En 1945, Maurice Schumann en visite à Halluin,
après la Libération de Septembre 1944.
1ère photo : Albert Louf (chapeau clair),
Maurice Schumann et Gérard Verkindère (1er plan).
2ème photo : Devant l'ancienne mairie rue abbé bonpain,
quelques jours après la Libération de la ville,
de gauche à droite : Etienne Bauwens,
Henri-France Delafosse derrière Albert Louf (1er plan),
Gérard Verkindère (béret), Maurice Schumann (chapeau).
(photos n° 3032 et 3034)
La Libération d'Halluin - Septembre 1944
Le 50ème anniversaire de la Libération d'Halluin,
célébré les 9, 10 et 11 Septembre 1994.
Les cérémonies du 50ème anniversaire de la Libération d’Halluin ont débuté le vendredi 9 septembre 1994. Pas seulement un évènement, mais le point final d’une série de sacrifices qui ont jalonné toute la période noire de l’occupation.
« Si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie ! » C’est sur cette pensée d’André Malraux qu’a été ouverte l’exposition proposée les 9, 10 et 11 septembre 1994.
Ce vendredi soir 9 septembre, un sentiment de recueillement et le souvenir des hommes morts pour la liberté prédominaient dans la salle du centre culturel « Albert Desmedt », où un nombre impressionnant de documents ont été réunis par Daniel Delafosse de la Ville, une des chevilles ouvrières de l’exposition, avec l’association « A la Recherche du Passé d’Halluin » et les associations patriotiques.
Que de souvenirs réunis dans une même salle. Certains ressortis des greniers et albums de famille. D’autres souvenirs douloureux souvent rassemblés pour que les gens se souviennent des heures noires de l’occupation, des drames et des joies de la libération tant attendue. Du sacrifice des enfants d’Halluin qui ont donné leur vie pour elle et leur nom à nos rues
Tout cela a représenté un laborieux travail de recherche et de collaboration étroite entre la ville, les associations et les Halluinois qui ont fouillé leurs tiroirs.
Voici le texte lu, avant l’ouverture officielle de l’exposition, par Madame Danièle Mullier :
« Daniel Delafosse, une des chevilles ouvrières de cette exposition a rédigé ce préambule.
Il devait le lire ce soir, mais a été retenu par un déplacement urgent à Annecy (Haute-Savoie) :
Le cinquantenaire de la libération a suscité de nombreuses expositions dans tout le pays, et cette commémoration doit éveiller l’intérêt des jeunes et réveiller la mémoire des Aînés.
Si dans les grandes villes, les souvenirs sont mémorables, ceux-ci sont souvent plus modestes dans les petites ou moyennes communes, et les documents rattachés à cette période ne sont pas légion.
Pour sa part, la Mairie d’Halluin, organisatrice de ce projet avec l’Association « A la Recherche du Passé d’Halluin » et les Associations Patriotiques, a eu quelques difficultés pour rassembler les souvenirs et fixer les témoignages.
De ce fait, pour étoffer davantage cette exposition, les responsables ont décidé d’élargir les évènements de 1944 à l’ensemble du conflit de 39-45, en mentionnant ses répercussions sur la vie halluinoise.
Les faits relatés dans la presse locale et régionale nous ont été d’un grand secours pour monter ce projet, ainsi que les archives de quelques Halluinois, dont vous trouverez les noms répertoriés sur les différents documents ainsi que sur la liste à l’entrée de la salle.
Si la Libération de 1944 fait partie d’une des plus belles pages de l’Histoire de France, ces cinq années de guerre furent aussi cinq années de cauchemar. Que d’épreuves, de souffrances, de prisonniers, de déportés, de morts, sans oublier les suspicions, les dissensions, les erreurs, les trahisons et autres zones d’ombre.
Quant à la population halluinoise, celle-ci a payé un lourd tribut à sa propre libération.
Le personnel municipal chargé de confectionner les différents tableaux, et qui n’a pas connu cette troublante période, ne prétendait pas reconstituer l’histoire locale avec ses erreurs et ses vérités.
Sa tâche essentielle fut d’honorer la mémoire des personnes ayant, à des titres divers, l’infinie reconnaissance des habitants de notre cité.
La seconde priorité était de permettre aux jeunes et aux scolaires surtout, de comprendre, après cette visite, qu’il y a toujours des valeurs indispensables à défendre : la liberté, la dignité et le respect d’autrui.
