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Guerre 14 - 18

 

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 (photo JD. DD 14248   n° Img 343)

Ci-dessus : Une longue bande parallèle à l'avenue de l'Hôpital accueillit les soldats allemands tombés au front.

 Etape de l'armée allemande, Halluin comprenait bon nombre d'hôpitaux militaires pour les blessés.

 Parmi les croix diverses, celle d'un soldat mort en 1914 dans un lazaret d'Halluin.

 On remarque aussi que 5 soldats, tués au front de l'Yser, sont enterrés ensemble.

Au total, 1397 soldats et officiers ont été inhumés à Halluin.

 

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Le cimetière militaire allemand d'Halluin en Mai 2012.

(Photo DD 14253  n° p1040811) 

 

Le Cimetière Militaire Allemand d'Halluin,

et Ceux de la Vallée de la Lys... Historique. 

 

Les cimetières militaires allemands de la vallée de la lys ont tous été construits pendant la Première Guerre mondiale. Ainsi le cimetière de Quesnoy a été installé en 1914 par l’armée allemande, qui y a enterré ses morts, essentiellement des Allemands du sud ( Saxe, Bavière) jusqu’en novembre 1916. Une grande partie des soldats reposant là sont des victimes des grandes batailles qui ont eu lieu au sud d’Ypres en octobre et novembre 1914. Il y a aussi beaucoup de pertes en 1915 et 1916 ; Les batailles ses sont ensuite déplacées.

 

Plus vers le front de la Lys, les premières victimes du conflit ont été enterrées dans les cimetières militaires de Bousbecque et Wambrechies, jusqu’en 1917. Le cimetière d’Halluin, s’il date de l’automne 1914, rassemble en majorité des soldats tombés entre juillet 1917 et juillet 1918, victimes des attaques aériennes britanniques entre Saint-Eloi et Messines.

 

Parfois des soldats russes sont enterrés avec des Allemands, car ils avaient été fait prisonniers et étaient décédés dans les hôpitaux militaires. Autres anecdotes : le monument dans le cimetière de Bousbecque a été déplacé, il se trouvait auparavant dans le jardin d’un particulier. Quant à Wervicq, il existe un monument allemand loin du cimetière perdu dans la campagne, dans le bois Dalle… c’est celui qui contient le plus de morts.

 

Le 11 novembre 1918, l’Armistice mettait fin à la première Guerre mondiale. Dans la vallée de la Lys, les combats ont été âpres, comme le rappelle la présence de 4 cimetières germaniques. Ils sont entretenus par une association qui dépend de l’Allemagne.

 

Le Cimetière Militaire Allemand d’Halluin.

 

Entre deux rangées de tombes du cimetière civil, derrière un muret à hauteur d’épaule, s’ouvre la petite porte du cimetière militaire allemand d’Halluin. Juste derrière, sous des grands arbres, s’étire déjà la première rangée de croix en pierre qui témoignent comme des vigies du sommeil des soldats fauchés par la mitraille

 

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 Cimetière militaire allemand d'Halluin en Mai 2012.

(photo DD 14252   n° p1040812)

 

Les Allemands ont eux aussi payé un lourd tribut à la guerre sur cette ligne de front qui a marqué notre région. Les dates de célébration sont proches, mais toujours différentes : en France,  c’est le 11 novembre qu’on se souvient des morts de la Première Guerre Mondiale, car c’est le 11 novembre 1918 qu’a été signé l’armistice ; en Allemagne, c’est le 3e dimanche de novembre que l’on commémore les morts au combat.

 

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Funérailles à Halluin, le 24/2/1916, d'un lieutenant aviateur allemand.

Cette photo a valu 60 marks d'amende à son auteur... A voir : l'hélice sur son corbillard.

(photo n° 1854)

 

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Le cimetière militaire allemand d'Halluin - Mai 2012.

(Photo DD 16672  n° P1090568)

 

Durant le mois de novembre, le SESMA, Service d’Entretien des Sépultures Militaires Allemandes passe beaucoup de temps dans les cimetières, pour poser sur les tombes les fleurs et couronnes commandées par les familles allemandes adhérentes de l’association.

 

Basée à Pérenchies, cette antenne gère l’entretien d’une quarantaine de cimetières allemands de la côte d’Opale à l’Avesnois, ainsi que de quelques-uns en Belgique. Le SESMA, dont le siège français est à Metz, vit grâce aux cotisations des adhérents, à des fonds allemands, et à des dons. C’est une émanation du Volksbund créé en 1919, pour entretenir les sépultures militaires, en France et dans d’autres pays.

 

Le travail des salariés est accru fin octobre et début novembre. Ils ont à cœur de présenter une image nette des cimetières à une époque où ils sont très fréquentés. Peu avant la Toussaint, on peut les croiser à Halluin, rassemblant les feuilles mortes, entretenant la pelouse. Même si deux ou trois soldats sont souvent rassemblés dans une sépulture, les croix sont plus difficiles à entretenir, on l’imagine : 1397 corps sont enterrés à Halluin, 2330 à Bousbecque, 2498 à Wervicq-Sud, et 1964 à Quesnoy. C’est pourquoi chaque année, entre mai et septembre, les militaires allemands et des camps de jeunesse viennent donner un coup de propre aux stèles et aux croix.

 

Mais ces cimetières n’ont pas toujours été aussi bien entretenus. Il a fallu du temps pour que les Allemands deviennent des partenaires européens et des amis. 

C’est en juillet 1966, grâce au traité entre la France et l’Allemagne, qu’a été crée le SESMA.

 

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(Photo DD14292  n° p1090590)

 

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(Photo DD 14294  n° p1090592)

 

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Personnel d'entretien en Octobre 2012... Cimetière militaire allemand  d'Halluin.

(Photo DD14293  n° p1090591)

 

Avant, les cimetières dépendaient du ministère de la Défense… français. Heureusement,   les temps ont changé, même si ces cimetières, comme d’autres d’ailleurs subissent parfois les graffitis ou le vandalisme. 

Entretenir un cimetière, évoquant une guerre ancienne soit-elle, n’est jamais vain. L’esprit général du Volksbund, et donc du SESMA, est que « les sépultures militaires n’empêchent pas les guerres, mais elles sont la meilleure manière d’exhorter à la paix, en nous incitant à réfléchir ».

