Guerre 14 - 18
Les employés SNCF de la Gare d'Halluin.
(photo n° 02233)
Le Wagon de l’Armistice... Historique.
C’est à bord du wagon 2.419 D que l’Armistice a été signé le 11 novembre 1918. Ce wagon, ou plus exactement son frère jumeau (il portait le n° 2.439 D), on peut le voir au Musée de l’Armistice en forêt de Rethondes, près de Compiègne.
« Ce wagon, explique le général Gamache, président de l’association qui gère ce musée, faisait partie d’une série qui avait été commandée en 1913. Ils étaient répartis sur les différents réseaux de France. Le premier à en bénéficier fut le maréchal Joffre, lors de la Bataille de la Marne. Les autres wagons furent affectés aux différents états majors ».
Il s’agissait de wagons qui pouvaient tout à la fois servir de salon et de bureau. Il comporte également des cuisines (sa destination première était d’être un wagon-restaurant) transformées en bureau pour les secrétaires qui accompagnent la délégation alliée. A côté se trouve un petit salon, où prendront place le commandant Riedinger et le capitaine de Mierry, avec une petite table et un téléphone.
Ce petit salon se trouve juste à côté de la grande salle-bureau décorée de boiseries en acajou verni. Une grande table en bois foncé trône au centre de la pièce. A chaque bout, deux lampes aux abat-jour roses qui faisaient partie du décor du wagon-restaurant. Devant chaque place le nom de son occupant. A chaque bout de table, les deux interprètes.
A gauche les Allemands : Oberndorff, Erzberger, von Winterfeldt et Vanselow. A droite les Alliés : Weygand, Foch, Wemyss et Hope. Au fond, à droite, à côté d’une petite table et d’un téléphone, le commandant Bagot et le capitaine Mariott. A gauche, une autre petite table et un téléphone, le captaine Geiger.
Tragique destin...
« Après la guerre, poursuit le général Gamache, le wagon fut remis aux chemins de fer français et il reprit du service comme wagon-restaurant sur le réseau Ouest, avant d’être incorporé au train présidentiel ».
Pourtant, tout le monde a conscience qu’il s’agit d’un monument historique. Alors, à partir de 1921, il va être installé dans la cour d’honneur des Invalides.
Il y restera pendant 6 ans. « Mais le wagon, installé à l’air libre se détériore et on commence à se préoccuper de son devenir. En 1927, le maire de Compiègne propose d’accueillir ce wagon dans la clairière de Rethondes que l’on va aménager. Le wagon est restauré grâce à un américain, Arthur Fleming, et il prend place dans la clairière le 8 avril 1927 ».
Le lieu historique de Rethondes sera inauguré par le président de la République Alexandre Millerand, le 11 novembre 1922.
Le wagon est alors mis à l’intérieur d’un bâtiment qui le protège des intempéries. Pourtant, il va en sortir le 22 juin 1940. Pour la signature d’un autre armistice. Moins glorieux celui-là ! Les Allemands, pour le sortir de son abri, percèrent les murs et le remirent à la place exacte qu’il occupait le 11 novembre 1918. Tous les plus hauts dignitaires nazis sont venus voir ce wagon, à commencer par Hitler.
Brûlé par les S.S.
Ensuite le wagon a été emmené en Allemagne comme un trophée, il défilera devant la Porte de Brandebourg avant d’être exposé dans un parc de Berlin. « Mais avant de conduire le wagon vers Berlin, poursuit le général Gamache, les Allemands prirent soin de tout détruire dans la clairière de Rethondes. Ils emmènent également la dalle centrale rappelant l’Armistice de 1918, ainsi que le monument à l’Alsace-Lorraine qui se trouve en bordure de la clairière. Ils ne laissèrent que la statue de Foch. Tout le reste fut détruit et même labouré pour effacer toutes traces ».
A la libération de 1945, on perd la trace du wagon. « En 1991, après le départ des Soviétiques de la R.D.A., j’ai appris que le wagon avait été transporté en forêt de Thuringe, à Ohrudrf, et qu’il aurait été brûlé sans doute entre le 3 et le 11 avril 1945 ».
