Guerre 39 – 45
Visite quelquesmois après après la libération du 6 septembre 1944 :
en présence de Maurice Schumann (chapeau noir),
avec à sa droite, le Docteur Albert Louf (chapeau clair)
et à sa gauche, Gérard Verkindère (manteau sur le bras).
(photos n° 3033 et 3035)
L' Halluinois Gérard Verkindère... et le M.R.P.
Dans les années quarante, Gérard Verkindère ouvre un magasin d'électricité, de lustres et de luminaires.
Pendant la seconde guerre mondiale, il change d'orientation et vend des appareils photo et pellicules.
Après la seconde guerre mondiale, il part deux ans à Paris pour participer à la fondation du MRP avec Maurice Schumann et Jean Lecanuet.
Son épouse s'occupa alors du magasin. Tous les ans, il accompagnait pendant une dizaine de jours les colonies de vacances organisées par Soeur Ange et il réalisait un film en 9 mmm que l'on projetait lors de la fête, au retour.
Maurice Schumann... l'Elu du Nord.
Né le 10 avril 1911 à Paris, Maurice Schumann rencontre le Nord au lendemain de la Libération. Il en devient l’élu et lui sera toujours fidèle. Député de 1945 à 1973, il mène une action marquée par le christianisme social et le gaullisme dans l’industrieuse vallée de la Lys, vers Armentières et Comines, dont il sera aussi l’élu local.
C’est sans doute de ce premier ancrage qu’il garde une attention particulière aux problèmes du textile. Il sera à l’Assemblée nationale puis au Sénat, l’avocat de cette industrie, avec la volonté déterminée de garder à la France une grande activité textile et de défendre les emplois qu’elle procure.
Dans les dernières années encore, il aura contribué à la préparation des mesures Borotra et il suivait avec vigilance, et inquiétude, les prises de position de la Commission de Bruxelles.
Le député de la vallée de la Lys avait multiplié depuis longtemps les contacts avec les élus de la Flandre intérieure qui, de Bergues à Hazebrouck, le considéraient comme l’un des leurs.
Devenu sénateur, Maurice Schumann était tout naturellement à leur écoute.
De même, il est resté fidèle jusqu’au bout au conseil d’administration du port autonome de Dunkerque dont il défendait les dossiers avec âpreté et où il a toujours siégé avec assiduité.
Assidu, le qualificatif revient aussi pour définir sa présence au conseil régional du Nord Pas-de-Calais. Personne n’a oublié avec quelle patience et quelle courtoisie il présida en qualité de doyen d’âge la longue nuit au cours de laquelle fut élue présidente une écologiste en 1992.
Il était ensuite devenu président de la commission des Finances, remplissant cette tâche avec le plus grand sérieux. Présent à toutes les séances plénières, intervenant souvent, avec précision et pertinence, il était écouté et respecté de tous.
Il avait depuis longtemps acquis un appartement à Tourcoing et il était presque chaque semaine dans le Nord.
Dans ce très grand département de 2 500 000 habitants divisé en 24 circonscriptions et plus de 600 communes, il a toujours répondu aux invitations, même dans les plus petits villages. On le revoit dans une petite commune, inaugurant une rue du Général de Gaulle et masquant derrière un demi-sourire le léger agacement que devait lui causer un élu troublé qui l’avait prénommé Robert !
Il savait capter l’attention d’auditoire très divers.
Chaque année, il donnait à Lille, une conférence à l’Université populaire. Son amour de la musique a aussi marqué son action. Il fut un des premiers à soutenir la création de l’orchestre de Lille, sous la direction de Jean-Claude Casadesus.
C’était un homme politique courageux. En 1974, son élection au Palais du Luxembourg était loin d’être acquise. Il fut combatif, pugnace, omniprésent et très bien élu.
Nous étions tellement habitués à le voir partager nos attentes, nos colères et nos espoirs que nous ne mesurions plus le privilège de sa présence.
Nous nous souviendrons toujours d’un homme qui aimait la France et qui la voyait à travers les figures et les paysages du Nord.
Jacques Legendre Sénateur du Nord.
13/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Entrée des Anglais, le jour de la libération,
le 6 septembre 1944, au carrefour de la rue de Lille (Banque Scalbert).
On remarquera l'habitation d' Abel Vamiene (cordonnier)-
(celle à côté de la maison Leduc).
(photos n° 2435 et 3017)
La Libération d'Halluin - Septembre 1944
En 1994, ils sont venus du Royaume-Uni,
pour le 50ème anniversaire de la Libération :
Ils sont de passage à Halluin, à l’occasion du cinquantenaire « Ils », ce sont deux Anglais venus à Halluin en deux occasions différentes.