La jeunesse actuelle est confrontée à d’autres fléaux, pour ne citer que les principaux : chômage, drogue, sida, et souvent cette jeunesse remet, légitimement, tout en cause.
Pour ma part, je méditerai sur cette pensée d’André Malraux :
« Si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie ! »
Et j’ajouterai, nous l’espérons tous pour toujours, la liberté retrouvée.
Je vous remercie de votre attention, et je passe la parole à Monsieur le Maire.
Daniel DELAFOSSE
Beaucoup d’émotion dans la salle à la lecture de ce préambule suivi avec attention par élus, Alexandre Faidherbe maire, Christian Vanneste député, Henri Desmettre conseiller général, les adjoints de la ville, les présidents des associations patriotiques, comme M. Desreveaux, des UNC 39-45, M Danset, des Anciens Sous-Officiers d’Halluin M. Machu, des Prisonniers de Guerre, M. Mestdagh, vice-président de la FNACA, M. Vangaeveren, de l’UNC-AFN, M. Verpraet, des Anciens Marins, M. Alfred Simono, président d’honneur de l’ARAC, et tous ces visages plus « anonymes », portant la marque de cette parenthèse noire de l’histoire ou (et) la perte d’un proche disparu.
On se pressait devant la vitrine protégeant les objets d’époque, devant les affiches, les articles des journaux, les photos, autant de documents faisant ressurgir des souvenirs toujours vivaces dans les mémoires.
Bien des archives personnelles des Halluinois se sont ouvertes à cette occasion.
Depuis quelques mois, la Ville n’a pas ménagé sa peine pour réunir les souvenirs et fixer les témoignages sur les jours précédant la libération.
Avec les associations patriotiques et « A la recherche du passé… », elle a bien dû se rendre à l’évidence : il fallait, pour étoffer davantage l’expo, élargir les évènements de 44 à l’ensemble du conflit, en mentionnant ses répercussions sur la vie halluinoise.
La confection des tableaux par le personnel municipal « ne prétend pas reconstituer l’histoire locale avec ses erreurs et ses vérités », précisa Daniel Delafosse (représenté)… »Mais la tâche essentielle fut d’honorer la mémoire des personnes ayant l’infini reconnaissance des habitants de la cité ».
L’autre priorité était de permettre aux jeunes de comprendre mieux cette période, à travers des visites organisées ces jeudi 8 et Vendredi 9.
Au fil de l’exposition, au fil des années
C’est Gaston Danset qui présenta en quelques mots cette expo qui, chronologiquement, évoque le « pourquoi » puis le « comment » de la guerre, présente le phénomène de solidarité halluinois avec la création du Comité d’Entraide aux combattants et prisonniers, puis la période trouble sans armée ni gouvernement, « l’année 1940, une période très difficile pour tout le monde, même pour l’armée ». la période trouble de privations, de nourriture, de liberté… Jusqu’à ces jours d’ultimes combats.
« Il s’agit d’un sujet délicat à aborder, il faut ménager les susceptibilités encore vives. Mais nos morts sont là, on demande qu’ils soient honorés, c’est tout », acheva son message.
« Les sanglots longs de l’automne… »
Alexandre Faidherbe remercia à son tour les organisateurs pour la qualité du travail réalisé, et tous les Halluinois qui ont bien voulu apporté leur pierre à cette réalisation, « malgré le risque que cela peut avoir de mettre ces souvenirs au grand jour «, des amis belges qui ont apporté un concours tangible « Grâce à ces participations on ne s’est pas confiné au jour de la libération d’Halluin mais on a vu cela d’une façon plus large et profonde. Une libération ce ne peut-être qu’un jour mais toute une série de sacrifices par les uns et les autres, depuis le début des hostilités ».
Alexandre Faidherbe ouvrit une parenthèse sur les propos d’approche de Gaston Danset :
« Dans ces périodes un peu troubles où l’enthousiasme a engendré quelques débordements, n’oublions jamais, même si 50 années ont passé depuis, qu’il y a pour certains de nos compatriote des plaies qui ne sont pas encore refermées aujourd’hui.
Si c’est vrai que des gens ont payé la libération de leur vie, il y a aussi certains membres de leur famille qui ont vu leur existence s’arrêter ce jour là. Il faut que l’on s’en souvienne ; que nul n’est tout noir ni tout blanc.
Président de l’U.N.C., Guy Desreveaux fit alors entendre sa voix, par K7 interposée réalisée en association avec toutes les sociétés patriotiques halluinoises. Une écoute de la B.B.C. avec ses messages « Jules fait de la bicyclette », « Le petit chat boit du lait »… qui avaient une signification certaine.