Peut-être par des S.S. qui lancèrent des grenades incendiaires sur le wagon, avant l’arrivée des Américains. En octobre 1992, le général Gamache a pu quand même récupérer quelques éléments du wagon qui n’avaient pas brûlé : les rampes d’accès, des chiffres, des insignes… Ils sont exposés au Musée de la clairière de Rethondes.
(X DD 30795 n° Img 327)
Voir aussi... cliquez ci-dessous :
Guerre 14/18 : Halluin - Rethondes... Armistice - Réconciliation (Novembre 1918-2018).
Guerre 14/18 - Inauguration de la plaque et de la rue du 11 Novembre 1918 (Historique).
Rue du 11 Novembre 1918 (Rénovation terminée - Avril 2015).
10/11/2010 - 10/11/2018
Le Monument aux Morts d'Halluin, rue de Lille centre -
Oeuvre du sculpteur Soubricas - il fut inauguré le 20 septembre 1925.
(photo n° 4016)
Le Monument aux Morts d'Halluin, situé rue de Lille (centre ville).
(Photo DD n° P1220503)
La symbolique des Monuments aux Morts,
Mémoire de la Grande Guerre.
Chaque ville, chaque village a son monument aux morts. Pour chaque manifestation patriotique, édiles et population se rassemblent à ses pieds, déposent une gerbe et respectent la minute de silence alors qu’un clairon sonne les notes traditionnelles.
Aujourd’hui, cela fait partie de la carte postale traditionnelle de la France. Aux côtés du vin rouge, de la baguette et du béret. Pourtant, il y a 90 ans, lorsque ces premiers monuments ont vu le jour, se réunir devant le Monument aux Morts a une toute autre puissance symbolique. Non seulement il y a les veuves, les orphelins, mais c’est également toute la Nation qui se recueille.
En novembre 1998, Annette Becker, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lille III et auteur de « Les monuments aux morts – Mémoire de la Grande Guerre » expliquait la symbolique ci-dessous :
« Les monuments aux morts en général représentent très bien la façon dont la France a vécu la guerre » explique-t-elle. « C’est d’abord un monument de deuil, où l’on retrouve la tristesse d’avoir perdu tant d’hommes. Contrairement au Monument à la guerre (mémorial d’un champ de bataille par exemple), ici on montre que la guerre tue ».
« La première chose qui frappe, c’est la rapidité de leur construction. Entre 1918 et 1922, les 36.000 communes de France ont leur monument. Cela montre la rapidité avec laquelle la communauté a voulu continuer de se rappeler. Dans la France exsangue de l’immédiat après-guerre, il s’agissait presque d’un dernier effort de guerre ».
« Dans leur immense majorité, ces monuments funéraires sont des cénotaphes, c’est-à-dire de grandes tombes vides, représentés par des obélisques ou des stèles, comme le veut la mode du début du siècle. Mais il est plus souvent beaucoup plus intéressant de voir ce que l’on y a écrit ou gravé. On y trouve de longues listes de noms classés soit alphabétiquement soit par date de la mort : 1914, 1915… Cela montre l’égalité devant la mort ».
Pas de riches ou de pauvres, pas d’instituteurs, d’ouvriers. « Ils sont morts en tant qu’enfant de la commune. Ce monument, ce nom est une façon de récupérer, de se réapproprier les enfants de la communauté ». Des enfants certes disparus, mais parce qu’ils ont été appelés à donner leur sang pour une autre communauté, celle de la Nation.
Le combattant en posture héroïque
« Souvent ces monuments ne portent qu’une simple croix de guerre ou un médaillon représentant un « poilu ». C’était les monuments les moins chers ».
Beaucoup de petites communes, après la guerre, ont perdu quelques-uns de leurs hommes parmi les plus jeunes et elles ne peuvent se lancer dans de folles dépenses pour financer un monument aux morts.
« Par contre, dans les monuments comportant une sculpture, on peut les classer en trois catégories. Il y a tout d’abord ceux qui montrent le combattant sous toutes ses formes. Le poilu tient, le poilu se bat ou le poilu mort. Mais le poilu est toujours au centre, et il peut être soit fondu dans le bronze (il a alors été choisi sur un catalogue), soit sculpté dans la pierre. Mais quel que soit le matériau retenu il nous ramène toujours au combattant en posture héroïque.