 

Les cimetières militaires allemands font d’ailleurs réfléchir d’une autre manière que leurs homologues anglais ou américains. Ici, pas de grande étendue plane destinée à impressionner.

« Quand ils ont été réaménagés, les architectes allemands ont voulu que les cimetières intègrent le paysage environnant. Il y a toujours beaucoup d’arbres. Et l’entretien se fait de manière écologique. Les pissenlits dans la pelouse font partie de la physionomie ». explique, en 2002, la responsable du SESMA.

 

Dans la vallée de la Lys, on peut même dire qu’on repère le cimetière allemand parce qu’à côté du cimetière civil, il contient beaucoup plus d’arbres. Celui de Quesnoy est même presque entièrement ombragé par des résineux qui empêchent  hélas le gazon de pousser. 

En cette période commémorative, qui penserait croiser un Allemand serait cependant déçu. Ceux qui viennent encore se recueillir « de moins en moins », le temps passant, reconnaît la responsable du SESMA, le font en été, à l’occasion des vacances.

 

Mais un des aspects les plus enthousiasmants de son travail reste de retrouver des sépultures pour des descendants de soldats tués au combat. Et de regretter : «On n’est pas assez connu alors qu’on possède beaucoup de documents ».

 

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 Le cimetière militaire allemand d'Halluin - Mai 2012.

(Photo DD n° p1090585)

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inhumations des soldats dans le cimetière allemand  BD16157

Voir aussi... cliquez ci-dessous 

Le Cimetière Militaire Allemand d'Halluin en Novembre 2012.

 

2/12/2010 - 9/11/2012 - 9/11/2017

Commentaire et Photos : Presse - Daniel Delafosse

 

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Une première messe célébrée en 1919, au cimetière d'Halluin,

 devant le Monument aux Morts de la Guerre 14/18.

 Ce n'était pas le monument définitif. Il s'agissait du monument des curés d'Halluin,

qui se trouvait dans l'allée centrale et qui fut déplacé.

Les croix de bois, à gauche de la photo, montrent que des corps venaient d'être ramenés.

(photo n° 1885)

 

Hommage aux Disparus.

  

Poème du « poilu » Louis Fauré, 102 ans.

 

« Journée du souvenir, où le labeur fait trêve

Sous un signe de deuil, la pensée qui s’élève

Vers le recueillement, fait revoir à nos yeux

Ceux qui, dans l’au-delà, sombre et mystérieux

Sont partis pour toujours laissant dans les cœurs

De ceux qu’ils ont quittés, le vide et la douleur

A tous ces êtres chers quand l’esprit s’abandonne

En ce grand jour de Paix, offrons leur des couronnes

Et qu’un pâle soleil ajoute à son décor

D’automne, la vision, plus languissante encore

Des feuilles qui tombent lentement de la cime des arbres

Sur le sol recouvert d’une fraîcheur de marbre

Nous rappellent toujours, comment dans les combats

Sur le front du devoir sont tombés nos soldats

De la Marne à Verdun, en Champagne, en Argonne,

Et des forêts d’Alsace à l’Aisne et à la Somme

Chaque sentier perdu a frémi sous les pas

De ceux qu’on attendait, qui ne revinrent pas

Et dans ces alentours, plus d’un poilu repose

Sur sa tombe inconnue, aucun bouquet de roses

N’est venue se poser et pas même une croix

De ce caveau muet vient marquer l’endroit

Par deux fois en vingt ans, les fils de la Patrie

Pour elles sont tombées, aux armées, aux maquis

Au printemps de leur vie, si riche d’espérance

Offrant ainsi leur corps pour sauver notre France

Ecoutons les accents de leurs voix d’outre-tombe

Nous dire, il ne faut pas que le pays retombe

Aux erreurs du passé, au langage des armes

Qui sèment la douleur, la tristesse et les larmes.

Tous les hommes sont nés pour s’aimer, se comprendre

Au lieu de se frapper, leurs mains doivent se tendre

La haine et le mépris cessant d’être à l’honneur

Feront naître chez nous des sentiments meilleurs

Les humains connaîtront la vue plus fraternelle

Quand naîtra sur le monde la Paix, la Paix Universelle ».

 

                                                Louis Fauré

 

1/12/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse
 

 

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Cérémonie au Monument aux Morts, rue de Lille,

 par l'association halluinoise des Anciens sous-officiers.

Au centre, M. Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin.

(photo n° 2023)

 

La Sonnerie « Aux Morts »…

 Historique. 

 

Il est peu connu que la sonnerie "Aux Morts", réglementaire dans l'Armée française, est due à une initiative du Général Gouraud. 

« L'usage s'est établi, au cours des cérémonies d'hommage aux morts de la Grande Guerre qui, depuis l'armistice, se déroulent devant les monuments commémoratifs et particulièrement devant le tombeau du Soldat inconnu, d'observer une minute de recueillement.

 J'ai décidé de compléter ce cérémonial désormais traditionnel par une sonnerie nouvelle, dite "aux morts" qui constituera le signal et le prélude à la minute de silence. Cette cérémonie pourra également être exécutée dans toutes les circonstances où le commandement croira devoir honorer par un cérémonial particulier les officiers, sous-officiers et soldats tombés au champ d'honneur".

 

Ainsi fut rédigée, le 11 août 1932 à Paris, la circulaire complétant le cérémonial des cérémonies d'hommage aux morts de la guerre, par une sonnerie nouvelle dite "aux morts". 

Quelques années auparavant, l'attention du général Gouraud, alors gouverneur militaire des Invalides, avait été attirée par la sonnerie de clairon précédant la minute de silence au cours des cérémonies américaines. Il s'en était ouvert auprès du commandant Dupont, chef de la musique de la Garde républicaine, l'invitant à composer une pareille sonnerie puisqu'elle était absente du répertoire de l'armée française.

 

Elle fut exécutée pour la première fois le 14 juillet 1931 sous l'Arc de Triomphe, en présence de M. Maginot. L'année suivante, M. Boncour, ministre de la guerre, félicita le commandant Dupont et rendit réglementaire cette sonnerie porteuse de tant d'émotions.

