Guerre 14 - 18
Des prisonniers halluinois en 1917. Requis par les allemands
pour travailler, ils furent considérés comme prisonniers et internés
dans des usines à Halluin et à Bousbecque.
(photo n° 3263)
La Ville d’Halluin « prise en otage »
durant la Grande Guerre.
L'estaminet de la mémoire était consacré, ce vendredi 16 novembre 2007, à la Première Guerre mondiale à Halluin. Le récit circonstancié de M. Roland Verkindère et les témoignages ont illustré l’âpreté de cette période d’occupation tragique.
Comme à chaque fois, Cinélys avait planté ses caméras dans l’estaminet du Moulin pour ne rien perdre de cette séance consacrée à la Grande Guerre. Roland Verkindère a marqué les esprits en rappelant quelques statistiques : 700 tombes allemandes au cimetière d’Halluin, 48.000 à Menin (B) dont de très nombreuses fosses communes, l’un des plus grands cimetières militaires au monde.
La ville d’Halluin était alors peuplée de plus de 15 000 habitants, une population qui va avec le déclenchement des hostilités être rapidement « prise en otage ». « La population a subi », a insisté Roland Verkindère « Des gens comme Eugène Coopman, résidant de l’Orée du Mont et âgé de 97 ans, (disparu depuis) s’en souviennent encore ».
Les combats se sont déroulés à 15-20 km d’Halluin qui servait essentiellement de cantonnement d’officiers et de troupes, sans oublier les réserves de munitions, etc. Halluin comptera plus de 2500 mobilisés qui ne reverront plus leur commune, avant, au mieux, novembre 1918.
Le conflit est extrêmement violent et le récit de Roland Verkindère fait froid dans le dos au point d’imaginer l’horreur de la mitraille. « Un matin, on avait vu partir une colonne de 1500 hommes accompagnés de 37 officiers, le soir, en rentrant ils n’étaient plus que 600 suivis de 16 officiers ». On comprendra d’autant mieux les suicides et désertions.
Une situation sanitaire épouvantable.
La ville d’Halluin « prise en otage » par l’occupant allemand va être le théâtre des « enrôlements de force et des réquisitions ». « Vous n’obéissez pas aux ordres et on vous attache trois jours durant à un poteau sans manger ni boire », reprend Roland Verkindère, « les réquisitions ne se sont pas limités aux animaux (chevaux, etc) mais aussi aux chiens, aux poules, aux meubles, aux objets en cuivre utiles pour l’armement, à la laine des matelas, et même aux épluchures de légumes pour les élevages de lapins ».
La population est sous le joug. « Les Allemands recensaient même le nombre de plants de pommes de terre dans les jardins pour s’octroyer la moitié des récoltes ».
Pas d’information, un seul journal, « Le journal des Ardennes »,est distribué aux occupants. La situation sanitaire est « épouvantable avec de la vente de viandes avariées, la présence d’un seul médecin pour les communes d’Halluin-Roncq ».
Et puis, on assistera en 1917 aux évacuations, femmes, enfants, vieillards accueillis et regroupés dans la banlieue de Bruxelles avant d’émigrer vers la Suisse et de revenir dans d’autres régions comme la Charente où l’on n’hésitait pas à les qualifier de « Boches du Nord ».
« A l’époque, on ne possédait pas grand-chose, juste une table et quelques chaises », rappelle Roland Verkindère. Les retours en 1919 seront douloureux dans une ville d’Halluin détruite à 60 %, une « ville morte où les maisons avaient été pillées » comme le faisait remarquer Annie Bagein, sans oublier que les Allemands avaient exigé de la population de supporter le coût financier de leur occupation.
Les combats « n’ont pas vraiment eu lieu à Halluin ». Ce sont les conséquences des luttes armées qui ont éprouvé la commune. « On y a surtout connu les affrontements aériens avec la présence de deux terrains d’aviation, l’un à Wevelgem, l’autre à la Rouge Porte, où s’est notamment distingué un certain Goering ».
Roland Verkindère a essaimé son intervention d’anecdotes historiques. Ainsi ce qu’on appelait les « saucisses », ces ballons fixés avec des câbles et équipés d’une nacelle pour observer les combats et les positions. Il y avait même des leurres, à savoir des mannequins pour tromper l’ennemi. Hélas, 14-18 n’allait pas être la seule guerre du 20e siècle.
20/11/2010
- Affichages : 3539
Des halluinoises évacuées à Hal (Belgique), pendant la guerre 14-18,
en compagnie des Soeurs de la Sagesse.
On reconnaît : Imelda,Marie-Louise,Marguerite et Lucienne Verschae,
Jeanne et Agnès Graye, Madame Vyle, Marie-Louise Herteschene,
les demoiselles Odent, des soeurs Trachet, Julia, Anna, Elisabeth et Maria Wieme,
Philo et Jeanne Vanhedeghem, Mme Verschae, Mme Desquemack, Louise Vandepitte,
Blanche Vandepitte, Marie Noppe, l'abbé Pierre Lesage, les fillettes Beylemans,
Agnès et M. Thérèse Capelle, Nelly Desquemack......les soeurs Drouart etc.
(photo n° 1825)
La magnifique résistance des civils halluinois,
sous l’occupation allemande en 1914-1918.
La Guerre de 1914-1918, pour les uns, c’est le souvenir d’une longue et combien douloureuse tragédie, pour les autres, une étape malheureuse de leur enfance, pour d’autres enfin, une époque que l’on leur a racontée et qu’ils ont souvent considéréé comme une belle histoire !
Cette « belle histoire », nous voudrions la raconter à nouveau, en nous en tenant au domaine local. En cette année 1968, soit cinquante ans après l’Armistice, le journaliste Albert Desmedt nous fait revivre ce que fut la vie à Halluin sous l’occupation allemande. Pour ce faire, il a eu recours à des Halluinois qui ont vécu cette période tragique et qui ont noté leurs souvenirs.