Parfois, le monument montre également des civils. Des femmes, des enfants. Ils sont toujours en pleurs pour montrer le deuil de la communauté vis-à-vis de ses fils disparus. La femme peut être également une allégorie : la Paix, la France, la Commune…
Enfin le monument peut porter la sculpture d’un coq. Celui-ci symbolise la France. Marianne est rarement représentée. Elle symbolise la République, et on sait que tous ces soldats sont morts pour elle. Cette symbolique de la Patrie, on la trouve par contre au niveau des inscriptions : « Morts pour la France ».
Toute la Nation
« Parfois également on peut trouver des gens au travail. Le monument aux morts de Lens, par exemple, montre un mineur, celui d’Arras, une femme qui laboure. Cela montre qu’à l’arrière également on participait à l’effort de guerre.
On trouve donc sur les monuments la valeur du combattant, les vertus du travail et de la fidélité (les civils) et la volonté patriotique (le coq). Mais les monuments disent également que les soldats seuls et les civils seuls n’auraient pu l’emporter. Il fallait l’effort de l’ensemble de la Nation.
Six monuments pacifistes
Et puis il y a aussi beaucoup de monuments atypiques. On en trouve un grand nombre dans notre région. A commencer par celui de la place Rihour, à Lille. La sculpture du haut, montre « La Paix » ; celui du milieu « la Relève », on y voit des soldats épuisés, mais résolus ; enfin celle du bas montre les otages, les civils déportés. Ces trois sculptures ensemble montrent la guerre des Lillois.
« Enfin, il existe en France 6 monuments pacifistes. Celui de Gentioux, dans la Creuse, montre un enfant avec son tablier d’écolier. Mais l’enfant tend son poing à la guerre. Et sur le monument est écrit : « Que maudite soit la guerre ».
A Equeurdreville, dans la Manche, on retrouve cette même inscription, mais le monument représente une mère, ses enfants serrés contre elle. Tous sont en pleurs. Six monuments seulement sur 36.000, c’est peu ».
Saisissant également est le monument aux morts de Péronne où une femme allongée aux côtés de son fils ou de son mari mort, tend un poing rageur en direction de la guerre.
Au Mort-Homme, l’un des hauts lieux de la bataille de Verdun, où des milliers d’hommes sont morts, le squelette d’un poilu sort de sa tombe. Tout un symbole !
« Si le monument aux morts est un monument civique, il passe souvent par la sacralisation chrétienne. C’est vrai en Bretagne ou dans les régions à forte tradition chrétienne, mais ça l’est également pour des régions moins croyantes. La femme, comme à Bavay, est alors une véritable « piéta » qui tient son fils mort sur ses genoux », à l’image de la Vierge Marie et du Christ.
« Partout où il y a communauté et où il y a eu mort, on appose un monument, une stèle. Même dans la famille où l’on place la photo du disparu à une place centrale de l’habitation, parfois à côté d’un objet qui lui était cher, d’un obus qu’il avait sculpté dans les tranchées. Chacun prend une parcelle du deuil et il se l’approprie ».
11/11/2010.
Commentaire : Annette Becker -Daniel Delafosse
La Guerre 14/18 - Des soldats français.
(photo n° 1883)
La bataille de Machelen (B) et le cimetière
militaire français … ou le souvenir respecté.
Depuis longtemps, la tradition est installée. Tous les ans, le premier dimanche de septembre, la ville d’Halluin va rendre hommage aux 860 soldats français et 200 soldats africains morts pendant la première guerre mondiale et enterrés dans la commune flamande de Zulte Machelen (Belgique).
Les soldats français tombés lors de cette bataille ont été rassemblés dans le petit cimetière militaire français de Machelen. Ils sont là-bas plus de 800, dont les familles n’ont pas demandé le rapatriement.
C’est la ville de Machelen qui a désiré que la ville française la plus proche se joigne à la commémoration.
A Machelen, les enfants des écoles, l’évêque de Gand, le représentant du roi des Belges sont présents.
Pour rendre hommage à ses morts, un détachement de l’armée française s’y rend chaque année.
Pour Halluin, ce sont les représentants de la municipalité et plusieurs membres des associations patriotiques halluinoise qui se déplacent, ainsi qu’une délégation du Conseil Municipal des Enfants et des Jeunes depuis 2003.