 

1/12/2010

Commentaire : Daniel Delafosse
 

 

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En 1916, M. Paul Lemaitre-Boutry apprenant  le tissage à ses quatre fils,
  de gauche à droite :  Gabriel, Edouard, Paul et Louis.
  (photo n° 02754)  
 
 Il y aura 85 ans... le 3 Janvier 1930 :
 

Toute une population conduisait  

« Monsieur Paul » à sa dernière demeure. 

 

 

 Paul Lemaitre-Boutry 

(1875-1929)

(Photo X DD 22672  n° Img 087)

 

Il fut triste le réveillon du 31 décembre 1929 à Halluin, « Monsieur Paul » venait de disparaître le 29 décembre à l’âge de cinquante-cinq ans. On tournait une page de l’histoire de la commune.

 

Né à Halluin, le 4 Avril 1875, Paul Lemaitre-Boutry industriel, ancien adjoint au maire, fondateur du groupe halluinois des familles nombreuses, de la concordia-harmonie, fut l’une des grandes figures halluinoises du début du vingtième siècle ; artisan, notamment, de la construction de l’hospice du mont d’Halluin, magnifiquement transformé (en 1989) en maison de retraite, mais aussi généreux donateur du terrain pour la construction du monument aux Morts, situé rue de Lille.

 

Issu d’une vieille famille halluinoise qui, non seulement fournit à la cité de nombreux magistrats municipaux, mais dont les membres furent ici les créateurs de l’industrie textile, M. Paul Lemaitre-Boutry était le fils de M. Paul Lemaitre-Bonduelle, ancien conseiller général, maire d’Halluin pendant vingt-sept ans, le petit-fils de M. Edouard Lemaitre-Demeestere  fondateur de la maison Lemaitre-Demeestere, et l’arrière petit-fils de M. Pierre Demeestere-Delannoy nommé maire d’Halluin en 1830.    

 

Elu conseiller municipal le 6 mai 1900, prenant la place de son père, maire de la ville, qui ne sollicitait plus le renouvellement de son mandat, Paul Lemaitre fut réélu le 1er mai 1904, et nommé adjoint le 13 mai suivant.  

 

 

 Les inventaires des biens de l'église Saint-Hilaire - 8 Mars 1906.

(Photo n° 1848)

 

Né avec la loi de "Séparation de l'Eglise et de l'Etat", cet inventaire des biens de l'Eglise a pour but de répertorier les biens qui seront transférés vers des associations culturelles ; l'Etat confisquant purement et simplement tous les biens d'Eglise antérieurs à la Révolution.

Les inventaires d'Halluin auraient dû avoir lieu le 7 ou 9 mars 1906 : M. Rabier, inventorieur, ne peut effectuer son travail ni à Saint-Hilaire, ni à Saint Alphonse. Selon le "Journal de Roubaix", on parle de 3000, 8000 et même 12 000 manifestants catholiques qui interdisent l'approche de l'église. 

 

 

La foule est massée devant l'Eglise Saint-Hilaire (centre)

en Mars 1906, pour empêcher le pillage de l'édifice.

(Photo AL n° 230)

 

Paul Lemaitre sut mener de pair les obligations de cette nouvelle charge avec le souci des affaires commerciales. Grâce à lui, lors des sinistres inventaires, il fut possible de transformer en blockhaus notre église, pour résister de manière efficace au siège en règle des sectaires assaillants ; cette conduite courageuse lui valut la suspension de ses fonctions le 10 mars 1906, puis la révocation par la Préfecture.

 

Au centre, en 1908, Mgr Charost en compagnie de tous les enfants Lemaitre,

de Pierre Defretin Maire d'Halluin et de l'Abbé Deram.

(Photo n°  5952)

 

Le 17 mai 1908, les fonctions d’adjoint lui étaient de nouveau confiées. Aux élections du 3 mai 1912, les électeurs firent sur son nom, une belle manifestation de sympathie : Paul Lemaitre était élu en tête de liste, puis bientôt renommé adjoint à l’unanimité. 

Au cours de son mandat, M. Lemaitre s’occupa avec une particulière compétence des services publics. Il apporta ses soins et son dévouement à la construction du superbe hospice-hôpital du mont d’Halluin, établissement si nécessaire alors à la ville, attentif à gérer les affaires communales, à créer des œuvres durables, et à se montrer économe des deniers des contribuables. 

 

(Photo ARPH DD 22670  n° Img 073)

 

Mais là où il se distingua surtout, où il donna la mesure de ses moyens, ce fut au cours de l’occupation. 

Au moment de la déclaration de la Première guerre mondiale, Paul Lemaitre était âgé de 39 ans, et adjoint au maire. Père de dix enfants, il lui fut permis de demeurer à Halluin. M. Pierre Defretin le maire, l’autre adjoint M. Louis Odou-Loridan, étant tous deux septuagénaires, lui confièrent l’administration de la ville dès l’arrivée des Allemands, le 16 octobre 1914.

 

En cette qualité, M. Lemaitre eut de constants rapports avec la kommandantur. Intermédiaire entre la population et l’autorité ennemie, il fut sans cesse l’objet des injures et des menaces des officiers, et eut à répondre à des réquisitions chaque heure, de jour comme de nuit. On le recherchait pour lui dire : « Monsieur Paul, on vous demande à la kommandantur ».  

Il s’y rendait quand même, malgré son sentiment instinctif de révolte car il savait l’accueil qui l’attendait, la nature des ordres qu’il allait recevoir, et les insultes dont il allait être abreuvé.  

 

Il fut emprisonné six fois pour des périodes variant entre six et quinze jours, pour avoir résisté aux prétentions allemandes notamment au sujet du paiement des contributions de guerre, et surtout du refus de payer le travail des ouvriers dans les usines. 

 

(Photo DD 22448  n° P1230019)  

 

 Ce fut à cette époque le 30 juin 1915, que parut la fameuse lettre du commandant de place exigeant que tout ce dont l’autorité allemande avait besoin pour l’entretien des troupes, fut fabriqué par des ouvriers du territoire occupé sous peine de destruction de la Ville. Cette lettre put être expédiée à Paris, et fut publiée par tous les grands quotidiens de la capitale. 