La documentation de M. Desquemack, alors Secrétaire général de la Mairie, lui a été particulièrement précieuse, puisqu’elle donne un compte-rendu précis des évènements au jour le jour. Albert Desmedt en a extrait les passages les plus marquants. Ils disent très bien ce que fut la vie de nos concitoyens au long de ces jours terribles.
Une résistance de tous les instants
Malgré toutes les vexations de l’autorité allemande : perquisitions, réquisitions, pillages, amendes, punitions de prison, etc. la population a gardé sa belle confiance en la victoire finale. Elle est restée calme, devant les exigences de l’ennemi, n’a accepté, ni exécuté aucun de ses ordres, sans résistance, ouverte parfois. La jeunesse est patriote.
De nombreux incidents ont surgi, dont le plus sérieux fut celui concernant la confection des sacs à terre (16 juin 1915). Résistance de la municipalité, emprisonnement des otages, régime de terreur.
Les fusillades éclatent un peu partout. Les patrouilles tirent sur les promeneurs, les soldats, brutaux par ordre, frappent aux portes des habitations et giflent les habitants qui viennent leur ouvrir. Arrestation de tous les habitants, causant à deux sur le pas de leur porte. On ne cède que devant la menace de mettre la ville à sac et la promesse que le travail de fabrication de sacs ne serait plus exigé (30 juin 1915).
Le 1er Juillet 1915, les otages libérés, refusent de quitter la prison, si les autres arrestations sont maintenues. Le 2 juillet, les ouvriers refusent le travail (6 000 Marks d’amende). Le 3 juillet, les patrons sont rendus responsables de la défection des ouvriers. Nouvelles menaces, coups de fusils, terreurs, otages convoqués. Enfin les ouvriers cèdent mais plus de sacs.Continuellement, la kommandantur se plaint de défections est menace la ville de la rendre responsable.
Le 13 avril 1916, la Municipalité a fait afficher malgré l’opposition de l’autorité, qu’elle ne peut qu’encourager les Français qui refusent de travailler pour l’ennemi, et qu’elle continuera, malgré la défense allemande, de donner des secours à ceux qui refusent de travailler.
En 1916 encore, le 22 août, 117 travailleurs sur 120 refusent de signer le laissez-passer qui leur permettra d’aller travailler pour l’ennemi. Ils déclarent qu’ils ne céderont qu’à la force, et persistent dans leur attitude, malgré toutes les menaces qui leur sont faites.
En 1916 toujours, le 8 décembre, les travailleurs refusent d’aller poser des fils de fer aux travaux militaires que les Allemands exécutent en arrière du front. Même refus le 9 décembre ; menaces habituelles. Le Maire refuse de leur donner l’ordre de travailler. Le 11 décembre, aucun ouvrier ne se rend à l’appel. Ils sont arrêtés à domicile et emprisonnés. Le 12 décembre, 60 seulement cèdent devant la menace de représailles sur leur famille : on leur promet de ne plus les employer à la pose des fils de fer.
Le 13 décembre, nouveau refus de travailler. On les emprisonne tous à Bousbecque (ville voisine), sans boisson, sans air, dans des locaux infects. Les membres de leur famille, qui veulent les ravitailler, sont arrêtés, femmes et enfants. Le 16 décembre, l’autorisation de les ravitailler est refusée à la Ville. Le 17 décembre, 32 nouveaux ouvriers sont emprisonnés avec les autres ; on essaie de les faire céder par la force (douches glacées, séjour dans l’eau, etc.). Un grand nombre d’entre eux se voient forcer de céder après cinq jours de privation et de tortures de tous genres.
Trois cents jeunes filles réquisitionnées
En 1917, le 20 décembre, 300 jeunes filles sont réquisitionnées pour décharger du ciment à Menin (Belgique). La plupart refusent, elles sont enlevées à domicile par deux soldats, baïonnette au canon. Arrivées à Menin, elles refusent de travailler et sont ramenées en prison à Halluin. Le 21 décembre, les Allemands cèdent devant la réclamation posée par M. Paul Lemaitre. Les jeunes filles sont relâchées.
On pourrait citer d’autres faits à longueur de colonnes. Dans l’agenda où il a noté au jour le jour les moindres faits de l’occupation, M. Desquemack signale un incident presque chaque jour.
La fabrication des sacs à terre, qui devaient servir à la protection des tranchées ennemies, semble avoir soulevé le maximum d’opposition. Mais il y eut bien d’autres raisons.
Le passage des prisonniers alliés, que les halluinois, pourtant privés du strict nécessaire, voulurent aider quand même, déclencha les foudres de l’occupant. Le camouflage de déserteurs alsaciens ou lorrains valut la prison à plusieurs. Il y eut aussi l’incident Quivron, un jeune garçon qui avait écrit sur son cahier de classe, ce qu’il pensait de l’occupant et du Kronprinz, et qui fut puni brutalement.
Il faut se souvenir que l’occupation dura du 14 octobre 1914 au 17 décembre 1918, et que la proximité du front (12 km) n’arrangeait pas les choses.
L’Evacuation des halluinois et les bombardements
Le premier ordre d’évacuation intervint le 2 novembre 1915 ; Il intéressait 13 habitants. La plus importante fut décidée le 26 juin 1917 et visait 6 000 habitants qui pour la plupart furent accueillis à Hal, près de Bruxelles. Il y en eut 600 autres le 8 juillet de la même année. 741 volontaires en septembre 1918, tandis qu’en octobre, la ville était quasi-vide.
Evacuation d'Halluin : 26-28 Juin 1917.
(Photo CR DD 14250 n° Img 636)
Le rapprochement de la bataille (deuxième offensive des Flandres) entraîna l'évacuation massive des 6000 Halluinois en l'espace de trois jours (Le reste de la population devant les suivre quelques semaines avant l'armistice). Nos concitoyens furent rassemblés sur la grand-place avant d'être orienté vers la gare.
On les voit ci-dessus, sur les quais avec un maigre bagage, attendant vers les centres d'accueil de Halle, Overijse, Mazenzele, Mechelen. Certains par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, ont pu se rendre dans le sud de la France, en passant par Genève.
