Anciens combattants,résistants,prisonniers.
Au Monument aux Morts, cérémonies du 50ème anniversaire
de l'Union Nationale des combattants, en 1968.
(photo n° 1641)
Le 1er à gauche, Henri-France Delafosse, en 1954.
A gauche, Marie-Antoinette Danset et son époux Henri-France Delafosse.
Assemblée et banquet de l'UNC d'Halluin, en 1954.
(photos n° 1720 -1721-1725)
Henri-France Delafosse... et la Banque.
Henri-France Delafosse est né le 1er Octobre 1894 à Saint-Florent (Cher). Il est le benjamin d’une famille de treize enfants, fils d’un receveur buraliste qui se fixera à Halluin en 1900.
Après sa démobilisation le 15 août 1919, il put reprendre son emploi à Halluin et, fut nommé fondé de pouvoirs du Crédit du Nord.
En 1924, son excellente réputation, ses capacités professionnelles et l’estime générale dont il jouissait à Halluin, le firent choisir par le conseil d’administration de la Banque Scalbert à Lille, qui lui confia le soin de diriger l’agence qu’elle fondait à Halluin, et cela durant trente années, jusqu’au 31 décembre 1954 date de sa mise à la retraite.
A l’occasion du centenaire de sa naissance le 1er octobre 1994, Maurice Schumann ancien ministre, académicien et sénateur du Nord écrivait ces mots :
"Les conseils judicieux qu’il m’a prodigués comme directeur de l’importante succursale d’une banque régionale m’ont prouvé qu’une parfaite connaissance des contraintes économiques n’avait pas émoussé son sens du devoir social".
1/10/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Assemblée des Veuves et Orphelins de Guerre,
vers 1950, en présence de M. Georges Paux (debout).
1945 : Halluin renaît après la Libération.
Un récit de Roland Verkindère Historien local.
Du 2 au 6 septembre 1944, le territoire communal est libéré de la présence ennemie, et bientôt la rue de Lille voit passer les troupes anglaises. Halluin, Roncq, Bousbecque, Tourcoing, Menin… se délivrent d’une oppression éprouvante.
Certes la joie partagée n’est pas sans mélanges : les combats libérateurs ont fait des victimes, des prisonniers et déportés sont encore sous le joug, l’ennemi lui-même n’est pas anéanti.
Mais cette année-là se dessine une ère nouvelle, fruit de l’union née progressivement dans la Résistance sous toutes ses formes, nourrie de l’intervention des alliés. Halluin, à cette date, se met à l’heure anglaise, au chocolat et aux Player’s.
Le changement de gestion municipale s’est fait sans heurt apparent. Elle émane largement du comité local de Libération. Celui-ci, constitué dans la clandestinité dès le second semestre 1943, apparaît publiquement à l’ancienne mairie, rue de l’Eglise, en septembre 1944. Il comporte notamment des hommes comme Gustave Casier, Charles Dereus, Gérard Verkindère, Albert Myngers puis André Verkindère.
A noter que pendant toute cette période 1939-1944, Stéphane Dubled, secrétaire général de mairie et Edouard Penasse, receveur municipal, tous deux proches de la municipalité d’avant 1939, ont assuré leurs tâches de gestion et tenu administrativement la mairie.
A Noël 1944, la délégation municipale prend une délibération pour proposer de nouvelles dénominations à un certains nombres de rues halluinoises. Il s’agit d’honorer nos martyrs. C’est à partir de cette date que nous appelons rue Marthe Nollet l’ancienne rue de la Gare, rue Maurice Simono, l’ancienne rue du Midi, rue Arthur Dennetière l’ancien chemin de la Grande Ville, rue de la Libération, l’ancienne rue du Moulin.
Un vaste plan de réalisations municipales et sociales sont aussi urgentes qu’indispensables. Sont nécessaires, compte tenu de l’importance d’Halluin à cette époque (14 000 habitants) : une justice de paix, un notaire, un huissier, des bureaux de bienfaisance et de chômage plus accueillants, une caisse d’épargne et un bureau de poste adaptés aux besoins, une clinique chirurgicale, une maternité, une école primaire supérieure, etc.
Vaste programme pour lequel l’aide de l’Etat est sollicité avec d’autant plus de raison qu’en 30 ans (de 1914 à 1944) Halluin a été occupée dix années, connaissant de ce fait un retard d’investissements collectifs considérable.