La reproduction de cet écrit amena l’ouverture d’une enquête faisant subir à M. Lemaitre de nouvelles insolences et menaces de mort. Malgré cela, Paul Lemaitre fit preuve d’une énergie admirable, d’une patience raisonnée et d’un patriotisme ardent. 

 

C’est grâce à lui que les offices purent encore être célébrés, le dimanche, dans notre église que les Allemands voulaient accaparer. Il intervint aussi, mais sans succès, pour empêcher de transformer cette belle église en écurie, pour les chevaux des soldats de la Garde impériale. Et, c’est la rage au cœur et les larmes aux yeux, qu’il vit enlever les cloches qu’il avait supplié la kommandantur de laisser.

  Un convoi de chariots allemands stationne devant l'Ecole du Sacré Coeur.

(Photo ARPH DD 22685  n° Img 100)

 

Des camps de prisonniers russes furent installés à Halluin ; il intervint pour protester contre les brutalités exercées sur ces malheureux par les soldats allemands qui les surveillaient. Plus tard, lorsque des prisonniers anglais, italiens, français furent gardés dans les usines de la ville, il parvint, à l’aide de mille subterfuges, à leur remettre des vivres, du linge, des vêtements. 

Il protesta contre l’emploi près des lignes de feu d’habitants valides de la ville, et travailleurs civils amenés en Belgique. Il refusa toujours de livrer les listes des assistés pour les soustraire le plus possible au travail pour l’ennemi.

 

Dans la cour des Ets Lemaitre, rue de la Lys, en 1918,

en présence de Paul Lemaitre fils,

et des directeurs Ramaen Henri et Herman Paul.  

(Photo 698)

  

Pendant toute la durée de l’occupation, M. Lemaitre fit tout ce qui était humainement possible pour le ravitaillement de la population en vivres, linge, charbon, et se dépensa sans compter avec un dévouement et une bonté admirables, pour rendre à ses concitoyens, sans distinction, tous les services qu’ils réclamaient de lui. Jour et nuit il se tint à leur disposition, sans souci de sa famille et de lui-même.

  

En juin 1917, lorsque l’autorité allemande émit la volonté d’évacuer la ville par moitié, il protesta encore et réclama l’application de toutes les mesures propres à rendre le départ des habitants le moins pénible possible. A l’évacuation générale, le 30 septembre et le 1er octobre 1918, il partit l’un des derniers, par le Mont d’Halluin. Quelques jours plus tard, la délivrance d’Halluin sonna joyeusement le 17 octobre 1918. 

Le lendemain, Paul Lemaitre était de retour et dès le 25 octobre, il réunissait le conseil municipal qui prenait, de concert avec les autorités anglo-françaises, les premières mesures propres à assurer l’alimentation l’assainissement, la désinfection et la réorganisation de la ville. Les halluinois respiraient enfin, délivrés de ce cauchemar qui avait causé beaucoup de vide et de souffrances.

 

Catholique convaincu, Paul Lemaitre se dévoua sans compter pour les œuvres paroissiales, particulièrement le Cercle Saint-Joseph et les écoles libres, qu’il considérait comme l’œuvre primordiale. Il était aussi membre du Conseil paroissial. 

La guerre terminée, ce père de onze enfants, comprit, que pour remplacer les trop nombreux disparus, il fallait encourager et aider la natalité, grouper et soutenir les nombreuses familles. Il en prit l’initiative, et avec l’aide de quelques amis, fonda la section des familles nombreuses d’Halluin, dont il était le président d’honneur et l’un des principaux animateurs. 

 

L'Harmonie Municipale en 1907... qui deviendra à la fin de la guerre la "Concordia".

(Photo ARPH 22673  n° Img 088)

 

Patriote ardent, il était vice-président de la société « Les Frères d’Armes », et membre d’honneur des sociétés patriotiques. Il encouragea et soutint les sociétés musicales et sportives halluinoises. Il fut également le fondateur de la Concordia-Harmonie. Chef d’industrie, il était toujours en quête des derniers perfectionnements dans la technique du tissage. 

Sa santé étant ébranlée, à l’expiration de son mandat en novembre 1919, il crut devoir renoncer à sa candidature au conseil municipal. Cependant bien qu’éloigné de la mairie, il n’en continua pas moins à s’intéresser à la ville

 

Paul Lemaitre dans l'usine de tissage rue de la Lys, en 1922.

(Photo 2543) 

 

Le Monument aux Morts, rue de Lille Halluin

lors du 80ème Anniversaire de l'Armistice - 11 Novembre 1998.

(Photo ARPH DD 22682  n° Img 099)

 

 Il fit, dans un endroit des mieux choisis, l’acquisition d’un terrain qu’il mit à la disposition du comité de souscription, pour l’érection d’un monument aux Morts de la guerre. Il combla même le manquant, et c’est ainsi qu’Halluin peut-être fière de posséder, à la mémoire de ses glorieux disparus, une œuvre d’un caractère grandiose qui fait l’admiration de tous.

 

Bien que la modestie de M. Lemaitre fut rebelle aux distinctions, on aurait pu croire que ses grands mérites eussent attiré l’attention du pouvoir, mais celui-ci parfois si prodigue dans ses distributions, se contenta de lui octroyer en 1923, la médaille de la Reconnaissance Française. 

 

Le 3 Janvier 1930... Toute une ville accompagne le corbillard... 

(Photo X 22684  n° Img 042)

 

Les funérailles de Paul Lemaitre ont donné lieu à une grande manifestation de reconnaissance, le vendredi 3 janvier 1930 en l’église Saint-Hilaire. Il repose depuis dans le caveau établi à proximité du monument élevé à la mémoire des halluinois morts pour la France.

 

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... de "Monsieur Paul".

(Photo n° 2756)

  

Le caveau familial de la Famille Lemaitre-Boutry...

(Photo DD 22680  n° P1230969) 

 

... au Cimetière d'Halluin - Novembre 2014.

(Photo DD 22681  n° P1230970)

 

De mémoire, jamais pareille cérémonie n’avait été vue à Halluin, ou plutôt il fallait se reporter aux funérailles de M. Paul Lemaitre-Bonduelle, son père, pour se rappeler d’une telle manifestation. Presque toutes les familles halluinoises étaient représentées, dans le long convoi qui suivait la dépouille mortelle de celui que le peuple appelait « Monsieur Paul », et qui laissa à tous ceux qui l’ont connu, aimé et apprécié, le souvenir d’une bonté proverbiale et d’un dévouement infatigable. 