Pendant ce temps, arrivaient à Halluin des évacués de Wervicq et Comines qui, le plus souvent, trouvèrent des maisons pillées et saccagées. En fait, le pillage et les destructions causées par l’occupant firent autant, sinon plus, de dégâts que les bombardements.
M. Desquemack ne signale pas moins de 100 jours de bombardements parfois légers, souvent prolongés. Il y eut aussi de nombreux tués et d’innombrables blessés. Le 21 mars 1918, 15 Halluinois furent tués, 3 le 18 août 1917, 3 le 7 décembre 1917, 4 le 28 juin 1918, etc.
On a dénombré (et le chiffre est sans conteste inférieur à la réalité) environ 700 bombes et obus qui sont tombés sur la ville.
Un très lourd tribut
La Ville d’Halluin eut à payer une lourde contribution à l’occupant. A cela vinrent s’ajouter les amendes « classiques » imposées à cause du refus de payer ou pour faits de résistance. C’est plus de 10 millions qui furent ainsi exigés, ce qui est énorme. Il y eut notamment une amende de 100 000 F pour avoir caché des Alsaciens déserteurs, ce qui valut 11 ans de travaux forcés à M. Ovigneur qui mourut en prison.
Mais mieux, que tous ces faits, les affiches que nous reproduisons soulignent « l’ambiance » de cette période tragique. Elles témoignent de la brutalité des ordres de l’occupant, de sa rage devant la résistance. Mais elles soulignent surtout la volonté farouche des Halluinois de ne pas plier aux ultimatums de la Kommandantur. Il fallait beaucoup d’audace et de courage pour faire front : c’est cela surtout qu’il fallait mettre en évidence.
Quatre cent trente-six Halluinois sont Morts pour la France en 1914 – 1918 : 23 Civils ont été tués. C’est un très lourd tribut. Tant de sacrifices, d’héroïsme, de résistance, ne doivent pas être oubliés.
Halluin était quasi-déserte et pillée à la proclamation de l’Armistice.
Cette fois, toute la population pourra rendre hommage à ceux qui furent les artisans de la Victoire. Elle le fera notamment en pavoisant et en ayant une pensée pour tous ceux qui, connus et inconnus, ont si bien servi et défendu leur petite et leur grande Patrie.
18/11/2010 et 8/11/2012.
- Affichages : 4555
Durant la guerre 14/18, devant l'école du Sacré-Coeur,
les troupes allemandes se mettent en mouvement.
(photo n° 1871)
Halluin occupée, sous la responsabilité
de M. Paul Lemaitre-Boutry.
Ou le récit de l’Halluinois Michel Everaert.
Les générations passent, les mauvais souvenirs également. De semblables choses, comme les évènements de la Première guerre mondiale, ne s’oublient pas, et nous pouvons retrouver dans des archives, trace de cette époque relevée par M. Michel Everaert, qui met surtout en lumière l’action du représentant de la Ville.
« A cette époque, c’était M. Lemaitre qui faisait fonction de Maire de la Ville. Il apporta ses soins et son dévouement à la construction de l’hôpital-hospice au Mont d’Halluin.
Cet édifice devait remplacer celui édifié rue Gustave Desmettre dans les immeubles habités plus tard par la famille Carton. Hélas la guerre planait à l’horizon. L’Allemagne était prête à envahir la France.
A ce moment de la déclaration de guerre, M. Paul Lemaitre était âgé de 39 ans et père de dix enfants, ce qui lui permit de demeurer à Halluin où un rôle important l’attendait.
M. Pierre Defretin, Maire et M. Louis Odou-Loridan, deuxième adjoint, étant tous deux septuagénaires, l’Administration de la Ville fut confiée à M. Lemaitre-Boutry, dès l’arrivée des Allemands le 16 octobre 1914.
M. Lemaitre eut de constants rapports avec la kommandantur. Il en recut les ordres, subit les menaces et eut à répondre à des réquisitions chaque heure, de jour comme de nuit. On le recherchait pour lui dire : « Monsieur Paul, on vous demande à la Kommandantur ».
Il s’y rendait quand même, malgré son sentiment instinctif de révolte car il savait l’accueil qui l’attendait, la nature des ordres qu’il allait recevoir et les insultes dont il allait être abreuvé.
Il fut emprisonné à cinq à six fois pour des périodes variant entre six et quinze jours, pour avoir résisté aux prétentions allemandes notamment au sujet du paiement des contributions de guerre et surtout du refus de payer le travail des ouvriers dans les usines.
Ce fut à cette époque, le 30 juin 1915, que parut la fameuse lettre du commandant de place exigeant que tout ce dont l’autorité allemande avait besoin pour l’entretien des troupes fut fabriqué par des ouvriers du territoire occupé, sous peine de destruction de la Ville. Cette lettre put être expédiée à Paris et fut publiée par tous les grands quotidiens de la capitale.
La reproduction de cet écrit amena l’ouverture d’une enquête faisant subir à M. Lemaitre de nouvelles insolences et menaces de mort. Malgré cela, M. Lemaitre fit preuve d’une énergie admirable, d’une patience raisonnée et d’un patriotisme ardent.
Il intervint pour protester contre les brutalités exercées sur les prisonniers. Lorsque les prisonniers anglais, italiens et français furent gardés dans les usines de la Ville, il parvint à l’aide de mille subterfuges à leur faire remettre des vivres, du linge, et même des vêtements.
Il protesta contre l’emploi près des lignes de feu d’habitants valides de la Ville et travailleurs civils amenés en Belgique. Il refusa toujours de livrer des assistés pour les soustraire le plus possible au travail pour l’ennemi.
Enfin, grâce à lui, les offices religieux purent encore être célébrés dans l’église paroissiale, alors que les Allemands voulaient l’accaparer.
Par contre, il ne parvint pas à empêcher la transformation de ce lieu du culte en écurie pour les chevaux des soldats de la garde impériale, et c’est avec des larmes aux yeux qu’il vit enlever les cloches.
