur entrée en ville par le spectacle des véhicules qui flambaient… 

Une colonne s’arrêta au haut de la rue de Lille, le samedi 2 septembre vers 5 heures du soir.

 Accueillis par une fusillade nourrie partant du parc municipal, de la rue du Forage et de la rue Pasteur, les soldats descendirent des camions, mirent en batterie un canon anti-tank et se mirent à tirer dans toutes les directions et sur les maisons.

 

D’autres,  sous la conduite d’un officier, enfoncèrent les portes, brisèrent les vitres et pénétrant dans les immeubles, forcèrent les habitants à s’aligner devant le parc municipal, devant une rangée de fusils et de mitraillettes. 

Leur chef nous menaça de mort immédiate en cas de découverte de « terroristes » dans nos maisons. Il arguait des lois de la guerre contre les civils tirant sur les soldats, parlait de trahison, bref notre dernière heure paraissait imminente. 

la perquisition n’ayant pas donné de résultat, nous fûmes finalement obligés de nous accrocher sur les pare-chocs, les capots, les marche-pieds des véhicules militaires qui s’apprêtaient à repartir, se servant de nous comme bouclier.

 Nous étions une quinzaine de personnes : hommes, femmes, enfants et nous nous jugeâmes voués à une mort certaine. 

Sur le premier véhicule, j’étais accroché au côté droit, ainsi que ma femme ; de l’autre côté, M. L’abbé Louis Lemaitre et sa sœur âgée. MM. Achille Grimonpont, Dennetière, MMmes Cinqualbre, Milbéo, Vanacker, Lestienne, Grimonpont, Deleu, Vandewalle, la famille Lemaitre, Mme Dalle et ses enfants, leur bonne étaient répartis sur les véhicules et canons qui suivaient. 

Des soldats sur le siège, avaient pris des femmes devant eux en guise de protection.

 Dès le départ la fusillade recommença avec une intensité croissante, et à partir de la rue Pasteur nous descendîmes la rue de Lille sous une mitraille épouvantable. Des soldats tiraient sans arrêt et avec toutes leurs armes sur les fenêtres, les façades : les balles sifflaient à nos oreilles.

 

Dès notre départ, M. Dennetière fut tué et s’écrasa sur le sol, Mlle Deleu eut la cheville fracassée et fut maintenue malgré sa blessure.

 Ce fut une course éperdue à travers Halluin et Menin. Nous passâmes à l’église de cette ville à 18 h précises ; sur la grand-place, il y eut une hésitation puis les autos s’engouffrèrent dans la rue de Courtrai et ne s’arrêtèrent qu’à mi-route de Wewelghem, rejoignant des véhicules qui semblaient les attendre. 

Les soldats allemands nous laissèrent enfin nous occuper de nos blessés. Un soldat mort fut étendu sur le talus de la route. Mme Dalle était blessée à la main, sa petit fille à la gorge mais sans gravité : leur bonne de 18 ans avait reçu une balle dans le dos à la base du poumon droit ; Mme Deleu avait perdu du sang en abondance.

 

Deux dames se dévouèrent et allèrent chercher du secours à la clinique de Menin. Après une attente qui nous parut bien longue, nous vîmes arriver une voiture et des brancardiers ; nous y montâmes avec les blessés. A la clinique, nous fûmes enfin rassurés sur leur sort ; la balle qui avait frappé la bonne de la famille Lemaitre avait dévié sur une côte et fut extraite par le docteur Rossel.

 Mme Deleu la plus gravement atteinte est encore à la clinique, mais ses jours ne sont pas en danger.

 Nous avions un mort à déplorer : celle de M. Dennetière qui laisse une jeune veuve bientôt mère.

La fusillade continuait sans arrêt dans le lointain et nous regagnâmes nos foyers que le lendemain. 

Tous les véhicules n’avaient pas pris la même direction : M. Grimonpont et les siens, accrochés à un canon, furent conduits sur la route de Dadizeele et ne furent relâchés qu’après l’arrivée de deux autre véhicules. Jusqu’à ce moment, ils furent gardés en otage.

 

Pendant ces évènements, que se passait-il à Halluin ?

 Après notre départ, des grenades furent lancées dans la demeure de M. Vandewalle qui fut incendiée en totalité. Des foyers d’incendie furent allumés dans les maisons voisines. 