 

 

 (Photo NE DD 22671  n° Img 085)

 

L'Homme du XXème Siècle Halluinois...

 

 Erreur de transcription : Il faut lire Lemaitre (sans accent) et Boutry (avec un t).

Paru dans "La Voix du Nord"...

(Photo VdN DD 22666  n° Img 066) 

 

... du 7 Janvier 2000. 

(Photo VdN DD 22667  n° Img 067)

 

Paru dans "Nord Eclair" du 30 Janvier 2000. 

(Photo NE DD 22668  n° Img 068)

   

La Reconnaissance Halluinoise !

 

"Deux Halluinois, M. Pierre Defretin Maire pendant la Première Guerre mondiale, mais aussi

M. Paul Lemaitre-Boutry, son Premier adjoint, ont joué un rôle primordial

à la tête de la population halluinoise dans des circonstances dramatiques !...

Ne serait-il pas temps d'honorer enfin..., la mémoire de Messieurs

Pierre Defretin et Paul Lemaitre

en attribuant leur nom à un bâtiment, une rue, un espace, une stèle ou une plaque ...

en rapport avec les services exceptionnels rendus à toute la population halluinoise.

Cette initiative, je pense, serait la plus belle et la plus juste reconnaissance

envers les deux anciens administrés.,

mais également, un geste symbolique pour toutes celles et ceux

qui oeuvrent au travail de la mémoire collective de notre ville".

  

                      2 Octobre 2014

                      Daniel DELAFOSSE 

 

 

Exposition sur la Guerre 14-18 et Halluin,

organisée par l'ARPH - Octobre 2014.

(Photo DD 22683  n° P1220817)

 

 Voir aussi :   

Guerre 14/18 – Visite chez Defretin (Séance du Conseil Municipal d’Halluin, le 30 Juin 1915 – Document) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1285:visite-chez-defretin&catid=11:guerre-14-18-&Itemid=219&lang=fr

  

Guerre 14/18 – Troupes allemandes (Halluin occupée, sous la responsabilité de M. Paul Lemaitre-Boutry) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2801:guerre-1418-troupes-allemandes-en-mouvement&catid=11:guerre-14-18-&Itemid=219&lang=fr 

 

Les inventaires des biens de l’Eglise Saint-Hilaire en 1905 – 1906 :

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=448:les-inventaires-du-8-mars-1906153&catid=19:culte-catholique&Itemid=252&lang=fr

 

Guerre 14/18 – Halluinoises évacuées à Hal B. (La magnifique résistance civile halluinoise) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1215:guerre-14-18-halluinoises-evacuees-a-hal&catid=11:guerre-14-18-&Itemid=219&lang=fr

 

Pierre-Joseph Demeestère (Maire d’Halluin 1865 – 1873) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2984:pjdd&catid=146:elus-et-agents-municipaux&Itemid=126&lang=fr

 

Edouard Lemaitre-Demeestère (Maire d’Halluin 1830 – 1865) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2985:edouard-lemaitre-demeestere&catid=146:elus-et-agents-municipaux&Itemid=126&lang=fr

 

Paul Lemaitre-Bonduelle (Maire d’Halluin 1874 – 1900) : 

 http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2986:paul-lemaitre-bonduelle&catid=146:elus-et-agents-municipaux&Itemid=126&lang=fr

 

27/11/2010 - 20/11/2014

Commentaire : Daniel Delafosse
 

    

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  Les employés SNCF de la Gare d'Halluin. 

 (photo n° 02233) 

Le Wagon de l’Armistice... Historique.

 

C’est à bord du wagon 2.419 D que l’Armistice a été signé le 11 novembre 1918. Ce wagon, ou plus exactement son frère jumeau (il portait le n° 2.439 D), on peut le voir au Musée de l’Armistice en forêt de Rethondes, près de Compiègne. 

« Ce wagon, explique le général Gamache, président de l’association qui gère ce musée, faisait partie d’une série qui avait été commandée en 1913. Ils étaient répartis sur les différents réseaux de France. Le premier à en bénéficier fut le maréchal Joffre, lors de la Bataille de la Marne. Les autres wagons furent affectés aux différents états majors ».

 

Il s’agissait de wagons qui pouvaient tout à la fois servir de salon et de bureau. Il comporte également des cuisines (sa destination première était d’être un wagon-restaurant) transformées en bureau pour les secrétaires qui accompagnent la délégation alliée. A côté se trouve un petit salon, où prendront place le commandant Riedinger et le capitaine de Mierry, avec une petite table et un téléphone.

Ce petit salon se trouve juste à côté de la grande salle-bureau décorée de boiseries en acajou verni. Une grande table en bois foncé trône au centre de la pièce. A chaque bout, deux lampes aux abat-jour roses qui faisaient partie du décor du wagon-restaurant. Devant chaque place le nom de son occupant. A chaque bout de table, les deux interprètes.  

 

A gauche les Allemands : Oberndorff, Erzberger, von Winterfeldt et Vanselow. A droite les Alliés : Weygand, Foch, Wemyss et Hope. Au fond, à droite, à côté d’une petite table et d’un téléphone, le commandant Bagot et le capitaine Mariott. A gauche, une autre petite table et un téléphone, le captaine Geiger.

 

Tragique destin...

« Après la guerre, poursuit le général Gamache, le wagon fut remis aux chemins de fer français et il reprit du service comme wagon-restaurant sur le réseau Ouest, avant d’être incorporé au train présidentiel ».

Pourtant, tout le monde a conscience qu’il s’agit d’un  monument historique. Alors, à partir de 1921, il va être installé dans la cour d’honneur des Invalides. 

Il y restera pendant 6 ans. « Mais le wagon, installé à l’air libre se détériore et on commence à se préoccuper de son devenir. En 1927, le maire de Compiègne propose d’accueillir ce wagon dans la clairière de Rethondes que l’on va aménager. Le wagon est restauré grâce à un américain, Arthur Fleming, et il prend place dans la clairière le 8 avril 1927 ».