Pendant toute la durée de l’occupation, M. Lemaitre fit tout ce qui était humainement possible pour le ravitaillement de la population en vivres, linge, charbon.
En juin 1917, lorsque l’autorité allemande exigea l’évacuation de la ville par moitié, il protesta et réclama l’application de toutes les mesures propres à rendre le départ des habitants moins pénible.
A l’évacuation générale, le 30 septembre et le 1er octobre 1918, il partit l’un des derniers, par le Mont d’Halluin. Quelques jours plus tard, le 17 octobre, Halluin était libérée et le lendemain, M. Lemaitre était de retour. Les Halluinois respiraient aussi, délivrés de ce cauchemar qui avait causé beaucoup de vide et de souffrances ».
17/11/2010.
- Affichages : 3293
En 1916, les soldats allemands stationnent place de l'église,
devant le café du lion d'or et celui du Saint Sébastien.
(photo n° 1881)
1915 : Halluin ville occupée.
1915, dix ans à peine après l’application dans la commune de la loi de séparation des églises et de l’état, la situation est autrement tragique. 1915, c’est une année de guerre pour Halluin située dans la zone envahie très proche du front.
Voici le récit de l’historien halluinois Roland Verkindère :
Depuis juillet-août 1914 les évènements se sont précipités. Service militaire à trois ans, Jaurès assassiné et après la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, mobilisation générale, union sacrée.
Même les pères de quatre enfants sont appelés. Halluin comptera plus de 2 500 mobilisés qui ne reverront plus leur commune avant, au mieux novembre 1918.
La réalité pour Halluin est cruelle. A la mi-octobre les troupes ennemies occupent la ville, pour quatre ans. Avec immédiatement des mesures à prendre afin d’assurer un minimum de ravitaillement.
Au mois d’août 1914 le conseil municipal se réunit chaque semaine et tente d’organiser les répartitions. En octobre il est conduit à émettre du papier-monnaie communal pour honorer les dépenses municipales et apporter de l’aide aux plus pauvres.
15 480 habitants
Devant les demandes de plus en plus pressantes des autorités d’occupation, le maire, Pierre Defretin, s’efforce d’apitoyer l’autorité militaire occupante en rappelant la modestie des ressources de la commune. Comme en témoigne une note remise à l’intendance militaire allemande :
« La ville compte 15 480 habitants : 11 480 au Bourg, 4 000 dans les hameaux (Colbras et Mont). Les hameaux comportent des maisons isolées, habitées le plus souvent par de pauvres ouvriers. La Ville est très endettée. Pour installer sa distribution d’eau, ses écoles, son hospice, son abattoir, son cimetière, ses chemins, etc… elle a dû faire des emprunts successifs sur lesquels elle doit encore plus d’un million.
16 % des habitants acquittent la contribution mobilière. C’est peut-être la proportion la plus faible qui existe dans le Nord de la France. C’est une ville de travailleurs et de pauvres où ne se trouvent ni théâtre, café-concert, ni spectacle… La population se répartit entre 3600 familles sur lesquelles actuellement 2500 sont assistées par le bureau de bienfaisance et l’Etat… »
En 1915 Halluin se voit imposer et vivre à l’heure allemande. Lourde et pénible atmosphère. Au point de provoquer une crise majeure quand il est constaté notamment que certaines entreprises se voient contraintes de tisser des sacs pour contenir la terre des tranchées ou des meurtrières en bois utilisées dans les lignes ennemies sur le front.
Les élus sous la menace
Du 26 au 30 juin la tension atteint son paroxyme. Le 30 juin 1915, à 9 h du soir le conseil municpal et les notables (une soixantaine de personnes dont certaines emprisonnées depuis deux jours) se sont réunis à l’usine de M. Loridan, rue Saint-André, (actuelle rue Gabriel Péri) sur la convocation et sous la Présidence de Pierre Defretin, maire.
Le premier magistrat est partisan de la résistance mais il ne veut pas assumer seul la responsabilité d’une décision aussi importante : refuser de payer les sacs et objets destinés aux tranchées et de conseiller aux ouvriers la reprise du travail.
Vers 23 h, le commandant Schranck accompagné de son interprète et de soldats en armes porteurs de fallots, fait son entrée dans la salle Loridan et s’avance jusqu’au bureau. Une déclaration est lue contenant les dernières demandes de l’autorité supérieure :
« Que tout ce que nous avons besoin pour l’entretien de nos troupes soit fabriqué par les ouvriers du territoire occupé, que tous les ouvriers reprennent le travail sans délai ».
Sinon : arrestation immédiate de tous les membres présents, déportation de la municipalité, isolement en forteresse, déportation en Allemagne, au régime des travaux forcés du conseil municipal et des notables, amendes, interdiction de circuler, « affamation » de la ville, cantonnements supplémentaires et dernières extrémités ; anéantissement de la ville et suppression de vies humaines, pour le général en chef la vie d’une population de 15000 habitants important peu ».
A une légère majorité (28 voix contre 25) l’assemblée se prononce, sous la contrainte et les menaces, pour la reprise du travail afin d’éviter à la population le pillage, l’incendie et le meurtre.
23 h30, le commandant rentre en séance. Le maire lui fait part du résultat. Le commandant donne sa parole d’honneur d’officier et d’homme d’intervenir, aussitôt la reprise du travail, auprès du général pour faire cesser autant et aussi vite que possible la fabrication d’objets destinés aux tranchées.
Les otages restent en prison
L’administration et les otages restent en prison jusqu’à la reprise du travail ; les conseillers municipaux et notables sont libres. La reprise du travail se fera non sans réticences.
La tension dramatique de juin 1915 laissera des traces. Par ailleurs, prise sous la contrainte pour éviter le massacre, la décision de la nuit du 30 juin alimentera longtemps les polémiques et notamment en 1919, Halluin occupée fin 1914 et en 1915, c’est une population dispersée, évacuée dans les pires conditions.
Libérée en octobre 1918, en ruines, maisons bombardées, usines pillées et pour la plupart détruites, Halluin n’atteignait de nouveau 6500 habitants qu’en décembre 1918.