Début 1945 le diagnostic est lucide, la volonté affichée.
Des élections municipales exceptionnelles.
C’est la première fois depuis 1936 que le corps électoral est appelé à s’exprimer dans les urnes. Prévues d’abord en février 1945, ces élections municipales sont reportées en avril de la même année.
La constitution des listes électorales n’est pas une mince affaire. Car il y a une innovation fondamentale ; les femmes pour la première fois dans l’histoire française sont à la fois électrices et éligibles.
A Halluin, deux listes sont en présence : la liste d’Union patriotique républicaine et antifasciste, animée par le Parti communiste, le Front national, les Forces unies de la jeunesse patriotique et la CGT avec notamment Gustave Casier en tête de liste et la liste des candidats du Mouvement républicain populaire.
Un seul tour suffit il n’y a pas à cette date de candidats de la SFIO. La liste menée par Gustave Casier l’emporte de plus de mille voix et gagne tous les sièges.
Des préoccupations demeurent : problèmes de ravitaillement alors que la Belgique toute proche attire avec son pain blanc, ses bas nylon, ses textiles plus disponibles.
C’est le retour des prisonniers et de déportés qui domine. Avec la fin de la guerre, la vie se relance. Mais pas n’importe comment. Ainsi s’élève une protestation massive relayée par la municipalité contre l’implantation d’une usine polluante au « caoutchouc ». La vie se réorganise autour d’une volonté partagée d’améliorer les conditions de vie et le cadre de vie : sécurité sociale, assurance chômage, logement un peu plus de confort ménager. C’est bien parti.
Dès 1947, une nouvelle élection municipale va faire bouger la donne sortie de la guerre. Une mutation est en cours.
15/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Repas des anciens combattants belges et français, dans la
salle des anciens combattants, rue Emile Zola, en 1954.
Sur cette photo, de droite à gauche :
Joseph Declercq président du groupe halluinois des mutilés de guerre,
Pierre Desprez 1er président de l'amicale halluinoise des combattants 39-45,
x ?,
Maurice Toulemonde président actif de l'UNC 14-18 et 39-45,
Marie-Antoinette Danset présidente du groupe des Madelons de Flandre,
et à sa droite Henri-France Delafosse son époux, président d'honneur de l'UNC d'Halluin.
(photo n° 1715)
Le télégramme du Général de Gaulle
aux Combattants halluinois.
Le 11 novembre 1945, Monsieur Maurice Toulemonde président actif de l’union nationale des combattants d’Halluin, a adressé le message suivant au Général de Gaulle, Président du gouvernement provisoire de la République Française :
« Tous, anciens combattants des deux guerres et sociétés patriotiques d’Halluin, fêtant anniversaire du glorieux armistice, confiants dans les destinées de la patrie, vous renouvellent leur témoignage de confiance et de respectueuse affection ».
Le 17 novembre 1945, un télégramme de l’hôtel Matignon parvenait à M. Maurice Toulemonde en ces termes :
Paris, 16.11.1945 à 20 H
« Je vous remercie du message que vous m’avez fait parvenir à l’occasion du 11 novembre et vous demande d’appuyer les efforts du gouvernement de la République pour la rénovation de la patrie par l’union et le travail ».
Signé Général de Gaulle
« Comme beaucoup d’autres archives qui me permettent, aujourd’hui, de transmettre une partie importante de l’histoire du XXème siècle de la Ville d’Halluin, ce document a été soigneusement conservé par mon père Henri-France Delafosse, à cette époque, président d’honneur de l’UNC Halluin ». D.D.
16/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Années 1940/1945.
Halluinois prisonniers de guerre au stalag "17".
(photo n° 2288)
Robert Tiquet raconte ses souvenirs rattachés,
pendant 30 mois, au Service du Travail Obligatoire.
Ancien Tourquennois, Robert Tiquet s’était retiré à la Maison de Retraite du Mont à Halluin. En Janvier 1997, alors âgé de 74 ans, cet halluinois d’adoption a bien voulu raconter ses années de guerre, et en particulier les 30 mois liés au Service du Travail Obligatoire.
M. Tiquet se raconte, et ses souvenirs rejoindront sans doute ceux de beaucoup d’hommes de sa génération.
« Je voudrais que tous les jeunes aient du travail. De mon temps, on entrait à l’usine dès 13 ans et l’emploi ne manquait pas. Même si elle a connu la guerre, ma génération a eu une belle petite jeunesse et aussi de bonnes années ».