 

Le lieu historique de Rethondes sera inauguré par le président de la République Alexandre Millerand, le 11 novembre 1922.

Le wagon est alors mis à l’intérieur d’un bâtiment qui le protège des intempéries. Pourtant, il va en sortir le 22 juin 1940. Pour la signature d’un autre armistice. Moins glorieux celui-là ! Les Allemands, pour le sortir de son abri, percèrent les murs et le remirent à la place exacte qu’il occupait le 11 novembre 1918. Tous les plus hauts dignitaires nazis sont venus voir ce wagon, à commencer par Hitler.

 

Brûlé par les S.S. 

Ensuite le wagon a été emmené en Allemagne comme un trophée, il défilera devant la Porte de Brandebourg avant d’être exposé dans un parc de Berlin. « Mais avant de conduire le wagon vers Berlin, poursuit le général Gamache, les Allemands prirent soin de tout détruire dans la clairière de Rethondes. Ils emmènent également la dalle centrale rappelant l’Armistice de 1918, ainsi que le monument à l’Alsace-Lorraine qui se trouve en bordure de la clairière. Ils ne laissèrent que la statue de Foch. Tout le reste fut détruit et même labouré pour effacer toutes traces ».

A la libération de 1945, on perd la trace du wagon. « En 1991, après le départ des Soviétiques de la R.D.A., j’ai appris que le wagon avait été transporté en forêt de Thuringe, à Ohrudrf, et qu’il aurait été brûlé sans doute entre le 3 et le 11 avril 1945 ». 

Peut-être par des S.S. qui lancèrent des grenades incendiaires sur le wagon, avant l’arrivée des Américains. En octobre 1992, le général Gamache a pu quand même récupérer quelques éléments du wagon qui n’avaient pas brûlé : les rampes d’accès, des chiffres, des insignes… Ils sont exposés au Musée de la clairière de Rethondes.

 

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(X DD 30795  n° Img 327)

 

Voir aussi... cliquez ci-dessous : 

Guerre 14/18 : Halluin - Rethondes... Armistice - Réconciliation (Novembre 1918-2018).

Guerre 14/18 - Inauguration de la plaque et de la rue du 11 Novembre 1918 (Historique).

Rue du 11 Novembre 1918 (Rénovation terminée - Avril 2015).

10/11/2010 - 10/11/2018

Commentaire et Photos : Presse - Documents - Daniel Delafosse
 

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Le Monument aux Morts d'Halluin, rue de Lille centre -

Oeuvre du sculpteur Soubricas - il fut inauguré le 20 septembre 1925.

(photo n° 4016)

 

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 Le Monument aux Morts d'Halluin, situé rue de Lille (centre ville).

(Photo DD n° P1220503)

 

La symbolique des Monuments aux Morts, 

Mémoire de la Grande Guerre.

 

Chaque ville, chaque village a son monument aux morts. Pour chaque manifestation patriotique, édiles et population se rassemblent à ses pieds, déposent une gerbe et respectent la minute de silence alors qu’un clairon sonne les notes traditionnelles.

 

Aujourd’hui, cela fait partie de la carte postale traditionnelle de la France. Aux côtés du vin rouge, de la baguette et du béret. Pourtant, il y a 90 ans, lorsque ces premiers monuments ont vu le jour, se réunir devant le Monument aux Morts a une toute autre puissance symbolique. Non seulement il y a les veuves, les orphelins, mais c’est également toute la Nation qui se recueille.

 

En novembre 1998, Annette Becker, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lille III et auteur de « Les monuments aux morts – Mémoire de la Grande Guerre » expliquait la symbolique ci-dessous :

 

« Les monuments aux morts en général représentent très bien la façon dont la France a vécu la guerre » explique-t-elle. « C’est d’abord un monument de deuil, où l’on retrouve la tristesse d’avoir perdu tant d’hommes. Contrairement au Monument à la guerre (mémorial d’un champ de bataille par exemple), ici on montre que la guerre tue ».

 

« La première chose qui frappe, c’est la rapidité de leur construction. Entre 1918 et 1922, les 36.000 communes de France ont leur monument. Cela montre la rapidité avec laquelle la communauté a voulu continuer de se rappeler. Dans la France exsangue de l’immédiat après-guerre, il s’agissait presque d’un dernier effort de guerre ».

 

« Dans leur immense majorité, ces monuments funéraires sont des cénotaphes, c’est-à-dire de grandes tombes vides, représentés par des obélisques ou des stèles, comme le veut la mode du début du siècle. Mais il est plus souvent beaucoup plus intéressant de voir ce que l’on y a écrit ou gravé. On y trouve de longues listes de noms classés soit alphabétiquement soit par date de la mort : 1914, 1915… Cela montre l’égalité devant la mort ».

 

Pas de riches ou de pauvres, pas d’instituteurs, d’ouvriers. « Ils sont morts en tant qu’enfant de la commune. Ce monument, ce nom est une façon de récupérer, de se réapproprier les enfants de la communauté ». Des enfants certes disparus, mais parce qu’ils ont été appelés à donner leur sang pour une autre communauté, celle de la Nation.

 

Le combattant en posture héroïque

 

« Souvent ces monuments ne portent qu’une simple croix de guerre ou un médaillon représentant un « poilu ». C’était les monuments les moins chers ».

 

Beaucoup de petites communes, après la guerre, ont perdu quelques-uns de leurs hommes parmi les plus jeunes et elles ne peuvent se lancer dans de folles dépenses pour financer un monument aux morts.

 

« Par contre, dans les monuments comportant une sculpture, on peut les classer en trois catégories. Il y a tout d’abord ceux qui montrent le combattant sous toutes ses formes. Le poilu tient, le poilu se bat ou le poilu mort. Mais le poilu est toujours au centre, et il peut être soit  fondu dans le bronze (il a alors été choisi sur un catalogue), soit sculpté dans la pierre. Mais quel que soit le matériau retenu il nous ramène toujours au combattant en posture héroïque.

 

Parfois, le monument montre également des civils. Des femmes, des enfants. Ils sont toujours en pleurs pour montrer le deuil de la communauté vis-à-vis de ses fils disparus. La femme peut être également une allégorie : la Paix, la France, la Commune…

 

Enfin le monument peut porter la sculpture d’un coq. Celui-ci symbolise la France. Marianne est rarement représentée. Elle symbolise la République, et on sait que tous ces soldats sont morts pour elle. Cette symbolique de la Patrie, on la trouve par contre au niveau des inscriptions : « Morts pour la France ».