Comme l’écrit l’Abbé Demeulenaere en cette fin 1918 :
« Sur les ruines accumulées par la guerre, la vie commence à s’épanouir de nouveau ».
15/11/2010.
- Affichages : 3213
La foule au cimetière d'Halluin, pour les funérailles
des victimes du bombardement du 21 mars 1918.
Les corps sont inhumés en présence du clergé et de la municipalité.
(photo n° 1133)
« Le Soldat Inconnu »… Historique.
En 1918, les régions du Nord, de la Champagne ou de l’Est sont recouvertes de cimetières. Des millions de croix que l’on a souvent élevées à la hâte. Elles ne portent souvent qu’un simple nom, une date, et une mention : « Soldat Français », « Soldat Allemand », « Soldat Britannique »… Mais parfois, aucun nom, aucune inscription.
Un homme est mort ici, mais qui était-il ? Tombes anonymes où l’on a mis des restes humains. Personne pour venir les pleurer. Pourtant, quelque part dans le monde une mère, une femme, un enfant les cherchent.
Lorsque les canons se sont tus, on a mis ces restes dans d’immenses nécropoles. Ils s’y retrouvaient entre inconnus, entre anonymes. Pourtant leur nom figure sur un monument aux morts, mais nul ne sait où ils reposent.
À l'occasion du premier anniversaire de l'armistice de 1918, la France invente le cérémonial de la «minute de silence» en hommage aux victimes du conflit.
L'année suivante, le 11 novembre 1920, la IIIe République célèbre son cinquantenaire en transférant le coeur de Gambetta au Panthéon et, pour la première fois, rend hommage à un Soldat inconnu mort pendant la Guerre 1914-1918, représentant anonyme de l'ensemble des «Poilus» et des «Gueules cassées» morts pour la France.
Evoquée une première fois par François Simon, président du Souvenir français de Rennes, l'idée d'honorer un soldat tué au champ d'honneur et non identifié se dégage rapidement dans l'opinion française.
Dans un premier temps, la Chambre des Députés décide qu'il reposera au Panthéon. Mais une campagne de presse amène le 8 novembre 1920, le Parlement a voté à l’unanimité, deux articles :
« Les honneurs au Panthéon seront rendus aux restes d’un des soldats non identifiés morts au champ d’honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920
Le même jour, les restes du Soldat inconnu seront inhumés sous l’Arc de Triomphe ». L'idée est de Charles Dumont.
Le ministre de la Guerre et des Pensions, André Maginot, ancien sergent du 44ème RIT, lui-même grand blessé de guerre (il se déplace appuyé sur deux cannes), ordonne aussitôt aux neuf commandants de Région de faire exhumer «dans un point de chaque région pris au hasard et qui devra rester secret, le corps d'un soldat identifié comme Français, mais dont l'identité n'aura pu être établie».
Neuf cercueils sont envoyés de l’Artois, de la Somme, de l’Ile de France, du Chemin des Dames, de Verdun, de Lorraine et des Flandres. En fait, il n’y en a que 8. On n’est pas certain que le 9ème corps soit celui d’un Français.
Chaque corps est placé dans un cercueil de chêne et dirigé sur Verdun, où la cérémonie se déroule, le 9 novembre 1920, dans une galerie de la citadelle transformée en chapelle ardente. Des soldats du 132ème régiment d’infanterie rendent les honneurs.
Avant que La Marseillaise ne retentisse, Le ministre André Maginot s’arrête devant un engagé volontaire de la classe 19 et dont le père est mort à la guerre. Le ministre tend au soldat Augustin Thin un bouquet d'oeillets rouges et blancs, cueillis sur le champ de bataille de Verdun
Augustin Thin, engagé le 3 janvier 1918, est un des survivants du 234e régiment d’infanterie (RI), décimé en Champagne en juillet 1918. Muté au 132e RI, caserné à Verdun, il avait alors raconté :
« J’avais été choisi pour désigner le cercueil parce que j’étais le plus jeune engagé soldat de 2e classe et ancien combattant du 132e RI, le régiment de Verdun ». Le soldat Thin additionne les trois chiffres de son régiment, cousus sur l’écusson du col de sa capote, et obtient le nombre six : « J’ai déposé un bouquet d’œillets rouges et blancs sur le sixième cercueil ».
Le cercueil sur lequel Augustin Thin déposera le bouquet, sera celui du « Soldat inconnu ». Le soldat fait le tour des cercueils et dépose son bouquet sur le cercueil (6ème) placé à gauche du troisième catafalque. Le soldat inconnu est désigné.
Conduit à la gare de Verdun sur un affût de canon, le cercueil du Soldat inconnu arrive à la gare parisienne de Denfert-Rochereau pour une cérémonie au Panthéon puis est porté par six soldats dans une chapelle ardente au premier étage de l'Arc de Triomphe, avant d'être définitivement inhumé sous la voûte de l'Arc le 28 janvier 1921.
12/11/2010.
- Affichages : 2669
Le 30 Juin 1915, le conseil municipal et un certain nombre de notables sont convoqués d’urgence à 19 heures pour se réunir à 21 heures à l’usine Loridan.
« C’est à peine si on se voit dans ce magasin immense qui n’est éclairé que par la faible lueur d’une ou deux bougies. Il n’y a que deux chaises, si bien que l’assemblée en est réduite à se tenir debout » décrit le compte-rendu.
M. Pierre Defretin prend la parole et explique les motifs de ce conseil :
« Premièrement : le refus de la ville de continuer le paiement des lourdes réquisitions de salaires des ouvriers travaillant dans les tissages et scieries. D’abord parce qu’elles surpassent les ressources communales : ensuite parce que certaines ont directement trait aux opérations de la guerre.
Deuxièmement : les menaces d’affamation (sic), de destruction et d’effusion de sang portées contre la ville et ses habitants si, dans les usines en question, le travail n’est pas immédiatement repris ».