Et pui cet auditeur halluinois qui suivait la progression de la guerre l’oreille collée sur la T.S.F. entendit un jour « Les sanglots longs de l’automne », suivi le lendemain de « Bercent mon cœur d’une langueur monotone ».
C’était la joie du délire « Nous allions bouffer du boche. Mais pour nous, Halluinois, ça n’allait pas être facile, les Allemands étaient partout ! La mort était au rendez-vous… ».
Une évocation qui résonna dans les esprits sur l’air du Partisan, écouté dans le plus grand recueillement, jusqu’à la dernière note.
Les cérémonies du Dimanche 11 septembre allaient rappeler au monument aux morts de la ville, aux tombes des résistants et au carré des Anglais, que le souvenir est encore bien vivant.
« Ces plaies non refermées… »
Au fil des jours, la presse locale avait accordé au 50e anniversaire de la Libération la place qu’il méritait. Témoignages des uns et des autres, les colonnes étaient ouvertes à ceux qui pouvaient apporter des précisions sur ces moments difficiles avant que la joie n’éclate.
Des témoignages douloureux aussi qui remettent parfois « les choses à leur place ».
Pas toujours facile de les écouter, encore moins de les écrire lorsqu’ils relèvent de ces « zones d’ombre » de « ces plaies non refermées » Cinquante années après !
Dans les différents discours, on a senti cette approche de la tragédie de la rue de Lille, lorsqu’une colonne allemande harcelée par les résistants à la hauteur du jardin du public a pris une vingtaine de personnes en otages. Une vingtaine de personnes placées sur l’avant des camions.
Parmi elles, Arthur Dennetière. De cette tragédie, en 1994, il reste douze personnes encore en vie : Mme Geneviève Dalle-Lemaitre et ses cinq enfants, Mme Jeanne Verhaeghe-Desmet, Mme Geneviève Dennetière-Delberghe, Mme Denise Grimonpont, Mme Agnès Vanseveren, Mme Berthe Delmotte-Serruys, Mme Dassonville-Carton (qui avait réussi à s’enfuir ainsi que Mme Berthe Delmotte qui a sauté au-dessus du pont de la Lys à Menin).
Le récit de l’une d’elles vient nous rappeler sinon une tragique méprise, du moins un épisode dramatique de cette retraite alors que le convoi était arrêté à la hauteur de la rue Pasteur (là où était posté un mitrailleur). Un tir « regrettable » qui foudroya Arthur Dennetière, blessa à la jambe l’une des filles de Mme Dalle-Lemaitre, Mlle Marie-Antoinette Bartholémeus (aujourd’hui décédée) ainsi que la cousine (laquelle dut être amputée) de Mme Cinqualbre.
C’était pour mémoire, le 2 septembre 1944 vers 17 h.
Marthe Nollet et les autres…
Au fil de l’exposition, on pouvait découvrir les visages des résistants qui ont perdu la vie lors des combats, et dont les noms sont demeurés familiers comme ceux de Marthe Nollet, Georges Vanlaere, Michel Danset …
On retrouve dans cette exposition, les témoignages (parus dans la presse locale) de Mme Vanackere, hélas hospitalisée et représenté à l’inauguration par son fil, les affiches annonçant les condamnations à mort ou aux travaux forcés de « communistes et de terroristes » ; les affiches de propagande allemande ; les listes de prisonniers halluinois parus le 28 octobre 1941, sur lesquelles des doigts pointent, émus, les noms de proches .
La plaque de prisonnier de Edouard Lemaitre confiée par son épouse aux archives de la bibliothèque municipale ; les preuves du soutien financier d’entreprises halluinoises (Stock, …) à leurs employés prisonniers de guerre, par le biais du comité d’entraide, créé dès le 12 septembre 1939.
L’organigramme des FFI, et les cartes de certains d’entre eux, comme Michel Demeyere , de nombreuses coupures de presse de l’époque, dont des extraits du « journal de Roubaix » ancêtre de Nord-Eclair… Et bien d’autres choses encore.
Journée du samedi 10 septembre 1994
Vivante mémoire d’un résistant
Samedi 10 septembre, le centre culturel « Albert Desmedt » a accueilli Jean-Marie Fossier ancien résistant et déporté, auteur du livre « Zone Interdite », pour une conférence sur la seconde guerre mondiale.
Dans la salle, un public ayant en général connu la période de l’occupation, mais aussi quelques jeunes.