 

Toute la Nation

 

« Parfois également on peut trouver des gens au travail. Le monument aux morts de Lens, par exemple, montre un mineur, celui d’Arras, une femme qui laboure. Cela montre qu’à l’arrière également on participait à l’effort de guerre.

 

On trouve donc sur les monuments la valeur du combattant, les vertus du travail et de la fidélité (les civils) et la volonté patriotique (le coq). Mais les monuments disent également que les soldats seuls et les civils seuls n’auraient pu l’emporter. Il fallait l’effort de l’ensemble de la Nation.

 

Six monuments pacifistes

 

Et puis il y a aussi beaucoup de monuments atypiques. On en trouve un grand nombre dans notre région. A commencer par celui de la place Rihour, à Lille. La sculpture du haut, montre « La Paix » ; celui du milieu « la Relève », on y voit des soldats épuisés, mais résolus ; enfin celle du bas montre les otages, les civils déportés. Ces trois sculptures ensemble montrent la guerre des Lillois.

 

« Enfin, il existe en France 6 monuments pacifistes. Celui de Gentioux, dans la Creuse, montre un enfant avec son tablier d’écolier. Mais l’enfant tend son poing à la guerre. Et sur le monument est écrit : « Que maudite soit la guerre ».

 

A  Equeurdreville, dans la Manche, on retrouve cette même inscription, mais le monument représente une mère, ses enfants serrés contre elle. Tous sont en pleurs. Six monuments seulement sur 36.000, c’est peu ».

 

Saisissant également est le monument aux morts de Péronne où une femme allongée aux côtés de son fils ou de son mari mort, tend un poing rageur en direction de la guerre.

 

Au Mort-Homme, l’un des hauts lieux de la bataille de Verdun, où des milliers d’hommes sont morts, le squelette d’un poilu sort de sa tombe. Tout un symbole !

 

« Si le monument aux morts est un monument civique, il passe souvent par la sacralisation chrétienne. C’est vrai en Bretagne ou dans les régions à forte tradition chrétienne, mais ça l’est également pour des régions moins croyantes. La femme, comme à Bavay, est alors une véritable « piéta » qui tient son fils mort sur ses genoux », à l’image de la Vierge Marie et du Christ.

 

« Partout où il y a communauté et où il y a eu mort, on appose un monument, une stèle. Même dans la famille où l’on place la photo du disparu à une place centrale de l’habitation, parfois à côté d’un objet qui lui était cher, d’un obus qu’il avait sculpté dans les tranchées. Chacun prend une parcelle du deuil et il se l’approprie ».

11/11/2010.

Commentaire : Annette Becker -Daniel Delafosse 

 

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La Guerre 14/18 - Des soldats français.

 (photo n° 1883)

 

La bataille de Machelen (B) et le cimetière

 militaire français … ou le souvenir respecté. 

 

Depuis longtemps, la tradition est installée. Tous les ans, le premier dimanche de septembre, la ville d’Halluin va rendre hommage aux 860 soldats français et 200 soldats africains morts pendant la première guerre mondiale et enterrés dans la commune flamande de Zulte Machelen (Belgique).

 

Les soldats français tombés lors de cette bataille ont été rassemblés dans le petit cimetière militaire français de Machelen. Ils sont là-bas plus de 800, dont les familles n’ont pas demandé le rapatriement.

 

C’est la ville de Machelen qui a désiré que la ville française la plus proche se joigne à la commémoration. 

A Machelen, les enfants des écoles, l’évêque de Gand, le représentant du roi des Belges sont présents. 

 Pour rendre hommage à ses morts, un détachement de l’armée française s’y rend chaque année.

 

Pour Halluin, ce sont les représentants de la municipalité et plusieurs membres des associations patriotiques halluinoise qui se déplacent, ainsi qu’une délégation  du Conseil Municipal des Enfants et des Jeunes depuis 2003. 

 

Historique de la bataille et du cimetière militaire français de Machelen.  

 

Les troupes allemandes ont été refoulées aux environs de Machelen par la 6ème armée française. Lors de leur retraite le 14 octobre 1918, les Allemands ordonnèrent aux habitants de la région, entre la Lys et la ligne du chemin de fer Gand-Courtrai, de quitter leurs habitations. La bataille a fait rage durant douze jours du 19 au 31 octobre 1918.

 

De lourdes pertes en hommes ont été subies de part et d’autre. Afin de rendre inutilisable la voie ferroviaire, les Allemands la bombardèrent tous les cent mètres et y provoquèrent des cratères de cinq mètres de diamètre. 

Au Nord-Ouest de la commune, plusieurs fermes occupées par l’armée française subirent un siège de plusieurs jours. Ce fut le 6ème jour que les Français en restèrent maîtres.

 

Machelen a énormément souffert des combats. Aucune habitation du centre de la commune ne fut épargnée. Les soldats tués furent enterrés dans les champs et prairies et leurs sépultures marquées de croix. 

Le vicaire Van de Velde se procura l’identité des 1320 soldats ensevelis. 860 environ furent rassemblés dans un cimetière aménagé par la commune. Les autres ont été transférés dans leur terre natale à la demande des familles. 

 

90 ans après… Cérémonie du souvenir  le 1er septembre 2008.

 

En cette année du 90ème anniversaire de l’Armistice de 14-18, une importante délégation halluinoise s’est rendue à Zulte-Machelen pour honorer les 860 soldats français morts au champ d’honneur : 

La municipalité avait mis un bus à la disposition des délégations officielles et des associations patriotiques toujours fidèles.

 

Solennité et recueillement

 

Pour débuter sous une pluie battante et une température indigne de l’été, un cortège s’est formé en direction de la petite église paroissiale de Zulte-Machelen. Gabriel Demarle, curé de la paroisse depuis 23 ans, a accueilli en deux langues (français et flamand) cette délégation pour participer à la cérémonie religieuse. Un moment solennel de recueillement, de pensées et de prières pour les soldats français qui, un jour de 1918 au bord de la Lys, ont donné leur vie pour la liberté.