Le « premier » se nomme Réginal James Smith de la 42ème division, sergent d’intelligence, et il est le dernier anglais à avoir quitté la base de Roncq le 14 mai 1940. Il venait de North-Tyneside, en passe d’être jumelée en 94 avec Halluin.
Le « second » Allié et Ecossais se nomme John Webster, âgé de 71 ans et vient de Gillingham, au sud de l’Angleterre, malgré le sang écossais qui coule dans ses veines. Directeur de collège secondaire en retraite, il garde en mémoire cette avancée qui le fit déboucher à Halluin.
C’était Le 6 septembre 1944 et il était agent de transmission dans une unité écossaise. Son épouse travaillait aussi dans les transmissions, dans la Navy…
Une résistance très enthousiaste
"Nous remontions de Bretagne, Montgomery avait fait une sorte de poche et les journalistes anglais se demandaient pourquoi il ne foutait pas tout de suite les Allemands à la porte.
Mais Montgomery plutôt que d’amener les Allemands dans une situation féroce leur a laissé la possibilité de s’échapper et d’épargner les populations civiles.
Les grandes routes de Falaises et d’Argentan jusqu’à la Belgique étaient pleines de ruines allemandes. Notre brigade était en avance sur la division écossaise mais en une journée nous n’avions parcouru que 25 km.
La résistance était très enthousiaste et cela créait un bouchon énorme de camions allemands incendiés ".
Une promenade de santé
"Pour progresser plus vite mon chef de brigade envoya une équipe qui parlait le français pour dénicher les routes secondaires. J’ai trouvé que c’était très dangereux et en fait c’était remarquable, une promenade en auto pour le chauffeur et moi !
Nous avons passé la Seine et atteint Saint-Pol en un jour. J’ai passé les champs de bataille de la première guerre à toute vitesse. Jamais je n’ai osé le dire à mon père, lui qui a progressé au même endroit de 200 m en quatre ans ! Les oiseaux chantaient. Nous devions rejoindre Courtrai et avons passé Lille par l’ouest".
La ville attendait un régiment, on était deux
"A un moment j’ai vu une barrière, j’ai pensé que c’était le chemin de fer. J’ai dit à « Joc » étrange il n’y en a qu’une. En fait nous étions à la frontière d’Halluin.
C’était le 6 septembre 1944 à 3 h du matin et en trois minutes, la rue était remplie de monde dans le centre ville. Je me suis retrouvé comme un joueur de rugby dans la mêlée. Ils criaient « vive les Anglais », alors qu’on aurait voulu qu’ils n’oublient pas les Ecossais…
Mon passage à Halluin était émouvant, on a ri beaucoup. Les Halluinois s’attendaient à plein d’infanterie et de chars et ont vu arriver un petit moi, dit-il dans un français improvisé, charmant, et le conducteur de la jeep en reconnaissance dans le secteur.
Nous voulions traverser la Lys, mais le pont étant détruit, nous avons rejoint Courtrai (B) par le chemin du halage le long de la rivière.
Sur la place de Courtrai, il y avait les résistants français, et les Chemises Blanches célébraient la libération de la ville, que j’ai pu annoncer à la radio. Alors nous sommes repartis discrètement à Halluin.
Le lendemain nous étions à Bruxelles, mais un autre bataillon, plus prestigieux, était attendu avant nous… » raconte cet écossais qui passa à Halluin voici 50 ans, l’espace d’une heure et demie… mémorable.
Ils seront tous les deux présents ce Dimanche 11 septembre 1994 lors des manifestations officielles de ce 50ème anniversaire.
John Webster, premier Britannique à être entré à Halluin en 1944, et Reginald Smith, venu de la ville jumelle de North-Tyneside, avaient eux aussi fait le déplacement.
Le dernier anglais
Le mot de la fin revint à Réginald Smith. Coiffé du béret vert qu’il portait en 1940, il arrivait tout droit de North-Tyneside, pour apporter, avec un savoureux accent anglais, le témoignage de son passage dans notre ville :
"Ma connaissance des alentours commençait le 29 avril 1940, quand mon détachement de l’armée britannique était établi au château Lagache, à Roncq.
Notre séjour dura 16 jours avec quelques petites visites agréables à Halluin…
Le 10 mai votre monde était bouleversé, le mien aussi. Nous étions réveillé au son des bombes et du bourdonnement de beaucoup d’avions.