M. Defretin ne cache pas qu’il est partisan de la résistance mais ne veut pas décider seul. Comme il l’écrit au commandant allemand de la place :
« Je ne puis oublier qu’il y a 2.500 Halluinois sous les drapeaux (…) et je ne voudrais pas qu’un seul puisse me reprocher un jour d’avoir aidé à forger des armes contre eux… ».
La situation est grave : quelques jours après que l’administration municipale ait refusé de continuer à payer, les ouvriers ont quitté les usines en emportant le matériel. La Kommandantur qui a besoin des usinespour fabriquer des objets défensifs (notamment des sacs de sable) prend des mesures arbitraires et liberticides.
Les usines continuent d’être réquisitionnées et la Kommandantur s’engage à payer le salaire des ouvriers. Mais si ceux-ci ne reprennent pas le travail, « ils seront arrêtés, internés et conduits journellement au travail sous surveillance militaire ».
Tous les estaminets et restaurants sont fermés, toutes les communications interrompues, toute circulation interdite entre 17 heures et 9 heures interdite, « Toutes les fenêtres et tous les volets du côté rue doivent être fermés ».
Mais surtout, les Allemands désignent des otages, dont le maire.
« Emprisonnés dans une usine, ils sont autorisés à se faire apporter leur dîner, mais on vient de les aviser qu’ils seront désormais traités au pain et à l’eau avec droit cependant tous les trois jours à une ration chaude.
A 18 heures, ils sont transférés à l’usine Loridan et découvrent qu’une vingtaine d’Halluinois sont également prisonniers.
Le 30 juin, les Allemands décrètent :
« Que la responsabilité du maire est gravement engagée et que des mesures rigoureuses vont être prises qui vont, s’il le faut, jusqu’à la fusillade d’un millier de personnes, jusqu’au bombardement même.
C’est alors que le maire demande à consulter le conseil municipal et les notables. Les Allemands acceptent et les voici, ce 30 juin à 21 heures, à tenir la vie de la ville entre leurs mains.
Anéantissement de la ville
L’un des premiers à prendre la parole fut le curé-doyen Emile Deram qui félicita le maire et les prisonniers pour leur « noble et patriotique attitude ». Les participants à l’assemblée expriment ensuite leurs craintes sur le fait qu’Halluin serve d’exemple.
Ainsi le commissaire de police interrogé dit ceci : « L’administration militaire allemande n’hésitera pas à commettre quelqu’acte suffisant pour terroriser la ville et faire un exemple ».
Finalement, les patrons racontent qu’ils fabriquent dans leurs usines des vestons et pantalons pour les officiers allemands, mais aussi des cercueils, des croix, des bols, des tabliers, des draps… « L’assemblée se montre intraitable sur la question de la fabrication des sacs qu’elle considère comme du matériel de guerre ».
Peu après, arrive le commandant Schranck : «Nous sommes la force et nous n’avons pas à justifier nos actes. Nous vous demandons que tout ce dont nous avons besoin pour l’entretien des troupes soit fabriqué par les ouvriers du territoire occupé.
Je peux vous assurer que l’autorité allemande ne se départira d’aucune condition de ses demandes et de ses droits, même si une ville de 15 000 habitants devait périr ».
Il demande une dernière fois à l’assemblée de réfléchir et menace de déportation toutes les personnes présentes et « anéantissement de la ville ».
L’assemblée a alors un quart d’heure pour se prononcer. Finalement :
« A une légère majorité, l’assemblée contrainte par la force et les menaces, et pour éviter à la population le pillage, l’incendie, le meurtre, se prononce en faveur de la reprise.
Il est minuit, ce 30 Juin 1915.
Lu à HALLUIN, le 30 Juin 1915, à 11 heures ½ du soir.
Au Conseil Municipal et aux notables de la Ville d’HALLUIN.
Messieurs,
Les évènements qui se passent sont connus à tous ces messieurs.
C’est la conception et l’interprétation de l’article 52 de la Convention de la Haye qui a créé les différences entre vous et l’Autorité militaire Allemande. De quel côté est le droit, ce n’est pas à nous de le discuter, parce que nous ne sommes pas compétents et nous n’arriverons jamais à nous entendre sur ce point là. Ce sera l’affaire des diplomates et des représentants des différents états après la guerre.
Aujourd’hui c’est exclusivement l’interprétation de l’Autorité militaire Allemande qui est valable et en raison de cela, nous demandons que tout ce que nous avons besoin pour l’entretien de nos troupes soit fabriqué par les ouvriers du territoire occupé.
Je puis vous assurer que l’autorité militaire Allemande ne se départira sous aucune condition de ses demandes et ses droits, MEME SI UNE VILLE DE 15.000 HABITANTS EN DEVRAIT PERIR.
Les mesures introduites jusqu’à présent ne sont qu’un commencement et chaque jour il y aurait des mesures plus sévères jusqu’à ce que notre but soit atteint.
C’est le dernier mot et le bon conseil que je vous donne ce soir : revenons à la raison et faites en sorte que tous les ouvriers reprennent le travail sans délai, autrement VOUS EXPOSEZ VOTRE VILLE, VOS FAMILLES et votre personne même AUX PLUS GRANDS MALHEURS.
Aujourd’hui et peut-être encore pour longtemps, il n’existe pour HALLUIN, ni Préfecture, ni Gouvernement Français, il n’y a qu’une seule volonté et c’est la volonté de l’autorité militaire Allemande.
Le Commandant de Place,
signé : S C H R A N C K.
Pour copie conforme,
Le Maire d’HALLUIN
P. DEFRETIN
- Affichages : 3651
(X DD 30795 n° Img 327)
L’Armistice du 11 Novembre 1918... Historique :
Le lundi 11 novembre 1918, à 11 heures, dans toute la France, les cloches sonnent à la volée. Au front, les clairons bondissent sur les parapets et sonnent le «Cessez-le-Feu», «Levez-vous», «Au Drapeau». La «Marseillaise» jaillit à pleins poumons des tranchées. Même soulagement en face, dans le camp allemand.