 

Comme chaque année, les représentants de l’évêque de la ville de Gand, Mgr Ludo Collin, et du colonel Jean-Claude Carlier, représentant le roi des Belges, et de Serge Mucetti, consul général de France à Bruxelles, avaient pris part à la cérémonie.

 

Une vingtaine de porte-drapeaux belges et français avaient pris place dans le cœur de l’édifice. A la sortie de l’église le cortège a rejoint le monument aux Morts, situé au centre de la commune. Il était accompagné d’un détachement militaire belge l’ATCR centre de contrôle aérien, de Sommerzake, et le RCS de Douai, suivi de la fanfare « De Leizonen ». Différentes personnalités françaises et belges ont déposé une gerbe au pied du monument, puis les enfants des écoles qui ceinturaient le monument ont déposé une fleur. Chacun a conscience de son devoir.

 

Devoir de mémoire

 

Au cimetière militaire français, les personnalités officielles et différents présidents d’associations patriotiques se sont succédés pour déposer des gerbes de fleurs, aux pieds du Mémorial. 

Après avoir entendu résonner la Babançonne et la Marseillaise, le cortège a défilé en ville avec les détachements militaires et les porte-drapeaux, précédé de véhicules commande-car, un défilé qui a été malheureusment écourté en raison du mauvais temps.

 

Pour terminer la matinée, les participants se sont retrouvés à la salle des fêtes de la commune. Antoine de Mahieu, le président du comité franco-belge a prononcé son discours dans les deux langues. Il a remercié les différentes délégations pour leur participation au traditionnel pèlerinage et a réaffirmé sa volonté, aujourd’hui plus qu’hier, de raviver la conscience, d’entretenir la mémoire et du devoir de se souvenir.

 

Le bourgmestre, Henk Heyerick de Zlte-Machelen a ensuite prononcé une allocution en rappelant l’engagement de sa commune. A souligner, la présence d’une délégation du conseil municipal d’Halluin qui a montré l’exemple, tout au long des cérémonies, d’une jeunesse motivée, désireuse d’afficher ses convictions comme le devoir de se souvenir.

 

26/11/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse

 

 

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Le Monument aux Morts du Cimetière d'Halluin :

 Victimes des Guerres de 1870 - 1914 - 1945 - Indochine...

Les stèles ont été rénovées après la guerre de 1939-1945.

(photo n° 1886)

 

Le Monument aux Morts - Cimetière d'Halluin.

 

Le monument central entretient la même mémoire que celui situé, rue de Lille. Ce monument, érigé à la mémoire des soldats halluinois morts pour la Patrie, fut inauguré le 13 octobre 1895. Des inscriptions évoquent les victimes des guerres du Second Empire, d’Italie, de Crimée et de 1870,  ainsi que celles d’Indochine (1947-1954).

 

Aussitôt après 1918, les corps de plusieurs soldats rapatriés des champs de bataille furent inhumés au pied de la colonne. Autour de la croix, on compte quelque quatre-vingts tombes de soldats tués au cours des deux guerres mondiales.

  

Le Cimetière Militaire Allemand à Halluin

 

Une longue bande de terrain parallèle à l’avenue de l’Hôpital accueillit les soldats allemands tombés au front. 

Etape de l’armée allemande, Halluin comprenait bon nombre d’hôpitaux militaires pour les blessés.

 

Parmi les croix diverses, celle d’un soldat mort en 1914 dans un lazaret d’Halluin. On remarque aussi que 5 soldats, tués au front de l’Yser, sont enterrés ensemble.

 

Au total, 1397 soldats et officiers ont été inhumés dans le cimetière allemand, ouvert fin 1914, à Halluin.

 

10/11/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse
 

 

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Des halluinois évacués à Merchtem en Brabant (Belgique),

 pendant la Première Guerre mondiale.

Photo prise le 15 août 1917 ou 1918 ?

(photo n° 3255)

 

Les oubliés de la Grande Guerre. 

 

L’un des épisodes les moins connus, mais pour notre région, l’un des plus douloureux, c’est le drame de ces populations civiles, déportées par l’occupant. En France, on pense généralement que la déportation n’a commencé qu’en 1940. Dans le Nord, le Pas-de-Calais, les Ardennes ou la Belgique, elles ont déjà eu lieu en 14 !

 

Quant aux « brassard Rouges », il s’agissait de jeune hommes ou de jeunes femmes qui partaient travailler, contraints et forcés pour le compte des Allemands. 

Dans son livre : « Oubliés de la Grande Guerre » Annette Becker raconte cette histoire de 14 -18 et elle ajoute notamment ceci :

 

« Lorsque l’on étudie l’histoire de cette guerre,on peut se focaliser sur les « poilus » et les soldats dans les tranchés ; on peut également s’y intéresser sous l’angle du nationalisme idéalisé ; il y a également le côté anarchiste, cette guerre n’est qu’une vaste machination, on se bat contre son gré.

 

Pourtant quel que soit l’angle, on s’aperçoit que, dans cette expérience atroce, la plupart des hommes se sont jetés consentants. Et dans cette guerre, les hommes n’étaient pas tout seuls, il y a l’arrière, les civils, les femmes, qui travaillent dans les usines d’armements, et on constate également qu’il y a des portions de territoire qui sont mises hors la guerre, parce qu’on est occupé, loin du front. On n’a que peu étudié ces phénomènes, préférant la normalité, c’est-à-dire les tranchées ;

 

C’est vrai que les hommes ont vécu une guerre horrible, mais les femmes également, dans cette région, ont vécu une guerre particulièrement épouvantable. On se servait de civils comme boucliers humains, on bombardait les hôpitaux… Et pour travailler sur ce problème je me suis penchée sur des sources religieuses (archives du Vatican) ou humanitaires (Croix Rouge à Genève).

 

Il s’agit certes d’un livre d’histoire, mais c’est également un livre citoyen. Il faut toujours regarder la vérité en face. Très tôt dans ce siècle on a laissé faire des choses horribles. On aurait dû réagir immédiatement. Mais on a laissé la boite de Pandore ouverte, et on ne l’a toujours pas refermée ».

 

25/11/2010

Commentaire : Daniel Delafosse