Au travers des panneaux d’exposition, ils ont pu découvrir une page de l’histoire de leur commune, ainsi que la vie quotidienne des Halluinois par temps de guerre.
La conférence de Jean-Marie Fossier leur a en outre renvoyé l’écho d’une période sombre, déjà en gestation au cours des années trente.
Militant anti-faciste dès 1933, M. Fossier est un ancien volontaire des Brigades Internationales en Espagne. Après avoir exercé des responsabilités en « zone rouge », sur le littoral dunkerquois, il a été arrêté en mai 1942 et condamné à 15 ans de travaux forcés.
Il connaîtra ainsi les prisons de Cuincy et Loos, puis sera déporté à la forteresse de Huy, avant d’être envoyé dans les camps de concentration de Sachsenhausen et Buchenwald.
En 1994, membre de la Direction de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes, il a insisté, lors de sa conférence, sur le fait que le nazisme et ses sinistres méthodes étaient déjà bien connus avant-guerre.
« Nous savions ce qu’étaient les camps de concentration » expliqua-t-il.
« Il y avait seulement des gens qui ne voulaient pas le savoir et regardaient le nazisme d’un œil complaisant ».
De même, il refuse de laisser croire que la résistance trouve son origine dans l’appel du Général de Gaulle. Si le18 juin demeure une date charnière dans l’histoire du pays, les mentalités étaient préparées depuis longtemps.
« On remarque que les parents et les grands-parents de nombreux résistants étaient souvent de grands patriotes, fit en effet remarquer Jean-Marie Fossier. « Ils n’ont donc pas répondu à un ordre, mais plutôt à leur conscience ».
Selon lui, la classe ouvrière a été la première à braver l’occupant, par le biais, notamment, de
« Son rôle n’a pas été suffisamment reconnu », souligna le conférencier en ajoutant que « les gens du Nord avaient une raison supplémentaire de se battre car, pour Hitler, le Nord – Pas-de-Calais était germanique et l’avait rattachée à Bruxelles, en attendant de pouvoir l’annexer complètement ».
Un des aspects méconnus de la seconde guerre mondiale, qui a poussé les habitants de la région à se battre « pour rester français ».
Journée du dimanche 11 septembre 1994
C’est une cérémonie sobre et digne qui a marqué le cinquantième anniversaire de la libération d’Halluin, ce dimanche 11 septembre.
Aux côtés du maire, Alexandre Faidherbe, et d’une importante délégation municipale, on notait la présence des bourgmestres de Menin et Zulte-Machelen. Le consul de France à Courtrai (Belgique) – Halluinois de naissance – a également participé à la commémoration, tout comme le député Christian Vanneste, les représentants des associations patriotiques et les sapeurs-pompiers.
John Webster, premier Britannique à être entré à Halluin en 1944, et Reginald Smith, venu de la ville jumelle de North-Tyneside, avaient eux aussi fait le déplacement.
A l’issue de l’office religieux célébré dimanche matin à l’église Saint-Hilaire à l’initiative des sociétés patriotiques, les participants à la cérémonie se rassemblèrent sur la place de l’Abbé Bonpain.
Après un lâcher de pigeons qui s’envolèrent dans un ciel menaçant, le cortège se dirigea vers le Monument aux Morts de la rue de Lille. Un cortège qui ne passa pas innaperçu , en raison de la présence de voitures et camions d’époque, conduits par des collectionneurs passionnés habillés de tenues kaki évoquant les uniformes anglais.
De très nombreuses gerbes furent déposées au Monument aux Morts. Tour à tour, MM Régis Vanhalst et Alexandre Faidherbe, M. Christian Vanneste, M. Piers, bourgmestre de Zulte-Machelen, Bertrand Vangaeveren et Guy Desreveaux de l’U.N.C.. A.F.N., Christian Verpraet de l’association des anciens marins d’Halluin et John Webster fleurirent le square de la rue de Lille.
Vint ensuite la traditionnelle minute de silence, la sonnerie aux Morts, puis les hymnes belges et français. Le cortège prit alors la direction du cimetière, où se trouve le Mémorial des Victimes de la Libération et de la Déportation. Là aussi, le recueillement était de mise, recueillement partagé par les représentants du conseil municipal des Jeunes, qui fleurirent aussi les tombes.
Un dernier arrêt devant l’emplacement réservé aux tombes anglaises, avec l’interprétation de l’hymne britannique par l’Harmonie municipale et les participants se retrouvèrent à la salle du Manège.