Effectivement, il a connu l’usine dans le textile, à peine sorti de l’enfance, et pourtant il ne s’en plaint pas, bien au contraire, et déplore « l’instabilité qui règne aujourd’hui dans le travail ».
A partir de 1942, Robert Tiquet a été employé par une entreprise de chauffage central, ce qui ne l’a pas empêché d’être appelé pour le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne. Pendant 30 mois, il a été contraint de travailler en usine dans une commune située à 33 kilomètres de Leipzig, avant d’être libéré par les Américains.
Aujourd’hui encore, il conserve dans son portefeuille deux cartes toutes abîmées, précieuses reliques de cette époque. L’une est une « kontrollkarte » qui permettait de recevoir une ration de tabac, l’autre est une carte de rapatrié.
« Je suis parti en mars 1943 et je ne suis revenu en France qu’en juin 1945. Je n’ai pas eu le choix car si je m’étais enfui pour échapper au S.T.O., un de mes frères aurait été emmené à ma place » affirme Robert Tiquet, deuxième fils d’une famille de quatre garçons et une fille.
« Là-bas, j’ai côtoyé des prisonniers de toutes les nationalités : des Hindous, des Russes… Certains Allemands étaient bons, d’ autres mauvais, comme dans tous les pays du monde. Par contre, les SS, c’étaient vraiment des saloperies » poursuit-il en dévidant l’écheveau de ses souvenirs, avec parfois une virulence que l’âge n’a pas entamée.
Robert Tiquet a néanmoins eu de la chance, car la région où il se trouvait a été bombardée à plusieurs reprises : « c’était en plein midi et certains de mes copains en sont morts explique-t-il. Nous sommes partis dans un autre camp , qui a été bombardé lui aussi ».
Quand est arrivée l’heure tant attendue du retour au bercail, le trajet n’a pas été de tout repos, c’est le moins que l’on puisse dire !
« Les Américains se sont occupés de nous et nous ont installé dans des wagons à bestiaux, raconte-il en riant. Le voyage a duré une semaine, car beaucoup de voies ferrées étaient démolies. Après Thionville, nous avons été placés dans de plus beaux trains, jusqu’à notre arrivée à la gare de Lille.
Ensuite nous avons pris le mongy pour rejoindre Tourcoing où le centre de rapatriement se trouvait rue Carnot. De là, nous étions reconduits chez nous par des bénévoles ».
Pas évident, ensuite de reprendre une vie « normale », même si, comme Robert Tiquet, on retrouve l’entreprise de chauffage central où on était employé avant les hostilités.
« Non, ce n’est pas facile de se remettre, de renouer avec les activités d’avant, surtout après avoir vu tout ce que j’ai vu pendant la guerre… affirme-t-il avec beaucoup de pudeur. Mais on n’avait pas le choix, il fallait reprendre le dessus.Ces épreuves ont fait du mal à tout le monde, mais elles nous ont endurcis ».
Son vœu pour l’avenir : « La paix avant tout, et plus jamais de guerre ». Un souhait qui en dit long, plus de cinquante ans après…
Quelques années après la guerre, Robert Tiquet s’est marié à Viviane Desmarchelier. Trois ans après venait au monde une petite fille. Le loisir favori du nouveau mari était la musique.
« J’ai commencé à jouer de la musique un ou deux ans après mon retour d’Allemagne. J’ai suivi des cours, puis, pendant une dizaine d’années, j’ai fait partie d’un orchestre tourquennois baptisé « Blue Star » qui se produisait à Tourcoing, Roubaix et… passait même la frontière pour jouer en Belgique !
J’ai interprété des morceaux de jazz, de musette, des valses, du tango, du paso-doble… A l’époque, il n’y avait qu’un seul micro sur scène, pour le chanteur, et pas toutes les machines de maintenant ».
Nous allions jouer en Belgique, car nous étions mieux payés qu’en France : avec le change, c’était intéressant, sur une soirée, j’avais gagné ma semaine… » D’autant que ces musiciens futés allaient ensuite changer l’argent belge là où cela leur rapportait le plus, au Mont-à-Leux… ».
le 16/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Deux anciens combattants Franco-Belge, lors d'une retraite aux flambeaux le 22/11/1960.
(photo n° 2085)