Historique de la bataille et du cimetière militaire français de Machelen.
Les troupes allemandes ont été refoulées aux environs de Machelen par la 6ème armée française. Lors de leur retraite le 14 octobre 1918, les Allemands ordonnèrent aux habitants de la région, entre la Lys et la ligne du chemin de fer Gand-Courtrai, de quitter leurs habitations. La bataille a fait rage durant douze jours du 19 au 31 octobre 1918.
De lourdes pertes en hommes ont été subies de part et d’autre. Afin de rendre inutilisable la voie ferroviaire, les Allemands la bombardèrent tous les cent mètres et y provoquèrent des cratères de cinq mètres de diamètre.
Au Nord-Ouest de la commune, plusieurs fermes occupées par l’armée française subirent un siège de plusieurs jours. Ce fut le 6ème jour que les Français en restèrent maîtres.
Machelen a énormément souffert des combats. Aucune habitation du centre de la commune ne fut épargnée. Les soldats tués furent enterrés dans les champs et prairies et leurs sépultures marquées de croix.
Le vicaire Van de Velde se procura l’identité des 1320 soldats ensevelis. 860 environ furent rassemblés dans un cimetière aménagé par la commune. Les autres ont été transférés dans leur terre natale à la demande des familles.
90 ans après… Cérémonie du souvenir le 1er septembre 2008.
En cette année du 90ème anniversaire de l’Armistice de 14-18, une importante délégation halluinoise s’est rendue à Zulte-Machelen pour honorer les 860 soldats français morts au champ d’honneur :
La municipalité avait mis un bus à la disposition des délégations officielles et des associations patriotiques toujours fidèles.
Solennité et recueillement
Pour débuter sous une pluie battante et une température indigne de l’été, un cortège s’est formé en direction de la petite église paroissiale de Zulte-Machelen. Gabriel Demarle, curé de la paroisse depuis 23 ans, a accueilli en deux langues (français et flamand) cette délégation pour participer à la cérémonie religieuse. Un moment solennel de recueillement, de pensées et de prières pour les soldats français qui, un jour de 1918 au bord de la Lys, ont donné leur vie pour la liberté.
Comme chaque année, les représentants de l’évêque de la ville de Gand, Mgr Ludo Collin, et du colonel Jean-Claude Carlier, représentant le roi des Belges, et de Serge Mucetti, consul général de France à Bruxelles, avaient pris part à la cérémonie.
Une vingtaine de porte-drapeaux belges et français avaient pris place dans le cœur de l’édifice. A la sortie de l’église le cortège a rejoint le monument aux Morts, situé au centre de la commune. Il était accompagné d’un détachement militaire belge l’ATCR centre de contrôle aérien, de Sommerzake, et le RCS de Douai, suivi de la fanfare « De Leizonen ». Différentes personnalités françaises et belges ont déposé une gerbe au pied du monument, puis les enfants des écoles qui ceinturaient le monument ont déposé une fleur. Chacun a conscience de son devoir.
Devoir de mémoire
Au cimetière militaire français, les personnalités officielles et différents présidents d’associations patriotiques se sont succédés pour déposer des gerbes de fleurs, aux pieds du Mémorial.
Après avoir entendu résonner la Babançonne et la Marseillaise, le cortège a défilé en ville avec les détachements militaires et les porte-drapeaux, précédé de véhicules commande-car, un défilé qui a été malheureusment écourté en raison du mauvais temps.
Pour terminer la matinée, les participants se sont retrouvés à la salle des fêtes de la commune. Antoine de Mahieu, le président du comité franco-belge a prononcé son discours dans les deux langues. Il a remercié les différentes délégations pour leur participation au traditionnel pèlerinage et a réaffirmé sa volonté, aujourd’hui plus qu’hier, de raviver la conscience, d’entretenir la mémoire et du devoir de se souvenir.
Le bourgmestre, Henk Heyerick de Zlte-Machelen a ensuite prononcé une allocution en rappelant l’engagement de sa commune. A souligner, la présence d’une délégation du conseil municipal d’Halluin qui a montré l’exemple, tout au long des cérémonies, d’une jeunesse motivée, désireuse d’afficher ses convictions comme le devoir de se souvenir.
26/11/2010.