Pour la première fois depuis quatre ans, Français et Allemands peuvent se regarder sans s'entretuer. Un armistice a été conclu le matin entre les Alliés et l'Allemagne, dernière des Puissances Centrales à rendre les armes. Il laisse derrière lui huit millions de morts et six millions de mutilés.
Les survivants ont perdu la foi dans les valeurs morales et spirituelles qui ont fait la grandeur et l'unité de l'Europe. Mais ils veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la «der des der»...
La défaite inéluctable de l'Allemagne
Dès l'échec de leur contre-offensive de juillet 1918, les Allemands ont compris qu'ils n'avaient plus aucun espoir d'arracher la victoire.
Les troupes américaines, potentiellement fortes de quatre millions d'hommes, arrivent en renfort des Anglais et des Français. Le 3 octobre, convaincu de l'inéluctabilité de la défaite, l'empereur Guillaume II nomme chancelier le prince Max de Bade, un modéré dont il espère qu'il saura obtenir des conditions de paix convenables de la part des Alliés.
Les Puissances Centrales se délitent
L'Allemagne bascule dans l'anarchie et la guerre civile.
Le 3 novembre, dans le port de Kiel, les marins de la flotte de guerre refusent d'aller à nouveau au combat. Ils se mutinent et entraînent les ouvriers de la ville. La contagion révolutionnaire se répand à Hanovre, Cologne, Brunswick, Munich,...
Entre temps, l'un après l'autre, les alliés de l'Allemagne cessent les combats et signent des armistices (l'armistice est un arrêt des combats dans l'attente d'un traité de paix en bonne et due forme).
Le 9 novembre au matin, la contagion révolutionnaire gagne Berlin. Le prince Max de Bade téléphone à l'empereur, à Spa. «Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile», lui dit-il. Comme ses propres généraux plaident aussi en faveur de l'abdication, Guillaume II s'y résout et part en exil.
Un armistice mal accepté
Les militaires s'étant défaussés, c'est à un civil, Matthias Erzberger, que revient la pénible tâche de négocier l'armistice.
En France, la demande d'armistice fait débat. Le président de la République Raymond Poincaré et le général Philippe Pétain voudraient profiter de l'avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l'Allemagne elle-même et signifier à celle-ci l'étendue de sa défaite.
Mais le généralissime des troupes alliées, Ferdinand Foch, et le chef du gouvernement, Georges Clemenceau, ne croient pas l'armée française capable de se battre encore longtemps et souhaitent en finir au plus vite.
(…) Finalement, le dimanche 10 novembre en début de soirée, entre 19 et 20 h, deux messages arrivent à la délégation allemande à Rethondes. C’est l’autorisation de signer l’armistice. La séance commence le 11 novembre à 2 h 15.
Le général Weygand lit chaque clause article par article. Chaque point est discuté. Le texte stipule notamment la cessation des hostilités, sur terre, sur mer et dans les airs « six heures après la signature de l’armistice ». ; l’évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg et l’Alsace-Lorraine. Le rapatriement immédiat de tous les déportés.
Mais aussi l’abandon par l’armée allemande de 5.000 canons, 25.000 mitrailleuses, 1.700 avions de chasse et de bombardement. L’évacuation de la rive gauche du Rhin par l’armée allemande. La livraison de 5.000 locomotives, 150.000 wagons, 5.000 camions automobiles. La livraison de tous les sous-marins, le désarmement des navires de guerre…
(X DD 30797 n° Img 328)
L'armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre à 5h10 du matin. Six heures plus tard, le « cessez-le-feu » entre en vigueur. A 11 h 30, la délégation allemande quitte Rethondes pour Tergnier où se trouvent leurs automobiles.
Les Français ne manquent pas de noter que ce jour est la fête du saint patron de leur pays, Saint-Martin.
Les Allemands se voient donc soumettre des «conditions »sans aucune marge de négociation:
– Ils doivent livrer l'essentiel de leur armement, de leur aviation et de leur flotte de guerre.
– Leur armée est sommée d'évacuer sous 30 jours la rive gauche du Rhin (en Allemagne même !) ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite, Coblence, Cologne et Mayence.
L'armistice est conclu pour 36 jours mais sera régulièrement renouvelé jusqu'au traité de paix du 28 juin 1919.
Amertume des vaincus
La demande d'armistice étant venue des représentants civils et non militaires de l'Allemagne, ces derniers échappent à l'infamie de la défaite. À Berlin, les représentants de la jeune République accueillent les combattants en ces termes: «Soldats qui revenez invaincus»
Dans les mois qui suivent l'armistice, les généraux Ludendorff et Hindenburg attribuent avec aplomb la défaite militaire à un «coup de poignard dans le dos» de la part des politiciens et des bourgeois cosmopolites. L'expression est reprise avec ferveur par les Allemands meurtris et humiliés. Elle va faire le lit des partis ultranationalistes, dont le parti nazi.
Le cessez-le-feu fut sonné à la Capelle-en-Thiérache
A bout de ressources, menacée par des menées révolutionnaires, l’Allemagne envisagea de déposer les armes et prit langue avec l’adversaire. Foch se prépara à recevoir les plénipotentiaires,quelque part sur l’axe La Capelle-Chimay-Guise, à mi-chemin de Spa, où se trouvait l’état-major allemand, et de Rethondes.
Le 5 novembre, à 6 h, un soldat hazebrouckois de veille au centre radio de la tour Eiffel fut éberlué en recevant le message suivant :
« Nous désirons entrer en relations avec vous en vue de pourparlers sur un éventuel armistice ».
Deux jours plus tard, à La Capelle, le capitaine Lhuillier, commandant le 1er bataillon du 171e RI, averti, lança à son médecin :
« Vous n’aurez pas besoin de brancardiers ce matin ! »
Et pour cause ! Le même jour, dans la clairière de Rethondes, le train amenant le wagon de l’armistice s’immobilisa et la délégation allemande quitta Spa… A 20 h 30, à Haudroy, au nord-est de La Capelle, le caporal Sandoz, terré dans son trou de mitrailleur, vit surgir les phares de voitures dont la première portait un drapeau blanc (confectionné avec une nappe « empruntée » à Fourmies).