Premier à prendre la parole, Alfred Simono Président d’honneur de l’A..R.A.C. évoqua le 2 septembre 1944, journée qui aura marqué sa mémoire à tout jamais :
« Vers 14 h, les membres des corps francs armés, mais si peu, occupent le commissariat de police et la gendarmerie. Les premiers coups de feu retentissent mais les armes que Maurice Simono, Jules Devos et Jean Fiévet doivent nous amener de Tourcoing ne nous parviennent jamais.
Ces trois malheureux résistants ont été tués à Neuville-en-Ferrain ». « Ensuite, poursuivit-il, de nombreux Halluinois nous rejoignent, étoffant nos rangs. Grâce aux armes récupérées, grâce au courage et à la témérité, les combats des jours suivants permettront de nettoyer notre ville des soldats allemands s’y trouvant encore, et ainsi de faciliter l’arrivée des Anglais ».
Au salut des résistants qui ont trompé l’ennemi sur la réalité de leurs effectifs, au rappel de ce que représenta la libération dans les familles et des conséquences cruelles du conflit, Alfred Simono étendit la notion de résistance à ceux qui, ici et là ont aidé à la libération : passeurs, ravitailleurs, hotes, distributeurs de journaux et de tracts et même « semeurs de clous »…
Si le président d’honneur de l’A.R.A.C. parla aussi de l’euphorie qui régna après ces quatre années d’occupation, il n’omit pas de saluer ses hommes de la 10e compagnie de la caserne kléber alors formée de volontaires halluinois. Et de conclure :
« En ce jour mes pensées vont aux victimes et à leurs familles en espérant que la dernière guerre mondiale soit vraiment la « der des der ».
Quant au maire Alexandre Faidherbe, il remercia l’association « A la recherche du passé » et Daniel Delafosse pour leur contribution à l’exposition sur « Halluin en temps de guerre », présentée tout le week-end au centre culturel « Albert Desmedt ».
Le maire se félicita de la présence des deux Britanniques, Réginald Smith et John Webster puis excusa l’absence de celui qui fut la voix de la France libre mais aussi député du Nord Maurice Schumann.
La volonté de rappeler le sacrifice des uns et la douleur de ceux qui ont perdu un être cher trouva son expression dans la manifestation qui suivit : la remise de la médaille d’honneur de la ville : « au travers de ces hommes et femmes qui vont se la voir décerner et au-delà de leur personne, il faut voir un hommage à tous ceux qui ont participé à cette libération, la reconnaissance due à la population » dit le maire.
La médaille fut donc remise symboliquement à Mme Yvonne Vanackère, à M. Pierre Desmedt, à M. Gaston Danset, et à M. Alfred Simono.
Le dernier anglais…
Le mot de la fin revint à Réginald Smith.
Coiffé du béret vert qu’il portait en 1940, il arrivait tout droit de North-Tyneside, pour apporter, avec un savoureux accent anglais, le témoignage de son passage dans notre ville :
« Ma connaissance des alentours commençait le 29 avril 1940, quand mon détachement de l’armée britannique était établi au château Lagache, à Roncq.
Notre séjour dura 16 jours avec quelques petites visites agréables à Halluin…
Le 10 mai votre monde était bouleversé, le mien aussi. Nous étions réveillé au son des bombes et du bourdonnement de beaucoup d’avions.
Nous ouvrions la radio pour apprendre que les Allemands avaient envahi la Hollande et la Belgique. De notre bureau nous popuvions voir une rougeur et des grandes vagues de fumée noire.
C’était l’aérodrome de Wevelghem en feu. Quatre jours après nous quittions le château pour la Belgique, mais pas pour longtmeps. Trois jours après nous étions à Orchies et sur la défensive…
En quittant Roncq, il ne se doutait pas que la guerre serait aussi longue et aussi terrible…
Ni que plus d’un demi-siècle plus tard, il appellerait avec humour, les jeunes Halluinois à ne pas oublier :
« Que les générations, pour lesquelles ces mémoires ne sont que des contes de grand-père, auront le bon sens à bien écouter et en déduire la moral ».
Réginald Smith qui faisait partie de l’Intelligence Service est aujourd’hui (1994) âgé de 80 ans. Journaliste retraité, il fut le dernier anglais à quitter Halluin et Roncq.
Et c’est sur l’air célèbre du « Pont de la rivière kwaï » interprété par l’Harmonie municipale que l’assistance fut invitée au vin d’honneur.
12/9/2010.
Commentaire : Daniel Delafosse
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