Mlle Cinqualbre qui rentrait chez elle, surprit un soldat mettant le feu aux rideaux,sur ses supplications, elle fut prise comme otage, arrivée rue Pasteur, nouvelle mitraillade ; ce qui lui permit de s’enfuir.

Après le départ de la colonne, elle aida M. Milbéo qui avait pu s’échapper et qui était revenu à éteindre les incendies commençants.

 

Les mêmes scènes se reproduisirent aux différents carrefours de la rue de Lille : un convoi tira sur la mairie, l’église et différents immeubles qui furent très endommagés.

 M. Paul Vandenberghe sur le seuil de sa porte, fut frappé par une balle et trouvé inanimé dans un couloir. 

A hauteur de la douane, M. Prosper Oosterlinck fut emmené comme otage par les autos allemandes jusque Menin, à travers les balles. M. Charles Windels qui opposa une certaine résistance fut abattu à bout portant.

Dans la rue de la Lys, la maison de M. Autem fut incendiée par suite des attaques des forces de la résistance sur les colonnes en retraite venant de Bousbecque ».

  

Le 3 septembre 1944, la guérilla recommence.

 Témoignage recueilli de  M. René Everaert.

 

A l’aube du 3 septembre 1944, la lutte recommence. Elle apporte aux F.F.I. quelques fusils-mitrailleurs à la suite de la prise d’un camion ennemi.

Dès lors, la bataille ne se situe plus sur le passage de la rue de Lille, mais elle est recherchée à la campagne et les éléments allemands sont repérés par les guetteurs que le P.C. a placés dans le clocher de l’église, ce qui permet une action contre l’ennemi et la prise de deux fusils-mitrailleurs, une mitrailleuse et cinq camions.

la bataille n’étant plus recherchée dans le centre de la ville, le commandant militaire établi au « Café du Lion d’Or » place de l’Eglise, décrète l’état de siège afin d’éviter les abus.

Le même jour, on procède à l’installation du Comité de libération nationale composé de MM. André Blehaut (Front national), André Deprétère (Forces unies de la Jeunesse patriotique), Henri Dereus (parti communiste), Pierre Detavernier (C.G.T.), Monique Dujardin (Union des femmes françaises), Albert Myngers (C.F.T.C.) Gérard Verkindère (Parti démocrate populaire).

 

Les barrières du poste-frontière, fermées depuis quatre ans, se lèvent, et une foule nombreuse déferle sur la route nationale. Une certaine émancipation règne alors parmi la population, ce qui provoque l’arrestation, à Menin, de deux cents « chemises noires » (Etaient ainsi appelés ceux qui avaient entretenu une collaboration étroite avec l’ennemi). 

Mais dans la joie de la liberté retrouvée, voici que dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 septembre, quelques chars « Tigres » accompagnés de 300 hommes d’infanterie sont aperçus venant de Bousbecque, et se dirigeant vers Menin où ils font halte.

Les deux cents « chemises noires » sont libérées et de nouveaux combats se livrent dans la rue de la Lys et au bois Gratry.

L’état de siège est maintenu à Halluin. Les rues Gustave Desmettre, de Lille et de la Lys sont déclarées « secteur de guerre ».

Dans l’après-midi, un S.O.S. placé au carrefour des rues de Lille, de la Gare, et de la de l’Eglise donne l’éveil à un motocycliste allié, venant inspecter les lieux. Celui-ci rebrousse chemin. 

Le lendemain 6 septembre à 6 h. du matin, le pont de la Lys saute, et les Allemands se retirent en direction de Dadizeele. 

 

Prince 04094

Les 5 et 6 Septembre 1944 : Les premiers camions anglais arrivent à Halluin, rue de Lille.

(Photo : entre les Bains-Douches et le Monument aux Morts).

(n°  4094)

 

 A 8 h 45, c’est l’arrivée des premiers chars anglais accueillis par une foule enthousiaste. 

A 11 h 30, les cloches de Saint-Hilaire annoncent la Libération.

 Le lendemain toute la ville se rend aux funérailles des Halluinois morts dans le combat.

  

Enfin, le 1er octobre 1944, la ville assiste au cortège de la Libération.

 Dans quelques temps, la guerre ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

 6/9/2010 - 20/4/2019 - 8/9/2019

Commentaire et Photos : Presse - ARPHalluin - Daniel Delafosse