Au garde-à-vous devant le capitaine Lhuillier, le général Von Winterfeldt demanda à être conduit aux autorités militaires françaises. Le capitaine ordonna alors au clairon Sellier de sonner le cessez-le-feu.
Celui-ci se remémora l’air (« T’as tiré comme un cochon… T’auras pas d’permissions ») et joua de tout son cœur. De sa vie, il ne devait oublier cet instant qu’attendaient des millions d’hommes. Juché sur un marche-pied, il joua ensuite tous les airs qui lui passaient par la tête, accompagnant le convoi vers La Cappelle où les drapeaux sortaient des greniers.
A la villa Pasques, sous le portrait de Napoléon III, le capitaine de Bourbon-Busset, le père de l’écrivain, accueillit la délégation et la dirigea vers Saint-Quentin. Peu avant la ville, les voitures s’arrêtèrent devant le presbytère d’Homblières (il existe toujours et, sous les feuilles, une plaque rappelle l’évènement) où fut servi un hâtif repas avant, qu’à 1 h 30, tout le monde ne reprenne la route pour Chauny où la locomotive était sous pression.
Le train s’arrêta dans la clairière de Rethondes où furent déterminées les conditions imposées aux Allemands dont la réponse fut exigée pour le 11 novembre à 11. Dans un réduit du wagon-bureau du train français travaillaient les deux secrétaires-dactylographes de Foch :
L’un, Henri Deledicq, né à Lille, retapera, à cinq heures, dans la nuit du 10 au 11, les exemplaires de la dernière page de la convention d’armistice. Etais-ce la presse, l’émotion ? Il plaça le carbone à l’envers. Aucun des signataires des deux parties, en paraphant, à 5 h 10, ne s’en aperçut…
Plus de neuf millions de morts
Du 7 au 11, on mourut encore. Afin de « maintenir la pression », le comandement français ordonna le 9 novembre à six bataillons des 415e, 142e et 19e régiments d’infanterie de franchir, à Vrigne-Meuse, dans les Ardennes, le fleuve séparant les adversaires.
Le 11 novembre, à 10 h 50, alors que le village était atteint, l’agent de liaison Augustin Trébuchon fut tué. Il fut le dernier mort au combat de la Grande Guerre… Dix minutes plus tard, le soldat Delaluque sonna le cessez-le-feu qui fut repris sur toute la ligne de front.
La guerre était terminée. L’Europe était exsangue : les pertes militaires, pour ne parler que de celles-ci, s’élevaient à plus de neuf millions de morts…
Inauguration à Halluin...
de la Rue du 11 Novembre 1918 :
Inauguration à Halluin de la rue du 11 Novembre 1918...
Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin
dévoile la Plaque du 11 Novembre 1918.
(ARPH DD 330801 n° pla)
Inauguration de la rue du 11 novembre 1918, (ancienne rue verte),
par M. Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin.
(à sa gauche, M. Antoine Demeestère président de l'UNC,
et à sa droite, son 1er adjoint M. Adrien Verkindère).
(ARPH DD 30802 n° pla)
Le square du 11 Novembre 1918 rénové en 2011...
(DD 30799 n° arm)
... Fleurissement en Eté 2012.
(DD 30800 n° arm)
Voir aussi... cliquez ci-dessous :
Rue du 11 Novembre 1918 (Rénovation terminée - Avril 2015).
Bataille de Verdun... et Halluin 2/2 - 21 Février 1916 (Il y a 100 ans).
Bataille de Verdun... et Halluin 1/2 - 21 Février 1916 (Il y a 100 ans).
Bataille de Verdun - 21 Février 1916 (Il y a 100 ans).
Guerre 14/18 - Tranchée allemande et française (La Bataille de Verdun... Historique).
Guerre 14/18 - Militaires Halluinois (Le Récit du Mobilisé - Photos Verdun).
Guerre 14/18 - Le Maréchal Pétain à Lille (Philippe Pétain - Historique).
Guerre 14/18 - Le Monument aux Morts (La Symbolique des Monuments aux Morts).
Guerre 14/18 - Commémoration de la Bataille de Verdun en 1964.
Hommage à " Ceux de Verdun" (1969)
Guerre 14/18 - Trois halluinois rescapés de Verdun, 24/6/1976 (Qu'est-ce qu'un Poilu ?).
Guerre 14/18 - UNC - Halluin 50ème anniversaire en 1968 (Albert Tierrie ancien "Poilu" à 97 ans)
Guerre 14/18 - Henri-France Delafosse Zouave pendant 42 mois.
Delafosse-Danset Marie-Antoinette (1914 - 2008).
Guerre 14/18 - Monument aux morts - Dessin Gobert (Lieux de Mémoire du Nord à la Somme).
Guerre 14/18 - Un wagon en gare d'halluin (Le Wagon de l'Armistice... Historique)
Stèles au cimetière (Soldats Halluinois Morts en 1914-1918).
Guerre 14/18 : La Reconnaissance Halluinoise Oubliée ! (1918 - 2018).
Guerre 14/18 - Centenaire : Arrivée Soldats Américains (1917 - 2017).
Cérémonie 99ème Anniversaire 11 Novembre 1918 - 2017 (fin 2/2).
98ème Anniversaire du 11 Novembre 1918 - 2016.
97ème Anniversaire du 11 Novembre 1918 - 2015 (1/2).
97ème Anniversaire du 11 Novembre 1918 - 2015 (suite et fin 2/2).
25/8/2010 - 10/11/2018
Commentaire et Photos : ARPHalluin - Presse - Daniel Delafosse
- Affichages : 5444


Probablement durant la guerre 14/18 - Les cuisines militaires -
(photos n° 3489 - 4065)
- Affichages : 1397
En 1918, société philantropique d'aide et protection aux réfugiés halluinois.
(photo n° 1681)
- Affichages : 1313