Nous ouvrions la radio pour apprendre que les Allemands avaient envahi la Hollande et la Belgique. De notre bureau nous popuvions voir une rougeur et des grandes vagues de fumée noire.
C’était l’aérodrome de Wevelghem en feu. Quatre jours après nous quittions le château pour la Belgique, mais pas pour longtmeps. Trois jours après nous étions à Orchies et sur la défensive..."
En quittant Roncq, il ne se doutait pas que la guerre serait aussi longue et aussi terrible…
Ni que plus d’un demi-siècle plus tard, il appellerait avec humour, les jeunes Halluinois à ne pas oublier :
" Que les générations, pour lesquelles ces mémoires ne sont que des contes de grand-père, auront le bon sens à bien écouter et en déduire la moral ".
Réginald Smith qui faisait partie de l’Intelligence Service est, aujourd’hui 11/9/1994, âgé de 80 ans. Journaliste retraité, il fut le dernier anglais à quitter Halluin et Roncq.
Et, ce Dimanche 11 Septembre 1994, 50 ans après, c’est sur l’air célèbre du « Pont de la rivière kwaï » interprété par l’Harmonie municipale que l’assistance fut invitée au vin d’honneur.
10/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
Les libérateurs anglais, rue de Lille, en septembre 1944.
(photos n° 3022 et 5760)
La Libération d'Halluin - Septembre 1944
En 2010 : se souvenir n'est pas vain...
par l'historien local Roland Verkindère.
Comme chaque année, la ville célèbre la libération d'Halluin. Comment s'est déroulé ce moment historique rue du Forage, rue de la Lys ou au balcon de l'ancienne mairie ? Lieu par lieu retour sur quatre jours souvent douloureux avant la Libération officielle.
À qui s'interroge sur les endroits où les combats de la Libération de la ville se sont déroulés, il faut d'abord rappeler que ces faits de guérillas urbaines avaient un double but. D'une part sur l'axe Lille-Bruges-Anvers empêcher les troupes allemandes d'occuper durablement ce port essentiel pour le débarquement des troupes et du matériel alliés (Dunkerque tient jusqu'en mai 1945).
D'autre part « faire le ménage » sur les marges de cet axe pour permettre aux troupes anglaises et canadiennes de foncer sans retard vers Anvers afin d'investir cette place stratégique.
C'est la mission, la feuille de route laissée aux hommes et femmes des forces françaises de l'intérieur, des FFI qui fédèrent les diverses composantes de la Résistance.
« Help » dessiné pour attirer les aviateurs anglais
À Halluin, au bord de la rue du Forage, au niveau du centre Trieste, un camion allemand est en partie incendié. De l'actuelle rue Dennetière à la cité Windels (deux noms de victimes innocentes de ces combats) des véhicules ennemis circulent protégés par des otages civils, arrachés de leurs demeures.
Dans la rue de Lille même, aux baraques à Menin où Alfred Simono parlemente sans armes avec un officier SS pour empêcher des représailles plus sanglantes encore de la part des troupes en désarroi.
Au carrefour de la rue de Lille et de la rue de l'Église, où est dessiné en toute hâte un grand « Help » pour supplier les aviateurs anglais d'intervenir dans ces situations difficiles. De même le long de la Lys, au cercle catholique et au balcon de l'ancienne mairie place de l'Église où la Libération d'Halluin est proclamée par les représentants du Comité local de la Libération.
Dernière image : ce camion de soldats britanniques stationné et ovationné au pied du monument aux Morts, à l'endroit même où quelques jours auparavant la statue avait été enveloppée d'un drapeau tricolore à la grande colère des ennemis bientôt en retraite sinon en déroute.
Autre temps. Mais ces jours de septembre 1944 mettaient fin à une chape de plomb de plus de quatre ans et laissaient espérer enfin une nouvelle ère de vie plus pacifique après la capitulation, le retour des prisonniers, la reprise progressive mais lente d'une vie plus normale.
Heureusement, ces temps sont révolus. La réflexion sur ce passé tumultueux (1870-1944) a enfin abouti à une Europe plus pacifiée. S'en souvenir n'est pas vain.
8/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
- Libération Halluin 1944 : Michel Danset "Mort pour la France" à 16 ans (Funérailles et Eloge Funèbre).
- Libération Halluin 1944 : La Lys libérée en Sept. - Résistance Bousbecquoise.
- Libération Halluin 1944 : Premiers Anglais sur Halluin, en Sept. (Liste Halluinois Blessés Pendant la Libération).
- Libération Halluin 1944 : Albert Desmedt le F.F.I. Ressuscité.